Publié le : 04/12/2017 | Mis à jour le : 13/06/2022

Chapitre 5.

Dans la forêt de Grand'Peur marchait une âme solitaire. Sous son vêtement à la capuche bien tirée et chargé d'un sac plein à craquer, ce petit être semblait perdu. « Suivre la direction du soleil couchant. » se répétait-elle sans cesse à haute voix. « Elle », car oui, cet aventurier était une fillette, et plus précisément une semi-Elfe du nom de Mirmel.

— Mais il n'y a pas de soleil ! clama rageusement l'enfant en scrutant l'abondant feuillage au-dessus de sa tête rousse.

Fatiguée, elle avait entamé une sieste dans un ancien terrier de lapin. Ceux de Rhosgobel étaient d'une taille respectable, aussi elle n'avait eu aucun mal à s'y tasser. À l'abri des billes jaunes qui l'observaient dans le noir, elle n'avait repris la route qu'au lever du jour. Sûrement aurait-elle dû s'abstenir et faire demi-tour, pour peu qu'elle retrouve le chemin ?

Dans les bois silencieux, Mirmel avançait la tête haute, bien qu'incertaine de la direction à suivre. Ici, l'écorce se détachait des troncs des arbres et la sève nauséabonde qui s'écoulait perturbait ses sens.

Après une heure exténuante d'errance, la semi-Elfe commença à voir par-delà sa route semée d'embûches des voiles d'argent. Elle se rapprocha de l'un d'eux et l'examina. À travers les rares rayons de clarté qui réussissaient à se glisser entre les branches feuillues, les gouttelettes d'eau qui étaient emprisonnées dans les fils scintillaient tels des petits cristaux. Mirmel ressentit une irrésistible envie de toucher. Ce qu'elle ne fit d'abord pas, par crainte de mettre fin à cet enchantement. Néanmoins, alors qu'elle progressait jusqu'à en être entourée par une multitude, la simple idée devint un ardent désir. La fillette s'approcha donc de l'un d'eux qui était à sa hauteur, soit à pas plus de quatre pieds du sol, et le toucha.

La chose était gluante, très loin de la fine et douce soie qu'elle avait imaginée. Arrachant sa main à son emprise, elle remarqua que les vibrations causées se propagèrent dans d'autres. Mirmel eut alors un très mauvais pressentiment. Elle ne bougea plus, osant à peine respirer, attentive au moindre mouvement. Lorsqu'elle pensa que son geste n'avait finalement rien déclenché, elle fut prise de court par un bruit au-dessus de sa tête. Levant les yeux, elle hurla en voyant une énorme bestiole descendre sur elle.

La fillette courait vite. Oh que oui ! Malgré ses jambes courtes, Mirmel fuyait avec le désespoir d'une proie qui essayait d'échapper à son trépas. Elle entendait à travers le bourdonnement de ses oreilles la créature la pourchasser, et ne cherchant à aucun moment à savoir si elle la rattrapait, l'enfant sauta au-dessus de maints troncs et végétaux jonchant le sol. Au summum de la chance, la fillette finit par glisser sur les feuilles humides pour s'étaler dans la boue. Quelle magnifique journée ! Face à face avec la bestiole à huit pattes, Mirmel eut un haut de cœur. Voyez-vous, elle détestait les araignées. Alors géantes...

Prenant son courage à deux jambes (pour le coup), elle se releva à la hâte et évita l'assaut de l'immondice noire de peu. N'ayant plus d'échappatoires, la semi-Elfe sauta sur l'araignée géante dans un élan de folie. Elle s'y accrocha fermement et tout en la chevauchant, elle continua de crier. Comble de l'ironie, son appel de détresse en attira une deuxième. Celle-ci essaya avec ses longues pattes velues de l'arracher à sa congénère. Poussant cette fois un hurlement de terreur, tout finit par s'arrêter.

Mirmel entendit d'abord un son sourd sur le sol, puis entrevit une lame éclatante. Les yeux fermés, elle perçut ensuite le bruit de la chair tranchée. L'araignée sur laquelle elle était toujours cramponnée se cambra en arrière. Un violent impact la fit chuter sur le côté. Après quelques roulades, la fillette se retrouva sous huit grandes billes globuleuses et pointées sur elle avant qu'un sifflement en crevât un. S'extirpant aussitôt pour éviter que la créature s'effondre morte sur elle, Mirmel sursauta en découvrant celui qui avait tiré la flèche à une quinzaine de mètres derrière elle. La semi-Elfe reconnut ses yeux bleus et l'air sévère qui la fixait.

Son ami avait tué les trois immondices. Oui, elle en compta une troisième. Et elle aurait sauté de joie s'il ne s'était pas dirigé immédiatement vers elle avec une aura meurtrière.

— ES-TU ATTEINTE D'UNE QUELCONQUE FOLIE OU SIMPLEMENT STUPIDE ?! vociféra-t-il.

Arrivé à sa hauteur, il baissa légèrement le ton, mais ses mots exprimaient toujours la rage.

— Ta mère ne t'a donc rien appris ?! continua-t-il sur sa lancée. On ne se promène jamais désarmé dans ces bois et certainement pas seul à ton âge !

Il parut ensuite attendre des explications, mais Mirmel était bien trop tétanisée pour répondre de ses actes. De plus, son l'interlocuteur la dépassant d'un bon mètre, elle était loin d'être à l'aise. Tremblante, elle parvint enfin à murmurer un vers.

— Comment... avez-vous réussi à me retrouver... ?

— Il a plu, fit-il remarquer. Tu as laissé des empreintes menant vers le sud.

— Le sud ? Mais j'allais vers l'ouest ! protesta l'enfant.

— Tu as dévié de ta trajectoire, affirma l'ami légèrement agacé. Tu te dirigeais vers Dol Guldur.

Mirmel se souvint de ce lieu où de viles créatures sévissaient. Sa mère lui en avait parlé. C'était le dernier endroit où elle aurait aimé se trouver. Cela la fit sourire malgré tout.

— Merci de m'avoir retrouvé dans ce cas ! le remercia-t-elle chaudement avec un certain soulagement non dissimulé.

Les yeux bleus la dévisagèrent et peu à peu, il sembla à la fillette que leur colère se dissipait. Quant à son visage, il garda cet air sévère qui lui, ne le quittait jamais.

— Sais-tu qui je suis ? demanda-t-il après un bref moment de silence partagé.

— Vous êtes l'ami venu hier, déclara la semi-Elfe.

— Tu peux m'appeler Legolas, Mirmel, souffla-t-il. Ta mère m'a confié ta garde.

— « Verte Feuille » ? rit-elle sans méchanceté. C'est bien un nom d'Elfe.

Ce dernier ne tint pas compte de sa réflexion et poursuivit.

— Je dois également me rendre à l'ouest. Alors à partir d'aujourd'hui, tu m'accompagneras.

Mais la fille de Tauriel ne l'entendit pas de cette oreille.

— Et qu'est-ce que j'y gagne ?

— Plus que tu ne saurais l'imaginer, soupira le Sinda.

Mirmel réfléchit le poing sous le menton, pesant le pour et le contre.

— Très bien ! s'exclama-t-elle enfin. J'accepte !

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N/A

Normal que Mirmel n'apprécie pas les araignées. Comme beaucoup, je ne les aime pas non plus. On a pourtant bien essayé de sympathiser... Ce fut à l'évidence un échec. ¯\_(￣ヘ￣)_/¯

D'après le dictionnaire elfique d'Ambar Eldaron, l'adjectif laeg signifie « vert tendre » et golas « feuillage ». Il existe d'autres traductions du nom Legolas, mais j'ai choisi celle de « Verte Feuille ». De même, vous ne me verrez jamais écrire Legolas Vertefeuille, mais plutôt Legolas Thranduilion (« fils de Thranduil ») qui est à mon sens plus logique.

Le pied est une mesure de longueur et une des plus anciennes de l'histoire. Elle correspond à 0,3048 mètre. Ce chapitre suggère donc que notre petite semi-Elfe ne peut pas atteindre les objets au-dessus de 1,22 mètre. À vous de déterminer sa taille. (*￣▽￣)b