CHAPITRE XX

Publié le : 02/02/2018 | Mis à jour le : 26/09/2022

Chapitre 20.

— Tu n'as rien à faire ici, DEMI-femme, jeta froidement l'homme.

Les mains de Mirmel appuyèrent sur la ceinture de sa robe. Les deux dagues elfiques attendaient sagement dans leurs fourreaux. Cependant, elle ne les tira point et encaissa l'insulte. Brandir une arme au moindre grief relevait d'un outrage à la maison d'Elrond. Et malgré son apparence rebelle, la jeune femme n'ignorait pas les règles.

— D'après ce que mes oreilles ont perçu, argua-t-elle donc, c'est ton attitude qui est déplacée. Toi, le représentant de ton peuple, te crois-tu réellement sage en proposant d'utiliser un objet forgé par un esprit maléfique ? As-tu oublié le récit de l'Anneau, du « Fléau d'Isildur » ? Si ceci est vrai, alors les Hommes du Sud doivent posséder quelques étroitesses pour manquer autant de discernement.

Le fils de l'Intendant au Gondor voulut défendre sa cause et celle des siens, mais il fut interrompu dans sa lancée par Gimli.

— Bienvenue et bonne rencontre, gente dame, la salua-t-il. Permettez-moi une question. Vous avancez parler au nom des Peredhil, si j'ai bien entendu ?

Mirmel tourna son attention sur le Nain et le scruta avec des yeux pétillants d'un intérêt nouveau.

— Non, réfuta la demoiselle. « Peredhel » signifierait que je serai le résultat de l'union d'un Elfe et d'un Homme. Et comme je vous l'ai dit... Je suis ce qu'on pourrait appeler une Elfe naine.

— NAINE ?! répéta le fils de Glóin par peur de comprendre.

— Oui, parfaitement, s'enquit Mirmel avec un sourire narquois aux lèvres. Une femme Elfe et un Nain. Mais si vous ne me croyez pas, je peux toujours partager avec vous les détails croustillants qui ont mené à ma naissance, maître nain.

Ce dernier rougit violemment et il ne fut pas le seul. Même les Hommes à terminer par les Elfes avaient réagi vivement à cette allusion. La semi-Elfe fut prise d'un grand éclat de rire au spectacle des regards sidérés et a cappella de toux.

— Mirmel, l'avertit sèchement Legolas.

— Quoi ?! s'écria la demoiselle sans gêne. Vous avez vu leurs têtes ? se moqua-t-elle.

Ce n'est guère le moment de plaisanter.

Je n'ai fait que répondre à une question, il me semble. Mais je ne m'attendais pas à un tel effet. Les Nains peuvent vraiment être sensibles au charme des Elfes ! Même venant des « demi ».

— MIRMEL ! l'avertit une seconde fois le Prince, les poings crispés sur les accoudoirs de sa chaire.

La rousse plissa des yeux.

— ... Êtes-vous jaloux ?

Celle-là, il ne s'y attendait pas. Aucune oreille pointue d'ailleurs, tout comme Aragorn ou Gandalf. Legolas, stupéfait, la fixa d'incompréhension. Interprétant son silence pour un oui, la demoiselle continua.

Parce qu'il a plus de poils que vous, c'est ça ? gloussa-t-elle. C'est sûr que lui, on voit tout de suite que c'est un homme. Il est presque à ma taille en plus, constata-t-elle ensuite.

Le Nain roussi accrocha son regard appréciateur, sans pour autant comprendre un mot de la langue elfique. Legolas se leva brusquement, prit la jeune femme par le bras, et l'entraîna avec lui à l'écart du conseil.

— Une dispute de couple, j'vous dis ! osa clamer une voix juste avant leur départ.

Martelant le sol de leurs pas précipités, l'Elfe ne s'arrêta, malgré la réticence de la demoiselle, que lorsqu'il fut sûr d'être à l'abri des curieux. Dans un large couloir désert, il avança vers elle. Obligée de reculer, le dos de Mirmel heurta la pierre blanche. Coincée contre lui et le mur, il lui maintint l'avant-bras au-dessus de la tête, ce qui lui fit échapper une plainte.

— Vous me faites mal ! cria-t-elle.

— CESSE DE TE CONDUIRE COMME UNE GAMINE !

La semi-Elfe se tut. Le visage du Prince penché sur le sien, elle était loin d'être aveugle à sa colère. Avait-il eu honte d'elle ? Se sentant soudain nauséeuse, elle cacha son désarroi derrière une bonne couche d'arrogance.

— « GAMINE » ?! rendit-elle avec rage. Je n'ai aucune leçon à recevoir de la part d'un convive passif ! Vous n'avez aucun pouvoir sur moi, Prince des Elfes de la Forêt Noire ! Aujourd'hui comme hier, je ne suis NI votre sujet, NI votre femme, NI MÊME VOTRE FILLE !

— Mais tu me dois le respect ! rétorqua Legolas. Non en ma position de prince, Mirmel, mais au moins en tant qu'ami !

— Envers... un tyran ? Quelqu'un qui m'a empêché de voir le monde durant soixante-sept ans... ? Ce n'est pas un ami, mais le garde d'une prison.

— Est-ce ton opinion de moi... ? demanda le Sinda abasourdi.

— C'est ce que vous m'avez laissé penser, aujourd'hui encore. Nous sommes ici depuis déjà deux mois. Mais vous vous obstinez à me refuser la visite ne serait-ce que des bois de pins sur les hauteurs, juste aux portes de la cité.

Bras dégagé et menton levé, Mirmel le toisa sans pour autant s'écarter de lui. La lumière du soleil descendant tachait son visage en accentuant ses ombres rondes. Capturée dans ses cheveux, elle les transformait en torrents d'or.

— Si vous vouliez me préserver du danger, vous auriez dû m'encourager à y faire face pour me former à m'en défendre seule. Je vous en serai toujours reconnaissante de m'avoir tant appris, Legolas... Mais je souhaite maintenant découvrir ce monde que ma mère m'a laissé. Sinon, à quoi bon... ?

Elle le poussa et partit. Le Prince resta là, dans le couloir silencieux, à réfléchir pendant un temps incroyablement long. Ce fut l'entrée Gandalf qui le réveilla de sa torpeur.

— L'enfant est parfois plus sage que les parents, dit-il d'un ton calme et altruiste.

— Elle a grandi si vite..., murmura l'Elfe. Je peine à la reconnaître.

— Peut-être parce qu'elle n'est plus la petite fille que vous avez recueillie... Avant que l'on ne s'en rende compte... l'œuf éclot, l'oiseau grandit puis s'envole vers un lieu que nous connaissons peu.

Legolas eut un sourire imperceptible, ce qui encouragea le Gris Pèlerin à évoquer le sujet de sa venue.

— Il a été décidé durant votre absence que l'Anneau Unique serait emmené au Mordor pour y être détruit, lui apprit-il.

— Qui est l'élu ?

— Et bien, le porteur est un jeune Hobbit volontaire de ma connaissance... Je l'accompagnerai ainsi que des représentants de chaque race SAUF les Elfes. Ils n'ont pas dû apprécier de voir un Nain se proposer...

— Je me joindrai à vous, déclara Legolas.

— Vous êtes sûr ? insista le Magicien. Et qu'en sera-t-il de votre amie ?

— Elle est assez grande pour prendre ses propres décisions...

Un fin sourire entendu étira les lèvres du Maia.

— Ceux qui vous côtoient ne vous le diront probablement pas, mais cela n'est un secret pour personne. Elle vous a changé, fils de Thranduil. Et après réflexion faite, je vous préfère ainsi.

— Le doute m'assaille, avoua Legolas, et je ne puis m'en défère.

— Pourquoi n'en est-il pas autrement, me demanderez-vous ? Vous vous connaissez mieux que personne. Alors, ne vous laissez pas envahir par la peur, mon ami, et profitez de votre vie. C'est justement parce que l'on ne sait pas quand elle se termine qu'elle est si précieuse.

— ... Magicien..., souffla l'Elfe.

— Prince, s'amusa le vieil homme.


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N/A

J'aime beaucoup ce chapitre, vous conviendrez pourquoi. (¬ ◡ ¬)

La voix qui parle juste avant le départ précipité de Legolas et Mirmel est celle de Glóin. Je ne vois personne d'autre pour sortir un truc pareil à un moment pareil. Sauf peut-être Gimli, mais comme il est out... (ง ื▿ ื)ว

Pour ce qui est de la différence de taille entre Mirmel et Gimli, elle n'est que de quelques centimètres en faveur de l'héroïne, négligeable donc...

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