MisterClown
- Ah toi Chat Noir !
Je profite de la diversion occasionnée par l'arrivée de mon cher coéquipier pour me jeter sur son nez rouge. Ce clown a un aspect bien plus terrifiant qu'amusant. Son sourire ressemble plus à une grimace féroce et tragique. Je lui lance mon lucky charme, matérialisé par un immense drap rouge au pois noir, dans les yeux, l'aveuglant momentanément. Je me saisis de son nez clignotant et sans demander le moindre reste, je le détruis dans mes mains. Il s'effrite et le vent fait envoler les cendres de son existence. Un papillon noir nervé de violet s'échappe de ses résidus et sans plus attendre je reprends mon refrain habituel.
- Viens par là petit papillon ! Tu as déjà fait assez de mal comme ça. Je te libère du mal !
De mon yoyo s'envole alors un papillon pur et d'une blancheur éclatant qui disparaît dans le ciel azur. Je me tourne vers Chat Noir qui me sourit à pleine dent.
- Bien joué !
Comme pour me rappeler la réalité, mes boucles d'oreilles me rappellent par un petit bruit l'imminence de ma détransformation. Sans plus attendre je fais un dernier signe à Chat Noir et lance mon yoyo qui va se figer sur le toit du bâtiment le plus proche. Je me propulse alors sur les toits de la capitale. Ce vertige que je ressens lorsque je m'envole dans les airs me fait ressentir mille frissons si familiers et d'une certaine manière rassurants. J'ai l'impression d'être plus vivante, comme si les atomes rentrants en contact avec ma peau revitalisait chacune de mes cellules. J'aimerai que jamais cette sensation d'intégrité ne cesse. Mais tout à une fin, et la mienne commence par l'arrivée sur le balcon de la boulangerie de mes parents. Je sens déjà d'ici les effluves sucrées du pain croustillant dorant dans les fourneaux, ou les macarons confectionnés passionnément par ma mère. Je m'empresse de me détransformer, afin de retrouver mon apparence ordinaire.
Voilà, Marinette est de retour, la fille timide, réservé, maladroite et surtout terriblement et follement amoureuse d'Adrien, même si la transformation n'a rien changée à mes sentiments. C'est quelque chose qu'on ne peut pas modeler selon la volonté. On ne peut forcer quelqu'un à aimer quelqu'un d'autre qu'elle n'aime pas. C'est parfois cruel, mais c'est la simple et dure réalité.
Je m'étire en contemplant le soleil qui commence sa douce traversée du ciel, à travers les immeubles environnants. Tikky bâille à côté de moi, et je manquerais de peu de la suivre. Récemment, le Papillon ne cesse d'akumatiser de plus en plus de personnes, ce qui fait que mon repos commence à en pâtir douloureusement, au même titre que mes cours que je ne suis presque plus. Mes amis me manquent aussi terriblement, et les mensonges autour de moi ne font que s'accumuler. Même Alya devient suspicieuse et croit que je lui cache quelque chose. Ce qui est le cas bien sûr, mais jusque là, elle l'ignorait.
Je redescends dans ma chambre, où le lit est toujours impeccablement fait. Je soupire et entreprends à le défaire. Ma vie n'est que mensonges sur mensonges. Je dois donner l'illusion que je vais bien, que j'ai bien dormi, et surtout que je ne suis pas Ladybug. Je tends à Tikky un macaron qu'elle s'empresse d'engloutir avec joie et malice.
Je descends mon emploi du temps. Je pourrais prétexter une vilaine maladie pour rester à la maison et rattraper ma nuit manquée. Mais je ne peux pas me le permettre. Aujourd'hui est un jour important. Et pour deux raisons. La première est que c'est mon anniversaire, la deuxième est que c'est ce jour que j'ai décidé depuis longue date où je révélerai mes sentiments à Adrien.
Oui, moi, Marinette, qui a échoué plus d'une fois à cause de mon bégaiement incessant, je vais me déclarer.
J'observe un instant ma chambre, décorée d'une multitude de photos d'Adrien, certaines que j'ai découpé dans des magazines, d'autres que j'ai moi-même prises. Mon amour pour Adrien est certes, c'est vrai, assez obsessionnel. Alya rit souvent de moi à propos de ça. Mais elle a de la chance que sa relation avec Nino soit aussi simple. J'aimerai que ça soit aussi mon cas. Et peut-être à partir de ce jour, cela va l'être. Mais je ne sais pas à quoi m'attendre et je n'ose envisager le possible rejet que je pourrais essuyer.
C'est fou à quel point on peut être quelqu'un et une seconde après être quelqu'un d'autre. C'est comme ça que je vois ma double identité. Pour moi, Ladybug est ma double personnalité. Dis comme cela, on pourrait croire que je suis schizophrène, mais ce n'est pas ça. En devenant Ladybug, je deviens plus forte, certes, à cause des pouvoirs que me donnent Tikky, mais aussi mentalement. J'incarne mon personnage, comme s'il était moi.
Aujourd'hui, je veux être cette Marinette-là, haute en couleur et courageuse. Car si j'en suis capable en tant que Ladybug, je dois l'être aussi dans la vraie vie. Reste à savoir si cela sera suffisant. On ne peut forcer une personne à l'aimer si ces sentiments ne sont pas identiques.
- C'est le grand jour, lâche doucement Tikky, ayant observé mon emploi du temps, soucieuse de me savoir tendue.
J'hoche la tête, peut-être un peu trop raidement. Malgré toute ma détermination, la peur m'assaille en même temps que la panique. Vivement que la journée se termine. Tikky vole jusqu'à mon petit sac à main et en ressort un tout petit pendentif. Je le reconnais aussitôt. C'est celui qu'elle m'a offert, il y a un an de ça, pour mon précédent anniversaire. Il a une forme de demi Ying Yang.
Elle le dépose délicatement dans ma main, avant de se poser sur mon épaule, aussi légère qu'une plume.
- Tiens, mets-le, Marinette, il te donnera le courage nécessaire. Joyeux Anniversaire Marinette, gazouille-t-elle de sa petite voix fluette.
Je lui souris et l'attache de sorte à ce qu'il repose au creux mon cou, caché néanmoins par mes vêtements. Mon réveil sonne et je l'éteins en commençant à préparer mes affaires. Je ne sais pas si le collier de Tikky a de réels pouvoirs, mais je me sens apaisée. Je me change et descends d'un étage, rejoignant notre salon-cuisine où m'attendent déjà mes parents.
- Joyeux Anniversaire Marinette ! S'exclament-ils tout deux, le sourire aux lèvres.
Mon père me sert fort contre lui, me broyant au passage les côtes.
- Je n'y crois pas que ma petite fille devienne déjà si grande, rajoute-t-il ému presque aux larmes.
Cela ne m'étonne qu'à peine venant de lui. Je sais que je ne recevrais mes cadeaux que ce soir, il en est toujours ainsi chez les Dupain-Chang. Mais pourtant, c'est un festin qui m'attends déjà de si bon matin. Ils m'ont préparé autant de viennoiseries différentes que notre boutique est en capacités de vendre. Mais ce qui attire aussitôt mon regard est une petite pile de macarons, entassée dans un plat. Ce n'est pas parce que c'est mon dessert préféré, c'est sa couleur qui a capté mon attention. Mon père surprend mon regard.
- Ah tu l'as vu, c'est ma nouvelle spécialité, le Lucky Charm de la Boulangerie Dupain-Chang ! En l'honneur de Ladybug qui donne tant pour nous. Tu es là première à le goûter après moi-même.
Je retiens mes larmes à grande peine pour ne pas qu'ils voient que je suis émue par leur geste. Le petit macaron, rouge à pois noir me rappelle en effet mon propre alter ego. Je croque dedans, me promettant d'en mettre deux ou trois dans mon sac à main pour les faire goûter à Tikky. Les saveurs explosent dans ma bouche, des arômes de fraise, de cerise en génoise, de myrtille et une mousse de mûres. Un vrai délice pour mes papilles. Il est devenu incontestablement mon macaron préféré.
- Il est excellent Papa ! Une vraie merveille ! Il va se vendre comme des petits fours !
Décidément, rien ne peut ternir le début de cette journée. Je m'empare d'un cookie que je grignote avec délice. Mon père a vraiment du se lever très tôt pour me préparer tout ça en plus des demandes habituelles des clients. Je ne lui en serais jamais assez reconnaissant. Je glisse deux trois macarons Lucky Charm dans mon sac à main.
Puis sans attendre une seconde de plus, je quitte la boulangerie. Je n'ai qu'une hâte : arriver enfin à l'école.
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