CHAPITRE XXXV
Publié le : 08/06/2018 | Mis à jour le : 24/02/2023
Chapitre 35.
— Pourquoi venez-vous m'embêter ? bougonna le Gondorien. Ne pouvez-vous donc pas rester auprès de votre prince ou de vos amis Hobbits ?
— Non ! refusa catégoriquement la semi-Elfe essoufflée par l'effort. Incroyable, mais vrai, tu es le seul que j'ai envie de côtoyer pour le moment.
— Vous m'en voyez ravi, blasphéma-t-il.
Les deux compagnons de voyage continuèrent leur ascension interminable des marches dont ils ne distinguaient pas le bout. À l'image du reste des édifices, ces dernières étaient sculptées dans la pierre. Pauvres en hauteur pour une largeur excessive, la rousse avait arrêté de compter passée la centième, la traîtresse qui avait souhaité son malheur. L'escalier devenu un savon par les dépôts de calcaire et l'humidité des lieux, la plus grande prudence s'imposait donc. En outre, l'absence de rampes auxquelles se rattraper condamnerait avec certitude aux chutes sévères.
— J'ai réalisé après réflexion que tu parles rarement de toi, affirma Mirmel. Pour ne pas dire JAMAIS.
Ainsi, il occupait les pensées de cette petite personne ? Devait-il se réjouir de son intérêt soudain pour sa vie, ou se flageller au contraire qu'elle n'ait à son souvenir jamais prononcé correctement son nom ?
— Me voyez-vous à présent comme un bon parti ? se moqua Boromir. Boire la tasse vous aurait-il grisé l'esprit ?
— Simplement rendue curieuse, objecta la jeune femme. Et puisque tu sembles soigné de ta hargne contre moi, je me dis que quitte à tuer du temps, autant t'en donner un peu.
Le Gondorien prit une profonde inspiration, résolu.
— Que voulez-vous savoir ?
Victorieuse, la rousse esquissa un grand sourire.
— Pourquoi ne pas évoquer ta famille pour commencer ? proposa-t-elle. J'ai lu des choses sur vous, les humains. Par exemple, que vos femmes passeraient leur vie à enfanter sous la tutelle des hommes. N'est-il pas injuste de les traiter comme des bêtes d'élevage ?
— J'imagine qu'elles se plaisent dans leur rôle, et que c'est l'une des raisons du pourquoi elles s'y soumettent.
— Vous considérez donc votre mère comme une truie, déduit-elle sans cacher son dégoût.
— Elle est morte.
Mirmel stoppa son élan et toisa le dos du Gondorien qui s'éloignait, tête basse. Elle pinça ses lèvres et le rattrapa.
— Je... suis désolée, souffla-t-elle à ses côtés. Je le pense sincèrement. C'était affreux de dire cela...
— J'avais dix ans, répondit l'Homme. Mon frère cinq.
La demoiselle fut frappée d'étonnement.
— Tu as un frère ?! s'exclama-t-elle.
— Le cadet, confirma-t-il. Faramir. Il y a aussi notre père.
— Est-ce lui qui t'a envoyé ici pendant que le Gondor luttait contre le Mordor ?
— Oui.
— Soit tu étais un boulet, soit tu étais le plus émérite de ses fils pour la mission qu'il t'a incombé. Ramener l'Anneau sur vos terres et vous en servir pour sauver ton peuple... Cela venait de lui, non ?
Le fils de l'Intendant du Gondor ne répondit pas. Il se contenta de la regarder de travers, sur la défensive. La semi-Elfe leva les mains en l'air sans mauvaise arrière-pensée.
— J'essaye simplement de comprendre ! soutint Mirmel.
— Faramir mérite autant que moi d'être ici, réfuta Boromir. Seulement, notre père feint d'être aveugle et le traite tel un bâtard alors qu'il fait de son mieux pour le satisfaire.
La jeune femme assimila ses dures paroles. Dans un soupir, elle conclut que les histoires de familles alimentaient souvent des problèmes récurrents, auxquels l'Homme n'échappait guère.
— ... Peut-être que tu as raison, dispersa-t-elle la tension en faisant la moue. Tu n'aurais pas dû venir. Ainsi, j'aurai eu la charmante compagnie de ton petit frère.
Les yeux de Boromir s'écarquillèrent et dévisagèrent la demoiselle qui lui adressait un nouveau sourire plein de malice. Au final, le Gondorien laissa échapper un pouffement, avant de se tordre de rire, attirant l'attention du reste de la Communauté qui n'en crut pas leurs oreilles.
— Par ailleurs, je suis désolé, argua la rousse en se reprenant également.
— Et pourquoi donc cette fois ? voulut savoir l'homme.
— Ton épée, rappela-t-elle. J'ai oublié de te la rendre, et à l'idée d'un bain de minuit dans une eau aussi sale...
Un frisson désagréable lui parcourut l'échine. Le brun le remarqua et le pardon s'installa sur ses lèvres étirées.
— Une utilisation tout à fait justifiée. Vous avez fait preuve d'une grande bravoure pour une femme.
Elle fronça des sourcils.
— Et petite personne ! compléta-t-il. C'était un spectacle assez divertissant, je l'admets. Je n'ose pas imaginer la terreur que vous seriez devenue si vous étiez née dans un village de pêcheurs...
— Moque-toi, va !
Elle lui tapa l'épaule et il trébucha. D'abord stupéfait, il finit par s'adoucir, témoin des diverses expressions offertes par la demoiselle.
— J'étais morte de trouille... Ce monstre était visqueux, dégoûtant, et...
Il l'observait en l'écoutant, oubliant même qu'ils marchaient, le contexte ou bien les regards. Elle était divertissante, parvenait malgré lui à le surprendre. Décidément, il devait reconnaître qu'elle ne restait pas moins un sacré bout de femme...
— Je n'oserai plus mettre des robes, maintenant ! termina-t-elle sa tirade outrée.
— Ceci serait en effet fort regrettable..., convint le Gondorien. Vos chevilles se retrouveraient cachées par des vêtements d'homme. Il ne fait aucun doute que vos attraits féminins en prendront un gros coup.
— Fais attention avant que mon pied ne t'arrive dans les tiennes, grommela Mirmel.
Boromir ne releva pas le sujet et en revint au point initial.
— Pour ce qui est de mon épée, elle m'a certes accompagnée dans de nombreuses batailles, aussi sa perte m'affligera un temps. Pour me consoler, je nourris cependant l'espoir que nos hôtes auront quelques couteaux à me refourguer à moindre prix.
— Tu es fauché ?
— Pleine de délicatesse..., constata le Gondorien.
— Tu as de la chance, alors ! répliqua aussitôt la semi-Elfe sans tenir compte de sa remarque. Je m'en arrangerai. Je te rappelle que je suis en quelque sorte une princesse naine qui a survécu à une forêt elfique ! Ils ne pourront rien me refuser. J'ai lu tout un tas de livres parlant de diplomatie.
— Mon sort dépend maintenant de toi dans ce cas, déclara-t-il amusé.
La jeune femme gravit les dernières marches de l'escalier infernal et laissa échapper sa satisfaction par un long, très long étirement.
— Mirmel !
La demoiselle tourna la tête à l'appel de son nom. Boromir affichait un air sérieux et posé.
— Je souhaite de tout cœur que tu retrouveras ta mère.
— Cela va de soi ! conclut-elle les dents blanches.
Ils rejoignirent le reste du groupe qui attendait derrière la lumière émise par le bâton de Gandalf. Le Magicien scrutait la petite pièce qui s'ouvrait en entonnoir dans la roche. Trois portes se présentaient à eux.
— Je ne me souviens plus cet endroit, souffla-t-il.
Tous le fixèrent dans un silence mutuel, imaginant le pire. Car un problème ne venait jamais seul. Il n'était pas le premier en date, et ne sera certainement pas le dernier.
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N/A
Mirmel fuit Legolas, tout en évitant les Hobbits qui doivent lui lancer des regards pleins de sous-entendus. Elle décide donc d'embêter Boromir, sa meilleure distraction du moment. Bien que leur relation soit toujours ambiguë, on note une nette amélioration. (─‿‿─)
Pour l'histoire des chevilles, rappelez-vous de vos cours de collège où il y a fooort longtemps, elles étaient considérées comme un objet intime et de fantasmes...
Quand j'y repense, en plus d'avoir un patrimoine génétique exceptionnel, nos héros ont TOUS un problème de famille. Premier récurrent : les mères ! Absentes ou mortes, c'est pas la joie. (ง ื▿ ื)ว
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