Chapitre 8: Pluie battante (Partie 2)

– Enfin! Il en arrive de moins en moins, maintenant, il était temps !

Du haut du clocher, Snipe avait de moins en moins de mal à abattre ses cibles. L'avancée ennemie ayant finalement été ralentie, il pouvait à présent garder un œil sur les personnes qu'il avait déjà neutralisé. Comme il fallait éviter de tuer les Canire et les Lisoras, il se servait uniquement de balles anesthésiantes, peu efficaces sur le long terme contre des vampires et des loup-garous.

– Trois vampires sont en train de se réveiller à huit heure, distance quarante, trente-huit et quarante-sept mètres.

Écoutant l'avertissement de sa partenaire, il se retourna et les élimina avec trois tirs parfaitement exécutés.

– Finalement, ils risquent de s'ennuyer, au pied de la tour...

– Pas vraiment... Maintenant qu'il y en a plus qu'une poignée qui arrivent, je les laisse aux autres en bas, expliqua Lucie. Quarante-six pour-cent de nos ennemis sont étendus sur le sol, alors concentre toi sur eux !

– OK, je vois. Au moins, je ne suis pas le seul à profiter de la fête !

***

– Yaaaah!

Abattant son marteau de toutes ses forces, Zac écrasa cinq Ravageurs d'ébène comme s'il s'agissait de mouches.

– Et ça ose se dire mercenaires... Leur niveau n'est pas franchement terrible...

En prenant appui sur son arme, il soupira.

– Enfin, je suppose que ce n'est pas aussi facile pour les autres...

***

Au nord du clocher, les vampires ne purent s'approcher à plus de dix mètres de l'édifice. Ils avaient déjà du mal à affronter un adversaire fait d'acier qu'ils ne pouvaient pas mordre, son partenaire profitait du fait que le colosse les retenait pour les piéger un par un avec des chaînes magiques qui bloquaient leurs pouvoirs.

– Finalement, une fois ralentis, les vampires ne sont pas plus redoutables que des humains possédant des pouvoirs, constata Théo.

– Ouais, et contre nous, c'est loin d'être assez ! ricana Lisa qui tenait la tête de deux vampires frétillants dans ses mains.

***

Au sud, Jaws rencontrait plus de difficultés. Après tout, il était dur d'immobiliser des bêtes sauvages de plus de deux mètre de haut dans des prisons aqueuses sans les noyer, même pour le Roi de l'Eau. Il dût se résigner à leur laisser la tête hors de l'eau, l'obligeant de les écouter l'insulter.

– Arrêtez de vous plaindre, c'est pas comme si ça sert à quelque chose ! Vous avez beau être forts, ça ne vous sert à rien contre de l'eau qui n'a pas de consistance ! Vous n'allez pas vous en sortir en gesticulant !

***

Au même moment, dans les bâtiments abandonnés à l'est, Fléau et Zrak avançaient discrètement, à l'abri de la pluie.

– Ils sont doués, quand même ! reconnut Zrak. Utiliser la pluie comme ça, c'est pas banal !

– Ouais, mais ça nous sera utile ! Ça va ralentir nos rivaux, et nous, nous pouvons passer par ces immeubles qui sont connectés au clocher ! Placer leur tireur à son sommet pour surveiller les environs était une bonne idée, mais autant agiter un drapeau en gueulant venez nous chercher !

– Cette erreur va se retourner contre eux ! ricana Zrak.

– Qui a dis que c'était une erreur ?

Sans qu'ils n'eurent le temps de réagir, une ombre se jeta sur Zrak et ils traversèrent tous deux un mur, les amenant dehors. Fléau reprit ses esprits et parvint à bloquer l'assaut de Mélodie avec sa main de fer.

– Évidement, tu garderais un œil sur cet endroit... Je suppose que ce qui a entraîné Zrak dehors est ton arme secrète, pas vrai ?

– De nous tous, Dark est le plus apte à affronter quelqu'un qui utilise les griffes de faucheurs. Pendant ce temps là, je vais m'occuper de ton cas une bonne fois pour toute ! J'en ai assez de tomber sur toi !

– Parce que tu crois que ça me fait plaisir de rencontrer des faux mercenaires comme vous ?

Surprise, Mélodie dévisagea Fléau d'un regard interrogatif.

– Mais qu'est-ce que tu racontes encore ?

– T'as conscience que vous nous foutez tous la honte, à jouer les saintes bonniches ? Les mercenaires sont des bras armés qui utilisent leurs muscles pour se faire du fric ! Une fois sous contrat, ils doivent accomplir leur mission, même si ça devient moche ! Mais toi et ta bande ne semblez pas comprendre cette règle basique ! Non seulement il vous arrive de rompre un contrat quand les choses commencent à vous déplaire, mais en plus vous vous retournez contre vos employeurs ! Aujourd'hui, quand les gars du milieu entendent le nom de Mélodie Hawk, le Faucon Argenté, ils se rappellent que tu es notre plus grande menace ! D'accord, les personnes que vous avez aidé vous voient parfois comme des héros, mais vous nous couvrez tous de honte avec vos actes puérils de justice !

– Je préfère être puérile plutôt que de devenir une ordure dénuée de tout sentiment, Fléau ! Et je ne suis pas la seule à le penser ! Rares sont les mercenaires qui se montrent aussi cruels qu'un démon !

– Et je suis bien content d'en être un ! Grâce à ça, je suis devenu le plus redoutable des mercenaires qui ai jamais vécu ! La seule chose qui me pousse à rompre un contrat, moi, c'est l'appât d'un gain considérable !

– Comme un hybride vampire/loup-garou ?

– Je vois que tu as enfin compris pourquoi tout le monde veut devancer les autres ! D'ailleurs, ça ne te pose pas de problème d'aider un monstre ? Toi qui a ton petit code de conduite, tu n'aurais pas juste envie de le laisser se démerder ? C'est pas comme si le monde allait oublier qu'il existe juste parce que tu le protèges !

En entendant cela, Mélodie vit le visage d'un de ses compagnons dans son esprit et sut quoi répondre. Elle adressa à Fléau un sourire arrogant.

– Tu sembles utiliser une définition obsolète de ce qu'est un monstre ! Tu me parles du mot qu'utilisaient les humains par le passé pour désigner ce qui était différent, ce qui se cachait dans l'ombre. Mais aujourd'hui, tous ces êtres arpentent le monde à la vue de tous, marchant aux côtés des humains ! La plupart d'entre nous ont alors compris que ceux que nous craignons ne sont pas si différents ! Eux aussi, ils rient, ils pleurent, ils souffrent quand on leur prend un être cher ! Ils tombent amoureux, et cela les rend aussi stupides que nous !

Elle leva ensuite alors un doigt accusateur vers Fléau.

– Dans cette ère de chaos, les vrais monstres sont les êtres qui n'arrivent pas à accepter ça, ainsi que ceux qui adorent voir les autres souffrir gratuitement ! Ironiquement, ce sont ceux qui pensent comme tu le fais au fond d'eux même, et qui continuent malgré tout de se battre pour tout le monde, y comprit leurs ennemis, qui s'éloignent plus de la définition du monstre !

– Alors, d'après toi, ce Dark Raven est quelqu'un de meilleur que moi ? Malgré ce que tu l'as vu faire à mes hommes? En plus, si on suit sa logique, il devrait essayer de m'aider aussi, non ?

Mélodie baissa son bras et se mit en garde.

– Non, parce que, tout comme moi, il te voit comme une vermine qui ne peut vivre qu'en faisant du mal à tous ceux qui l'entourent ! Les parasites dans ton genre, on les élimine sans pitié !

Fléau la fixa un instant, puis éclata de rire. Son apparence commença à changer, montrant son visage démoniaque. Sa peau vira au rouge sang, tandis que ses cheveux poussèrent en devenant blancs. Sa carrure se fit plus imposante, dominant Mel de toute sa stature. Il claqua des doigts et une hache à deux mains adaptée à sa taille se matérialisa.

– Merci pour ces compliments, humaine ! Ça prouve que je fait mon travail de démon correctement ! Pour te montrer ma gratitude, je ne vais pas te faire de cadeaux !

– Tu as intérêt si tu veux que ce combat en vaille la peine !

***

Pendant que Mélodie et Fléau discutaient, Dark et Zrak se relevaient sous la pluie battante dehors.

– Si tu penses que cette pluie va te sauver, tu te trompes lourdement. Je te rappelle que toi aussi...

Zrak se tut en réalisant que la pluie, bien qu'elle lui tombait dessus, semblait éviter Dark. C'était comme si un champ de force s'était formé au dessus de lui.

– Désolé, mais contrairement à toi, je m'y connais en magie élémentaire. Avec ça, pas besoin de parapluie pour marcher dehors quand il ne fait pas beau...

Zrak baissa les yeux et réalisa que l'eau qui ruisselait sur le sol ne lui poserait pas de problème non plus étant donné qu'il lévitait quelques centimètres au dessus de ce dernier.

– Même si tu es parvenu à me ralentir, ne pense pas pouvoir m'avoir comme la dernière fois ! Je possède les griffes des faucheurs ! Une seule égratignure, et c'est toi qui mordra la poussière !

– Et si je ne t'approche pas ?

Dark jeta une sphère obscure sur son adversaire qui la trancha sans mal.

– N'oublie pas que je peux tout tuer, même ce qui n'a pas de vie !

– Seulement si tu peux les toucher avec tes griffes !

De l'électricité crépita autour de la main de Dark et Zrak commença à sourire, pensant qu'il allait persévérer dans son erreur. Il cessa quand il vit Dark baisser sa main vers le sol humide. Il planta ses griffes dans le sol à temps pour détruire le courant électrique avant qu'il ne le touche. Sous ses pieds, le sol se changea en poussière, le faisant perdre son équilibre. Dark profita de l'ouverture pour se jeter sur lui, une large épée noire en main. Zrak la brisa de sa main libre et ils échangèrent une série de coups, le Roi des ténèbres créant des armes obscures de manière répétée pour contrer les attaques de l'écorcheur. Dark esquiva de justesse une attaque de Zrak et recula pour mettre le plus de distance possible entre eux.

– Je reconnais bien là les écorcheurs: même ralentis, votre vitesse et vos réflexes sont foudroyants !

– C'est vrai, mais normalement, personne n'affronte un écorcheur qu'il a humilié ! Pour nous, nos griffes sont notre fierté, elle a plus de valeur que notre vie ! Tu es la première personne à avoir détruit les griffes d'un écorcheur et l'épargner ! Les gens évitent de faire cette erreur, car nous n'abandonnons pas tant que celui qui nous a offensé est mort !

– Pourquoi faut-il que la plupart des personnes que je provoque se révèlent être des psychopathes ? soupira Dark.


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