CHAPITRE VIII

Publié le : 12/12/2017 | Mis à jour le : 04/07/2022

Chapitre 8.

Terre du Milieu, novembre 2951 T. A.

Si la brume dorée aperçue en matinée avait ravi la semi-Elfe, elle avait vite désenchanté une fois la lune montée. Il faisait noir, une nuit profonde avec pour seul accueil le bruissement des feuilles au vent.

Nous ferons halte en Lothlórien cette nuit, informa Legolas à Mirmel qui profitait du bref arrêt pour faire une pause sur un rocher.

N'y sommes-nous pas déjà ?

Elle geint en désignant les alentours boisés d'un balancement de tête. Un geste lasse, témoignant sans aucun doute d'une grande fatigue physique.

Veux-tu dormir dans un lit ? demanda le Sinda.

Pour rien d'autre au monde ! s'exclama l'enfant avec les yeux brillants d'une vigueur nouvelle.

Alors, continuons, conclut-il.

Mirmel se leva et reprit la marche derrière son compagnon. Ce dernier avait bien noté que ses jambes lourdes la ralentissaient. L'endurance n'était vraiment pas son fort. Et il était convaincu qu'elle l'avait hérité de sa parenté naine. Les Elfes étaient capables de tenir plusieurs jours sans boire ni manger. Et quatre heures de sommeil quotidien les satisfaisaient amplement, moins tout autant. Peut-être cela s'expliquait-il par son jeune âge... ? Il se rappelait d'un cas similaire chez les Hommes qu'il avait vu, il y avait fort longtemps.

L'Elfe sinda arrêta ses réflexions intérieures quand il l'entendit jurer contre un malheureux crapaud. Confondre les racines et les arbres ne suffisait pas, elle venait de mettre les pieds dans une mare. La fillette ne se tut que lorsqu'un fredonnement plus doux que le miel parvint à ses oreilles pointues. Ses notes mélancoliques qui se prolongeaient tel un douloureux écho éveillèrent sa curiosité.

— Que chantez-vous ?

La voix de Nimrodel. La rivière sur laquelle les Elfes des Bois ont composé de nombreuses chansons encore entendues dans le Nord.

Que dit-elle ?

J'ai beaucoup oublié. Aujourd'hui, il ne me reste en mémoire que quelques vers...


« Une étoile était posée sur son front,

Une lumière sur ses cheveux longs

Comme le soleil sur les rameaux d'or,

Étendus jadis sur les terres du Nord.


Aussi légère que le vent, libre était-elle,

Au bord des cascades de la Nimrodel

Où maintenant elle erre, nul le sait,

Maudit le perfide navire qui l'emportait.


La nef elfique dans le havre gris,

Sur le rivage, bien des jours l'attendit,

Mais de l'Ouest aucun message ne vint

En allée, glissant tel un cygne au loin. »


Le chant s'interrompit quand son oiseau sentit quelque chose effleurer le bout de sa tunique. C'était la main de Mirmel. Elle tremblait. Legolas s'arrêta et fronça les sourcils en croisant l'éclat dans son regard.

Ne me dis pas... que tu as aussi peur du noir ?

Comment ça, « AUSSI » ?! se défendit la fillette. Pas du tout ! Je ne vois rien, c'est tout. Et j'ai pas envie de vous perdre !

Malgré l'obscurité, elle ne rata pas son rictus moqueur.

Quoi ?! s'écria-t-elle. J'y peux rien si vous avez une meilleure vue que moi !

Elle se sentit tirer en avant. Legolas avait repris la marche sans un mot, mais si quelqu'un avait pu voir son visage, il aurait assurément vu un sourire fendre ses lèvres.

Au bout d'un temps interminable, un hululement perturba le silence.

Ces bois sont différents, remarqua Mirmel. Plus... vivants.

C'est un sanctuaire, expliqua le Sinda. Le Mal a été purifié depuis de nombreuses années... Malheureusement, ce n'est pas de cas de tous.

Comme la Forêt Noire ? devina l'enfant.

Oui... Comme la Forêt Noire.

Ma mère m'a dit que les Elfes de Grand'Peur vivent sous terre. C'est à cause de ce mal ?

Il devenait difficile de répondre aux attaques incessantes des Orques et de la progéniture d'Arachne. Alors cette solution s'est imposée comme étant la meilleure. Bien qu'elle soit pénible à supporter encore aujourd'hui.

Moi, j'aurais pas fait ça, argua la petite.

Et qu'aurais-tu fait ?

Les combattre bien sûr !

Tu es jeune Mirmel, rétorqua Legolas. Avec l'impulsivité d'un enfant, tu ne peux rendre un jugement juste.

En quoi est-il mauvais ?! protesta-t-elle. Les Elfes ne sont-ils pas censés vivre à la lumière du jour ?

Nous aurions eu plus à perdre à rester qu'à partir. Le Roi a fait le bon choix.

Vous semblez y avoir réfléchi pourtant, releva la semi-Elfe.

Qui n'éprouverait pas des réticences à quitter son foyer ? N'en a-t-il pas été de même pour toi ?

Legolas sentit soudain qu'on le tirât en arrière. Il se tourna vers Mirmel qui se tenait aux aguets.

Il y a quelque chose..., chuchota-t-elle d'une voix blanche.

Le Sinda aiguisa ses sens, mais ne perçut que les murmures des feuilles, ainsi que l'activité des insectes et autres bêtes nocturnes.

Il n'y a-

Mirmel hurla à pleins poumons. Une vive lumière venait de s'allumer et leur grilla les yeux. Elle se réfugia derrière les jambes de Legolas qui avait déjà dégainé son épée. Cinq individus capuchonnés les encerclèrent avec des arcs prêts à décocher leurs flèches.

Il semble que l'intuition de cet enfant soit aussi remarquable que son cri, s'éleva une voix suave.

Legolas baissa son arme et les inconnus en firent de même. Celui qui tenait la lanterne à la lumière argentée s'avança en dévoilant son visage. Il avait les oreilles pointues et de longs cheveux blonds ou bruns, Mirmel était bien trop hors d'elle pour y prêter attention.

VOUS ÊTES MALADES !?! clama-t-elle. Vous voulez que nos cœurs lâchent ?!

Elle avait les larmes aux yeux, il était clair qu'elle avait eu une grosse frayeur. L'individu la scruta avec un certain intérêt avant de s'adresser à Legolas. Il s'inclina respectueusement.

Nous ignorions votre venue, fils de Thranduil.

« Thranduil... ? » songea la semi-Elfe.

Heureux de vous revoir, Haldir, le salua à son tour Legolas avec un bref hochement de tête. Quelles sont les nouvelles de la Lórien des Fleurs ?

THRANDUIL ?! s'écria Mirmel en réalisant ses propos. VOUS ÊTES PRINCE !?!


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N/A

Pour la rime française et le message, j'ai une nouvelle fois remixé la chanson, vous me pardonnerez... Vous retrouverez toutefois l'originale au chapitre VI du livre II de La Communauté de l'Anneau !

Apparition de Haldir, un Elfe que la gente féminine a tendance à mieux connaître que leurs homologues masculins... Est-ce un jugement ? Nop. Je l'aime bien, malgré que son adaptation à l'écran soit quelque peu... changée.

Dans le cas de Mirmel, le décalage dans ses paroles par rapport aux autres personnages de cette histoire est normal. D'abord, parce que c'est une enfant. Ensuite, parce qu'elle a vécu dans une certaine solitude malgré l'attention de sa mère, ce qui joue forcément sur sa façon d'être et de s'exprimer.

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