Lundi Vingt-Cinq
Le compte à rebours était terminé, minuit avait sonné. Nous étions officiellement le vingt-cinq décembre.
Gabriel Agreste s'était levé, et s'approchait d'Adrien et Marinette, toujours adossés au mur. Il leur souhaita un joyeux Noël, serra rapidement son fils dans ses bras, et repartit comme il était venu.
— Il est pas un peu fatigué, ton père ? interrogea la bleutée.
— Je ne sais pas, mais il m'en parlera peut-être après. Je te tiendrai au courant si besoin.
Marinette ne répondit rien. Les affaires de la famille Agreste ne la regardait pas particulièrement, et elle n'avait pas besoin de tout savoir. En revanche, elle avait autre chose à faire.
— Je t'abandonne deux minutes, Chaton, je vais aller parler à Chloé.
— Ah, très bonne initiative ! Ça t'a pris comme ça ?
— C'est Noël, faisons des efforts. Considérons ça comme une pré-bonne résolution de la nouvelle année.
Adrien regarda sa petite amie qui s'éloignait. Marinette avait vraiment un cœur d'or. Mais Chloé aussi. Elle le cachait simplement beaucoup plus, surtout depuis que sa mère était partie. Elle s'était renfermée, elle ne voyait pas beaucoup son père qui la couvrait de cadeaux, et elle s'était fabriqué une carapace protectrice d'indifférence sur le monde. Mais la jeune fille joviale et aimante qu'il avait connu et qui était devenue son amie était restée, là, quelque part, bien cachée. Il espérait juste que Marinette la découvrirait.
La jeune fille justement, s'était approchée de Chloé qui discutait avec agitation avec Sabrina.
— Euh... Chloé ? Je peux te parler une minute ?
La blonde se retourna, et haussa un sourcil.
— Marinette Dupain-Cheng ! Que me veux-tu ?
La susnommée soupira. Des efforts, hein ?
— Premièrement, je voulais te remercier pour la salle.
— Je n'ai rien fait, c'est mon père qui décide.
— Tu as été le voir, tu nous as facilité le travail, c'est déjà beaucoup. Ensuite, je voulais te remercier d'être venue, avec ton père. Et puis aussi te féliciter pour ta robe, très jolie. J'ai toujours un peu de mal avec le jaune, mais...
— Mais comme j'ai du mal avec le rose, je suppose que l'on est quitte ?
Chloé souriait. Un vrai sourire, un sourire franc, improbable en temps normal. La bleutée se surprit même à penser que peut-être, Adrien avait raison. Peut-être Chloé n'était pas seulement la jeune fille froide et hautaine qu'elle laissait paraître.
— Je suppose aussi. Mais je voulais aussi m'excuser, pour tout à l'heure. Je n'ai pas été très sympathique quand tu es arrivée. Et, euh... Je suis venue te proposer quelque chose. Une sorte de, comment dire, bonne résolution ?
— Développe.
— On pourrait peut-être... Je veux dire, il est peu probable que l'on devienne les meilleures amies du monde, toutes les deux. Mais on pourrait peut-être euh... enterrer la hache de guerre. Je sais que nous ne nous apprécions pas beaucoup, et ce depuis quelques années, mais un petit effort ne serait sans doute pas superflu. Pour Adrien, aussi. Tu es sa meilleure amie, et je suis euh...
— Te fatigue pas, je sais que vous êtes ensemble.
— Ah. Et euh... Ça ne te dérange pas ?
— Adrien est mon meilleur ami. Je suis juste heureuse si lui-même est heureux avec toi. En revanche, tu lui fais le moindre mal et je fais de ta vie un enfer. Me suis-je bien fait comprendre, Marinette Dupain-Cheng ?
Le sourire présent sur ses lèvres quelques minutes auparavant avait totalement disparu. Marinette ne s'y trompait pas, sa rivale de toujours tiendrait ses engagements si elle en ressentait le besoin.
— J'aime Adrien autant que toi, si ce n'est plus, Chloé. Il est hors de question que je lui fasse du mal !
— On ne le décide pas toujours, mais soit. Je te tiens à l'œil, de toute manière. Pour en revenir à ta proposition, je vois que je ne suis pas la seule avec qui il a discuté, de toute évidence. Si tu es prête à faire des efforts, je suis prête à en faire aussi. Je peux essayer d'être un peu plus gentille, mais ne nous attendons pas à des miracles, nous parlons de nous deux.
— Laissons une chance à l'avenir, Chloé, deux-mille-dix-huit est l'année d'un nouveau départ.
— Si tu le dis. Dans tous les cas, joyeux Noël, Marinette.
— Joyeux Noël, Chloé.
▬ ▬ ▬
Adrien et Marinette s'étaient éclipsés. Ils avaient quitté la salle, son bruit, sa chaleur, et étaient montés sur le toit de la salle des fêtes. Là, à la fois loin de la foule et du bruit pour être tranquille, mais assez prêt pour pouvoir revenir rapidement, ils s'étaient assis, contemplant leur chère ville de Paris, dans le calme de la nuit du réveillon. La tour Eiffel illuminée un peu plus loin, les Champs-Élysées somptueusement décorés depuis l'Arc de Triomphe jusqu'à la place de la Concorde, Paris baignait ce soir dans une féerie calme, bien différente de son agitation coutumière.
Lovés dans les bras l'un de l'autre, les deux adolescents appréciaient simplement le moment, quand Marinette rompit le silence.
— Chaton ?
— Mmh... ?
— J'ai un cadeau pour toi.
Adrien eut un instant de doute. Mais d'où sortait-elle ce cadeau ? Elle n'avait que sa longue robe et son manteau. Pas de quoi cacher un cadeau. En tout cas, pas de la taille de celui qu'elle lui présentait.
— Je peux ouvrir ?
— Non, rigola la bleutée. Je pense que tu vas le mettre sous verre, dans ta chambre, comme ça, intact. Ça sera beaucoup mieux !
Le jeune homme ouvrit donc le cadeau. Et en sortit un pull. Un magnifique pull noir, avec une énorme patte de chat verte sur le torse. Il le tendit à bout de bras, et l'admira quelques instants. Marinette avait une nouvelle fois fait de l'excellent travail. C'était de la qualité, sans aucun doute. Tricoté en laine, sans aucun doute par la jeune fille elle-même, la démarcation était invisible entre le noir, le vert... et le rouge ?
Adrien attrapa le bas de son pull, et regarda à l'intérieur. Entièrement rouge, et parsemé çà et là de points noirs, si l'extérieur représentait Chat Noir, l'intérieur était incontestablement Ladybug.
— Il est réversible, précisa sa petite amie. Tu veux pas savoir à quel point j'ai eu du mal à faire un pull en laine réversible sans que ce soit horrible visuellement. Mais je pense avoir à peu près réussi. Tu en penses quoi ?
— À peu près réussi ? Mais c'est magnifique, mon cœur, je l'adore. Vraiment. Je l'adore tellement que je vais le mettre tout de suite, tiens !
Il se leva, enleva sa veste et la plia en sortant une petite boîte qu'il glissa dans sa poche arrière. Il retourna le pull afin que le côté Ladybug soit visible, et l'enfila. Il apprécia quelques secondes le contact de la laine, et regarda Marinette avec un grand sourire.
— Alors, ma Lady, comment trouves-tu ton fidèle serviteur ?
— Tu n'étais pas obligé de mettre ce côté-là, Chaton.
— Voyons, princesse. Après tout, je suis ton plus grand fan ! Tiens, ceci est ton cadeau, dit-il en lui tendant l'objet sorti de sa poche.
Marinette attrapa la boîte que lui tendait son petit ami. Une petite boîte rectangulaire, noire, parsemée de rayures vertes fluorescentes. Un emballage magnifique, que la jeune fille ouvrit.
— Oh mon Dieu, mais Adrien, c'est magnifique, tu n'aurais pas dû.
La jeune fille fixait le pendentif posé dans l'écrin. Le collier, oblong, était composé de deux faces de verre bombé luisant sous la lumière. En transparence, de chaque côté, était visible respectivement la patte de Chat Noir, et le symbole de la coccinelle de Ladybug. Un bijou sublime, perfection de légèreté et de grâce. Elle se saisit doucement de la chaîne dorée – de l'or ? – et accrocha le bijou autour de son cou. Côté Chat Noir bien en évidence, naturellement.
Marinette enlaça Adrien, et l'embrassa.
— Merci beaucoup, mon chéri.
▬ ▬ ▬
Quand, une heure plus tard, Adrien et Marinette redescendirent dans la salle, celle-ci s'était partiellement vidée. La moitié des invités était partie, et Nino avait laissé tomber le micro pour laisser une douce musique d'ambiance en fond sonore.
En voyant arriver leurs amis, Alya et Nino les rejoignirent rapidement. Le métis avait une moitié de gâteau dans la main, et l'autre dans la bouche.
— Très joli pull, mec ! s'exclama-t-il.
— Eh bah alors, ce collier, c'est nouveau ? interrogea Alya de son côté.
— Il est beau, n'est-ce pas ? Cadeau d'Adrien, bien sûr. Pourquoi je précise ça, ça me parait évident.
— Je ne savais pas que tu étais un grand fan de Chat Noir. Parce qu'autant monsieur ne tarit pas d'éloges sur Ladybug, autant toi, mademoiselle, je ne t'ai jamais particulièrement entendue parler de notre super-héros favori.
Marinette eut un instant de doute. Qu'essayait de sous-entendre Alya, avec son petit sourire et son regard entendu à Nino. Son amie aurait-elle des doutes ?
— Hein, mais si, on aime beaucoup les super-héros de la ville, voyons, Alya !
La bleutée était tellement douée pour noyer le poisson, c'était impressionnant. Elle se maudissait elle-même. Être capable de discourir, d'un côté. Être incapable de sortir une excuse crédible, de l'autre.
— Vous aimez les super-héros de la ville, Marinette, ou vous êtes les super-héros de la ville ?
Marinette aperçut Adrien devenu livide, et Nino avec le même sourire entendu qu'Alya. Ses parents, qui discutaient avec Gabriel. Chloé, étrangement toujours présente, assise aux côtés de Nathaniel.
Ne pas prendre de risque. Bouger, vite.
— Venez par-là, tous les deux, ordonna la jeune fille.
Accompagnée d'Adrien, elle emmena Nino et Alya dans la pièce à l'arrière du bâtiment.
— Répète un peu ce que tu as dit, Alya.
— Du calme, Marinette, du calme. Je suppose que d'après ta réaction, on a vu juste. Ça fait un moment qu'on a des doutes, avec Nino, mais je t'avoue que te voir partir en courant dans la direction inverse de celle des gens qui fuient m'a vraiment mis la puce à l'oreille. Et puis, tu appelles Adrien « Chaton » aussi. Après, rien n'était sûr, mais avec une confirmation comme tu viens de nous offrir, je pense qu'on est bon. Depuis le temps que j'avais Ladybug sous les yeux, et que je ne l'ai même pas vue !
— Du calme, du calme, du calme. Adrien ?
— Oui, bah euh, je suppose qu'on peut leur faire confiance, à eux. De toute façon, maintenant, s'ils nous embêtent, ils savent de quoi on capable, alors de toute façon...
Le jeune homme souriait. Il avait retrouvé ses couleurs, et l'optimisme habituel de Chat Noir.
— Ouais, t'as raison, Chaton, s'ils passent une nuit ligotés en haut de la tour Eiffel, ils feront moins les malins.
— Oui oui oui oui, alors euh, on va se calmer les gars hein, rigola Nino. Motus et bouche cousue, on a compris l'idée.
— Parfait. Bon, de toute façon, ce qui est fait est fait, et comme on peut pas leur effacer la mémoire, on va faire avec. Par contre, précisa Marinette, j'avais besoin de ton avis, Adrien, et du coup, autant avoir le vôtre par la même occasion.
— On t'écoute.
— Alors voilà. Avec Adrien, on a découvert nos identités respectives lors de l'attaque de Notre-Dame, alors que l'akumatisé nous a, euh... transformés en nous-mêmes. Enfin, en nous, mais sans nos pouvoirs. Et impossible de les récupérer, on a dû faire sans. Mais une question se pose. On est d'accord que le Papillon communique avec ses victimes. Mais s'il arrive à leur faire faire ce qu'il veut, c'est qu'il arrive à savoir ce qu'il se passe, ce que l'akumatisé temporaire fait. Par conséquent, question. Est-il possible que le Papillon voie à travers les yeux de ses victimes ?
— Attends, quoi ? J'ai peur de comprendre ! s'exclama Alya.
— Croyez-vous possible que, si le Papillon voit la même chose que les akumatisés, il connaisse nos identités ?
— Euh... Je suppose que ce ne serait pas une bonne nouvelle ?
— Non, Nino, répondit Adrien, ce ne serait pas une bonne nouvelle. Vraiment pas une bonne nouvelle. Vraiment une très mauvaise nouvelle. Vraiment, vraiment une très, très mauvaise nouvelle ! Une...
— Merci, Adrien, interrompit Alya. Ok, reprenons. Il est possible que le Papillon ait vu la même chose que l'akumatisé de la cathédrale. Il est donc possible qu'il connaisse vos identités. Bon. Admettons que ce soit le cas, est-ce qu'on peut faire quelque chose ? Vous savez qui il est ?
— Ce serait trop beau, rétorqua la bleutée. Et on l'aurait déjà arrêté, si ça avait été le cas. Quant à faire quelque chose, je ne sais pas. Probablement pas, c'est le même problème qu'avec vous. Vous connaissez nos identités, on ne peut pas y faire grand-chose. Si c'est aussi son cas, même problème. Après, il y a deux possibilités. Soit il ne nous connait en fait pas, et donc d'ici à ce qu'il retrouve deux adolescents dans Paris, il en a pour un petit moment. Soit il nous connait, et dans ce cas, ben... On ne peut qu'attendre qu'il agisse.
— Ouais, de toute façon, peu importe qui il est, s'il nous retrouve le premier, eh bien, nous serons prêts à le recevoir, affirma la métisse.
— Et de toute façon, on est avec vous dans tous les cas, confirma son petit ami.
— C'est gentil, les gars, mais je ne suis pas sûr que vous puissiez faire quoi que ce soit. Mais merci du soutien, ça fait toujours plaisir ! poursuivit Adrien.
— Il ne nous reste plus qu'à attendre. Le Papillon a toutes les cartes en main, c'est donc à lui de jouer.
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Nous sommes le vingt-cinq décembre deux-mille-dix-sept, il est un peu plus de trois heures du matin. Cette journée marque l'aboutissement d'un mois de préparation, de réflexion, de travail. Un mois de hauts et de bas pour nos adolescents favoris. Un mois de joies et de peines, d'avancées et de découvertes. Un mois riche en émotions pour Marinette et Adrien.
Un mois dont la conclusion en demi-teinte leur laisse un sourire sur le visage et une ombre au fond du cœur.
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Et voilà, c'est terminé !
Merci à ceux qui ont lu jusqu'ici, on se revoit... un jour, peut-être.
Il est probable qu'il vous reste des doutes et des questions dans un coin de la tête, et il est possible que certaines réponses arrivent dans de prochains écrits.
Joyeux Noël à tous, et merci encore !
Kiss <3
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