Chapitre 3 : Voler vers le soleil (Partie 2)

De retour au vaisseau, une heure plus tard, le groupe de Dark ne tarda pas à réaliser qu'ils n'étaient pas les seuls à avoir rencontré des problèmes. Sophie se retourna en les entendant arriver dans son infirmerie et ne prit même pas le temps de simuler sa surprise en voyant Snipe porter Dark.

– Qu'est ce qui lui arrivé, cette fois ? Ça ne doit pas être Blaze, vu que vous ne l'avez pas ramené dans un cendrier...

– C'est son garde du corps qui a un crochet du droit qui ferait envie à Athé...

Dark fut allongé sur un lit et Sophie l'ausculta rapidement en grimaçant.

– T'es sûre qu'un géant n'a pas plutôt fait un numéro de claquettes sur lui– ? Son corps a déjà dû se régénérer en partie, alors je n'ose pas imaginer dans quel état il était juste après ce crochet du droit !

– Ce n'était pas beau à voir, c'est vrai... marmonna Dark. J'apprécierais d'ailleurs si tu pouvais me soigner, car je vais avoir besoin de retrouver l'usage de mes jambes.

Sophie prit son sac et se dirigea vers la porte.

– Dans ce cas, poussez-le, vous deux, car j'ai une patiente à voir de toute urgence dans sa chambre !

Obéissants, Mélodie et Snipe poussèrent le lit de Dark sur lequel était monté Ébène.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? s'inquiéta Mélodie.

– C'est Lucie, on ne sait pas pourquoi, mais elle ne répond plus ! Que ce soit ici ou avec sa bague, nous n'arrivons pas à la contacter ! Je n'ai rien trouvé médicalement pour l'instant, mais je vais pousser mes analyses !

– Est-ce déjà arrivé ? demanda Dark.

– La seule fois où quelque chose de similaire à eu lieu, c'était quand on était à Triliana, mais les circonstances sont différentes ici ! On dirait que quelque chose sépare sa conscience de la réalité !

Ils entrèrent dans la vigie, la chambre de Lucie, et virent que Jaws s'y trouvait déjà, inquiet.

– Un instant, elle était normal, puis celui d'après, elle s'est figée, elle était sans vie ! On a cavalé jusqu'ici aussi vite qu'on l'a pu avec Cap !

Dark tenta de se redresser et fixa le visage endormi de Lucie. Il pouvait y déceler quelque chose qui n'avait pas sa place ici.

– Je crois qu'il y a un mur dans son esprit... grogna Dark en contenant à peine sa rage. Je sens une puissance ténébreuse en elle...

– Tu penses que c'est un coup de celui qui t'a envoyé un message hier ? Ce Corvus ?

– Si c'est le cas, il vient de signer son arrêt de mort ! Tuer un elfe sous mes yeux est une chose, s'en prendre à mes proches en est une autre !

– Dans ce cas, je vais vite finir de te soigner avant de m'occuper d'elle. Si ce que tu dis est vrai, le meilleur moyen de la sauver serait que tu obliges cet enfoiré de nous la rendre.

– Bordel, mais qu'est ce qu'il te veux ce type, Dark ?

– J'aimerai le savoir...

Cap se rua dans la vigie, à bout de souffle.

– Alerte, Zac essaye encore de sortir ! Athé le retient, mais il faut que quelqu'un le calme !

Il réalisa que Sophie n'était pas seule et fixa Dark sur son lit.

– Mais qu'est ce...

– Lumbago ! mentit Dark pour accélérer les choses. Pourquoi faut-il empêcher Zac de sortir ?

– Parce qu'il veut faire la peau à l'assassin de sa femme qui est aujourd'hui un général de l'armée de Kraïn !

En poussant un cri de frustration, Mélodie sortit, suivie de Cap.

– Je vais aller le voir, pendant ce temps, Sophie, fait ce que tu peux pour Dark ! Si vous voyez quatre clampins à cheval arriver, dites leur de patienter, car une fin du monde par jour, ça suffit !

***

– Bordel, Athé, lâche-moi ! Je vais juste aller faire un tour pour me calmer !

– Avec la moitié de l'armurerie dans ton sac ? demanda Théo.

– Qui sait, j'aurais peut-être envie de déclencher un guerre !

Dans un des couloirs, Athé tenait Zac dans ses bras, le soulevant au dessus du sol. Théo et Lisa tentaient de le calmer en vain et reculèrent dès qu'il virent Mélodie arriver, furieuse.

– Athé, repose-le, et toi, Zac, tu la boucles et tu écoutes !

Ils se turent tous et obéirent. Même Zac cessa de se débattre et dévisagea son capitaine avec attention.

– Zac, je comprend que tu n'as pas envie de m'écouter, mais ce n'est pas le moment ! Nous n'avons pas pu rencontrer Blaze, et si tu t'attaques à l'armée de Kraïn, nous ne le ferons peut-être jamais ! L'avenir du monde est en jeu, soldat, alors tu vas me faire le plaisir de rentrer dans le rang !

Zac resta silencieux un instat avand de se mettre à marcher vers la porte menant à l'extérieur.

– Désolé, capitaine, tout ce que vous me dites est sensé, mais je refuse de le laisser vivre un instant de plus !

– Alors ça y est, Zac est enfin devenu totalement inutile ?

La main sur la poignée, Zac s'arrêta et fixa l'autre bout du couloir. Snipe et Jaws poussaient le lit de Dark alors que Sophie courrait après eux en jurant tout bas, une poupée à la main. Dark s'accrochait au bout de son lit, le visage défiguré par la douleur que lui causait cet effort.

– J'ai toujours détesté les militaires, sais-tu pourquoi ? Ils obéissent à tous les ordres sans broncher, même les plus stupides ! Au bout d'un moment, ils ne peuvent rien faire sans qu'on ne le leur dise, et ils cessent de penser par eux même ! Et quand un soldat refuse soudainement d'écouter ce qu'on lui dit, tu peux être sûr qu'il va enchaîner les idées stupides sans s'arrêter !

– Un petit con dans ton genre qui n'en fait qu'à sa tête n'a pas à me faire la morale! hurla Zac en pointant un doigt vers Dark. La discipline est parfois nécessaire pour encadrer les types comme toi qui provoqueraient la fin du monde juste pour voir à quoi ça ressemble !

Zac ouvrit la porte, mais Dark la referma en plaquant sa main sur elle.

– C'est drôle, car je suis le seul entre nous deux qui pense à l'avenir du monde ici ! Tu te crois héroïque ? Tu penses que tu as quelque chose à prouver ? Sophie m'a tout raconté et je te trouve pitoyable ! Il suffit que quelqu'un te provoque pour que tu craques après avoir tenu le coup pendant cinq ans ? J'ai vu des millions de personnes dans ton genre à cause de mes pouvoirs, et toi, tu fais parti de ceux qui ont fait le choix de tout détruire juste pour protéger leur petite fierté !

– Ça suffit Dark, arrê...

Athéna coupa la parole à Mélodie en tendant son bras devant elle.

– Tu crois que ton savoir t'as rendu sage ? ragea le soldat. Tu es le type le plus inconscient que j'ai jamais rencontré ! Tu as vu toutes les erreurs commises par l'homme, et on dirait que tu n'as rien appris !

– Parce que tu crois...

Dark hurla de douleur alors que Sophie força sa dernière vertèbre en place. Retrouvant l'usage de ses jambes, il se redressa contre les recommandations de son médecin et se mit debout, tremblant de tous ses membres en s'appuyant sur son lit.

– Mais qu'est ce qui t'arrive ? éructa Zac.

– Je suis allergique à la stupidité, et tu as atteint un tel niveau que j'en ai mal ! Si tous tes compagnons d'arme à l'époque étaient comme toi, je comprend mieux comment quelqu'un comme Kraïn a pu vous battre aussi facilement ! En fait, ils devaient être pire si c'est toi qui a survécu !

Dark vola sur deux mètres, retombant violemment au sol. Sur le lit, Ébène cria en sautant vers son maître. Horrifiés les autres fixèrent Zac qui avait encore le bras tendu. Sa respiration était lourde et son regard vide. Il regarda le corps étendu de Dark, puis son poing. Depuis qu'il avait perdu sa femme et trouvé une nouvelle famille ici, dans ce vaisseau, il s'était juré que sa force ne servirait plus qu'à protéger les siens. Et pourtant, non seulement avait il frappé un de ses camarades, mais c'était alors qu'il voulait l'empêcher de mettre les autres en danger. Il baissa son bras, cherchant ses mots.

– Dark, je...

Il fut interrompu par des ricanements. Dark se redressa péniblement, un sourire moqueur sur son visage, et un regard soulagé.

– Décidément, rien de bon n'arrive quand on inverse nos rôles...

Il se releva tout en titubant. Il essuya le sang qui coulait de sa bouche avec sa manche.

– Ici, c'est moi qui propose des plans sans queue ni tête et qui agit de manière inconsidérée. Toi, tu es le pilier sur lequel on se repose. Quand on commence à partir de travers, on peut compter sur toi pour nous secouer. Dans deux minutes, je vais jurer ne l'avoir jamais dit, mais ta droiture m'inspire le respect. Quand j'élabore mes plans, je t'imagine en train de me crier dessus quand j'envisage une alternative qui nuit à l'équipage, et je ne suis satisfait que quand tu quittes enfin mes pensées.

Dark s'approcha de Zac, et frappa doucement son torse de son poing.

– Alors rend nous tous un grand service en arrêtant d'agir comme moi, car j'ai l'esprit trop tordu pour essayer de t'imiter... Surtout que tu n'es pas doué...

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