#1
Décembre 1755, Lisbonne.
Assis au sommet d'un grand monument, Plagg contemplait la ville encore en ruines. Un mois auparavant, il avait perdu le contrôle. Depuis, les autres le détestaient et l'avaient chassé. Dans l'air, résonnait une mélodie étrangement futuriste mais qui lui parlait.
Could someone take me home, where I'm supposed to be. I'm on My back again, caught up in something.
Ce n'était pas la première fois, sans doute pas la dernière. La destruction lui échappait sans qu'il puisse rien faire. Comme la création échappait parfois à Tikki, comme les pouvoirs échappaient parfois aux kwamis.
Sauf que lui, il était beaucoup plus dangereux que tous les autres réunis. Et maintenant, ils s'en étaient rendus compte et le haïssaient.
Plagg s'en voulait. Toutes les vies détruites par sa faute... Il devait apprendre. Et dompter ses émotions, car c'était elles qui causaient les dérapages.
Il s'en voulait, oui, mais ne se haïssait pas. Il s'estimait, il s'appréciait. Parce que son caractère était ainsi.
I don't need No one to believe ! When it's all been said and done, I'm still My number one.
Les mots, en Anglais, résonnaient autour de lui et en lui, avec exactitude. Oui, même quand les actes étaient posés et irrattrapables, quand les jugements étaient donnés et irrévocables, il pariait encore sur ses propres capacités.
Il avait confiance en lui, même si ça pouvait sembler égoïste. Il était le plus dangereux, certes. Mais aussi, de fait, le plus puissant.
La ville détruite, les croyances des hommes abîmées, le monde effondré... Il savait qu'il provoquait des évolutions. Ça avait toujours été le cas. Parce que pour recréer, il faut détruire. Parce que l'univers était né d'une explosion.
La destruction, son pouvoir, était l'opposé de la création, mais elle en était la condition aussi, comme la création était nécessaire à une destruction. Avec Tikki, ils formaient un cycle, une phase, comme le jour et la nuit.
When am I gonna learn, I've got to let things go ?
Enfin, c'était bien de le savoir, mais il restait affecté, blessé, trahi, par le rejet des autres. Parmi ses paradoxes, il y avait celui-ci. S'apprécier malgré tout, mais être entièrement dépendant du regard des autres pour se sentir bien.
Mais puisqu'il devait apprendre à se contrôler, il devait apprendre à s'en détacher.
Apprendre à laisser passer les choses, à ignorer les freins posés sur sa route. Apprendre à se détacher du reste du monde, à être indépendant.
Après tout, c'était ce qu'il avait toujours voulu, être indépendant.
I'm still My number one !
Plagg sourît. Oui, il pouvait le faire. Il en était capable, il était fort, il avait confiance en lui. Il restait le meilleur à ses propres yeux, critique envers lui-même mais envers les autres aussi.
Il se redressa, profitant du vent qui soufflait pour s'élancer en planant vers les rues de Lisbonne, faisant attention à n'être pas aperçu des passants.
Les Miraculous et leurs kwamis devaient rester un secret, la vie du Gardien et des porteurs en dépendaient, dans cette étrange époque où l'on tuait encore ce que l'on ne comprenait pas.
What do You take me, what do You take me for ?
Bonne question. Pour quoi les êtres humains qui se servaient de leurs pouvoirs prenaient-ils les kwamis ? Et pour quoi ceux qui ne les connaissaient pas les auraient-ils pris, s'ils les avaient vus ? Des monstres, des démons, des merveilles, des anges, des esclaves ?
Le kwami de la destruction haussa ses petites épaules. Lui-même ne savait pas très bien qu'elle était la nature des kwamis, ils n'allaient pas demander aux humains de savoir. Mais il y avait bien une chose dont il était sûr : la distribution et l'utilisation quasi-permanente de Tikki, Trixx, Wayzz, Nooroo, Duusu, Pollen, Sass, Kaalki, Ziggy, Xuppu, Orikko, Barkk, Daizzi, Mullo, Stomp, Roarr, Fluff et Longg était abusive.
Le Gardien actuel et les porteurs qu'il avait choisi ne faisait que de se simplifier la vie par leurs pouvoirs, sans aider les autres et sans laisser aux kwamis le temps de se reposer vraiment. De plus, les amis de Plagg étaient sous-alimentés par leurs porteurs et ça le rendait fou.
Au moins, lui, évitait ce sort-là. Ce qui lui laissait tout le temps de faire des catastrophes en se morfondant...
These people might not see. When it's all been said and done, I'm still My number one.
Il repoussa cette pensée, la catastrophe provoquée, se rappelant qu'il était fort, le meilleur, et qu'il se contrôlerait avec un peu d'exercice.
I'm still My number one. I'm still My number one.
Alors que la mélodie s'éteignait, Plagg se jura qu'il deviendrait moins dangereux et ne provoquerait plus de tels cataclysmes par ses émotions.
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764 Mots.
Voilà, le premier OS inédit du recueil ! Quand j'ai entendu la chanson, j'ai tout de suite décidé de l'appliquer à Plagg, elle collait trop bien.
J'ai pas mal hésité sur la date de l'OS, je savais pas quand le mettre, entre après l'extinction des dinosaures, après l'engloutissement de l'Atlantide (si, si, c'est Plagg, Tikki ou Wayzz le dit à un moment), juste avant la série... Je l'ai casé après le tremblement de terre de Lisbonne, en 1755, parce que j'y ai pensé au moment d'écrire l'OS et que je n'ai pas vu d'inconvénient.
Et j'aime bien mon texte !
Et vous, qu'en pensez-vous ? C'était bien ?
Bises,
Jeanne.
(11/11/2021)
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