9

Elle était fatiguée. Elle ne voulait pas quitter son lit aujourd’hui. Vu la douleur qu’elle ressentait dans son bas ventre, elle savait que sa journée serait foutue d'avance.

— Pourquoi je ne suis pas un garçon ? Râlait-elle en enfouissant son visage sous la couverture. Les règles c’est trop de la merde.

Elle avait beau agir et s’habiller comme un garçon, elle avait bien conscience qu’elle n’en était pas un.

— Shizuka ! Tu vas être en retard !

La porte de sa chambre s’ouvrit pour laisser entrer un jeune homme plus âgé. Long et musclé, le nouveau venu soupira en tirant la couverture de la jeune fille qui se retrouva à découvert.

— Shizuka !
— Fiche-moi la paix, Kaede ! Je n’irai pas en cours aujourd’hui.
— Va dire ça à nos parents pour voir.

L’adolescente claqua sa langue.

— T’es tellement pas mignonne. Râla son grand frère. Normal que maman soit d’une humeur de chien à chaque fois qu’elle te voit.
— Si elle ne m’aime pas, elle pourrait le dire au lieu d’être tout le temps de mauvaise humeur.

Chizome Shizuka et Kaede. Des enfants d’un couple de procureurs. Leur mère aurait souhaité que ses enfants suivent le même chemin. Malheureusement, Kaede avait préféré se lancer dans la peinture et Shizuka préférait se déguiser en personnage de manga, d’animé ou de jeux vidéo.

Bref, ils étaient tous les deux considérés comme de gros échecs dans la famille. Heureusement qu’ils étaient deux, de cette façon ils pouvaient se soutenir et s’entraider.

Lorsqu’ils descendirent dans la salle à manger, un silence malaisant y régnait. Leur parent prenait déjà le petit déjeuner. Le frère et la sœur se firent discret et commencèrent à manger en silence.

— Il faut vraiment que tu fasses quelque chose pour tes cheveux. Soupira la mère sans regarder Shizuka.
— Je les préfère courts, comme ça je n’ai pas besoin de me casser la tête tous les matins. Lui répondit Shizuka ayant deviné qu’elle parlait d’elle.
— Une jeune fille de ton âge devrait mieux prendre soin de son apparence. Ajouta le père.

Un silence prit à nouveau place. La mère fut la première à finir de manger et se leva. Elle eut quelques difficultés à se lever à cause de son ventre bien arrondi.

— Chérie, tu devrais peut-être te reposer. S’inquiétait le père. Le stress n’est pas bon pour le bébé.
— Pourquoi ne pas me materner aussi pendant que tu y es ? Dépêche-toi où on va être en retard.

Ils se préparèrent à la hâte et quittèrent le foyer sans un mot. Pas même une « bonne journée » pour la forme.

— C’est le moment où je retourne au lit. Annonça Shizuka les pouces levés.
— J’envie ton insouciance.
— C’est parce que t’es un artiste. T’es trop sensible. T’as beau t’être mis à la musculation, tu restes un introverti.

Avant, sa mère l’avait toujours forcée à s’habiller correctement. Elle avait les cheveux longs et tout. Pour les sorties, elle portait des robes. C’était juste en apparence, car une fois sa mère partie pour le travail, elle échangeait ses robes contre des sweats confortables, ses chaussures à talons contre des baskets montantes et attachait négligemment ses cheveux en arrière. Sa mère avait découvert son stratagème et elle avait fini par faire ce qu’elle voulait avec les remarques désobligeantes de sa mère.

— Pourquoi la vie n’en fait qu’à sa tête ? Dramatisa Shizuka. Ça aurait pu marcher si tu avais été une fille et moi un garçon.
— Revoilà le fameux discours. T’as douze ans maintenant, il faut que tu acceptes le fait que tu sois une fille.
— Je l’accepte une fois par mois. Je devrai me faire retirer l’utérus comme ça je ne saignerai plus.
— Mais tu t’entends parler ?

Pendant que le frère se préparait à aller au lycée, la fille avait allumé la télé pour écouter les informations. Malgré son côté insouciant, elle aimait bien suivre les actualités. Elle l’avait sûrement hérité d’un de ses parents.

— Hey, petit monstre, il est temps d’aller au collège.
— Mouais.

Kaede grogna, puis finit par s’en aller. Une fois qu’elle entendit la porte claquer, elle éteignit la télé.

— Je suis libre ! Hurla-t-elle.

Elle remonta dans sa chambre et sortit sa machine à coudre. Dans un tiroir, elle avait toutes sortes de tissus. Des patrons étaient déjà découpés.

Un bruit à sa fenêtre l’avait interrompue. En l’ouvrant, elle trouva en bas de sa fenêtre une jeune fille aux cheveux châtain clair avec des cailloux dans la main.

— Yuzuha !
— Je savais que tu serais encore chez toi. Dépêche-toi d’aller en cours petite sécheuse.

Sans dire un mot, Shizuka referma la fenêtre. Ce devait être un coup de son frère. Il savait qu’elle était incapable de dire non à Yuzuha. C’était la grande sœur qu’elle aurait toujours voulu avoir. Elle était forte, belle et juste trop cool. Shizuka l’admirait.

Elle enfila son uniforme, passa devant le miroir pour essayer d’arranger un peu ses cheveux, puis quitta la maison à son tour. Yuzuha l’attendait à l’extérieur.

— Je t’accompagne jusqu’au collège.
— Tu ne seras pas trop en retard ?
— J’ai dû forcer Hakkai à aller en cours lui aussi. Qu’est-ce que vous avez tous à vouloir sécher l’école ?
— C’est toi qui es étrange en posant cette question.

Yuzuha rigola, mais Shizuka non. La brune apercevait un bleu sous la manche de Yuzuha. Son amie recevait des coups, mais Shizuka ignorait de qui et pourquoi. Et puis, elle ne se plaignait jamais.

Shizuka la respectait encore plus.

— C’est mon frère qui t’a demandé de me forcer à aller en cours ?
— Ouais. Il s’inquiète pour toi.
— Une vraie mère-poule.
— Ne dis pas ça. C’est cool d’avoir un frère protecteur.

Shizuka se tut. Elle savait qu’elle venait de gaffer. Elle savait pourtant très bien que le grand frère de Yuzuha était très violent. Ces bleus sur le corps de son amie venaient peut-être de son propre grand frère.

— T’as pas à te sentir mal à propos de ma situation. On a tous chacun nos propres problèmes. Pour toi c’est tes parents, pour moi c’est mon frère.
— Rassure-moi, Taiju ne vous bat pas Hakkai et toi.
— De temps en temps seulement, t’inquiète. Taiju est légèrement occupé ces derniers temps. Il est devenu le leader d’un gang plutôt violent du coin.
— Ah bon ? Lequel ?

Yuzuha réfléchit.

— Je n’ai pas fait attention. Black Dragon ? Je demanderai à Hakkai.
— En parlant de Hakkai ? Il est au Toman non ? Ce n’est pas trop un problème pour votre frère ?
— Si, mais je préfère savoir Hakkai au Toman que dans le même gang que notre frère. Voilà ton collège. Tu seras un peu en retard, mais c’est déjà bien.

Yuzuha continua son chemin.

Shizuka passa par l’arrière de l’établissement. Il y avait un mur assez facile à escalader de ce côté. Au moment de grimper, elle remarqua qu’elle n’était pas la seule à avoir eu l’idée.

— Mikey…
— Oh, salut Zuka-chan ! Toi aussi t’es à la bourre ? Faisons la course pour savoir qui va arriver au sommet le premier.
— Ok !

Ils arrivèrent tous les deux en même temps au sommet du mur. Au lieu de se dépêcher pour se rendre en cours, ils se disputèrent pour décider lequel était arrivé avant l’autre. Jusqu’à ce qu’un surveillant n’ait fini par les remarquer.

Les deux adolescents furent tous les deux envoyés en salle des profs et étaient chargés de transporter des documents jusque dans une salle de classe. Sur le chemin, ils continuèrent encore de se disputer. Arrivés dans la salle de classe, un autre enseignant leur demanda cette fois-ci de ramener des chevalets dans la salle du club d’art plastique.

— On était en retard d’accord, mais on n’est pas non-plus des esclaves. Râla Mikey.
— Pourquoi ce n’est pas aux membres du club de les transporter ? Mon frère se moquerait de moi s’il me voyait comme ça.
— Kumon aussi.

L’adolescente réalisa qu’il s’était bientôt écoulé un an et demi depuis la mort de Tsukishiro Yakumo.

— Je n’ai pas vu Sora ces derniers temps. Fit Shizuka songeuse. Est-ce qu’il va bien ?
— Ouais, il est toujours aussi bizarre, mais il va bien. On s’amuse bien au Toman.

Ils déposèrent les chevalets dans la salle de club et s’y arrêtèrent pour se reposer. Des tableaux qui avaient remporté des prix étaient accrochés au mur.

— Je ne comprendrai jamais l’art. Soupira Mikey.
— N’est-ce pas ? Mon frère est lourd quand il m’en parle alors que je n’y comprends rien.
— C’était pareil avec Kumon. Même quand je lui disais qu’il me cassait les oreilles, il continuait.

La jeune fille profita du fait qu’ils étaient seuls avant de demander.

— Tu sais, ces rumeurs à propos de la mort de Yakumo. Qu’est-ce que t’en penses ?
— Sora-chin n’aurait jamais tué Kumon.

Elle était du même avis. Ils ignoraient d’où ces rumeurs provenaient, mais ils avaient foutu en l’air la réputation de Sora au collège. Cela dit, pas de fumée sans feu. Shizuka était certaine de l’innocence de Sora, mais elle savait qu’il cachait quelque chose.

— Mais, Kumon aurait été capable de tuer Sora-chin.

Cette soudaine affirmation de Mikey surprit la jeune fille. Alors qu’elle allait demander des explications, le regard froid et vide de Mikey l’en dissuada.

— Bon, on a assez travaillé pour aujourd’hui, je pense. Rigola Mikey. Et si on rentrait ?
— Ce n’est encore que la deuxième heure de cours.

Une douleur dans son bas ventre ramena Shizuka à la réalité.

— Mikey… Tu ne voudrais pas m’emmener à l’infirmerie ?

***

***

Shizuka se demandait pourquoi était-elle encore en vie. La douleur était tellement vive qu’elle avait l’impression que quelqu’un avait fait un trou dans son ventre et continuait à enfoncer le couteau plus profondément.

— Tiens, prend ça.

L’infirmier lui tendit un comprimé et un verre d’eau. Elle se dépêcha de l’avaler avant de retourner s’allonger.

L’infirmier de l’école avait environ dix ans de plus qu’eux. Dans la vingtaine, il se montrait super sympa avec les élèves et n’hésitait pas à fournir des excuses pour ceux qui voulaient sécher.

— Repose-toi le temps que le médicament ne fasse son effet. Sourit l’infirmier en se tournant vers le deuxième lit où était allongé Mikey. Et toi, retourne en cours.
— J’ai pas envie, je suis fatigué.
— Sano-kun…

Sous sa couverture, Shizuka réfléchissait encore aux paroles de Mikey. Sora était de loin plus fort que Yakumo. Et, avant la dernière année de primaire, Yakumo était super gentil. Pourquoi Mikey avait évoqué l’hypothèse que Yakumo aurait pu tuer Sora ?

La porte de l’infirmerie s’ouvrit pour laisser entrer Sora. Le bleu rigola tout de suite en voyant Shizuka et Mikey.

— Waouh…

Shizuka se tourna vers le blond qui s’était déjà endormi malgré les tentatives de l’infirmier pour le réveiller.

— Laissez tomber sensei. Rigola Sora. Lorsqu’il est comme ça, il n’y a plus rien à faire.
— Tsukishiro-kun, il y a quelque chose que je peux faire pour toi ?

Lorsque l’infirmier se tourna vers Sora, il comprit tout de suite et se mit à rire. Shizuka avait déjà immortalisé son visage couvert de boutons dans son téléphone.

— Il n’y a rien de drôle vous savez. Bouda Sora.
— C’est une crise d’allergie ? Interrogea l’infirmier. Tu as mangé quelque chose qu’il ne fallait pas ?
— Je ne sais plus. Au début c’était qu’un bouton, puis j’ai commencé à me gratter et maintenant l’ensemble de mon visage me démange.
— Attends, je crois que j’ai quelque chose qui pourrait t’aider.

Pendant que l’adulte farfouillait dans une étagère, Sora vint s’asseoir près de la jeune fille.

— Et toi, pourquoi t’es là ?
— Je saigne et j’ai mal au bide.
— Si ta mère t’entendait…
— Si ta mère te voyait…

Ils rigolèrent en même temps.

— Tu n’aurais pas bu une brique de lait ?
— Comment tu sais ?
— Yakumo a aussi eu des boutons d’allergie après en avoir bu.
— Lui aussi…

Shizuka ne comprenait pas. Sora et Yakumo ne communiquaient pas beaucoup pour des frères. Des jumeaux qui plus est.

— Tu bois ce genre de chose maintenant ? Je croyais que tu détestais le sucre.
— Si, mais, ma mère n’arrête pas de me répéter que je risque de faire de l’hypoglycémie, alors… J’essaie d’en manger de temps en temps sans qu’elle le remarque pour éviter de faire une crise.
— Je vois, tu n’as pas envie de faire une crise et qu’elle te dise « je te l’avais dit », c’est ça ?

Les garçons étaient faciles à cerner. Les filles l’étaient moins. C’était la raison pour laquelle Shizuka avait peu d’amies du genre féminin. Elles s’intéressaient trop à la mode, aux mecs et avaient toujours des arrières pensés. Sauf Yuzuha. Et Emma.

— Shizuka, ton frère, est-ce qu’il était très proche de Yakumo ?
— Je ne pense pas. Ils étaient tous les deux des introvertis pour oser se taper la discussion.
— Yakumo n’avait rien d’un introverti…
— Bon, j’avoue je parlais de mon frère. Si je devais donner mon avis, Yakumo était beaucoup plus sociable que toi.

Shizuku fut fière en voyant le grimace de son ami face à sa blague.

Cependant, elle n’avait pas tort. Yakumo était largement plus sociable que Sora, qui n’arrêtait pas de râler et de jouer aux jeux vidéo tout seul dans son coin. Ils avaient même fini par inventer un jeu où celui qui arrivait à faire sortir Sora de sa chambre gagnait.

— Bizarrement, on t’appréciait peut-être plus que Yakumo.
— Quoi ?
— Il était très sociable, mais on n’était pas aussi proche. Je ne sais même pas de quoi je pouvais bien discuter avec lui à l’époque.

Maintenant qu’elle y pensait, elle n’était pas tellement proche de Yakumo.

— Est-ce que Yakumo avait des meilleurs amis ? S’inquiéta Shizuka. Je pense que tout le monde gardait un peu ses distances avec lui.
— Ouais. C’est d’ailleurs pour ça que je te demandais s’il était proche de Kaede. À chaque fois que je demande à quelqu’un, il me répond la même chose. Qu’ils se connaissaient mais sans plus.
— C’est bizarre.

Elle venait de réaliser que la mort de Yakumo ne lui avait fait ni chaud ni froid. Certes elle avait été choquée, comme les autres, mais sans plus. Elle avait honte de le penser, mais Yakumo ne faisait pas partie des personnes desquelles elle était proche.

— Il a toujours été comme ça. Expliqua Sora. Il se fait passer pour le plus sympa de nous deux, mais il ne s’impliquait jamais avec les autres. Lorsqu’on jouait il ne se donnait jamais à fond. Au dojo, il avait peur de se blesser à la main. Et même lorsqu’il a rejoint le Toman, il n’était presque jamais présent durant les réunions. Le seul truc auquel il était à fond c’était le dessin et la peinture.
— Oui.
— C’est pourquoi, si on veut comprendre ce qui n’allait pas chez lui durant sa dernière année, il faudra retrouver ses dessins de l’époque.
— Quoi ? Ils ne sont pas chez toi ?

Sora secoua la tête.

— Avec Isamu on les cherche partout.
— Pourquoi ?
— Maintenant que j’ai pris le temps d’y réfléchir, je voudrai comprendre pourquoi il a mis fin à ses jours.

Shizuka se rappelait les paroles de Mikey et se disait que le blond devait en savoir plus que ce qu’il ne laissait croire. Elle se demandait même pourquoi Sora ne lui avait rien demandé.

— Même si tu voulais essayer de le comprendre, ça changerait quoi maintenant ?

Shizuka et Sora restèrent interdits en entendant les paroles de Mikey. Le blond s’était réveillé et les dévisageait avec un regard vide.

— Kumon est mort. Ça te servira à quoi de chercher à savoir pourquoi il s’est suicidé ?
— Parce que je me suis trompé à son sujet ! Hurla Sora. Je l’ai très vite condamné, sans avoir cherché à le comprendre.
— Tu n’as jamais cherché à le comprendre de son vivant. Hurla Mikey à son tour. C’est un peu tard tu ne trouves pas pour commencer à chercher des explications ?

La jeune fille ne comprenait pas ce qui s’était passé. Rapidement, Sora avait saisi Mikey par son col. Elle paniquait, mais savait qu’elle n’était pas de taille pour les arrêter. L’infirmier à ses côtés, ne savait pas non plus quoi faire.

— Pourquoi tu réagis comme ça ? C’était mon frère, j’ai le droit de savoir. Pourquoi tu t’énerves ?
— Tu n’arrêtais pourtant pas de dire que ce n’était qu’un connard et tout le reste.

Un grand bruit retentit dans l’infirmerie. Sora venait de frapper Mikey au visage. Le blond cracha du sang et jeta un regard menaçant à Sora. Nullement intimidé, le bleu avait tenté de le frapper une deuxième fois.

Mikey ne s’était plus laissé faire et il bloqua le coup dans sa main.

Shizuka paniqua. Elle savait comment se battait Mikey. Un rapide coup de pied et Sora risquait de se retrouver à terre.

Lorsqu’elle aperçut la jambe de Mikey de lever, elle ferma les yeux. Elle voyait déjà le corps inconscient de Sora sur le sol. Mais, à sa surprise, il n’y eu pas de bruit de chute, ni de coup. Lorsqu’elle ouvrit ses yeux, Sora s’était éloigné de Mikey.

— Vu le nombre de fois où tu m’as frappé de cette manière, tu croyais vraiment que ça allait suffire pour me mettre à terre ?
— Kumon ne voulait pas qu’on sache ce qui lui était arrivé. Si vraiment tu le considères comme ton frère, n’essaie pas de déterrer ce qu’il ne voulait que personne ne découvre.
— Qu’est-ce que tu en sais ? C’était mon frère pas le tiens !

Cette fois, sans avoir pu suivre le mouvement des yeux, Mikey avait bel et bien asséné son fameux coup de pied à Sora. Ce dernier ne s’était pas écroulé pour autant. Il se tenait juste la mâchoire et souriait douloureusement.

— Tu caches quelque chose, c’est ça ? Le provoquait encore plus Sora. Qu’est-ce que tu savais sur Yakumo ?

L’infirmier, nul à la baston, s’était dirigé vers la porte pour s’assurer qu’aucun enseignant n’allait assister à la scène.

— Mikey, si tu sais quelque chose sur les raisons du suicide de Yakumo, dis-le !

Le blond voulu continuer avec des coups de poings, mais Sora parvenait à les esquiver. Shizuka reconnaissait bien les deux petits génies des arts martiaux du dojo du grand père Sano.

Les deux commencèrent à encaisser les coups de l’autre. Sora semblait être bien plus amoché que Mikey, mais il ne se défilait pas pour autant. Shizuka avait peur que s’il continuait comme ça, Mikey allait le blesser grièvement.

— Arrêtez ! Hurla-t-elle, les larmes aux yeux. Pourquoi vous vous disputez ?

Les deux garçons arrêtèrent de bouger. Comme s’ils venaient de se rendre compte de ce qu’ils venaient de se passer. Mikey ne dit rien et se hâta de quitter l’infirmerie. Avant de passer la porte, Sora l’avait rattrapé par le poignet.

— Dis-moi ce que tu sais sur Yakumo.

Le regard éteint, Mikey affronta le sien.

— Kumon ne se serait jamais suicidé ! Affirma le blond. Il n’aurait jamais pu !
— Alors pourquoi tu ne veux pas savoir la raison de son suicide ?

Mikey lui répondit par un regard froid et glacial.

— Fais ce que tu veux, mais ne me mêle pas à ça.
— Mikey ?
— Je t’aurai prévenu.

Le blond se libéra rapidement de sa poigne et quitta le collège.

Pendant que l’infirmier soignait les blessures de Sora, Shizuka nettoyait le bordel qu’avait laissé les deux garçons. Elle était perdue dans ses pensées en même temps.

C’était la première fois qu’elle voyait cette facette de Mikey. Il lui arrivait d’être effrayant lorsqu’il se battait, mais c’était la première fois qu’elle le voyait avec cette expression.

Ce n’était pas de la colère.

Mais qu’est-ce que c’était ?

***

***

Tsukishiro Yuzuriha poussa un cri de panique en voyant son fils, le visage recouvert de pansements, franchir la porte d’entrée de la pâtisserie. La mère ne fit plus attention aux clients qui attendaient à la caisse pour venir s’assurer que son fils allait bien.

— Que t’est-il arrivé ?
— Je me suis un peu disputé avec Mikey.
— Bonjour madame Tsukishiro.

La mère remarqua enfin la présence de Shizuka aux côtés de Sora.

— Sora et Mikey se sont disputés, mais l’infirmier s’est déjà occupé des blessures de Sora. Une bonne nuit de sommeil et il sera comme neuf !

Madame Tsukishiro poussa un soupir de soulagement. Il y a longtemps qu’il ne s’était pas blessé à cause d’une bagarre. Elle venait de se rappeler que c’était le plus violent de ses deux fils.

— Maman, Shizuka vient de te dire que tout allait bien. Tu peux lâcher mon visage maintenant.
— Va directement te reposer dans ta chambre. Je t’apporte ton dîner et tu te coucheras tôt.
— Ok…
— Tu veux bien l’accompagner, Shizuka ?
— Oui bien sûr.

Shizuka était bien plus inquiète de savoir ce qu’allait devenir l’amitié entre Sora et Mikey.

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🌟Hoshi_Steph🌟

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