CHAPITRE III

Publié le : 26/11/2017 | Mis à jour le : 30/05/2022

Chapitre 3.

À la nuit tombée, Tauriel sortit les bougies en cire d'abeille. Le silex tenu fermement dans sa main droite et le briquet dans la gauche, elle les entrechoqua. Dès que les étincelles embrasèrent le morceau d'amadou, elle saisit la mèche au soufre. Quelques secondes plus tard, une flamme naquit au bout de celle-ci et avant qu'elle s'éteigne, la femme-Elfe alluma la première bougie. Les yeux pétillants, la fillette n'avait pas raté une miette du processus. Elle espérait secrètement que sa mère la laisserait bientôt essayer.

Les deux grimpèrent à l'étage. La petite sauta sur l'unique lit et étalée, soupira d'aise. Le grand sac rectangulaire qui servait de matelas était en lin et fourré de plume. Simplement posé sur une caisse en bois, cela n'enlevait rien à son confort. Assise au bord de leur nid, Tauriel commença à fredonner une mélodie que sa fille connaissait bien. L'enfant fixa par instinct la bougie à la flamme dansante, seule source de lumière de la chambre, et clôt ensuite ses paupières pour écouter le chant suave.


« Au-delà des montagnes embrumées

Non loin des sombres cavernes du passé

Dans l'aube bleutée, il faut aller

En quête de l'or pâle et enchanté.


Vers des profonds et antiques cachots

Choses ténébreuses, nous serons là bientôt

D'un foyer, s'entend une chanson non ordurière

Et tous ceux sur notre route en connaîtront l'air.


Les pins rugissaient, hauts et fiers

Les vents gémissaient dans la nuit d'hiver

La colère du dragon plus féroce que le feu

Déversa sa rage rouge sur mille lieues.


Races impardonnées, pour nos frères perdus

Ce qui a été volé doit être rendu

Réclamer notre royaume, lumière éloignée

Au-delà des montagnes embrumées. »


L'enfant rouvrit les yeux sur sa mère qui lui souriait. Elle ressentait le chagrin qui la tourmentait ainsi que tout l'amour qu'elle lui portait. La petite se tira de ses draps et vint se blottir dans ses bras. La femme-Elfe l'accueillit volontiers et caressa ses cheveux.

N'oublie jamais cette mélodie, souffla-t-elle à son oreille. Cette quête... Elle est ce pour quoi ton père s'est battu.

Que signifie-t-elle, maman ?

C'est du westron, répondit la Sylvaine.

« Westron » ?

C'est une autre langue, ma chérie. Commune aux peuples de notre Âge.

Tu me l'apprendras ?

Oui... Oui, je te l'apprendrai...

Si la fillette entendit l'hésitation dans son murmure, elle se tut pour prier de vite grandir. Ainsi, elle pourra libérer sa mère de toutes les inquiétudes. Elle la rendra heureuse. Mais devinant ce qui traversait l'esprit juvénile de la rousse, celle-ci hâta le coucher.

Maintenant au lit ! À moins que tu ne veuilles ressembler à l'un de ces horribles crapauds que tu as attrapés hier.

Oh non ! s'écria la petite en bondissant. Pas de crapauds ! Je préfère les lièvres !

Ils sortiront au printemps prochain, trésor. Et le suivant. Et encore le suivant, répéta-t-elle pour cueillir le rire de sa fille. Ils reviendront toujours. Ici ou ailleurs...

Tauriel borda chaudement son enfant d'une laine. L'hiver sera bientôt là et l'air commençait à se refroidir. Bien que les Elfes ressentaient peu les variations de température, ce n'était pas le cas de la semi-Elfe. Elle continua de lui caresser les cheveux avant de déposer comme tous les soirs un baiser au sommet du front. Il dut être plus long que d'habitude, car la petite rouvrit les yeux, le regard interrogatif.

Dore, trésor, murmura la Sylvaine en enveloppant tendrement sa joue. Il te faut reprendre des forces.

Tauriel resta après que sa fille s'endorme. Elle l'observa longtemps dans son sommeil avant de se lever et de disparaître dans les escaliers, emportant avec elle la bougie à la flamme mourante.

Le lendemain, l'enfant remarqua au réveil qu'une fraîcheur inhabituelle s'était engouffrée dans la maison. En glissant son regard par le seul opercule à sa hauteur de toute le demeure en bois, elle constata au travers du feuillage que le ciel était d'un gris maussade. Il allait pleuvoir, c'était certain. Descendue au rez-de-chaussée, elle dressa un couvert. Quand cela fut fait, elle se servit un verre d'eau et une part de gâteau aux noix qu'elle avala goulûment à table.

Il n'était pas rare que sa mère s'absente de l'aube au zénith. En automne, elle allait chercher de quoi remplir les réserves en prévision de l'hiver. Parfois, elle se rendait aussi dans un village des Hommes pour des nécessités, mais cela l'enfant l'ignorait. La petite attendit donc sagement qu'elle revienne en relisant le « Recueil des plantes d'Ennor ». Elle le connaissait bien et aimait rêvasser sur les dessins des feuilles et des fleurs qu'elle n'avait jamais vues. Et il y en avait beaucoup ! Sur son bureau bas aménagé, la fillette avait déposé différentes variétés séchées qu'elle avait cueillies dans la clairière à la belle saison. Elle les identifiait et les reproduisait minutieusement sur des pages comportant ses propres indications. Une écriture fine et déjà belle pour un enfant de son âge.

De nombreuses heures passèrent ainsi sans que sa mère revienne, et la petite commença à s'impatienter. Elle marcha en ronds, puis jeta un regard par la fenêtre de la chambre, avant de redescendre pour répéter le même manège. Elle finit par se mettre à pleurer quand vint la nuit. Elle avait froid et la peur accentuait ses frissons. Dans la pénombre, elle trouva une bougie sur la table basse et l'alluma. Mais cette première réussite fut un court réconfort. Lorsque l'enfant ouvrit la porte grinçante, quelque chose qui était coincé à la jointure tomba d'un bruit sec sur le plancher. C'était une pierre fourrée dans une page froissée, une lettre. Au fur et à mesure que la petite la lit, sa mine devint atroce et ses sanglots se firent de plus en plus fort. Voici ce qu'elle disait :


« Ma chérie, mon trésor,


Il est temps pour moi de partir vers l'ouest en un lieu où nous ne pouvons être ensemble. Il en est ainsi... Mon existence ici est révolue. Tu n'as pas à te sentir triste. N'en doute jamais, maman est heureuse d'avoir pu te donner la vie et de t'observer grandir jusqu'à ce que tu puisses marcher par toi-même. Tu deviendras forte, ceci est une certitude. Et je sais que tu surmonteras les épreuves qui t'attendent.

Je suis si désolée de te laisser... Pourtant, il le faut. Voir partir un être que l'on chérit est si douloureux, il n'y a rien de pire en ce monde... Alors, n'oublie jamais cela. Tu dois continuer de cultiver ton esprit et de développer tes dons, afin de devenir quelqu'un capable de protéger ceux qui lui sont chers pour que jamais tu n'aies à t'infliger une telle souffrance.

Ton père aurait aimé te connaître, j'en suis persuadée. Tu découvriras un jour par toi-même qui il était. Et ce jour s'annonce plus vite que tu ne le penses. La pierre que tu tiens est un cadeau qu'il m'avait offert en gage d'une promesse. Garde-la précieusement.

Un ami viendra bientôt, tu le reconnaîtras. N'accorde ta confiance qu'à lui seul. Lorsqu'il arrivera, donne-lui la boîte en bois de chêne sur le buffet. Nous nous reverrons un jour, il n'en fait aucun doute, alors ne pleure pas ma chérie.


Je t'aimerais toujours,

maman. »


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N/A

Pour la rime et que la chanson soit plus complète sans être indigeste, j'ai mélangé à la fois les paroles du livre et du film (VO et VF). J'aime apporter mon grain de sel, que voulez-vous. 。・゚゚*(>д<)*゚゚・。

Tauriel a été orpheline très tôt, aussi on peut imaginer que cela n'a pas dû être facile d'élever seule sa fille... Son background sera développé en long en large et en travers dans le tome 3, donc je ne m'attarde pas dessus maintenant.

Pas toujours facile les familles monoparentales... Cependant, je continue à penser qu'elle fut une bonne mère malgré son départ voulu par l'intrigue... NON, PAR MOI, D'ACCORD ! J'avoue, je n'ai pas attendu 20 chapitres pour faire pleurer l'héroïne.

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