CHAPITRE XXXVII

Publié le : 12/07/2018 | Mis à jour le : 21/03/2023

Chapitre 37.

La petite troupe poursuivit sa descente dans les profondeurs du monde. Il était dorénavant impossible d'avancer trop écartés les uns des autres. Les ténèbres avaient englouti le peu de clarté que procurait la magie du Maia. Les chemins tordus et escarpés qu'ils empruntaient depuis leur demandaient à tous une grande prudence pour ne pas risquer une chute dans les abysses dont aucun vivant n'aurait pu revenir. L'absence de conversation avait instauré une ambiance fort inconfortable. Et même Mirmel, d'humeur habituellement si gaillarde, affichait dorénavant un regard inexpressif.

Le comportement de la jeune femme avait changé. Tassée, la tension s'était emparée de son corps à l'affût, comme si une angoisse avait infiltré son esprit. Les deux billes de son visage roulaient en scrutant la noirceur des mines, en attente. La survenue d'un éventuel événement indésirable semblait aiguiser ses sens au maximum. Obnubilée par cette possibilité, elle en avait oublié la présence de ses proches.

Soudain, elle poussa un cri strident qui vrilla les oreilles de ses compagnons et fit bondir leurs cœurs. Pippin, qui n'avait souhaité que la rassurer, avait eu l'idée malvenue de tirer sur un bout de sa cape. Mais la naïveté de ce geste, la demoiselle ne l'avait identifiée qu'après l'avoir plaqué au sol, sa dague pressée fortement contre la carotide du semi-Homme. Après s'être retournée brusquement en frappant les points d'appui de l'agresseur, elle l'avait neutralisé aussi vite que l'éclair et réduit à sa merci. Revenue à elle, Mirmel retira aussitôt sa lame de sa gorge. Audible, sa respiration demeura saccadée et les battements de son cœur rapides. Le Hobbit la fixait maintenant avec un air effaré, la peur clairement visible sur son visage malgré l'opacité des lieux.

— Ne... refais plus jamais ça.

La voix de la rousse s'entendit toute petite, semblable à un murmure. Elle se releva ensuite et reprit la marche, ignorant les regards interloqués de ses compagnons. Merry aida son cousin à se remettre sur pied, tout aussi médusé par la réaction démesurée de leur amie.

La jeune femme se mordit profondément la lèvre inférieure. Elle aurait pu le tuer sur le coup. Non, elle allait le faire. Il l'avait surpris, et dans d'autres circonstances, le corps du semi-Homme serait resté étendu sur le sol, taché par son sang, sans vie.

— Mirmel.

L'appel de son nom la sortit de sa torpeur. L'effleurement d'une main sur son épaule lui fit regagner sa lucidité. Elle connaissait ce toucher.

— Comment te sens-tu ?

La jeune femme s'arrêta et regarda Legolas droit dans les yeux. Alors qu'elle s'attendait au blâme, ces derniers ne la jugeaient guère. Au contraire, elle y décela son inquiétude. Cela lui donna inexplicablement l'envie de pleurer, ce qu'elle se garda bien de faire.

— Quelque chose ne va pas..., avoua-t-elle.

Le Sinda perçut les épaules de sa protégée trembler, ainsi que ses mâchoires se crisper dans une expression livide. Il savait ce que cela signifiait. Bien que cela soit arrivé rarement en sa présence, il savait que sa réaction ne devait pas être prise à la légère.

— À quoi penses-tu ? demanda-t-il.

La douceur de ses mots acheva la demoiselle. Elle tritura ses doigts, les yeux tournés vers l'obscurité. À cette vision, sa voix dérailla davantage.

— J'ai l'impression d'être... dans une fosse, chuchota-t-elle en ne détachant pas son regard de la masse informe. Il n'y a aucun souffle de vie ici. C'est... malsain. L'air empeste la mort. Elle me colle à la peau, guette le moment opportun pour en finir.

— Qu'est-ce qu'elle raconte ? s'interrogea le Gondorien.

Aragorn et les Hobbits restèrent silencieux. Le visage de Gandalf se ferma sur le celui de la semi-Elfe. Quant à Gimli...

— Bien sûr que non ! s'étrangla-t-il dans un rire des plus étrange. Ils doivent tous être à un anniversaire ! Ou bien à une fête ! On va les surprendre en plein milieu d'un concours de bière, vous verrez ! Mon cousin Balin doit avoir commandé les meilleurs tonneaux !

Personne ne rétorqua. Car à tous, cette éventualité avait traversé l'esprit. Aucun Nain n'avait été aperçu depuis leur entrée dans la montagne. Personne ne les avait accueillis ou n'avait croisé leur route. Le silence régnait au sein de la Moria. Un silence... de mort.

— Nous devons rester sur nos gardes, convint Gandalf.

Les paroles du Magicien étaient sages, indiscutables. Gimli se terra alors dans un profond songe. Legolas porta à nouveau son attention sur Mirmel. Elle fixait ses pieds, les cheveux rabattus devant son visage. Les épaules tassées, elle faisait pâle figure. Encore, ses mains vinrent les envelopper. Elle releva le menton, troublée.

— Tu n'as pas à culpabiliser, souffla-t-il. Ce sont des choses qui doivent être dites. Ne retient pas les pensées qui incommodent, expriment les. Ton appréhension est normale.

— Je... ne veux pas que Gimli se sente mal par ce que j'ai dit. Rien n'est moins sûr, n'est-ce pas... ? Peut-être que tout le monde va bien ?

Les traits fermés de l'Elfe ne la rassurèrent guère.

— Prépare-toi, l'incita-t-il. Nous ne sommes pas chez nous.

La route de la Communauté continua ainsi sur le qui-vive. Le doute ne périt pas et s'insuffla même dans tous les cœurs. Quelque chose défiant leur connaissance se tramait dans l'ombre. La plupart, s'ils n'en étaient pas convaincus, en étaient maintenant persuadés. Ce fut par une grande ouverture sculptée dans la roche qu'ils arrivèrent dans la salle immense. Les regards s'attardèrent à peine sur les piliers monumentaux l'ornant. Ils se focalisèrent à la place sur les amas jonchant le sol. La main de la semi-Elfe se cacha sa bouche tandis que le Nain accéléra la pas, marchant droit devant lui.

— Gimli ! l'appela soudain Mirmel en le voyant courir.

Tous les membres de la Communauté le suivirent et arrivèrent jusqu'à une nouvelle pièce, beaucoup plus vétuste et petite comparée à la précédente. Là, d'une étroite ouverture, un rayon d'une pâle blancheur illuminait un bloc de pierre. Agenouillé devant, le Nain gémissait et se mit bientôt à pleurer à chaudes larmes dans sa barbe.

— Nooon... Non ! refusa-t-il de croire.

— Un... tombeau ? comprit Frodon en toisant Gandalf.

Celui-ci s'approcha de la dalle sculptée de runes.

« Balin, fils de Fundin, Seigneur de la Moria », traduisit-il.

— Que s'est-il passé ici ? demanda Sam blafard.

À l'entrée, Boromir extirpa un objet planté dans la porte en bois, tout en gardant une vue sur l'extérieur. L'examen de la pointe de flèche si caractéristique ne laissa planer plus aucun doute.

— Des Gobelins, confirma Aragorn.

— Nous devons partir, recommanda vivement Legolas.

Mirmel, elle, ne quitta pas des yeux les amas sur le sol. C'étaient des corps, les corps des Nains, leurs supposés hôtes. Ils étaient rongés jusqu'aux os.


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N/A

Avec le précédent chapitre, Mirmel révèle encore une fois une part d'elle plus vulnérable. Si elle faisait déjà preuve d'un bon instinct enfant, ses sens se sont affûtés au fil des années. Des ressentiments que la rousse peine à partager dans un premier temps, victime de sa gène. Cependant, Legolas l'encourage à les exprimer, et évite ainsi qu'elle refoule ce qui pourrait être l'indice d'un éventuel danger.

Pippin payera certainement un jour sa bêtise. Enfin... Il a dû avoir une sacrée frayeur en se retrouvant dans une pareille situation (quoique, après l'épisode des tentacules... *rire*). Pour survivre dans la Forêt Noire, et ce, malgré la présence de Legolas, Mirmel a après tout appris le maniement des armes.


Première semaine de rattrapage, je vous dis donc à jeudi et à samedi pour deux nouveaux chapitres !

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