Publié le : 23/11/2017 | Mis à jour le : 23/05/2022

Chapitre 2.

« Ne quittez pas le sentier », voilà le conseil connu des âmes courageuses ou inconscientes qui osaient s'aventurer dans Mirkwood. Indiqué aux étrangers par les Elfes eux-mêmes, s'en détourner sans autorisation constituait un outrage à la bonté du roi. Mais le pire à redouter de ce vagabondage était de ne jamais retrouver sa route. Une fois plongés, les maigres rayons du soleil ne tardaient pas à disparaître sous l'épais feuillage et lacis de brindilles. La nuit tombée, les ténèbres se répandaient si bien dans les sous-bois qu'il devenait impossible, même pour un Nain habitué à l'obscurité des mines, de voir plus loin que sa main. La viande du gibier infecte, la cueillette raréfiée et l'eau de la rivière ensorcelée, les imprudents demeuraient perdus.

Le prince Elfe connaissait bien cette forêt où il avait grandi et vécu. Son histoire, ainsi que de ce qu'elle pouvait offrir et de ce qu'elle ne pouvait donner ne recelaient d'aucun mystère pour lui. Durant des siècles passés, il l'avait vu se transformer, changer au point de devenir méconnaissable aujourd'hui. Néanmoins, malgré les fluctuations, ses fondements restaient les mêmes. Bien que le voyage fût non sans dangers en raison des malfaisances qui l'avaient peu à peu envahi, il parvint au pont au crépuscule.

L'entrée de la forteresse était une porte étroite, d'un bleu délavé, mais aussi imposante et haute que cinq Elfes. Gardée par deux d'entre eux, elle s'ouvrit dès son arrivée. Ils le saluèrent avec respect et Legolas y répondit par le geste adéquat.

Sa mémoire se souvenait très bien des Salles, le Sinda ne s'attarda donc pas sur ce que ses yeux virent. Son ombre furtive dansait à la lueur des torches rouges, tandis qu'il empruntait les chemins enterrés d'un pas assuré. Il savait où se rendre.

— Le roi est-il au courant de ma venue ? interrogea-t-il l'un des Sylvains qui l'accompagnaient.

— Oui, le roi Thranduil l'a su dès votre entrée dans la forêt.

— Demandez une audience dans ce cas.

— Il vous attend déjà, seigneur Legolas.

Le passage s'élargit sur une vaste grotte où l'air était pur. Ceci s'expliquait par les puits de lumière naturels qui perçaient le plafond. À l'approche de l'escalier taillé dans la pierre, le prince se délaissa de ses armes qu'il confia à son sujet.

— Attendez ici.

Après avoir intimé l'ordre, il gravit les marches. Arrivé devant le trône, il porta une nouvelle fois la main sur son cœur, à la différence qu'il inclina légèrement la tête. Lorsqu'il la releva, il fit face à son souverain. Assis sur son siège majestueux, Thranduil Oropherion le scrutait de toute sa splendeur. En pleine démonstration de son pouvoir, le Roi des Elfes fit congédier sa garde avant de se lever et de le rejoindre sur la place circulaire.

— Je ne pensais pas que tu referais surface si vite et certainement pas que tu irais t'enquérir avant de ses nouvelles.

Son ton parfaitement maîtrisé ne laissait rien paraître de son tumulte intérieur.

— Rassurez-vous, je ne suis que de passage, déclara Legolas.

Son fils n'était pas revenu vers lui. Il était ici pour une autre raison. Une raison qu'il savait ne lui plairait guère. Thranduil le soupçonnait. Or cela n'empêcha pas le vent de déception de l'atteindre. Dans une tentative de retarder ce moment, il éluda le sujet.

— T'es-tu rendu à Imladris comme je t'y avais convié ?

— L'entrée de la vallée n'a pas été simple à trouver. Des Orques à dos de Wargs s'aventurent de plus en plus souvent dans ces terres. J'ai pu néanmoins présenter mes respects au seigneur Elrond et rencontrer ce jeune garçon du nom d'Estel.

— Et qu'en as-tu pensé ?

Un sourire imperceptible naquit sur les lèvres de son fils.

— C'est un Homme intéressant, qui a des valeurs bien acquises malgré son âge. Il ignore encore la place qui lui est promise.

Le visage de Thranduil inspira la satisfaction sur cette première impression. Un sentiment qui allait vite être remplacé.

— Ce serait avec une grande joie que je passerai plus de temps en sa compagnie à l'avenir, continua Legolas. Cependant, ce n'est pas la question pour laquelle je suis venu vous trouver aujourd'hui.

— Laisse-moi la deviner... Tauriel ?

Sa voix était calme et pourtant, on pouvait y ressentir un jugement amer porté à son encontre. Si la femme-Elfe était un sujet de discorde entre eux, il n'en avait pas toujours été ainsi. Seulement, il semblait au fils que le père s'était empressé d'oublier les liens qui les unissaient. Cela le désolait.

— Et c'est elle qui t'a quémandé de venir ici, argua le Roi des Elfes. En son nom... Au nom de son enfant également.

— Puisque vous supposez bien, vous devez aussi vous douter de la requête que je vais vous soumettre, ironisa Legolas.

— Pourtant, il serait inutile de la formuler, dans la mesure où tu connais mon avis arrêté sur la question, répondit sèchement Thranduil.

— Alors je vais néanmoins vous la poser, que je ne sois pas venu pour rien, s'exclama-t-il. Acceptez-vous d'accueillir l'enfant ?

— Non.

Son refus avait été catégorique, sans appel à la discussion. Le convaincre, le prince lui-même ignorait si cela aurait été possible. Argumenter face à l'inflexibilité, le résultat était couru d'avance. Dans un silence accablant, il réfléchit, essaya de trouver à revendre. Mais encore une fois, c'était peine perdue. Résigné, son visage tourné vers le sol se tordit de dépit. Sa décision était prise.

— Dites-moi, s'enquit Legolas. Quand ma mère est morte, pourquoi n'avez-vous pas choisi de la rejoindre ?

Le roi Elfe se figea. Puis, il se détourna de lui et exécuta quelques pas, accablé par ses souvenirs.

— Parce que j'avais un peuple à protéger... Ainsi qu'un fils à retrouver, finit-il par répondre.

— Je vois... Vous n'êtes pas si différents après tout, rétorqua Legolas.

Les sourcils de Thranduil frémirent.

— Mais au final, Tauriel, elle, n'a pas pu taire sa souffrance.

Le prince tira sa révérence et s'enquit à partir.

— Puisque vous n'acceptez de considérer l'enfant comme l'un de vos sujets, je le prendrai avec moi.

Et il disparut de la vue du souverain de la Forêt Noire. La discussion avait été telle qu'il avait pu l'imaginer : aussi brève qu'inutile.

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N/A

J'aime la relation entre Legolas et Thranduil. Il le respecte en tant que père et roi, sans pour autant être en accord avec toutes ses décisions. Des réunions pas toujours faciles en somme. ('; ω ;')

Afin de ne pas vous perdre avec la chronologie, la date est indiquée au début du chapitre seulement quand nous changeons de mois ou d'année. Si elle est absente, cela signifie donc que les événements s'inscrivent dans la continuité de la dernière.