Publié le : 17/01/2019 | Mis à jour le : 20/06/2023

Chapitre 51.

— Monsieur Frodon ?

— ...

— Monsieur Frodon, vous dormez ?

— Non, Sam...

À son grand regret, il n'y était guère parvenu. Le doute et la crainte le gardaient longtemps éveillé depuis que le fardeau à son cou lui avait incombé. Celui-ci avait précipité son départ de chez lui. Pourtant, il savait à raison qui fallait se reposer. Que ces heures précieuses étaient comptées. Plus ils approchaient de leur objectif, et plus ces instants de paix se raccourcissaient.

L'ancien jardinier à deux pas de lui s'emmitoufla jusqu'au menton dans sa couverture.

— Moi non plus. Nous aurions dû prendre de la camomille avant de quitter la Comté.

Les deux Hobbits étaient allongés sur leurs couches respectives et ne se regardaient point. Sam, le joufflu, leva les yeux vers les sombres nuages encadrant une lune jaunâtre. L'atmosphère était inquiétante. Loin de chez lui à parcourir des terres inconnues, il craignait que le voyage ne se termine jamais. Le moindre craquement de branches le faisait sursauter. Sa rencontre avec les Gobelins de la Moria lui avait été plus que suffisante. Quand pourraient-ils rentrer ?

Sam chassa ses visions cauchemardesques pour penser à quelque chose de bien plus agréable. Rosie Chaumine... À Hobbitebourg, elle était la serveuse du Dragon Vert. Le rayon de soleil baignant les plaines paisibles de la Comté avec ses boucles blondes, ses pommettes roses et son rire enjôleur. Le jeune Hobbit était fou d'elle, mais avait gardé suffisamment de raison pour ne pas l'ignorer. Et trop souvent aujourd'hui, il ressentait de la colère envers lui-même et du regret de ne lui avoir avoué.

Avant qu'un coup du sort ne l'arrache de son foyer, il allait quotidiennement à son auberge pour la voir, ou juste l'apercevoir. Alors qu'une irréalisable impatience de l'inviter à danser l'éventrait, Pippin et Merry trinquaient à leurs nouveaux méfaits tandis que Frodon fumait de l'herbe à pipe en souriant. À ces rendez-vous entre amis, aucun ne savait encore ce qui allait survenir...

— Comment pensez-vous qu'ils accueilleront notre retour ? demanda Sam dans l'espoir de combler le vide qu'il ressentait. La Comté chantera-t-elle des louanges en nos noms ?

— Je n'en sais rien, Sam...

— Imaginez un peu, Frodon Sacquet et son fidèle compagnon Samsagace Gameg-

— Nous ne reviendrons pas...

L'ancien jardinier eut le cœur haché tel du petit-bois. Il refusait d'y croire. Certes, la Communauté avait connu des jours meilleurs, mais avec le Magicien, ils ne risquaient ri-. Non. Au fond de lui, Sam savait qu'il se mentait à lui-même. Il contredit pourtant son ami.

— Bien sûr que si ! Dès que tout ceci sera fini, nous rentrerons le plus tôt possible. Vous, vous avez même emporté un souvenir de Lorien. Peut-être devrai-je sauver un peu de lambas, moi aussi.

Frodon se leva de sa couche. Marcher un peu l'aiderait peut-être dans sa lutte contre l'insomnie et le malaise qui enfonçait des épines dans son cœur. Mais surtout, il voulait mettre à terme cette conversation. La douleur dans sa poitrine se l'oppressa davantage lorsque Sam le rejoignit, couverture serrée autour du corps. Malgré l'inquiétude, son visage lui adressa un sourire encourageant et optimiste.

— Pourquoi dites-vous cela... ? Doutez-vous, Monsieur Frodon ?

Le Porteur de l'Anneau murmura si bas qu'il dut tendre l'oreille.

— La Mort nous guette... Je la sens... Elle attend.

Les doigts du Porteur agrippèrent le mithril sous ses vêtements, là où la dague du serviteur de l'ennemi de tous l'avait poignardé. Cette brûlure l'aurait tué si le seigneur de Fondcombe n'était pas intervenu. Son esprit et son corps avaient été à jamais marqués. Il la ressentait parfois, cette désagréable sensation qui l'avait étreint, les ténèbres qui l'avait aveuglé un court instant à la venue de la fin. Il l'avait entrevue, et au-delà de la cicatrice, sentait qu'une partie de son âme avait été touchée par cette noirceur cette nuit-là. Cette rencontre avait laissé un dommage irréparable et qui le poursuivrait nul doute jusqu'à sa mort.

Sa main remonta pour caresser des extrémités le bijou pendu à son cou. Le soulagement à son contact, son compagnon le perçut cependant très bien dans son expression. Et un sentiment qui n'était pas le sien l'accabla : la jalousie. Le joufflu bannit cette affreuse émotion envers son plus vieil ami. Il se rappela son dévouement infaillible par les années passées à se côtoyer, cela ne pouvait pas changer.

— Vous devez être fatigué. Vous feriez mieux de vous reposer.

L'ombre d'un sourire incrusté au visage, Frodon le regardait enfin, et ouvrit la bouche sur des mots causant une inguérissable blessure : « Rentre chez toi, Sam ».

À quelques mètres seulement de là, deux autres Hobbits furent tout aussi dépouillés de sommeil.

— J'ai envie de chanter...

— ...

— Merry ?

— Dors, Pippin.

Le Hobbit remonta sa couverture jusqu'aux oreilles, trouvant la nuit frisquette.

— De toute façon, j'ai la gorge trop sèche. J'espère qu'on reverra bientôt Mirmel. Il faut absolument l'inviter à la fête qui se tiendra à notre retour à la Comté. Je suis sûr qu'elle adorerait l'alcool qu'on y sert et la musique locale.

— Bien sûr qu'elle adorerait. Maintenant, dors.

Merry écourta l'échange sur un ton acerbe, mais il fallait le comprendre... Dans sa tête bouclée de Hobbit, il savait qu'un problème, pour peu qu'il y en ait un, n'arrivait jamais seul. Et il avait la présomption de penser que le départ de leur amie en était l'annonce.

Ils n'étaient pas en sécurité ici...

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N/A

Chacun son tour, les Hobbits sont dans la place ! Développement de la relation Frodon & Sam (non, pas dans ce sens (─‿‿─)). Tous commencent à prendre pleinement conscience de la m*rde dans laquelle ils se sont fourrés. Quoique pour Pippin... Dans ma tête, je l'apparente plus à beaucoup d'héroïnes de shojo : naïf et innocent.

Par ailleurs, j'ai ouvert un concours d'écriture depuis samedi ! Si les catégories romance et fantasy sont complètes, il reste encore des places en fantastique, science-fiction, thriller & horreur, nouvelle, divers, et SURTOUT fanfiction ! N'hésitez plus, c'est une bonne occasion d'avoir un retour sur vos histoires et des conseils. ヽ(o＾▽＾o)ノ