CHAPITRE XVII
Publié le : 15/01/2018 | Mis à jour le : 05/09/2022
Chapitre 17.
Jadis, Anar étendait ses bras d'or flamboyant sur l'Eä, et consumait la voûte d'Arda d'une lumière éternelle. Pour permettre le retour des étoiles, le Soleil partagea sa gloire avec la Lune. Il lui confia la tâche de régner seule sur les cieux, tandis qu'il plongeait dans les profondeurs de la Mer Extérieure.
Savoir qui de l'astre du jour ou de la nuit veillait sur Arda attachait en vérité peu d'importance pour le commun des immortels. La physiologie des Elfes différait des Hommes et des Nains. Ils se reposaient s'ils en ressentaient l'envie, sans se soucier de l'aiguille du cadrant ou du nombre de cycles écoulés. L'unique changement notable était leur répertoire.
Mirmel réussit enfin à s'endormir quand, peu avant l'aube, un interprète chevronné l'acheva à coups d'alexandrins soporifiques. Une autre heure fila avant que Legolas revienne la libérer comme convenu. Cependant, il ne trouva à son arrivée qu'un lit vide et une boule tassée dans un coin. Si les dix orteils n'avaient pas dépassé de sous l'habit vert, jamais un esprit rationnel n'aurait deviné qu'il y avait quelqu'un là-dessous.
Le Prince inséra la clef dans la serrure et ouvrit la porte de la cellule. Il s'accroupit sans bruit auprès de la demoiselle endormie avant de poser sa main où il s'imagina être son épaule gauche. L'effet fut immédiat et le corps à travers le tissu remua en cherchant à fuir le contact. Plusieurs mèches rousses apparurent, mais sans autre forme de progrès.
— Mirmel, murmura Legolas pour ne pas la brusquer.
Il se souvenait très bien de la fois où, s'y étant pris d'une façon plus musclée, il avait reçu en réponse un magistral coup dans la mâchoire. L'intention n'avait guère été volontaire, bien entendu... Il en avait toutefois tiré pour conclusion que la jeune femme n'était pas du matin, et qu'il était donc préférable de changer la méthode d'approche.
Sa patience ne fut pas veine. Bientôt, la semi-Elfe dérangée dans sa courte nuit eut un excès d'humeur et souleva la tête en grognant avant de la reposer brusquement. Sauf que ce ne fut pas un oreiller qu'elle heurta, mais la roche...
— AÏE !
S'asseyant d'un coup, un peu sonnée, mais parfaitement réveillée, elle se tint le crâne en poussant un gémissement étouffé par sa tignasse. Le Sinda se retint de commenter, un sourire hilare collé au visage que la semi-Elfe ne put pas voir.
— GROSSE BEDAINE D'IMMONDICES SALÂTES ! jura-t-elle en se massant l'arrière de la tête.
— Tu as passé une bonne nuit ?
— Moquez-vous ! Et rappelez-moi que les Elfes sont tout sauf des hôtes fiables !
— Je n'y manquerai pas, promit Legolas en lui tendant la main.
Elle la saisit. Il était hors de question pour elle de tenir plus longtemps compagnie aux cloportes. Elle portait un minimum d'attention à son alimentation ! Et malgré le récri de la veille, elle souleva la sacoche de graines vide.
Suivant l'ordre du Roi, les deux se rendirent à une seconde audience, auquel Mirmel fut à même de fournir des excuses... potables.
— Navrée d'avoir blessé la fierté d'un monarque aussi illustre que respecté pour ses accueils... qui observent les règles de la bienséance, en accord avec les usages et les convenances ?
Bien que la fin de sa phrase avait tourné en interrogation ironique, un regard adressé à son fils fit comprendre à Thranduil qu'il n'obtiendrait rien de mieux. Voulant se montrer miséricordieux, et surtout être au plus vite débarrassé de la présence indésirée, il accorda son pardon.
— Soyez digne de votre mère par vos gestes et vos mots à l'avenir, intima-t-il.
— Venant de celui qui bien que l'ayant élevé comme sa fille l'a abandonné, je trouve cela déplacé, cota Mirmel.
La fureur traversa un instant les yeux du Roi. Ils la dévisagèrent avec une intensité oppressante auquel elle mit fin en détournant son regard. Elle n'espérait rien de cette rencontre, alors elle ne serait pas une source de déception. Pour le souverain qui tourna le dos pour aller se servir une coupe de vin, la chose plus complexe irrita sa gorge. Le départ encore récent de son ancienne pupille rendait ses pensées chaotiques, aussi il n'aimait pas évoquer le passé. Il avait agi selon sa position, il ne le regrettait pas. Pourtant, l'amertume ne disparaissait pas. Cette enfant... s'était au moins trouvé un gardien avisé. S'il n'approuvait pas la tournure des événements, l'éloignement de son fils... Sûrement était-ce là sa punition ?
— Que les Valar guident nos pas, finit par prononcer Thranduil le cœur lourd.
— Et que Varda, la Dame des Étoiles, veille sur ceux qui errent, compléta Legolas.
Rien d'autre ne fut ajouté après cela. C'était suffisant et cela convenait à tous. Dans un consentement mutuel, l'entrevue s'acheva, et le père comme le fils se quittèrent. Chacun reprenait sa propre route dans l'attente d'une nouvelle rencontre, au décompte inconnu, mais d'une certitude absolue.
Sur le chemin du retour, aucun mot ne fut échangé entre Legolas et Mirmel, avant que cette dernière se décide à casser cette ambiance trop pesante à son goût.
— Quoi que vous en disiez, commença la demoiselle, vous êtes chanceux.
— Comment ça ? s'étonna le Sinda.
— Heureusement que vous n'avez pas hérité de ses sourcils.
Legolas parvint à se retenir de rire, mais pas de pouffer un coup. Bien évidemment, Mirmel ne manqua pas de le prendre sur le fait.
— Non, mais vous avez entendu ?! s'écria-t-elle tout sourire à l'adresse des passants. Votre Prince sait jouir !
Ils lui jetèrent des regards offusqués, voire colériques.
— Mirmel, l'avertit Legolas.
— Oui ! le coupa la jeune femme. D'accord ! Je ne dirais plus rien jusqu'à la sortie. Juste une dernière chose...
La semi-Elfe pointa du doigt la chevelure dorée du Sinda en tirant la moue.
— C'est dans l'héritage royal les cheveux blonds ou... ?
— Il est vrai que les Sylvains les portent généralement bruns, lui apprit Legolas. Tout comme ta mère, ma grand-mère l'était également. Cependant Oropher, le père du Roi était un Sinda. Des traits qui ont été transmis à son fils ainsi qu'à son petit-fils.
— Et la vôtre ?
— Qui ?
— Votre mère ?
Legolas fronça les sourcils. Le regard perdu dans le vide, il sembla fouiller dans de lointains souvenirs.
— Je... ne sais pas. Je ne m'en rappelle pas...
Percevant son trouble, Mirmel n'insista pas et se tut. Ils approchaient de la sortie de la forteresse. La semi-Elfe leva les yeux pour admirer une dernière fois les lieux. Les battants se refermèrent derrière eux, sur une vie qu'elle ne connaîtrait jamais. Sa poitrine se serra à cette idée. Éblouie par la lumière vive, elle scruta les sous-bois silencieux et le pont qui pointait vers eux. Elle s'étonna encore du large dos de son compagnon de route devant elle, et sa peine s'allégea à cette vue. Un franc sourire écarta ses lèvres et dévoila ses dents en emboîtant ses pas.
— Où allons-nous maintenant ? s'enquit-elle avec quiétude.
— À Fondcombe, répondit Legolas. La Dernière Maison Simple et demeure d'Elrond, son seigneur.
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N/A
Jouir, définition : tirer un plaisir, un agrément, une satisfaction de la possession ou de la disposition de quelque chose.
Je vous assure, ce n'est pas le même verbe que celui auquel vous pensez. Car l'autre, Mirmel n'a pas (encore) reçu ce genre d'éducation de la part de Legolas pour le connaître. (ง ื▿ ื)ว
Ne pleurez pas les fans de Thranduil, vous le reverrez, mais beaucoup plus tard. Il n'a pas fait son quota d'heures héhéhé.
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