CHAPITRE XV
Publié le : 07/01/2018 | Mis à jour le : 22/08/2022
Chapitre 15.
En apparence, le Prince resta parfaitement stoïque, mais son esprit s'interrogea. Son père n'avait pas pour habitude d'envoyer quérir sa présence. Quelque chose était arrivé.
— Et quel est le motif de cette demande ?
— Une affaire urgente, Seigneur. Je ne puis vous en dire plus...
Le Sylvain regarda Mirmel. Cette dernière, caillou en main, le dévisagea en retour avec méfiance.
— Tu peux parler devant elle, somma Legolas.
— La créature... s'est échappée.
Les sourcils du Sinda frémirent légèrement.
— Nous y allons.
Surprise, la jeune femme en perdit son galet.
— Nous ? répéta-t-elle incrédule.
— Tu as bien entendu, confirma-t-il. Et maintenant.
— Mais je n'ai pas mes armes, rappela la semi-Elfe.
Legolas médita un moment, puis porta la main à son dos pour retirer l'une de ses deux dagues retenues au fourreau par une sangle avant de la lui tendre.
— Sérieusement ?!
— Tu ne pensais pas garder ta pierre, j'espère... ?
La demoiselle souffla d'exaspération avant de s'exécuter avec une moue désapprobatrice. Quel choix aussi ! Elle accepta l'arme et la coinça d'un geste abrupt dans la ceinture de sa robe.
— Ne la perd pas.
— Pour qui me prenez-vous ?!
Legolas et Mirmel talonnaient le Sylvain depuis une heure déjà. Le prince de la Forêt Noire n'aurait nullement eu besoin d'un guide pour se rendre à la forteresse elfique, c'était son royaume. Mais en tant que messager du roi, le Sylvain devait remplir sa mission qui n'était pas seulement de lui transmettre son ordre, mais aussi de veiller à ce que la volonté de son souverain soit respectée.
La semi-Elfe trouvait le temps bien long. Dans un souci de combler son ennui, elle décida donc de briser le silence.
— Qui est cette créature dont vous parliez ? voulut-elle savoir.
— Gollum.
La jeune femme accéléra le pas pour trottiner à côté de son compagnon blond.
— Gollum... ? l'encouragea-t-elle.
— Te souviens-tu de la première fois où nous nous sommes rendus en Lórien ?
— Bien sûr ! s'extasia la demoiselle. Je n'avais jamais aussi bien dormi que dans un de leurs lits...
— Tu as assisté à un conseil le lendemain, auquel s'est joint un Magicien connu dans notre langue sous le nom de Mithrandir, le Gris Pèlerin. Il dispose de bien d'autres appellations, mais celle qu'il affectionne le plus est Gandalf.
Mirmel chercha dans ses regrettés souvenirs en procédant par élimination pour voir de qui il s'agissait.
— Ce vieux bonhomme ?! s'écria-t-elle.
— Ce n'est pas un Homme, objecta Legolas. Mais un Maia, divinité dans l'Eä.
Le semi-Elfe en resta bouche bée. Les Maiar étaient des esprits, serviteurs des Valar, des puissances d'Eru Ilúvatar, le créateur de l'univers. Un Maia... Une rencontre aussi rare qu'improbable. Elle ignorait jusqu'alors que les exécuteurs des Valar pouvaient prendre forme humaine. Et sans le savoir, elle avait déjà croisé le chemin d'un autre avant lui.
— Un envoyé par les Valar pour lutter contre Sauron, continua le prince Elfe.
Mirmel balbutia à l'évocation de ce nom lié à de grands malheurs dans l'ancien Âge.
— E-Et quel rapport cela a avec cette créature... ?
— Il a chargé l'un de mes amis de la retrouver, car elle est mêlée à... une affaire importante, hésita Legolas. Après sa capture, elle a été emprisonnée dans les geôles de mon père, afin qu'elle puisse être interrogée par Gandalf.
— Et l'on apprend aujourd'hui qu'elle n'y est plus..., termina la semi-Elfe.
La nuit allait bientôt pointer son nez lorsque le petit groupe arriva enfin devant la grande porte bleue. Legolas sentit que Mirmel commençait à s'impatienter. Et il la comprenait. C'était la première fois qu'elle allait entrer au sein de la forteresse souterraine dont elle en avait tant entendu parler depuis son enfance.
Les deux gardes qui les accueillirent étaient armés, et portaient une armure intégrale qui ne laissait entrevoir que leurs yeux. Mirmel s'approcha avec un sourire amical.
— Vous n'avez pas chaud là-dessous ?
Elle fut à nouveau magistralement ignorée, si bien qu'elle se demanda si les Elfes de la Forêt Noire n'étaient pas simplement coincés avec les femmes. Son hypothèse tendit à se vérifier quand ils saluèrent à la place son compagnon.
— Bienvenue, seigneur Legolas.
Les gardes ouvrirent les portes et le Prince passa. Mais lorsque ce fut le tour de la demoiselle, l'un d'eux lui barra la route avec sa lance, sans dire un mot, et pour Mirmel s'en fut trop. Tout le monde sursauta.
— AH NON ! hurla-t-elle. SI C'EST COMME ÇA QUE LES ELFES ACCUEILLENT LEURS VISITEURS, VOUS POUVEZ VOUS FOURRER VOTRE LANCE LÀ OU JE PENSE !
Sur ce, elle donna un coup sec sur l'arme d'hast. Son propriétaire, trop sidéré pour réagir, la laissa passer. Legolas fit signe au deuxième de ne pas intervenir.
— Elle est avec moi, informa-t-il.
Suite à cet accident, la semi-Elfe exprima librement sa rage.
— Non, mais je rêve ! vociféra-t-elle. Ma mère a-t-elle vraiment servi ce royaume en tant que capitaine de la garde ?!
Mirmel réagit plus ouvertement encore lorsqu'elle remarqua que les passants la dévisageaient.
— Et qu'est-ce qu'ils regardent eux ?! Ils n'ont jamais vu une semi-Elfe ?!
— Ils se demandent surtout comment leur Prince peut supporter la présence d'une femme aussi bruyante que vous, répondit alors le messager.
— AH ! Parce que vous parlez maintenant, VOUS ? constata méchamment la demoiselle.
Legolas sembla soudainement exténué et soupira.
— Tu ferais mieux de profiter de la vue, Mirmel. C'est la première fois que tu pénètres ici, non ?
Sa colère s'apaisa enfin. Oui, il avait raison. Elle n'allait pas laisser quelques ermites lui gâcher le reste de sa journée. Surtout que le lieu dans lequel elle se trouvait avait toujours éveillé une certaine curiosité en elle. Et qu'en dire ?
Son imagination ne fut pas déçue. Peu de mots lui vinrent à l'esprit pour décrire ce qu'elle vit. La forteresse du Royaume Sylvestre était en réalité une caverne gigantesque composée d'alvéoles faisant office de maisons. En contrebas, des ruisseaux coulaient en abondance et irriguaient ce poumon d'une eau pure. L'air n'était pas malsain, préservé également de l'infection extérieure. Les passerelles de pierre qu'ils traversèrent entre les grandes racines qui serpentaient hors de terre lui rappelèrent Caras Galadhon. Mais chacun était unique. Ils gravirent les escaliers sous des arches aux immenses colonnes sculptées, longèrent des salles aux murs lisses creusés dans la roche. Si cela évoqua plus à la demoiselle le travail de Nains que d'Elfes, elle dut admettre que l'élégance qui se dégageait des lieux ne trompait pas.
Les pas de Legolas et Mirmel foulèrent finalement la place ronde. Là, et surplombant tous ceux qui se présentaient sous ses yeux, siégeait dans un trône plus que majestueux celui qui était, sans nul doute, l'hôte de ce chef-d'œuvre.
🌱
🌱
🌱
🌱
N/A
Mon horloge interne est totalement déréglée en ce moment. J'ouvre les yeux et il est déjà mercredi ! Je publie donc maintenant, mieux vaut tard que jamais. *rire gras*
Personne n'aime être ignoré, et dans le cas de Mirmel, sa colère est tout à fait justifiée. Elle sait depuis petite que sa mère a été bannie du royaume de Thranduil (réf chapitre 9), mais que par la « bonté » du Roi, elle a pu la mettre au monde et l'élever dans la Forêt Noire.
Après avoir été recueillie par Legolas, on peut supposer que Mirmel ait pu lui demander de lui en dire plus sur elle, d'où l'évocation de sa fonction de capitaine ici.
Ce n'est pas que Mirmel déteste les Elfes de la Forêt Noire (sinon elle n'aurait jamais supporté Legolas☆⌒(>^<)), mais plutôt qu'elle pense que leur comportement vis-à-vis d'elle est inadéquat, et celui envers sa mère... inacceptable.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top