21 août 2014.

Adrien regardait par la fenêtre, écoutant une musique qui filtrait d'il ne savait où et le racontait à lui-même.

Some nights, I get a little lonely! It's even when there's people all around me.

Depuis la mort de sa mère, le jeune homme se sentait juste seul. Déraciné, oublié, effacé.

Même à l'enterrement, où il avait retrouvé ses camarades Chloé et Félix, où il y avait beaucoup de membres de la famille, des anciens amis d'Émilie, de Gabriel, il était juste seul.

Right on the brim, hand on a limb.

Adrien releva la tête, se tourna vers sa chambre, si vaste, décorée de photos d'Émilie et lui.

Il était comme sur une lame de rasoir, risquant de se couper à mort à chaque instant, depuis que son père avait disparu, enfermé dans sa chambre et ses larmes.

Et il n'avait pas de branche pour se raccrocher à la vie, il tenait désespérément à quelques brindilles, les souvenirs heureux à jamais morts qui lui disaient de ne pas s'effondrer comme l'avait fait Gabriel.

Il n'avait qu'une main accrochée à la joie apprise avec Émilie et il risquait de glisser, il le savait.

Keep me company! I say, oh love! Have mercy... On me!

Un sourire triste vînt hanter le visage du garçon. Le chanteur semblait au moins avoir de quoi surmonter le deuil, quelqu'un pour lui tenir compagnie. Lui, Adrien, il pouvait toujours appeler l'amour et demander la pitié, il était... Seul.

Incroyablement seul.

Terriblement seul.

Définitivement seul.

So I'm playing the role...

Son cœur fît un bond dans sa poitrine alors que les larmes retenues inondaient enfin ses joues.

Toujours, partout, il jouait un rôle, il était ce que son père voulait, ce que Nathalie demandait, ce qu'Émilie, quand elle était encore là, suggérait.

Pour éviter qu'elle ne le rejette et ne l'abandonne. Pour fuir la solitude perpétuelle.

Mais savoir ça ne l'aidait pas à savoir qui il était. Et le faisait se sentir encore plus seul.

Have mercy... On me! And keep me company!

Sur cette phrase qui revenait, des rêves envahissaient l'esprit d'Adrien, des rêves d'école, d'amitiés réelles et peut-être même l'amour.

En arrière-plan, plus bas, la solitude du chanteur sans la personne perdue revenait, lancinante comme une plainte, répétée et douloureuse pour le garçon qui s'allongea sur son lit, les bras en croix, les larmes aux yeux, perdu seul dans un domaine trop grand et fort pour lui.

Have mercy!

Aie pitié.

La phrase, prière adressée à un univers dépeuplé de dieu, à un destin auquel il ne croyait guère, résonnait avec force dans son cœur.

Si le destin et l'univers avaient pitié et le libéraient...

Que n'accomplirait-il pas alors ?

Un sourire aux lèvres, il se voyait déjà fuir cette cage dorée qu'était le manoir, et il reprenait les paroles en se disant que si le destin ne frappait pas à la porte, il irait lui-même à sa conquête.

On me! And keep me company! I say, oh love! Have mercy on me! And keep me company!

Dans la musique qui se taisait, Adrien sécha les larmes, se promettant qu'il se débrouillerait pour être heureux sans elle, comme elle l'aurait voulu.

 ************

 513 Mots. 

 C'est moins déprimant que celui de Gabriel.

 Conscience : lol, encore heureux tiens ! Je sais que "It's ok" va pas être un bon moment, mais enfin rien ne peut être pire que "Wrecked"... Et puis, t'as vu Adrien et Gabriel ? Ils ont pas vraiment le même profil !! C'est pour ça que c'est pas trop triste !

  Bah voilà, elle a tout dit. Sauf que j'ai beaucoup aimé l'écrire, même si j'ai procrastiné super longtemps.

 Et vous, vous en avez pensé quoi ? Vous avez aimé ? Dites-moi vos avis, c'est vraiment ultra motivant d'avoir des retours !

 Bises,

 Jeanne.

 (15/12/2021)