CHAPITRE XLII

Publié le : 21/09/2018 | Mis à jour le : 04/04/2023

Chapitre 42.

Il y avait bien longtemps que la Communauté n'avait connu la paix. Outre une personne, la marche guidée se déroula dans un climat de relative sérénité.

Parfaitement outrée, Mirmel n'avait prononcé aucun mot sur tout le trajet qui les mena à Caras Galadhon. Ses lumières et ses maisons suspendues dans de gigantesques arbres ne lui firent ni chaud ni froid. Elle ne parvenait pas à y croire. Comment Haldir avait-il osé l'oublier ?! LUI qui lui a offert son premier arc qu'elle maniait toujours avec fierté ?! LUI qu'elle pensait être son ami ?! « Ah... L'innocence de l'enfance », soupira la semi-Elfe. Le Galadhrim s'était bien entendu excusé après que Legolas ait répondu à sa place, le choc lui ayant cousu les lèvres. Elle aurait pu prendre cela pour un compliment qu'il ne reconnaisse pas la fillette de jadis en voyant la femme qu'elle était devenue. Sauf qu'il avait avoué trouver cela « drôle » qu'elle soit toujours aussi petite.

Haldir conduisit les invités à leur chambre. Un nid douillet où les membres de la Communauté pourraient dormir en toute quiétude durant leur séjour en Lothlórien. Il informa par ailleurs Gandalf qu'ils ne pourraient être reçus par Celeborn et Galadriel que le lendemain, et que ces derniers étaient profondément navrés de ne pouvoir les accueillir comme il se doit. Le Magicien n'en fut nullement affligé. « Quelques douceurs suffiront, je pense... » se contenta-t-il de répondre. Non dérangé, Haldir était alors revenu satisfaire aux souhaits gourmands de tous avant de reprendre ses obligations.

Tandis que leurs compagnons se préparaient à passer la meilleure nuit depuis le début du voyage, Mirmel chercha Legolas. Elle le trouva seul sur le balcon, le regard absorbé par le ciel étoilé. La jeune femme apprécia autant le spectacle. Dans la Forêt Noire, les rayons perçaient rarement son épais feuillage.

Puisque l'Elfe s'était absenté très tôt après leur arrivée, il avait manqué le service du soir. Bien qu'il n'en ressentait pas encore la nécessité, se nourrir ne pouvait pas lui faire de mal, convint la rousse. Aussi, elle se percha sur la rambarde, à côté de lui, et tendit un bout de son beignet aux fruits secs qu'il accepta volontiers. Elle le trouva anormalement silencieux.

— Qu'est-ce qui retient tant votre attention que vous refusez de dormir ?

— Un souvenir... avoua le Sinda.

— Un souvenir ? répéta la semi-Elfe.

Ses yeux percèrent intensément la noirceur de la voûte étoilée avant qu'une réminiscence n'atteigne son esprit.

— Ah ! Cette nuit-là ?

Ils se remémorèrent un passé commun, une discussion qu'ils avaient eue il y avait des années, peu de temps après que Mirmel ait découvert le monde...



Sous le ciel nuptial, Legolas alimenta le feu. Les étincelles dansèrent devant le visage de Mirmel qui le fixait d'un air boudeur. L'Elfe ne lui inspirant guère plus confiance qu'hier.

— ... La nuit peut s'avérer plus divertissante que tu le penses, contredit-il.

La petite fille croisa ses bras en bougonnant.

En quoi l'obscurité est-elle attrayante ?

Mais de par les lumières qui en diffèrent, répliqua Legolas comme si c'était une évidence.

Quelles lumières ?

Tu ne lèves donc jamais la tête ?

Tout ce que je voyais était les arbres dont le feuillage épais recouvrait le ciel.

Et maintenant qu'il est dégagé ? Que vois-tu ?

La fillette s'exécuta en pointant le bout de son menton en l'air. Elle souffla d'ennui.

Des étoiles, évidemment.

Tu as ta réponse.

Pfff... Elles ne comptent pas. Seuls la lune et le soleil éclairent un chemin.

Il fut un temps, Mirmel, ou rien qu'entrevoir une étoile était la plus vive des lumières.

Heureusement que je ne suis pas née en ce temps-là alors...

Legolas soupira. L'étroitesse d'esprit de la semi-Elfe le déconcertait.

Les temps peuvent changer, Mirmel. Et si la guerre est un jour déclarée...

Ne parlez pas de malheurs ! s'emporta la fillette en sentant des frissons lui parcourir le dos et la nuque. Gardez vos étoiles !

Ne voudrais-tu pas devenir l'une d'entre elles ?

Le crépitement du bois consumé par les flammes, une braise passa furtivement devant les pupilles rétractées de l'enfant.



— ... Et je me souviens de ce que tu m'as répondu.

— « Je ne veux pas être haut perchée, barjot ! », s'esclaffa Mirmel. Quelles questions bizarres vous posiez aussi...

— Une décennie... À cet âge, rares sont ceux qui possèdent le discernement dont tu faisais déjà preuve, convint Legolas. Mais tu restais une enfant qui ne savait pas tenir sa langue.

— Et maintenant ? demanda la jeune femme d'un air taquin.

Les yeux bleus se tournèrent vers elle pour la couvrir d'un regard inquisiteur, quoiqu'un brin amusé.

— Une belle demoiselle... qui ne sait toujours pas quand se taire.

Coupée courte. Ce fut l'impression de la rousse. Elle en oublia la seconde partie de sa phrase. Un pareil compliment... ? Et venant de lui... ? Comment devait-elle le prendre ? Quoi répondre ? Avait-elle seulement bien entendu... ?

— Le ciel doit toujours demeurer haut et clair, afin que jamais les étoiles ne soient cachées, déclara ensuite le Sinda.

L'expression redevenue sérieuse, son profil se découpait sous la lune. La lumière réfléchie dans sa chevelure d'or composait une image que la semi-Elfe contemplait secrètement.

— Qui sait combien de temps il nous reste avant que le monde que nous connaissons ne soit plus que cendres et poussière ? poursuivit-il.

— Au moins jusqu'à demain matin, si vous voulez mon avis.

L'ombre d'un sourire se dessina sur le visage du prince quand il se tourna vers elle. Ils se scrutèrent en silence. Ses lèvres s'entrouvrirent. D'abord hésitante, sa main s'éleva finalement pour venir caresser la finesse des traits de sa protégée.

— Tu as grandi trop vite...

Le cœur de la jeune femme bondit dans sa poitrine. Lentement, ses propres mains devenues moites s'en saisirent avec douceur. Elle aimait la délicatesse de ses doigts qu'elle enlaça aux siens, la largeur de sa paume où elle déposa un baiser. Un puissant ensemble qu'elle désirait autant qu'elle redoutait. Ses pupilles rencontrèrent celles de l'homme et ils s'observèrent durant un temps suspendu. Elles trahissaient le même envoûtement, la même tension.

— Je vais me coucher, souffla Mirmel la bouche sèche. Bonne nuit.

Et évitant soigneusement les deux saphirs de l'Elfe, elle relâcha sa main pour rejoindre leurs compagnons. De nouveau seul, le prince serra son poing à en faire blanchir les phalanges. Il fixa l'endroit où elle avait disparu de sa vision, avant de fermer les yeux pour se réfugier dans le silence.

Cette nuit-là, l'Orge d'Aulë ne parvint pas à trouver le sommeil. Son esprit et son corps ressassaient cet instant qui aurait pu se terminer autrement. Elle avait eu peur. Elle s'était enfuie et le regrettait à présent. Ils devaient en parler, quoi que ce fut... Il y avait cette désagréable sensation qui ne la quittait pas, le vide... et le froid. Et elle n'était pas la seule à en souffrir.

Au milieu de la nuit, Legolas se leva. Si elle ne le vit partir, la semi-Elfe le devina à ses pas feutrés. Elle en fit alors discrètement de même et le suivit, ignorant ce que sa résolution allait engendrer...


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N/A

Arrivés en Lorien sans pertes ni trop de mal, les membres de la Communauté peuvent enfin un peu souffler.

Moment privilégié pour Legolas & Mirmel avec un court flashback. Mirmel, alors enfant, démontre une fois de plus sa belle sincérité en proclamant ouvertement à Legolas qu'il est barré. Il va falloir que tu nous dises où tu as enterré ton courage Mirmel, parce que là, tu deviens sadique ! Pauvre Legolas... NOW KISS !!! Non, vraiment, que quelqu'un fasse quelque chose... Attendez. MAIS C'EST MOI L'AUTEUR. X_X

Prenez vos mouchoirs, plus que 2 chapitres avant la fin du LIVRE II !


Bonus :



« — Tu as grandi trop vite... »

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