Wrecked
Paris, 20 août 2014.
Gabriel Agreste était écroulé sur son lit, les larmes inondant son visage. Dans la musique qui résonnait autour de lui, venant d'il ne savait où, il laissait se déverser son désespoir.
Days pass by, and my eyes they dry...
Un sourire amer, plus proche d'une grimace, déforma le visage du styliste. Non, ses yeux ne séchaient pas. Cela faisait cinq jours qu'il pleurait sans interruption. Cinq jours qu'elle était partie, le laissant sans arme.
S'il n'y avait pas cru les premières heures, serrer la main froide de son Émilie l'avait obligé à accepter cela comme une vérité. Affreuse vérité qui le déchirait, le poussant à la mort.
Tell me, how I am supposed to move on?
Gabriel sentît son cœur exploser à nouveau sous la justesse des paroles. Comment aurait-il pu tourner la page, surmonter ce qui était insurmontable ?
Émilie avait toujours été là, une ombre dans la cour désapprouvant les harceleurs mais éclipsée par la lumière de Laure, nouveau soleil après le décès de cette dernière, qui l'avait aidé à chasser les nuages. Amie inestimable, amoureuse extraordinaire, femme parfaite. Et, Gabriel le savait au bonheur de leur fils, mère en or.
Elle avait été tout cela, avec ses rires enfantins, les défis à sa maladie, ses jeux, son optimisme inébranlable...
Could see you one more day, one more rainy day...
Les larmes coulèrent encore plus fort. Il avait tout fait pour pouvoir la voir encore, la garder en vie, l'avoir près de lui, il s'était tant occupé d'elle.
Et, en voyant l'inéluctable, il avait voulu la garder, la voir même morte.
I think I was wrecked all along...
Une ruine, une épave, écroulé dans une vie qui ne pouvait être la sienne, qu'il ne pouvait vivre, pas sans elle.
Il l'était sans doute depuis longtemps, mais elle le maintenait en vie, elle le maintenait debout, elle lui donnait la force.
Et elle était partie.
The way you laugh when your shoulders shook...
Le couteau des mots s'enfonça dans l'âme de Gabriel.
Le rire d'Émilie, qui avait animé le manoir, au fil de ses danses insensées avec la vie. Qui lui avait appris la joie, pure et simple, joie conservée de l'enfance. Qui était éteint à jamais.
Une crise de sanglots le secoua violemment, éclatant les morceaux de son cœur brisé.
My mind is a place that I can't escape your ghost...
Il gémît. C'était si terriblement vrai, Émilie le hantait tant depuis son départ, il la voyait à ses côtés, l'encourageant à se lever, à continuer de vivre ou au moins survivre... Et il ne pouvait pas le chasser.
Il s'assît sur le lit, essuyant ses joues trempées du dos de la main, mais inutilement. Les larmes continuaient de rouler sans trêve, sillons de son âme en miettes sur son visage défait.
One more rainy day... Oh, I'm a wreck without you here...
Chaque mot, chaque note, il aurait voulu faire taire son âme et ces sons, sans elle il n'était rien d'autre qu'une oreille qui acquiesçait aux mots d'autres, des yeux qui pleuraient sans trêve, une épave sur le fond de l'océan.
Ses larmes inondaient tout l'espace, le jetant plus profond dans sa mer de désespoir.
I think I was wrecked all along...
Oui, oui... Depuis le début de sa vie, il n'était qu'une épave, tenue en place par la colle de l'amour, et qui se disloquait sans elle, chaque minute, chaque seconde...
S'il avait pu mourir à sa place...
Non ! Tout plutôt que lui infliger à elle, son trésor de toujours, ce désespoir qui l'agitait, le secouait, le détruisait, l'épuisait. Entre deux sanglots, il lui demanda pardon, pardon d'avoir pu penser une telle chose.
Don't get stuck in the mud thinking of the thing that you should have done...
Il se réécroula, incapable de tenir debout ni même assis, c'était tellement ses mots, ça le tuait, ne pas rester figé à penser à ce qu'on aurait pu, ce qu'on aurait dû faire...
Encore une de ses si belles leçons, si tendres, si gentiment enseignées... Elle n'aurait pas voulu qu'il s'effondre ainsi, elle l'aurait sermonné, mais il ne pouvait faire autrement, on lui avait arraché le cœur...
I'll see you again my love one...
Les sanglots l'étouffaient, le prenant à la gorge, il ne savait pas comment mais il la reverrait, il reverrait son aimée, fût-ce dans la mort...
Il la reverrait, son cœur éclaté de douleur, comprimé de tristesse, dispersé de désespoir le lui hurlait.
I'll see you again my love one... Yeah, I'm a wreck...
Battu par ses sanglots, ses sentiments qui explosaient, qui le détruisaient, Gabriel savait qu'il en mourrait... Ne pas la revoir, c'était mourir.
Effondré sur son lit, il répéta les mots de la chanson, mourant dans ces mots qui apaisaient et redoublaient sa peine.
I've tried to put this all behind me...
Oui, il avait tenté, un instant, puis avait cessé de simuler le passage, la joie...
Yeah, I'm a wreck... Sometimes I wish, that I could wish it all away...
Oui, rejeter les vœux en un vœu, pour annuler la douleur, jeter tout au loin, bien loin...
Alors que la musique s'éteignait, Gabriel, à bout de forces, s'endormît sur son lit, les larmes coulant encore et toujours, emportées par les notes mélancoliques.
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857 Mots.
Qui a pleuré ? Soyez honnête, on a tous les yeux humides... Je me suis auto-brisé le coeur en écrivant ça...
* respire profondément*
Ca va aller, Jeanne, ça va aller, c'est juste un personnage...
Je vais pas dire que j'avais l'idée depuis des mois, mais un peu quand même... Je souffre tellement pour lui, là, et j'avais tellement souffert en entendant la chanson la première fois, l'association s'était faite toute seule.
Autant Gabriel me faisait peur dans "Natural", autant là j'ai juste envie d'aller le réconforter... Pauvre homme...
Et, mauvaise nouvelle, c'est pas fini la déprime... La mort d'Emilie, je ne pouvais pas ne pas la traiter, et le deuil c'est terrible...
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Conscience *essuie une larme* : Tu as l'interdiction de traiter un auteur, une auteure ou un-e auteur-e de sadique dorénavant. Interdit.
Moi : Je parlais aux lecteurs...
Bises,
Jeanne.
(26/11/2021)
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