Publié le : 16/03/2018 | Mis à jour le : 31/10/2022

Chapitre 25.

Le chemin du Sud se composait d'une série de sentiers étroits et sombres la nuit. La faible visibilité supplée par la pente raide incita le groupe à interrompre la marche au coucher du soleil. Par sa nature plus robuste qu'un chêne, l'Elfe maintint son rôle d'éclaireur et gardien, tandis que ses compagnons apprivoisaient un feu au fond du nid d'un ruisseau asséché. Installés autour des flammes dansantes, ils profitèrent de la clarté pour souper.

Les Hobbits coupèrent les champignons cueillis au bord de la route avant de les ramener à la poêle avec un bouquet aromates. Servie, la semi-Elfe apprécia d'un bruit buccal le choix de l'ail et du persil. Malgré sa réaction et celles approuvées des deux Hommes, le Nain bouda son assiette jusqu'à la fin. Non satisfait, il offrit sa part et saisit sa hache en quête de gibier. Sans trop s'éloigner, il rentra cependant bredouille une heure plus tard et se décida à manger ce qu'on lui donna.

Sous le ciel étoilé, la lune était à présent haute. Les quatre semi-Hommes avaient fini par s'endormir emmitouflés dans leurs couvertures, et bercés par une voix aussi suave que le miel.

— Vous exprimez bien la mélancolie de ce requiem, Orge d'Aulë, nota Gimli. Cependant, je doute que vous le chantiez pour les mêmes raisons qu'il le fut autrefois.

Assise au coin du feu mourant du campement, Mirmel lui sourit tristement. Pour quelques obscures causes, elle ne trouvait point le sommeil. Hormis les Hobbits, aucun de ses compagnons n'y parvint d'ailleurs. Les chuchotis comblaient le silence entre le crépitement de la braise qui s'élevait jusqu'au ciel noir.

— Non, en effet, répondit-elle.

— Qui vous l'a appris ? demanda le Nain. Je ne l'avais guère entendu depuis longtemps.

— Ma mère me le chantait autrefois avant que je m'endorme.

— Vraiment... ? s'enquit-il avec intérêt. Et en savez-vous la signification ?

— Elle m'a seulement dit qu'elle était la raison pour laquelle mon père est mort...

Gimli la dévisagea un instant, et morose, se tint à réfléchir un moment avant d'élever distinctement sa voix enrouée.

— Je pense que mon père connaissait le vôtre...

Mirmel releva la tête et le toisa stupéfaite, mais sa curiosité se mêla au frisson qui lui parcourut le dos.

— Il y a de cela à peu près quatre-vingts années, treize Nains ainsi qu'un Hobbit partirent pour une aventure, conta-t-il. En quête d'Erebor, plus communément appelé à cette époque la Montagne Solitaire. Royaume prospère d'un grand seigneur nain, Smaug le Doré le convoita pour ses infinies richesses.

L'évocation de la bête lui fit prendre conscience que ses mains calleuses tremblaient.

— La progéniture des Dragons de Morgoth, commenta Gandalf d'une voix morne. Avides... et aussi malfaisants que leur créateur.

Gimli acquiesça d'une mine grave. Tous les membres de la Communauté s'étaient éveillés pour porter leur attention sur l'histoire ancienne relatée par le Nain.

— Cette compagnie eut pour but de reprendre l'Arkenstone, le Joyau du Roi gardé en ces lieux et que Thorin Écu-de-Chêne, héritier du trône perdu, pourrait enfin brandir. Mais Smaug sortit de son long sommeil et, bien qu'il fut vaincu par celui dont on gratifiera du titre de Tueur de Dragons, cette entreprise finit par déclencher une guerre. La Bataille des Cinq Armées.

Revenu, Legolas se crispa en entendant cette évocation du passé.

— Tous braves, les treize Nains se battirent au côté des leurs, continua Gimli. Et contre une huée d'Orques, ils repoussèrent les forces de l'Ennemi ! Cependant... Cela ne se fut point sans pertes... Thorin lui-même mourut de ses blessures après avoir tué Azog, cracha-t-il, infâme créature ! On dénombra également ses neveux Fili et Kili, un combattant nain doué et l'un des seuls experts archers que comptait notre peuple. Faut dire que la plupart d'entre nous préfèrent la chair déchirée sur les os brisés ! rie grassement le Nain, soulignant les lèvres de Mirmel d'un sourire. De plus... reprit Gimli en retrouvant son sérieux, mon père, Glóin, membre autrefois de cette compagnie, m'a fait prendre connaissance à mon grand désarroi que ce Nain avait aimé... une femme-Elfe.

Ces mots semblaient lui avoir été arrachés de la gorge pour mourir aussitôt. Mirmel, elle, ne souriait plus.

— Le fait que votre mère vous chantait le requiem d'Erebor n'est plus aussi surprenant si on admettait l'hypothèse qu'elle soit cette personne... D'autant plus, si votre père était bien un N-

— IL SUFFIT !

Quelques-uns sursautèrent, et toutes les têtes se tournèrent vers Legolas dont le regard meurtrier lancé à Gimli glaça le sang de ce dernier malgré lui. Mais il se remit vite et, tout en ne détournant pas ses pupilles orageuses du Sinda, se redressa dans une posture imposante. Les mots fusèrent à nouveau de sa gorge.

— Mon père m'a également parlé des Elfes ! tonna le Nain. Qui, si ce jour-là n'avaient pas fui comme des lâches, auraient sauvé bien plus que leur peau ! Quelle ironie que vous soyez le fils de leur roi !

Le cœur battant, Mirmel n'entendit pas l'accusation de Gimli proférée à l'encontre du Royaume du Mirkwood. La seule chose qui lui importait maintenant était ses nombreuses questions laissées sans réponses depuis si longtemps.

— GIMLI ! l'interpella-t-elle avec force.

La jeune femme avait bondi de sa place. Elle s'accroupit devant lui et lui tendit un objet qu'il prit. Le Nain caressa la pierre polie et lut les inscriptions finement gravées avant de relever ses yeux sur elle, le visage déformé par l'émotion.

— La reconnaissez-vous ? demanda Mirmel.

— C'est un bijou nain, avoua Gimli. Un joyau que l'on ne trouve que dans nos mines... Où avez-vous eu cela ?

— Ma mère me l'a confiée avant de partir, répondit la semi-Elfe. Elle disait qu'elle représentait la promesse qui l'unissait à mon père.

— Ce sont des runes khuzdul qui signifie « Reviens-moi », révéla-t-il ému. Dans la tradition naine... offrir un talisman comme celui-ci... à une femme... correspond à un gage... d'amour. Vous êtes la fille de Kili, Mirmel... Descendante de la lignée de Durïn et de Thror, ancien Roi de sous la Montagne.

https://youtu.be/6V0D28pTcv0

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N/A

Mirmel apprend enfin l'identité de son père et les circonstances de sa mort. Il était temps après 77 ans d'existence ! Gimli est toutefois coupé net dans son récit par Legolas qui, pour une raison plus ou moins évidente, ne tient pas à refouler le passé.

La révélation sur ses nobles origines aura-t-elle des conséquences aussi bien pour elle-même que pour le peuple nain ? La réponse ne sera pas hâtivement donnée, tout arrivera à point à qui sait attendre. (*¯︶¯*)

La pierre de runes :