Chapitre 2 : Chaleur intense (Partie 2)
Alors que le membre de l'AVH était sur le point de ramasser le dragon, il vit quelque chose de noir défiler devant lui, si rapide qu'il n'avait vu que de l'obscurité l'espace d'un instant. Le dragon avait disparu et le soldat avait un verre plein dans la main. Le patron baissa les yeux pour voir deux autres verres qu'il n'avait pas rempli et assez d'argent pour en payer trois. Mélodie fixait avec horreur Dark qui était assis en face d'elle, tenant à présent Ébène dans ses bras et il lui enleva son verre. Elle avait bien failli ne pas le voir bouger. Un rôt alcoolisé raisonna dans le bar.
– Vilain chien ! Je t'avais pourtant bien dit de rester tranquille ! Excusez-le, il ne sait pas se tenir !
– Mais c'est... bafouilla un des hommes en blanc qui n'en revenait pas.
– Ah, ça ? N'y faites pas attention ! C'est une blague d'un de mes amis, il redeviendra normal dans quelques jours ! Désolé pour le malentendu, je vous paye un verre chacun pour me faire pardonner !
Le premier chevalier s'avança vers lui et lui vida son verre sur la tête. Les deux autres ricanèrent alors que le reste de l'assemblée restait silencieuse. Dark ne bougea pas d'un cheveux pendant quelques secondes alors qu'Ébène lui léchait le visage. Dark se tourna ensuite vers le membre de l'AVH, leva les yeux et lui parla avec un sourire gêné.
– Désolé, j'aurais dû vous demander si vous aimiez la bière.
Le soldat se pencha lentement pour mettre son visage au niveau que celui de Dark.
– Tout d'abord, je ne me ruinerai pas l'estomac avec cette horreur, même si je mourrai de soif. Ensuite, tous les membres de l'élite sont tenus de connaître tous les sorts qui existent, et aucun ne permet de changer quelque chose en un dragon.
– Le monde est vaste, et le savoir est une quête sans fin, philosopha Dark.
– De toute façon, même si ce que tu disais était vrai, je ne pourrais pas partir d'ici sans ton animal de compagnie. S'il est vraiment victime d'un sort, nous pourrions l'analyser tant qu'il reste encore un peu de magie résiduelle en lui. Dans le cas contraire,...
Il tendit sa main vers Ébène qui siffla comme le ferait un félin tout en reculant. Dark attrapa violemment son bras et le fixa d'un regard dont la noirceur n'était pas seulement figurative.
– Lâche l'affaire et disparais si tu tiens à la vie, humain... le prévint le Roi des Ténèbres.
Les deux autres soldats sortirent leurs armes et la main de Mélodie glissa vers sa rapière. Elle n'aimait pas Ébène et elle adorerait le voir partir, mais elle ne pouvait en aucun cas laisser un dragon devenir le nouveau jouet de l'AVH. En voyant son regard, les autres membres de l'équipage se préparèrent au combat.
Le silence régna un instant avant que le premier soldat n'articule sa réponse.
– Que viens tu de dire, sale petit...
Une main gantée se posa sur son épaule et le tira en arrière. Le colosse de la table au bord de l'établissement s'était comme téléporté. Ses camarades de boisson n'avaient pas bougé, ne semblant pas s'intéresser à ce qui se passait. Puis, le titan prit la parole. Il semblait utiliser un dispositif similaire à celui des soldats, mais sa voix raisonnait comme si elle venait d'un endroit sombre et profond, avec une légère touche de jovialité.
– Holà, l'ami, ne nous fâchons pas ! Pourquoi ne pas profiter calmement de la soirée avant que nous ne le regrettions tous !
– Qui es tu ? explosa le soldat en se dégageant avant de pointer son épée laser sur l'inconnu.
– Qui je suis n'a pas d'importance. Ce qui en a, en revanche, ce sont les conséquences de ton acte.
– Quoi ? Qu'est ce que tu baragouines encore, espèce de...
Il fut coupé par un long bruit crispant. C'était celui d'une lame que l'on rangeait lentement dans son fourreau. Les trois soldats fixèrent avec stupéfaction un des voisins de tablée du géant qui s'était lui aussi déplacé à une vitesse surhumaine. Il était asiatique, et portait les vêtements traditionnels de l'ancien Japon. L'arme qu'il rangeait était un sabre. Il avait été si rapide que le provocateur en avait même oublié de ressentir la douleur. Quand il le fit enfin, il tomba à genoux en gémissant tout en tenant son membre sectionné.
– J'aurais très bien pu m'en sortir seul, Kirito... souffla le colosse.
– Oui, mais ça aurait encore fini en bain de sang, chef...
– Parce que tu trouves ça propre, peut-être ?
– Avez-vous la moindre idée de ce que vous venez de faire ? hurla un des soldats en fixant son camarade blessé. Vous allez...
Un rayon lui traversa alors le crâne et il s'écroula. Plusieurs petites sondes volaient au dessus d'un gamin vêtu d'une large blouse blanche qui pianotait sur une console portable tout en mangeant une sucette. Il était assis, les pieds posés sur la table du géant.
– Vous n'en moquez pas une, chef... marmonna-t-il sans se retourner. Dire qu'on aurait pu sortir d'ici sans commettre de massacre si vous vous étiez tenu tranquille pour une fois...
– Désolé de ne pas être un employeur facile à vivre, Jeff...
Le dernier soldat encore debout détala, réalisant qu'il n'était pas de taille. Il trébucha dans sa course, son pied ayant été agrippé par une main sortie du sol. Alors qu'il se relevait, il fut surpris de se trouver tout d'un coup dans le bar. Il baissa les yeux et ne vit qu'une table, son corps étant encore dehors. Devant lui se trouvait une belle jeune femme qui lui lançait un large sourire.
– Salut mon grand, moi, c'est Adèle, et ma spécialité, c'est créer des portes dimensionnelles. C'est grâce à ça que j'ai pu te ramener ici sans emporter ce qui est superflu.
Une étrange lueur se dégageait du cou de la tête posée sur la table, prouvant qu'il y avait bien une astuce magique à ce tour.
– Je connais cette magie, je l'ai déjà vue à l'œuvre !
– Ah oui ? s'étonna le titan. Savais-tu qu'elle peut refermer une porte même si quelqu'un ou quelque chose est encore dedans ?
La lueur disparut et du sang commença à couler sur la table.
– Je crois qu'il le sait, maintenant... ricana Adèle.
Le seul survivant fixa le géant avec terreur, ne sachant pas quoi dire.
– Mais enfin, qui êtes-vous pour défier l'Alliance ?
Le titan sorti un bras de ses vêtement. Il portait une épaisse armure noire et un collier avait été enroulé autour de son poignet. Sur celui ci se trouvait un épouvantail en argent. Ses camarades se levèrent et la lumière du crépuscule étincela sur leurs bijoux qui étaient identiques à celui de leur chef.
– Nous ? Nous ne sommes que les membres d'un groupe de rebelles qui lutte contre l'Alliance depuis quelques années déjà. Certains nous traitent de criminels, d'autres de héros, mais tout le monde nous connaît comme étant les Scarecrows.
Ce nom n'était inconnu de personne, surtout pas de Dark qui savait que le meneur de ce large groupe était un homme que les ténèbres avaient recraché huit ans auparavant. Il ignorait quel était son véritable nom, mais il savait que son corps était si instable qu'il ne pouvait pas survivre hors de son armure qui contenait son existence entière, l'empêchant de se désagréger. Il couvrait son corps de haillons pour masquer son apparence, et il répondait au nom de...
– Nightmare... souffla Mélodie qui l'avait elle aussi identifié.
– C'est impossible ! hurla le dernier chevalier en rampant pour s'échapper. Qu'est ce que le chef des Scarecrows ferait ici ?
Nightmare le souleva, lui serrant la gorge, et il semblait méditer sur une réponse à fournir. Il tourna sa tête vers Dark qui vit son casque dans l'obscurité. Deux larges yeux rouges le fixaient calmement.
– Disons que je suis venu ici pour investir dans l'avenir.
Il serra son poing, puis relâcha la dépouille sans vie du soldat. Il marcha vers Dark et s'arrêta devant lui, le fixant en silence avant de faire raisonner sa voix.
– Ton nom, jeune homme tourmenté par son propre pouvoir.
Pour la première fois de sa vie, Dark était pétrifié par la peur. Quand il voyait Nightmare le fixer comme il le faisait, il avait l'impression qu'il lisait en lui, qu'il connaissait tous ses secrets, même ceux qu'il était le seul à connaître et qu'il ne voulait pas partager de peur de tout perdre. Nightmare connaissait Dark par cœur, sachant déjà son nom, ne le demandant que par politesse, et cela, Dark le savait, ne comprenant pas comment.
Dark retrouva ses esprits, et répondit d'une voix tremblante.
– Dark... Dark Raven...
Nightmare se pencha et le regarda droit dans les yeux.
– Dark Raven, sache qu'à Monali, tu rencontreras un homme qui s'est juré de tout te prendre, et tu ne pourras le vaincre que si tu te connais toi même aussi bien qu'il le fait. Vous êtes destinés à vous affronter encore et encore jusqu'au jour du dernier combat pour l'avenir de ce monde, car il est celui qui essaye d'offrir à Génos le monde qu'il souhaite.
– Génos ? demanda Dark, ne sachant pas de qui il parlait.
Nightmare se redressa et fit signe à ses hommes de le suivre.
– Nous nous reverrons, Dark Raven. Tache de devenir plus fort, car ce n'est pas en étant aussi faible que tu pourras l'emporter.
Ils partirent sans demander leur reste. Le patron fixa les cadavres qui jonchaient le sol et décida qu'il ne resterait pas plus longtemps à Monali s'il désirait rester en vie.
Mélodie fixa Dark, ne l'ayant jamais vu prendre peur comme ça. Elle avait entendu beaucoup de rumeurs au sujet de Nightmare et des Scarecrows, mais il était clair qu'elle était loin de tout savoir en voyant la réaction de Dark.
– Dark... Qui est Nightmare ?
Il la regarda un instant, vida son verre, et en fit de même avec ceux des autres pour se calmer.
– Pour faire simple, si moi je suis le Roi des Ténèbres, lui, il mérite le titre de Dieu des Ténèbres...
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