Chapitre 7: Perdu en pleine mer (Partie 1)

Une fois de plus au cours de sa longue existence, Millia fut reconnaissante du fait que les vampires n'avaient pas besoin de sommeil. Autrement, l'envoyé du maire qui s'était présenté chez elle à quatre heures du matin aurait mit en colère une cinquantaine de vampires déjà sur les nerfs. Sachant que le maire ne la dérangerait pas sans avoir une excellente raison, elle accepta de se rendre à l'hôtel de ville affin d'y discuter un sujet de première importance.

Escortée par cinq de ses plus loyaux serviteurs, elle se dirigea à grande vitesse vers l'hôtel de ville. D'ordinaire, elle se servirait d'une limousine pour faire le trajet, mais non seulement elle pouvait se déplacer plus vite que n'importe quel véhicule, elle préférait éviter d'attirer l'attention car c'était de nuit que ses hommes avaient tendance à mourir.

À cinq cent mètres de sa destination, elle sentit une présence qui lui donnait la nausée à chaque fois qu'elle la ressentait. Sachant qui l'attendait, elle pressa l'allure afin de tomber nez à nez avec un colosse et ses chiens de garde qui n'étaient pas ravis de la voir.

– Je ne m'attendais pas à tomber sur toi ici, Reys...

– Pareil, vieille chouette !

Tandis que les meneurs se dévisageaient, leurs sous fifres laissèrent parler leurs instincts et tentèrent d'intimider la concurrence. La scène dura quelques secondes avant que Millia ne brise le silence.

– Laisse moi deviner, le maire t'as convoqué aussi, pas vrai ?

– Ouais ! Et il devrait avoir honte de demander à une petite vieille de se pointer comme ça en pleine nuit !

– La petite vieille peut toujours dresser un cabot dans ton genre...

Les sbires cessèrent d'impressionner leurs rivaux et fixèrent deux maîtres dans l'art de l'intimidation. Nul besoin de grogner ou de montrer les crocs quand on peut tout aussi facilement massacrer une vingtaine d'hommes sans qu'ils ne s'en rendent compte. Puis, la tension redescendit.

– Dis-moi, demanda Reys, au cours de ce dernier siècle, le maire de Triliana n'a jamais convoqué les meneurs de nos deux familles en même temps, non ?

– Je doute que ce soit déjà arrivé, peu importe le lieu ou l'époque... Nous vivons dans une époque bien étrange et troublée...

Ils commencèrent à marcher dans le calme alors que leurs hommes restaient tranquilles.

– Et ça ne s'est pas arrangé depuis quelques jours ! Je suis sûr que cet équipage y est pour quelque chose !

– À mon avis, le maire désire nous parler de l'évasion des Ravageurs d'ébène. Comme ils se sont enfuis avec l'aide de Fléau, il n'est pas imprudent de penser qu'ils se sont alliés...

– Si seulement ces sales gamins l'avaient éliminé, ça nous aurait fait un problème en moins...

– C'est pour ça qu'ils l'ont laissé s'échapper. Plus nous aurons d'ennemis à affronter, moins nous pourrons nous concentrer sur leur équipage...

– Ils doivent croire qu'augmenter le nombre de leurs adversaires les aidera, mais c'est une stratégie très risquée ! Ils risquent de se faire attaquer par tout le monde en même temps !

– Certes, mais ils savent quand cet assaut simultané aura lieux. Ils considèrent être les seuls capables de les retrouver, et je ne pense pas qu'ils mentent. Nous ne pourrons sûrement pas les forcer à nous dire où ils sont, alors le seul moment où nous serons capables d'agir...

– ... c'est quand ils auront mit la main sur eux !

– En effet. Nous ferions mieux de les garder à l'œil. Une fois que nous aurons écrasé tous nos obstacles, la victoire reviendra à la famille qui sera encore en état de se battre à la fin. En attendant...

Ils s'immobilisèrent devant l'hôtel de ville et dévisagèrent l'elfe qui les attendait à l'entrée.

– Monsieur le maire, dit alors Millia poliment, vous n'aviez pas besoin de nous attendre dehors en pleine nuit.

– Croyez moi, j'aurai préféré rester à l'intérieur...

Les loup-garous et les vampires affinèrent leurs sens et se rendirent compte que le bâtiment était vide, tous ses occupants se trouvant à l'extérieur. Tous, sauf un. Seuls les deux chefs ne reculèrent pas de peur.

– Il a privatisé l'hôtel de ville ou quoi ?

– Je suppose que ce n'est pas vous qui nous a convoqué, monsieur le maire ?

Le pauvre homme fixa ses pieds, transpirant abondamment. Ce genre de moment lui faisait regretter d'avoir accepté sa position.

– Non, jamais je n'aurais osé vous déranger en pleine nuit ainsi... C'est ce que je lui ai dit, mais il a... insisté...

Sans attendre le reste des explications, Millia et Reys pénétrèrent dans l'édifice.

– Restez dehors...

– ... et ne vous entre tuez pas !

Guidés par leurs sens, ils se dirigèrent vers le bureau du maire dont ils ouvrirent la porte avec violence. Face à eux se trouvait Dark Raven, assis sur un fauteuil, les jambes croisés, un verre à la main.

– Je vous attendais...

Deux autres fauteuils se matérialisèrent devant lui et il invita les nouveaux venus à s'asseoir. Sachant que se battre dans l'immédiat n'était dans l'intérêt de personne ici, ils s'assirent en surveillant Dark d'un œil mauvais.

– Savez vous ce qui est arrivé à la dernière personne qui a pris les Lisoras pour ses larbins ? demanda Millia en tapotant l'accoudoir de son fauteuil avec irritation.

– Je le sais, et je me dois de vous prévenir que je ne serais pas aussi facile à écarteler, entre autres...

– Bon, on va se regarder dans le blanc des yeux longtemps, ou tu vas nous dire pourquoi tu nous as fait venir ici ?

Dark fixa son verre avec intérêt quelques instants, puis sembla se rappeler qu'il n'était pas seul, ce qui les énerva encore plus.

– J'ai fait plusieurs découvertes au cours de ces dernières heures et je pense que vous méritez de les entendre. Tout d'abord, je sais qui s'est mit à vous traquer, vous autres vampires et loup-garous.

En se retenant de lui sauter à la gorge, ils l'écoutèrent, apprenant la véritable identité de certains de leurs ennemis.

– Donc, les types qui ont massacré nos gars viennent d'un autre monde et ils veulent envahir le notre ? Ils comptent se servir de ce que nous recherchons pour le faire?

– Il est vrai qu'ils pourraient s'en servir, avec les bons moyens, mais ça leur prendra quelques années...

– De quoi cela s'agit il, exactement ? J'ai beau chercher dans ma mémoire, je n'arrive pas à déterminer de quoi il s'agit ! Vous n'avez pas la moindre idée du nombre de choses qui peuvent donner ce résultat si utilisé correctement !

Les interlocuteurs de Dark échangèrent un regard, puis se mirent d'accord pour le mettre sur la voie. En faisant cela, leur visages étaient graves.

– Monsieur Raven, avez-vous déjà entendu parlé du docteur Sras ? Il s'agit d'un médecin de la ville et il est capable de soigner nos semblables des problèmes de santé qu'ils peuvent connaître.

– La veille de votre venue, à toi et tes potes, nous étions sur le point de lui poser quelques questions, car nous avions appris qu'il aidait nos enfants. Il leur fournissait surtout un certain médicament. Malheureusement, nos hommes se sont fait tués avant de l'attraper et le docteur à ensuite disparu.

– Sûrement un coup des séveriens... marmonna Dark. De quel médicament s'agit il ?

– J'ai du mal à me souvenir de son nom scientifique, mais je me rappelle comment tout le monde le surnomme...

– Et ? demanda impatiemment Dark.

– Il s'agit de l'essence de vitalité funeste.

Dark écarquilla les yeux, comprenant ce qui se passait réellement. Il n'avait pas envisagé cette éventualité, car un tel cas de figure ne s'était jamais présenté jusqu'à aujourd'hui. Cependant, cela expliquait tout. Pourquoi les Lisoras et les Canire voulaient à tout prix se l'approprier, l'intérêt que Fléau lui portait, et comment les séveriens pouvaient s'en servir comme arme. Peu importe qui mettrait la main dessus, les conséquences seraient pires que ce à quoi s'était attendu Dark.

– Ah... parvint-il finalement à dire.

– Tu comprends maintenant...

– ... pourquoi vous avez autant besoin de l'obtenir ? Croyez moi, je saisis complètement la situation... Et vous comprenez aussi pourquoi je n'ai pas intérêt à vous laisser mettre la main dessus...

– Nous le savons, mais cela ne nous empêchera pas de le récupérer.

– Retour à la case départ, alors... soupira Dark. Vu que nous sommes définitivement ennemis, je vous laisserai une dernière information avant de partir.

– Tu n'as pas plutôt intérêt de garder cet atout pour toi, gamin ?

– Non, car Fléau a passé un marché un marché avec les Ravageurs d'ébène, et il s'est servi des griffes des faucheurs pour les convaincre.

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