CHAPITRE LXI

Publié le : 17/04/2019 | Mis à jour le : 16/11/2023

Chapitre 61.

Mirmel n'aimait pas les larmes, leur goût salé. Pourtant avec Arwen, leur amertume s'était adoucie à en devenir du miel. Il restait qu'il fut un temps où elle pouvait les compter sur les doigts d'une main. Ces fois où, submergée par ses émotions, elles avaient débordé.

Arrêtée un instant devant une fontaine en pierre lumineuse, la semi-Elfe se moqua de son reflet dans l'eau, de ce visage délavé. Quelle piètre image elle renvoyait d'elle à son amie retrouvée. Ses paupières rouges et gonflées se faisaient lourdes sur ses cernes noirs. Sa peau était aussi blanche que la nuit qui pesait sur ses épaules. Elle n'avait guère dormi, comme son corps avachi et ses pensées brumeuses le lui rappelaient souvent.

Mirmel et Arwen avaient toutes deux ressenti le besoin de marcher, de s'isoler. Le long de la rive du Cours d'Argent, les deux jeunes femmes s'étaient posées dans l'herbe humide, leurs doigts entremêlés sur leurs robes froissées. La fille du seigneur Elrond, arrivée avant-hier sans s'annoncer, apprit la raison de la présence de l'Orge d'Aulë à la capitale de la Lothlórien. Elle prit également connaissance des événements qui l'avaient finalement amené à rompre avec le groupe. Elle accueillit ses confidences d'une oreille attentive, entendit la souffrance et la solitude provoquées par cet abandon, de ce double deuil. Tout en l'écoutant, la brune sécha, appliqua du baume au jeune cœur blessé avec des gestes doux, un regard sans jugement, le témoignage de sa sympathie pour la rousse. Les tremblements de cette dernière semblaient inconsolables.

Le matin du départ de cette aventure, murmura la semi-Elfe d'une voix fébrile, je lui ai fait une promesse... Celle d'être là pour lui, de le protéger. Quelque part... Pour lui rendre la pareille et rembourser cette immense dette.

Elle rit doucement.

Je n'ai pas été une enfant facile. Une vraie trousse-pète !

Son sourire s'évanouit dans la seconde après avoir fleuri.

Néanmoins, continua-t-elle, après ce qui est arrivé, après cette... effroyable vérité, j'ai souhaité qu'il meure. Je l'avoue. De toutes mes forces. Je l'aurai tué, soyez-en persuadée.

Elle resserra l'étreinte de leurs mains, appréhendant que cette chaleur disparaisse subitement, la laissant seule en proie au froid glacial qui l'habitait.

Dites-moi, Arwen. Si une personne... que vous chérissez... vous fait mal. Beaucoup... de mal. Et qu'après vous avoir tourné le dos, elle puisse se retrouver... en grand danger. Que feriez-vous ?

Un silence encouragé à la réflexion, la femme Elfe descella ses lèvres.

Que ressentez-vous, à présent ?

J'ai l'impression... d'être déchirée, croassa la rousse. Cette colère... ne me quitte jamais. J'ai une telle rage en moi... elle me fait peur. J'ai peur, Arwen... d'être dévorée par elle.

Mais si vous nourrissez de pareils sentiments, cela ne signifie-t-il pas que vous tenez encore à elle ? Si cette personne... venait à mourir... les regrets vous poursuivront, vous tortureront. Et vous ne saurez jamais si cet être qui vous était jadis si cher... mérite de se racheter, car le temps aura manqué.

Des « regrets » ? Quel mot familier... Peut-être aurait-il été préférable de rester dans l'ignorance. Peut-être aurais-je dû accepter votre proposition de demeurer à Fondcombe.

L'Étoile du Soir s'éleva. Observée par le regard subjugué de l'Orge, elle tira le bas de son vêtement scintillant, dévoilant brièvement ses pieds nus avant qu'ils ne soient ensevelis par les eaux léchant le rivage. La brune laissa sa robe blanche glisser et se gorger du liquide transparent. Elle leva ensuite ses bras avec la grâce et la délicatesse des pétales, la plus belle fleur qu'il lui avait été donné de voir.

Fondcombe n'est plus.

La nouvelle accabla la semi-Elfe.

Où... ?

Ils sont partis pour Valinor.

Ce fut à cet instant que Mirmel prit réellement conscience de l'état actuel de son amie. Elle eut honte d'avoir déversé ses malheurs sans s'en être enquise plus tôt. Ses longs cheveux cachou s'étaient ternis, tandis que ses yeux gris, qui perçait lors de leur précédente rencontre les hauts nuages, demeuraient maintenant au sol et voilés. L'extravagante beauté des Elfes s'était comme... altérée. Avec un vague sourire, Arwen lui confirma l'exactitude de ce qu'elle redoutait.

Oui, je ne suis plus immortelle.

Mortifiée, les chiffres fusèrent dans la tête de la demoiselle. Vingt ? Trente ? Combien d'années avant que...

Pourquoi n'êtes-vous pas partis avec les vôtres ? reprocha-t-elle. Et votre père ?! N'est-ce pas le berceau de votre immortalité ?

Question stupide. Elle savait, et connaissait déjà la raison. « Pour lui. »

Mon père s'y est opposé, avoua douloureusement la femme Elfe devenue mortelle. À cette union. Quel parent voudrait condamner son enfant... ? Il m'a convaincu. Pendant un court moment, je me suis perdue... J'étais comme vous, Mirmel... Enchaînée à une promesse que je n'étais pas sûre de pouvoir tenir... C'est alors... que je me suis brutalement réveillé d'un rêve. Le spectacle du futur, le nôtre, celui de notre fils...

Sa main se porta sur le bas de son ventre et le caressa. Celle de Mirmel couvrit sa bouche. Elle bondit sur ses pieds, incapable d'y croire. Pourtant, son amie ne saurait mentir. En effet, les premiers rayons de l'aube révélèrent la courbe légère. L'oreille tendue, le rapide tambour d'un second cœur à peine formé et perceptible, mais déjà vigoureux, s'ajouta et emballa à nouveau le sien.

VOUS-VOUS-VOUS-VOUS-VOUS ?! Arwen ! Dites-moi que ce n'est pas vrai ?!

Amusée par l'emportement de la rousse, les pommettes pâles de la mortelle reprirent des couleurs. Sautillant sur place, un tour sur elle-même, un ouragan de pensées assaillirent l'esprit de Mirmel en totale euphorie.

NOM DE NON !! l'apostropha-t-elle soudain. Et cet abruti d'Homme frileux qui vous fuit par amour, croyant sauver votre bonheur ! BALIVERNES ! Et s'il l'apprenait, Arwen ?! QUEL SOT, MAIS QUEL SOT !

Une surprise que j'espère célébrer à son retour, en un temps redevenu sûr, souhaita son amie dont la réjouissante réaction de la demoiselle la combla de félicité.

OH QUE OUI ! garantit Mirmel en jurant sa discrétion absolue. Aragorn vous reviendra, Arwen ! Votre collier, il le porte toujours !


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N/A

Et oui, Arwen est bien enceinte ! Un changement dans la chronologie pour servir un but qui sera narré plus tard. Nous l'expliquerons ici par la prestation de Mirmel au festin de Fondcombe qui a su encourager des cœurs à se donner à l'autre, plus que l'autorise habituellement la coutume. Rassurez-vous, elle n'a pas provoqué d'orgie. ╰(▔∀▔)╯

L'Étoile du Soir n'est donc pas partie pour le pays des Valar, pour rester en Terre du Milieu et attendre le retour d'Aragorn, son... enfin, vous connaissez l'histoire. NON ! Pas comme une future mère au foyer, c'est une femme mordue de courage (pas comme tous les siens qui se sont « juste » barrés avant la guerre), et qui a échappé aux Nazgûl avec un lourd paquet, rappelons-nous ! C'est dans l'espoir de revoir le père de l'enfant à naître vivant (l'idéal par défaut), et consciente de sa mortalité, qu'elle demeure depuis peu chez sa grand-mère Galadriel, nouvellement renommée la « vile cachottière ». À savoir par qui...

Plusieurs couples, réels ou potentiels, ont été abordés dans ce tome 1. D'autres apparaîtront, mais bien plus tard... Quelle évolution ? Quel futur ? Le tome suivant apportera plus que des réponses (et accessoirement des montées de température (¬‿¬ )).

Des idées de noms de ships ? Je demande ça, je ne demande rien. Ce n'est pas comme si l'héroïne de cette histoire est toujours célibataire au bout de... 61 chapitres ?! WOUAH !

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