CHAPITRE XLI

Publié le : 17/09/2018 | Mis à jour le : 03/04/2023

Chapitre 41.

Sur son assise rocheuse, l'Orge d'Aulë poussa un gémissement dramatique. Elle ne pouvait que constater impuissante les dégâts causés par le Troll des cavernes.

— Mes livres~

Mirmel était au bord des larmes en sortant le dernier ouvrage de sa sacoche aplatie. La reliure déchirée, les pages malchanceuses étaient pour son grand blâme devenues illisibles. Bien qu'elle connaissait leur contenu comme si elle l'avait écrit, le manuscrit était maintenant bon pour servir d'essuie-fesses.

— Qu'est-ce donc ? demanda Boromir.

Le Gondorien vint s'accroupir devant ce tas de papiers froissés et en tira une page par curiosité.

— Je suis sûr que vous pouvez sauver quelques-uns de vos... « Champignons en pâté » ?

Aussitôt, la demoiselle se rua sur lui et la lui arracha. Cependant arrêtée par sa douleur à la jambe, elle ne réagit pas assez vite et l'homme en piqua une deuxième avant de s'éloigner.

— « Galettes de pois chiches » ?! rit-il sur un ton moqueur. Voilà donc pour quoi vous clamez votre désespoir ?! Des livres de cui-

Mirmel, qui avait titubé jusqu'à lui, l'avait coupé d'un coup sec dans sa virilité. Sans attendre qu'il s'en soit relevé, elle l'acheva d'un pavé de mille pages sur le crâne. Elle tremblait de rage et était surtout rouge de honte qu'il découvre ainsi son intérêt pour la cuisine de son peuple.

— Et alors ?! le défia-t-elle. Cela te pose un problème ?! Et puis ce sont MES affaires ! Pas touche ! Mêle-toi de ce qui te regarde, Boris !

— C'est BoRO-

— JE M'EN FICHE !

Si la Communauté avait fervemment espéré que le stade des enfantillages entre les deux jeunes gens soit du passé, ils s'étaient fourvoyés. Ces deux-là se cherchaient toujours, comme si ce moyen de communication définissait leur relation. Ils ne s'en inquiétaient néanmoins plus, car d'après ce qu'ils pouvaient ressentir de leurs échanges, l'antipathie avait disparu.

Mirmel se rassit à sa place, à côté de Legolas qui ne manqua pas d'en rajouter une couche.

— Seulement « l'utilitaire », tu disais ?

— Que croyiez-vous ? renvoya la jeune femme agacée. Je ne pouvais pas partir à l'aventure et me retrouver dans un village d'Hommes sans pouvoir m'assurer préalablement que ce qui se trouve dans mon assiette est comestible !

Le Sinda se tut, tandis que la rousse saisit à nouveau ses jupons pour aller s'asseoir ailleurs, un lieu où se procurer du réconfort. Il fronça des sourcils en la suivant du regard. Bien que ses mots avaient été prononcés avec légèreté, il ne parvenait pas à se défaire de l'image de la jeune femme courant à sa perte. Elle avait marqué son esprit d'une trace indélébile. Ses yeux ne pouvaient plus la quitter, hantés par la crainte que cette vision se répète.

Aragorn, qui avait avisé la tension chez son ami, souhaitait qu'il se remette au plus vite. Quant à Gandalf, il ne niait pas avoir eu un rôle dans cette affaire. Il comprenait en revanche la raison qui avait poussé la semi-Elfe à lui venir en aide. Il ne donnerait tort ni à l'un ni à l'autre. Il fallait avancer.

— Reprenons notre route, si vous le voulez bien, proposa le Magicien. J'aurais l'esprit plus tranquille à nous savoir en Lorien avant la nuit.

Tous se préparèrent à partir à l'exception d'un Hobbit qui paraissait accaparé par une intense réflexion. Mirmel le revit debout à son balcon aux beaux jours de Fondcombe, un semi-Homme tourmenté.

— Vous ne venez pas, Monsieur Frodon ? demanda son compagnon de voyage.

— Vas-y, Sam, insista-t-il. Je vous rejoins.

— Très bien. Je vous attends.

En voyant Sam s'éloigner en pinçant des lèvres et Frodon rester là, sans bouger, la rousse jugea bon d'agir.

— Vous êtes inquiet, je me trompe ?

Surpris, le Hobbit releva enfin le menton vers la demoiselle qui venait de s'approcher. Elle arrangea la ceinture sa robe sur la première marche de l'escalier menant à la porte scellée, face à lui. Au moment de mettre son bagage sur le dos, elle grimaça et préféra le porter à la place en bandoulière sur l'épaule.

— Vous avez été blessée, souffla-t-il. Je suis désolé. Je n'aurais pas dû demander à ce que l'on passe par la Moria. J'ai failli tous nous faire tuer...

— D'un, je vais guérir. De deux, c'est hobbitien de regretter des choses sur lesquels on n'a aucun contrôle ? Et de trois, c'est un peu prétentieux de dire que vous puissiez tous nous tuer, non ?

Frodon sourit faiblement avant de tirer sur la chaîne à son cou. L'anneau dans sa main, il le caressa entre ses doigts. Pendant un court instant, Mirmel fut aussi hypnotisée que lui par le bijou, en or pur, il fallait bien le préciser. Elle détourna son attention vers le ciel ensoleillé et se racla la gorge.

— Pourquoi est-il venu à moi... ? Pourquoi tout cela est-il arrivé ?

— Je ne sais pas, y réfléchit sérieusement la semi-Elfe. Peut-être parce que vous l'astiquez souvent ? À moins qu'il se sente bien au chaud contre votre poitrine... Vous vous lavez au savon ?

La conversation avait tourné au ridicule. Le Hobbit croisa les yeux rieurs de la demoiselle et sourit bientôt de toutes ses dents. Ce fut amusés qu'ils rejoignirent leurs camarades.



Sortis de la Moria, descendre le versant oriental fut un repos presque ennuyeux. À une allure raisonnable, afin de permettre à Mirmel de suivre le rythme sans le soutien qu'elle avait refusé, la petite troupe atteignit enfin les bois de la Lothlórien au début de la troisième semaine. À partir de là, les rôles s'inversèrent. La semi-Elfe avait été totalement immunisée contre le rappel douloureux de ses blessures refermées. Et après à peine une heure de marche...

— La fièvre lui aurait-elle fait perdre la tête ?! râla Gimli à bout de son euphorie. Cette forêt est l'antre d'une sorcière ! Ces arbres doivent être frappés d'une quelconque malédiction pour alimenter sa folie !

— Détrompez-vous, elle a toujours été ainsi, lui apprit Legolas.

— Je vous entends, bandes de- !

La Communauté fut stoppée d'effroi. Encerclée par des êtres aux oreilles pointues à l'attitude franchement pas amicale, chaque membre se retrouva encore une fois menacé de flèches.

— Bah, quel accueil, ronchonna le Nain.

Tandis que la semi-Elfe fut épiée par plusieurs de leurs hôtes affichant une expression catastrophée après l'avoir reconnue, cette dernière dévisagea chaque Galadhrim avant de tomber sur celui pour qui son impatience avait été des plus vives.

— Haldir ! C'est Haldir ! se réjouit Mirmel en dépit de leur situation.

Les traits de celui pointé du doigt restèrent pourtant indifférents.

— HALDIR~ !!! s'égosilla Mirmel en sautillant sur place et en battant des bras.

Sauf que sa mine enjouée se décomposa immédiatement lorsqu'elle entendit la réponse suivante.

— Et... vous êtes ?


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N/A

Courte pause pour la Communauté pendant laquelle Mirmel ne fait aucun effort pour enfin bien prononcer le prénom de notre cher Gondorien. Entre « Vomir », « Bomir » et « Boris », je ne saurais dire quand elle y parviendra, Boromir peut attendre longtemps. ┐( ̄ヮ ̄)┌

Précision, si Mirmel tutoie Merry et Pippin, ce n'est pas le cas avec Frodon et Sam avec qui elle n'a pas encore tissé de lien aussi fort.

Le chapitre se finit avec les retrouvailles avec Haldir, qui commence par... de la méchanceté gratuite ? Pas sûr que Mirmel s'en remette. Mais bon. ELLE S'EN SORT TOUJOURS, DIRA-T-ON. ᕕ( ᐛ )ᕗ


Le LIVRE II se termine bientôt et aucun acte de spoil ne sera commis avant l'heure ! Néanmoins, laissez-moi vous dire ceci : la chute sera rude. La suite demain !

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