{14} Coeur vide {14}

Précédemment : Enlevée par Akior, Koyo s'est remémorée son douloureux passé à cause des révélations du mage.

Malheureusement pour elle, elle n'est pas au bout de ses peines...



La rouge ouvrit les yeux...

Combien de temps s'était-t-il écoulé ? Quelques secondes ? Quelques minutes ? Une heure ?

Elle n'en savait rien, elle leva la tête, Akior était toujours là, à sourire.

- Alors ? C'était bien de se remémorer tout ça ?

La rouge baissa la tête ravalant ses larmes.

Elle se releva et le fixa droit dans les yeux d'un regard noir :

- Comment le saviez-vous ?

Dit-elle bien distinctement, fortement énervée avant de chuchoter :

- Tous ses souvenirs sont les miens !

Le vieux mage sourit un peu plus.

- Je vais te le dire, pourquoi tout le monde s'éloigne de toi et te rejette.

La jeune fille recula et hurla :

- Je ne veux rien entendre !

Il tendit alors son sceptre vers l'avant et celui-ci s'illumina d'une vive lumière.

Aussitôt, la jeune fille cracha du sang, et deux cordes magiques lui saisirent les poignets.

- Oh si, tu vas m'écouter !

Elle se débattait de toute ses forces mais c'était inutile.

- Jeune fille dis moi... Pourquoi combats-tu ? Pour qui ?

Elle cessa tous mouvements, soudain attentive puis secoua la tête :

- Je ne combats pas, j'essaye d'aider ceux que j'apprécie.

Un rire sinistre s'échappa des lèvres d'Akior.

- Encore faudrait-il que tu es un cœur pour cela !

- Q... Quoi ?

Il s'approcha d'elle, puis continua d'un air amusé.

- En effet, voilà la raison pour laquelle tout le monde te rejette, ton cœur est vide Koyo. Il est vide pour tout ce qui t'es arrivé dans le passé.

Il posa une main sur l'épaule de la rouge avant de s'exclamer :

- Et c'est pour cela que j'ai besoin de toi !

Elle le poussa avec ses pieds avant de lui crier :

- Vous racontez n'importe quoi ! Et quand bien même en quoi cela pourrait vous servir ?!

Il se massa le crâne et se tortilla les doigts :

- Normalement pour que la magie entre dans le cœur de quelqu'un il faut que celui-ci soit plein d'émotions, positives ou négatives et qu'il y ait un peu de place.

Le mage marchait en rond dans la pièce, fixant Koyo du regard :

- Mais moi je ne cherchais pas cela, je voulais des mages extraordinaires, des mages surpuissants. Malheureusement je n'ai pas trouvé se qu'il me fallait sur Juto. Alors je les ai cherché sur ta planète. Des enfants tristes, c'est cela que je cherchais. Mais il fallait qu'ils vivent en Irlande et sans accroche sur Terre.

Il me fallait donc un ou une orpheline à la vie misérable, mais assez stable mentalement. Tu n'étais pas la seule Koyo, mais j'avoue que tu m'as assez impressionné.

Le mage stoppa sa marche et fit une grimace :

- Mais tu as fais ta tentative de suicide, tu as presque tout gâché, j'allais t'abandonner, puisque tu n'avais plus d'intérêt, puis j'ai eu une idée.

Une idée merveilleuse pour que ton cœur se vide des émotions négatives sans se remplir d'émotions positives.

Un sortilège.

La jeune fille tira sur les cordes désespérément.

- Et c'est ainsi qu'une infirmière innocente te raconta les mensonges que j'avais écris dans une lettre. Et te donna le violon que j'avais réussi à envoyer depuis Juto.

Le violon ensorcelé. Celui qui fit que ton cœur se vida de toutes émotions.

Puis Akior acheva le restant de lucidité de Koyo en rajoutant :

- Celui qui fit que tu oublias presque Enid et sa mort dans le lac.

La vision de la terrienne vira au rouge.

Ses yeux étaient noirs de colère.

Tous ses souvenirs affreux l'avaient mis dans un état de rage infini.

Elle hurlait, elle pleurait, elle se débattait, telle une bête sauvage.

Un cercle de lumière se dessinait lentement sur sa poitrine et, au bout d'un long moment de douleur, un éclair magique bleuté frappa en plein dans son cœur.

C'était la magie, une magie avait choisis Koyo comme porteuse.

Akior était absolument ravi, tout se passait comme il l'avait prévu.

Tout redevint calme, toute la rage de la jeune fille avait été dissipé, elle était à nouveau elle-même.

Enfin presque, elle remarquait une sorte de fourmillement au creux de ses paumes, de plus elle se sentait... Terriblement puissante.

- C'est absolument parfait ! Ta magie ne se déclenchera qu'avec la rage.

La jeune fille le regardait sans comprendre, puis elle tira à nouveau sur les cordes qui cette fois-ci se brisèrent rapidement.

- Ma magie ?

Balbutia la rouge en observant ses mains qui étaient entourées d'une lumière bleutée.

Puis tout se remit en marche dans sa tête et elle comprit enfin, Akior avait fait d'elle une arme magique.

Une arme magique génétiquement modifiée avec l'aide d'un sortilège.

Il voulait se servir d'elle comme d'un objet.

Elle jeta un dernier coup d'œil à ses mains puis murmura :

- Je ne laisserais pas faire ça...

Elle visualisa une sorte de boule d'énergie au niveau de son cœur et elle y créa quelques brèches.

Des filaments de magie passèrent dans ses bras puis un jet d'eau bleu turquoise jaillit de ses mains.

Il était tellement rapide et fort qu'il troua les murs en pierres de la prison au moment où Akior l'évita de justesse.

Il n'avait pas le temps de se poser car la jeune fille continuait de lui lancer ses jets d'eau surpuissants.

- Ça suffit !

Hurla le mage le visage rouge, il sauta sur la jeune fille et lui enfonça son poing dans le ventre.

Elle était déjà énormément blessée et se fut le coup de trop.

Elle tomba misérablement sur le sol.

- Et j'ai autre chose à te dire Koyo.

Elle tremblait, elle ne pouvait même pas répondre.

Akior se baissa et prit le menton de la jeune fille, la faisait gémir de douleur.

- C'est grâce à moi que tu es ici, tu devrais m'être reconnaissante...

Il se releva puis commença à former une boule magique à l'aide de son sceptre, qu'il envoya ensuite droit vers la rouge.

Cela ne fit pas mal, juste une impression étrange de suffocation.

- Tu ne pourras pas activer ta magie quand tu le souhaite, juste lorsque tu seras très en colère. Je te le dis pour que tu ne te fatigue pas à essayer.

Koyo avala difficilement sa salive, sa seule aide venait de disparaître, avec son espoir.

Et puis toutes les pensées sombres revinrent : elle était manipulée, depuis le début.

Et ce violon n'était qu'un sortilège pour vider son cœur, sa mère ne lui avait rien laissé.

Elle n'avait rien, elle n'avait personne.

Elle n'était qu'une pauvre fille, dans un monde beaucoup trop hostile pour elle.

- C'est drôle, ton corps se remplit d'émotions négatives maintenant. Mais ça m'est égal, il me fallait juste qu'il se vide pour déclencher ta magie.

Il avait gâché deux ans de l'existence de la jeune fille pour ça ? Une envie égoïste d'être plus fort que les autres ?

Pourquoi ? Pourquoi tout lui semblait si sombre maintenant ?

Elle préférait presque quand elle était vide, car maintenant il ne lui restait que la tristesse.

La lassitude...

Le noir...

Les ténèbres...

La solitude...

Elle ferma doucement ses yeux, fatiguée de revivre les plus mauvais moments de sa vie.

Puis une énorme explosion se fit entendre.

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