CHAPITRE XL
Publié le : 16/08/2018 | Mis à jour le : 31/03/2023
Chapitre 40.
Le fouet cinglant claqua la roche. Un corps sans mesure se dressa au milieu de l'étage incendié. De ces ténèbres, une épée de feu se forgea. Le Balrog se heurta à une volonté implacable. Celle d'un autre Maia qui brandissait sa puissante magie, le défiant de passer.
— Retournez dans l'ombre ! gronda la voix du Gris Pèlerin.
C'était son dernier avertissement. Le démon de l'Ancien Monde, sans crainte ni jugement, leva encore son fouet pour l'abattre sur quiconque résisterait. Alors, la pointe du bâton de Gandalf frappa le sol. L'essence de sa magie se propagea et le pont sur lequel le Balrog s'était engagé se brisa sous ses pieds. Il vacilla. Le Magicien avait vaincu.
Dans sa chute dans les abysses, dans un désir vorace à emporter son adversaire avec soi, la créature démoniaque lui faucha la cheville. Ainsi, le vieil homme se retrouva suspendu dans le vide.
— Gandalf ! s'écria Frodon.
Mirmel l'empêcha de s'y rendre, prenant les devants. Legolas la retint par le bras, mais la semi-Elfe se libéra d'un coup sec et s'engagea sous une pluie de flèches.
— MIRMEL !!!
Aragorn barra la route de son ami avant qu'il ne s'y précipite à son tour.
— Son sort est entre ses mains ! l'arrêta-t-il. Elle a fait son choix, ne vous exposez pas inutilement !
Le visage décomposé de Legolas laissait transparaître la violence de ses sentiments. L'Elfe serra son poing si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans sa chair qui se mit à saigner. Il vit cette silhouette encapuchonnée lui tourner le dos, l'abandonnant. Dans cette vision cauchemardesque, elle se fit perforer de plusieurs jets. Malgré les tressaillements, cette silhouette continua à se mouvoir, invaincue, puisant dans ses ressources insoupçonnées pour atteindre son but.
— Ne soyez pas têtue ! implora vivement Gandalf. Partez tant qu'il en est encore temps !
— Je... REFUSE ! gémit rageusement la jeune femme.
La douleur lui arracha une plainte, mais n'eut pas raison de sa ténacité. Elle posa lourdement la masse qu'elle avait faite sienne au sol, s'en servit pour appui et attrapa les poignets du vieil homme. Elle tira, d'une force qui ramena le Magicien parmi eux. À nouveau en capacité d'agir, le Maia saisit son bâton jonchant la pierre et appela la flamme d'Anor. Un bouclier se déploya autour de leurs deux corps pour les protéger. Alors que le grondement de l'esprit du feu corrompu chutait, ils se traînèrent hors de la Moria. Une fois fait, Gandalf scella l'entrée.
Hors de danger, Mirmel se laissa tomber dans l'herbe. Les yeux aveuglés par la lumière soudaine, elle entraperçut juste le reste du groupe les rejoindre prestement. Assise, la rousse retira la flèche de sa cuisse. Cela piqua un peu, mais sans gravité. Un gloussement sortit de sa gorge en constatant l'air sérieux de son duo préféré qui s'était précipité en premier sur elle, croyant que le pire était survenu. Ils se trompaient.
— J'ai une folle envie de me gratter, avoua la demoiselle avec un rictus aux lèvres en se massant doucement la jambe.
— Nous aurions eu un magnifique grattoir gagné à la foire à te proposer si nous n'étions pas partis si vite, la désenchanta Merry.
Mirmel se mit à rire d'une voix fluette et les deux Hobbits en furent soulagés. Puis Merry regarda une chose derrière lui. Il se leva brusquement à l'approche de celle-ci et obligea son cousin à en faire de même. La jeune femme comprit pourquoi lorsqu'elle sentit l'ombre d'un certain Elfe planer au-dessus d'elle.
Le visage de Legolas était indescriptible. Elle ne savait pas quels mots employer. Elle n'avait pas souvenir de l'avoir déjà vu dans un pareil état. Aucun ne lui vint non plus lorsqu'elle pensa devoir dire quelque chose. Mal à l'aise et les traits crispés par la brûlure de ses blessures, la semi-Elfe parvint néanmoins à lui adresser sourire. Un sourire qu'elle voulait rassurant, pas celui de quelqu'un qui venait de caresser la Mort de son plein gré. Le visage de Legolas n'afficha pas plus d'émotions. Il ne dit rien non plus. Il passa simplement à côté d'elle et Mirmel crut qu'il l'ignorait jusqu'à ce qu'un cri de douleur s'extirpa de sa gorge. Le Sinda venait de retirer l'une des flèches qui avaient blessé son dos. Et ce, brutalement, sans bienveillance. Personne n'intervint.
— LEGOLAS ! hurla-t-elle partagée entre la souffrance de son geste et la peur qu'il poursuive.
Ce n'était pas le Legolas qu'elle connaissait. Celui-là ne lui inspira rien de semblable. L'éclat de la voix dépourvue de chaleur et qui assécha pourtant sa nuque était étranger de toute forme de clémence. Il l'empêcha de bouger d'une poigne ferme.
— Ne te trompe pas de personne à protéger !
— C-Comment ça... ? bégaya-t-elle. Qu'est-ce qui vous prend... ?
Elle tremblait sous le choc de son comportement.
— AH !!!
Il venait de retirer celle de son omoplate.
— La Communauté n'existe que pour protéger le Porteur de l'Anneau ! continua-t-il. Dont TU fais partie !
La mâchoire serrée, Boromir voulut mettre à terme à cette scène, mais là encore, cela fut Aragorn qui intervint. Le message était clair : personne ne devait s'en mêler.
— Alors..., commença à sangloter Mirmel. D'après vous, j'aurais dû abandonner Gandalf ? Aurais-je dû également regarder Pippin se faire tuer par cette chose du lac ?!
— Si tu te préoccupes de tes compagnons, tu oublies notre priorité !
— MAIS CELA VAUT AUSSI POUR VOUS, NON ?! s'emporta la jeune femme. Si un jour vous êtes blessé sous mes yeux, je devrais simplement l'accepter ?! Accepter que vous mouriez sans intervenir ? C'est... Me demander cela, c'est juste... ignob - AH !!!
Legolas avait retiré la dernière flèche arrêtée par une côte. Au final, aucune des quatre que la semi-Elfe avait reçues n'était mortelle. Un miracle.
— C'est bon... C'est compris... Je suis désolée, s'étrangla-t-elle en pleure.
— Tu ne te rends pas compte... Tu ne te rends pas compte...
« De quoi ? » voulut demander Mirmel en entendant ce ton si faible, si vulnérable qu'avait pris la voix de l'Elfe. De grands bras l'encerclèrent et l'étreignirent avec une douloureuse tendresse. La rousse sentit l'odeur familière de ces cheveux et ce large torse devenu frêle appuyé contre son dos meurtri. Elle eut alors une pensée, celle que la souffrance qu'elle venait de ressentir n'était rien à côté de ce ses actes avaient engendrée chez l'Elfe. Bien qu'incapable de voir visage, elle aurait juré qu'il était au bord des larmes.
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N/A
Ce chapitre fait partie de « The Dark Series » comme je me suis décidée à appeler les moments sombres de cette histoire. Préparez-vous, il est loin d'être le dernier et le pire. (-,- _ -,-)
Mirmel fait face ici à un Legolas dépassé par la violence de ses émotions. Il ne faut pas prendre ce qu'il lui fait subir pour du sadisme ou de la vengeance. Les flèches doivent être retirées pour que Mirmel puisse être soignée. Legolas aime Mirmel, c'est un fait. La faire souffrir, c'est une souffrance inimaginable. « La violence de ses émotions », c'est avoir cru que la flamme de la vie de l'être aimé, se jetant volontairement dans la gueule du loup, aurait pu s'éteindre sous ses yeux. Legolas a vraiment cru que Mirmel allait mourir par sa stupidité et son incapacité à la protéger, ce qui l'a dévasté. Évoquer son devoir en tant que membre de la Communauté n'est finalement qu'une excuse et non la vraie raison de son emportement. Une raison dont Mirmel se doute bien.
Par ailleurs... Oui ! Gandalf le Gris ne va pas mourir ! Du coup, cela veut aussi dire que Gandalf le Blanc... et bien il risque de ne jamais arriver, ce qui impactera sans nul doute la suite de l'intrigue. Ce sont également ces petits changements qui différencient une fanfiction de l'œuvre originale sur laquelle elle se base. (~o▽o)~
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