Chapitre 2: Rencontres en eau trouble (Partie 1)

Pendant ce temps, quelques rues plus loin, une femme titubait, encouragée par une sorte de fantôme ressemblant à une petite fille. Un peu plus tôt, Dark avait ressenti quelque chose et était parti comme une flèche, suivi par les autres membres du groupe, ne s'étant pas rendus compte qu'elle n'arrivait pas à suivre.

– Je les... retiens... ces saletés... de lâcheurs... parvint elle à cracher à bout de souffle.

– Je crois que tu devrais faire plus de sport, tu es loin d'être au niveau par rapport aux autres ! fit remarquer Lucie.

– Ça te va bien... de dire ça, tu... n'as pas à te... fatiguer pour suivre le... rythme....

– C'est vrai, mais la prochaine fois, je préférerai que ce soit quelqu'un d'autre qui prenne ma bague...

– C'est sûr... qu'à coté de monstres... comme Dark ou Athé, je ne... fais pas le poids physiquement... Par contre, Théo aurait pu... penser à moi, vu qu'il s'est... téléporté sur place...

– Hé bien, qui voilà donc ? Si ce n'est pas cette bonne vieille Sophie ?

Reconnaissant instantanément cette voix, Sophie se retourna, fourrant une  main dans son sac pour attraper une poupée. Elle fut cependant prise de vitesse et on l'empêcha de s'armer. Elle était entourée d'une demi douzaine d'individus, hommes et femmes. Lucie regarda la scène, complètement impuissante

– Ne paniques pas, c'est juste nous ! Tu ne nous as pas oubliés, au moins ?

– Non, et je me souviens même de la discussion qu'on eut nos chefs respectifs la dernière fois qu'on s'est vu, il y a deux ans ! grinça Sophie sans cacher son animosité.

– Roh, allez ! Tu vas quand même pas faire une fixation sur le passé !

– Ce jour là, vous aviez dis que vous vous vengeriez si vous nous recroisiez ! cria Sophie en essayant de se dégager, en vain.

– C'est vrai, dit l'un d'entre eux avec un sourire cruel, mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas s'amuser, aussi !

***

Au port, la panique était encore présente. Les blessés étaient nombreux, et l'inquiétude était dans le cœur de tout le monde. Cependant, à bord de la flotte de Jaws, c'était un autre problème qui inquiétait les pirates.

Finalement de retour, le capitaine n'avait pas expliqué ce qui s'était passé,se contentant de dire que le monde était enfin redevenu un endroit intéressant. Ses hommes savaient que cette explication n'était  pas suffisante, mais ils s'accordaient sur un point: cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas sourit comme il le faisait maintenant.

***

Après que l'équipage de l'Aube Argentée eut remis aux autorités les Ravageurs d'ébène (qui étaient plus ou moins entiers), Cap fut envoyé en reconnaissance en ville pour retrouver leurs compagnons disparus. Sophie ne répondait pas au communicateur, mais ce n'était pas le plus inquiétant ici. Où qu'elle soit, Lucie devrait toujours être liée au vaisseau, et donc devrait pouvoir utiliser ses systèmes de communication comme bon lui semblait. Cependant, le fait qu'elle était elle aussi silencieuse n'était en rien un bon présage. Dark avait une théorie à ce sujet.

– Vous savez bien que près de la moitié des habitants ne sont pas humain, et ce ne sont pas des nains ou des elfes.  Ils dégagent une forte énergie négative, et ça doit perturber Lucie. Elle ne doit pouvoir utiliser son radar que sur une portée limitée, et ne peut plus se connecter au vaisseau à cause de ça.

– Tout ça me dit rien qui vaille... soupira Mélodie. Je voudrais bien aller les chercher, mais on ne peut pas pour le moment...

En effet, si Cap fut le seul à être parti retrouver Sophie et Lucie, ce fut parce que le reste des troupes judiciaires était venues accompagnées de quelques serviteurs des Canire. Ils avaient un message de la part de leur chef, et l'équipage était invité à le rencontrer. Même si le sort de leurs compagnons les inquiétait beaucoup, ils savaient qu'ils s'en mordraient les doigts s'ils déclinaient une invitation des Canire.

Laissant donc Cap se charger seul de localiser les disparues, le reste du groupe fut conduit à un imposant bâtiment de bois qui sentait étrangement le chien mouillé.

– Nous n'apprécions pas beaucoup les bâtiments qui ne sont pas en bois, expliqua une jeune femme brune qui leur servait de guide. Nous préférons rester le plus proche possible de la nature...

– Un peu comme les elfes, grommela Zac en sachant que leurs hôtes n'avaient presque aucun rapport avec les êtres sylvains.

– Si vous voulez, répondit-elle doucement en laissant transparaître son irritation. D'ailleurs, je suis ravie de voir que vous n'avez pas utilisé ce mot qui trotte dans vos têtes depuis un moment déjà, alors je vous conseille de continuer de le faire...

– Tout le monde sait que les Canire et les Lisoras ont tué plus d'une personne parce qu'ils auraient dis quelque chose qu'ils ne désiraient pas entendre... expliqua Mélodie. J'imagine que, même chez eux, les trilianiens ne se servent pas de ces deux mots.

– En effet, maître Reys trouve que cela aide à  calmer les esprits si les autres habitants n'utilisent pas ce terme discriminatoire...

– Non, ils en utilisent d'autres... murmura tout bas Dark.

Il eut le droit à un regard froid semblable à celui d'un prédateur prêt à bondir sur sa proie. Cependant, leur guide ne commenta pas cette déclaration. Elle laisserait à son maître le soin de le faire.

Elle ouvrit une imposante porte et le groupe entra dans une large pièce. La salle était bondée de monde, mais ils firent place pour permettre à l'équipage d'en rejoindre le fond où se trouvait un colosse. Il semblait avoir la quarantaine et avait de longs cheveux bruns ainsi qu'une épaisse barbe. Il dominait la salle de sa stature, créant ainsi une atmosphère oppressante.

L'équipage se resserra sur lui même, se sentant en infériorité numérique ici. Les autres occupants de la salle n'étaient pas pour autant rassurés, et ne quittaient pas des yeux Rust, qui était aussi imposant que l'homme assis devant l'équipage, ainsi que Dark qui semblait trop confiant pour quelqu'un dans sa situation.

Puis,le géant prit la parole.

– Je vous souhaite la bienvenue dans mon humble demeure. Mon nom est Reys, et je voulais vous féliciter pour avoir arrêté ces criminels ! Vous les avez traqués plus vite que nous, alors que c'est notre spécialité !

Sans avoir à se retourner, Dark savait que cet avis n'était pas partagé par tout le monde. Il ne prêta cependant pas attention à cela pour le moment.

– Et nous sommes honorés d'avoir étés invités ici, dit-il. Cependant, nous préférerions si cette entrevue pouvait se finir dans les plus brefs délais, car nous devons nous charger d'une affaire importante.

– Quelle insolence ! aboya un Canire. Nous vous invitons chez nous, et vous nous dites clairement ne pas vouloir rester ?Savez vous à qui vous parlez ?

Dark fixa le jeune homme qui venait de prendre la parole. Il était brun,beau, et musclé. Dark réalisa qu'il était lui aussi un membre important de la famille Canire, car les autres avaient autant peur de lui que de Reys.

– Veuillez excuser mon fils... soupira Reys. Il est plutôt abrupt dans ses paroles, et il manque cruellement de patience. Quand à toi, Fenris, je te demande de te tenir tranquille !

– Fenris... marmonna Théo en reconnaissant le nom.

– Oui, Fenris... marmonna l'intéressé. Mon père à un étrange sens de l'humour...

– En tout cas, je ne voulais pas vous manquer de respect,coupa Dark. C'est juste que deux des nôtres sont portées disparues et nous sommes inquiets pour elles.

Fenris se déplaça et fit face à Dark, le fixant de ses yeux perçants. Il arborait un sourire arrogant.

– Vous pensez pouvoir les retrouver ? La ville est plus grande qu'il n'y parait, et il y a beaucoup d'habitants. Il ne vous sera pas facile de les retrouver si la foule vous bouche la vue...

Ce commentaire gagna quelques ricanements de la part de l'audience derrière l'équipage. Le fait que Fenris était de loin plus grand que Dark était visiblement une source de divertissement pour les Canire.

Les compagnons de Dark, cependant, ne restaient pas de marbre parce qu'ils étaient intimidés, mais parce qu'ils avaient peur de la réaction de leur ami. Plus d'une fois, il avait réagi de façon violente quand on l'attaquait sur sa taille, et ils savaient qu'aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle.

Sous le regard horrifié de Mélodie, Dark adressa un large sourire  à Fenris.

–C'est vrai, et ça nous faciliterait la tache si les loups-garous et les vampires ne traînaient pas dans nos pattes !

La troupe de l'Aube Argentée sentit la tension grimper en flèche à ces mots.

–Oh pardon ! s'excusa faussement Dark. C'est vrai que vous n'aimez pas ce mot ! Que préférez vous ? Chien-chien ? Toutou ? Ou tout simplement clébard ?

Le sourire de Fenris se volatilisa et son regard se fit plus dur. Dark le lui rendit, bien décidé à ne pas se laisser intimider. Ses compagnons, en revanche, n'avaient pas son audace en ce moment. D'un regard, les mercenaires pouvaient voir des crocs et des griffes apparaître et ils entendaient des grognements.

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