Publié le : 09/02/2019 | Mis à jour le : 31/08/2023

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Chapitre 54.

L'affrontement sur les rives nord de la rivière Celebrant avait été de courte durée. La Lórien avait été submergée. Les Galadhrim, mal préparés, avaient dû se retrancher vers la capitale. Perchés dans les arbres, les Elfes étaient enfin parvenus à repousser les vagues d'Orques infestant leur belle forêt, mais seulement au prix de nombreux sacrifices.

Après l'attaque, il avait été conclu que les envahisseurs venaient bien de Dol Guldur. N'ayant reçu aucune réponse à la missive envoyée au Roi de la Forêt Noire, le pire s'envisageait. Et malgré la vaillance des Elfes, la sagesse commençait à creuser un sillon de doute et de crainte dans les esprits. L'ombre évanouie menaçait toujours...

La Lothlórien, autrefois un sanctuaire inviolable, avait bien changé depuis le premier assaut des Orques. Des jours sombres avaient fini par entacher la paix, détrônée de son règne millénaire. La nuit était maintenant le berceau de la mélancolie. Les chants accompagnaient l'âme des défunts pour les guider auprès des Anciens, vers les Cavernes de Mandos, dans l'attente de leur résurrection.

À l'écart de l'assemblée, Mirmel scrutait les eaux noires de l'Audain où la cérémonie d'adieu procédait. Dans chaque petite embarcation écaillant le rivage, le corps d'un Elfe, un parent, un ami ou une simple connaissance était déposé. Revêtus d'apparats scintillants comme des étoiles, des fleurs semblables à des lanternes de coton bleutées furent disposées aux côtés des morts, destinées à protéger leurs âmes durant leur voyage. Pour la semi-Elfe, ces dernières répondaient plus à des croyances qu'aux vertus qu'on leur donnait.

Respectant les coutumes sans pour autant y adhérer, la jeune femme s'éclipsa. Le chemin la ramenant à Caras Galadhon était éclairé par la même fleur, dont elle ignorait encore le nom... Et elle conclut aisément qu'il aurait été malvenu de s'en enquérir.

Mirmel frissonna, et à sa surprise, une étoffe vint lui couvrir les épaules. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué qu'Orophin l'avait suivi. Elle le dévisagea et nota que son teint était probablement aussi livide que le sien.

— Comment va Haldir ?

— Rúmil est intervenu à temps.

Un maigre sourire étira les lèvres.

— Ainsi, ton frère-taciturne-et-quasiment-toujours-absent-qui-hait-fortement-les-Nains-et-toutes-les-créatures-s'en-rapprochant a fait une entrée héroïque ?

Les yeux du blond s'affaissèrent sous le poids d'un sentiment amer.

— Alors que je l'ai laissé. Mon acte à côté du sien n'avait rien de glorieux. Je ne suis pas courageux. Épée à la main, je tremblais en vérité par lâcheté.

La mâchoire contractée, Mirmel marmonna entre les dents.

— C'est vrai. Toi, tu n'as fait qu'obéir aveuglément aux ordres de Haldir en pensant que, n'ayant encore jamais été vaincu, qu'il était invincible.

Orophin hésita longuement avant de faire un aveu.

— C'est la première fois... que je tuais.

— C'est ton excuse ?

La demoiselle avait relevé juste assez le menton pour lui témoigner son attention. Bien que cet effet paraissait hautain, elle compatissait intérieurement, pour avoir aussi fait un jour les frais de cette expérience.

— Comment... y parviens-tu ? demanda son ami. J'ai vu ton sourire... tandis que tu versais le sang.

Elle regarda à nouveau devant elle, songeuse.

— ... Je ne sais pas. Peut-être ne suis-je plus moi-même ? Que je deviens quelqu'un d'autre en enterrant l'inutile ? À se parer de belles intentions, la violence de la réalité à laquelle on se confronte finit par nous décevoir.

Tandis qu'il l'écoutait, un fourmillement s'était propagé de ses épaules à ses mains. Il se remémorait la bataille et l'instant où elles avaient brandi son épée pour l'abattre sur son opposant. Elles se souvenaient de la sensation de la chair tranchée, ainsi que des os brisés quand sa lame avait filé à travers elle. Un mouvement répété.

Orophin clôt les yeux avant de les rouvrir, hantés par la même vision.

— Je ne veux pas... qu'il me devienne familier. Ce sentiment de... puissance... me répugne.

— Alors tu n'as qu'à te laisser tuer ! rétorqua Mirmel abruptement. Mais je te préviens, ce jour-là, ne compte pas sur moi pour chanter.

Ses mots chassèrent les idées noires de l'Elfe. Il se rapprocha ensuite d'elle.

— Excuse-moi...

Si la demoiselle ne recula pas lorsque son ami prit timidement sa main, sa frustration était toujours palpable, audible. Les pensées de l'homme la mettaient en rogne.

— Je ne veux pas avoir à enterrer qui que ce soit ! Jamais !

Il resserra leur lien. Sa paume était grande. Une douce chaleur s'y diffusait, réconfortante... et agréable.

— Je sais, pardonne-moi...

Mirmel n'avait pas l'habitude de se faire cajoler. Mais Orophin était après tout un Elfe étrange, débordant d'une originalité le différenciant de ses congénères : il laissait toujours libre cours à ses émotions, quitte à faire parfois preuve d'indécence à leurs yeux. Tout le contraire d'un autre qui se pliait scrupuleusement aux règles...

Naturellement, en se rendant compte de son geste, son ami la libéra aussitôt, s'excusant une nouvelle fois. Il sentit ses oreilles roussir et s'attendit à ce que la jeune femme glousse en se moquant à ce sujet. Ce qu'étrangement... elle ne fit pas. L'Elfe dut même s'arrêter, constatant qu'elle n'était plus à côté de lui.

La semi-Elfe se tenait debout à quelques mètres derrière lui, interdite. Son regard braqué au loin compléta l'expression soudaine et catastrophée de son visage. Ses pommettes saillantes reprirent des couleurs à vue d'œil.

— Alors LUI, aboya-t-elle les lèvres retroussées. Manquait plus que Sa Pignoufe Royale !

À l'horizon, Orophin l'aperçut tout autant : un cortège d'Elfes venus d'ailleurs. En son centre, un grand cerf ivoire était chevauché par un Sinda aux allures des plus clinquantes, couronné d'un diadème en bois aux fruits de saison. Le Galadhrim en resta sidéré, cloué sur place.

— Ainsi, le roi Thranduil était bel et bien en vie...

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N/A

Orophin fait plutôt parti des gens tactiles sans le vouloir lorsqu'il dépasse sa gêne... Cela ne dérange pas trop Mirmel, puisqu'ils s'entendent particulièrement bien, mais certains pourraient en avoir à redire plus tard... (>ᴗ•)

Le rythme va bientôt s'accélérer, alors pour ceux/celles qui s'inquiètent du QUAND Mirmel va se bouger les fesses pour rejoindre la Communauté, pas de souci à avoir.

Thranduil le retour ! Est-ce une bonne chose ? À la vue de la réaction de Mirmel, peut-être pas...