Stuck

Le vingt-quatre décembre 2014.

Gabriel soupira imperceptiblement. Dans l'air, une musique venait lui évoquer la peine qu'il ressentait toujours.

I'm stuck on you...

Émilie était partie depuis quatre mois et neuf jours. Quatre mois où il s'était battu contre l'idée d'accepter cette situation. Quatre mois où il n'avait été animé que par l'idée de pouvoir la réveiller.

Il était toujours coincé sur elle, il savait qu'il ne pouvait pas tourner la page. Il était collé à elle pour toujours, la chanson avait raison.

I'm feeling like I've been locked in a grave...

C'était absolument cela, en effet. Elle était dans son cercueil, sous le manoir, et lui était enfermé dans une tombe, déjà mort il le sentait avec acuité. Car elle était la vie pour lui, et sans elle...

Il pouvait toujours essayer d'avancer, il n'était plus qu'un fantôme. Il avait oublié comment sourire réellement, comment vivre. Il était une ombre, amplifiant les émotions des autres pour créer une lumière artificielle d'espoir.

All has been done, you were my one...

Les yeux rivés au portrait de sa femme, le styliste sentit les larmes lui monter aux yeux. Encore. Pour échapper à la souffrance, il l'avait dissimulée derrière une façade de colère et de froideur, mais ça n'avait plus vraiment de sens au fond... Il restait une blessure à vif.

Time goes by and still I'm stuck on you...

Exact.

Le temps avait beau passer, les semaines se succéder, rythmées par ses défaites, les mois avaient beau couler entre ses mains... Il se détruisait et restait figé sur l'espoir de pouvoir la ramener.

On disait que ce n'était pas ça de faire un deuil, mais pour lui, c'était l'espoir ou l'oubli.

Il ne savait pas faire. Il n'avait jamais su faire et elle était sa lumière. Trop importante pour qu'il imagine s'en détacher et qu'il réussisse à vivre en se construisant sans elle.

Where did you go ? Where did you go ? Where did you go ? Come back to me...

Il avait deviné les paroles, sachant parfaitement ce qu'il se passait, connaissant trop bien ce sentiment. C'était un peu étrange d'entendre des voix inconnues nommer exactement ses émotions, mais ce n'était pas la première fois, après tout...

Nathalie poussa la porte, lui suggérant de descendre, elle savait que c'était dur, mais c'était aussi le premier Noël d'Adrien sans sa mère...

Il hocha la tête, déclara qu'il arrivait d'ici quelques minutes.

Il avait besoin de temps. Il avait besoin de se poser et de réfléchir, de respirer. Malheureusement, il avait perdu cette capacité des années auparavant. Il ne savait pas se détendre.

Vivre dans le stress permanent, dans la menace permanente cela n'apprenait pas à savoir respirer. Et en troisième, quand André avait arrêté... Eh bien, toutes ses respirations possibles avaient été noyées par les sanglots de la perte de Laure.

En entendant la porte se refermer, en devinant le désespoir de sa seule amie derrière la paroi qui les séparait, son cœur se brisa encore un peu. C'était absurde, il était englué et ne pouvait pas en sortir.

Stuck on you, woha-oooh...

« Stuck ». Le mot si court, si dur, râpeux, décrivait parfaitement la situation où Gabriel se mettait.

Collé sur place.

Brisé par l'immobilité.

Incapable d'avancer.

Luttant sans progresser d'un pas.

Immobilisé par des centaines d'émotions contradictoires.

Prisonnier d'un instant de douleur qui s'étirait à l'infini et devenait colère, tandis que le temps s'écoulait normalement pour les autres.

You... Time goes by and still I'm stuck on you...

Toujours, il avait donné trop d'importance à ceux qui le sortaient de sa mélancolie permanente, mais le revers de cette médaille était une douleur encore plus grande.

Dans les dernières notes de la chanson, qu'il fredonnait à présent, il comprit qu'il ne pouvait pas changer les choses. Comme un personnage dont le destin est déjà fixé depuis des années, il devait se contenter de faire ce qu'il savait. Lutter absurdement contre deux adolescents qui le défaisaient systématiquement, regardant sa vie se déliter au fil du temps.

 ************

 649 Mots.

 Eh bah dites donc, c'est joyeux ce chapitre... Bon, qu'est-ce qu'il y a après ? *va voir le plan sur le Drive*

 Ah. " I don't know why", sur Catalyste. En vrai, ça devrait aller. On verra demain, je suppose ? Si j'arrive à me motiver.

 Parce que les cours à la fac reprennent le 12, et j'ai beau dire... JE M'ENNUIE. Et quand je m'ennuie, j'écris des OS pas trop casse-tête dont j'ai déjà le plan, donc ce recueil. Il me manque encore une réponse pour retourner à l'OS 100, là...

 Et après, je pourrai m'éclater ! (c'est-à-dire torturer les "personnages" à coup de crises de peur grâce au Marchand de Sable, puis torturer Gabby et Nath. Une vraie passion... C'est pas très correct...)

 D'ailleurs, il en a pris dans la figure aujourd'hui. J'ai presque envie de le plaindre, mais entre le moment où j'ai fait le plan de ce recueil et aujourd'hui, y a eu le final. Et Ephémère. Et... RAAAAAAH. Tout m'énerve. Le canon m'énerve. Parce qu'ils l'ont rendu dingue (RIP. Et RIP au développement de Chloé, aussi...), et que j'ai peur de plus l'aimer alors que Gabriel c'est un personnage que jaime beaucoup.. Originellement.

Bref, suffit le bla-bla, vous en avez pensé quoi ? C'était bien ? Vous avez apprécié ? Dites-moi tout !

 Bises,

 Jeanne.

  (07/09/2022, 00h24)


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top