Chapitre 9: Dark Raven (Partie 1)
– Cible en vue, chef ! Nous allons pouvoir passer à l'attaque !
À bord du vaisseau des Berserks des plaines, la bande commençait à s'impatienter, n'en pouvant plus d'attendre de se venger pour ce qui leur était arrivé.
– Pas de quartier, les gars ! hurla Krass en empoignant sa hache. Tuez tout le monde sauf le type en noir ! Celui là, je me le garde ! Quand au village, voyons ça comme un beau petit bonus ! Nos caisses réclament d'êtres remplies !
Ses hommes acclamèrent leur chef en sifflant. Cependant, ils remarquèrent peu à peu quelque chose d'étrange. Une figure se profilait sur leur flanc droit, celle d'une femme en armure montée sur le dos d'une gigantesque chouette. Krass remarqua que son équipage observaient ce qui se passait dehors avec incompréhension et découvrit ce qui se passait.
– Mais c'est quoi ça, encore ?
***
Sur le dos de sa chouette, la jeune femme soupira en regardant du coin de l'œil la bande qui la scrutaient sans discrétion.
– Ces mortels sont encore en train de se mêler de ce qui ne les regarde pas... Ils n'ont pas intérêts de se mettre dans mon chemin...
Elle quitta des yeux le vaisseau des vandales pour se concentrer sur l'argenté qui se trouvait plus loin.
– Qu'à cela ne tienne... Je ne vous laisserai pas vous échapper.
Elle pointa sa lance vers sa cible et se concentra.
***
– On ne peut pas partir comme ça ! sanglota Lisa. On doit attendre Dark !
– T'as entendu Mel, on doit se barrer ! lui répondit Cap sans oser croiser le regard de la mécanicienne. Moi non plus, je trouve pas ça cool de l'abandonner comme ça, mais c'est un ordre de notre capitaine ! On ne peut pas lui désobéir comme ça, on la suit pour une bonne raison !
À bord de l'Aube Argentée, l'équipage se dépêchait de s'éloigner du village avant la réalisation du présage. Tous étaient anxieux, mais pas à cause de la prémonition. Ils partageaient une certaine honte de partir en laissant derrière eux quelqu'un qu'ils apprenaient à peine à connaître, même s'il était irritant. Hawk s'interdit de repenser à Dark, ne pouvant pas se permettre de retirer les mots qu'elles avaient jeté à son visage sans briser le respect des son équipage.
– Personne peut être assez con pour se frotter à un truc pareil ! essaya de la rassurer Cap. Il va capter qu'il perd son temps et prendre ses jambes à son cou, tu vas voir ! Par contre, après avoir tenu tête comme ça à Mel...
– ... il n'y a aucun moyen qu'elle le laisse revenir à bord ! conclut Zac, bien que la situation lui laissait à lui aussi un arrière goût amère.
– Arrêtez de bavarder et magnez vous ! On doit encore mettre le plus de distance entre eux et nous !
Ils obéirent et se mirent au travail. Mélodie regarda en arrière et soupira.
– Tu n'as pas intérêt de jouer au con, Dark...
Un gigantesque rayon passa à coté du vaisseau, le ratant de peu. Au loin, la montagne touchée par le tir explosa et disparut. Mélodie demeura immobile, choquée. Les yeux écarquillés, elle fixa ses poursuivants avec incompréhension.
– Mais... C'est quoi ce bordel ?
***
La panique remplissait les rues du village. Voyant que le vaisseau d'argent était attaqué, les villageois se mirent à courir dans tous les sens, affolés. Une seule personne resta immobile, fixant la scène. Il avait deviné une partie des circonstances qui avaient menées à cette situation chaotique, et surtout qu'il avait joué dans tout cela.
– Je vois, comme je le pensais, ce n'était pas le village qui était pris pour cible... Je ne sais pas ce que ce navire cherche, mais elle...
Il sortit une vieille pièce et la fixa.
Tant de problèmes à cause d'un objet aussi insignifiant...
Dark observa de nouveau l'assaut de la guerrière qui déchaînait des attaques dévastatrices que l'Aube évitait de peu, sachant que la chance des mercenaires finirait très vite par s'épuiser. Le Roi se demanda s'il aurait du expliquer la vraie raison pour laquelle il voulait rester se battre. Pourquoi il pensait être la cause de la prémonition qui avait fini par déchirer leur alliance. Mais il n'avait pas voulu prendre le risque de tenter les mercenaires. Il savait mieux que n'importe qui que le pouvoir corrompait les âmes les plus nobles, et ce qu'il tenait en main transcendait même la force des dix Rois réunis. Il avait envisager s'en servir, mais il ne pouvait que trop aisément imaginer la catastrophe qui arriverait s'il venait à perdre le contrôle.
Dark tourna les talons et commença à s'éloigner, les mains dans les poches.
Pour tout ceux qui le pourchassaient, il était clair qu'il était monté à bord de ce vaisseau, mais d'ici à ce qu'ils comprennent qu'ils se trompaient, il serait déjà loin. Il leur serait presque impossible de le retrouver, car Dark maîtrisait toutes les techniques de dissimulations imaginables. Le roi pensa aussi que la femme en armure, au moins, se douterait qu'il aurait quitté ce village depuis bien longtemps, la menant à ignorer les villageois. Au moins, ça lui permettrait de changer la vision de l'oracle. Quand aux autres...
Ils ont fait leur choix ! pensa Dark. Ce n'est pas de ma faute s'il s'est avéré être le mauvais au final ! Je ne suis pas responsable d'eux !
Ici, tout le monde a son passé qui lui est propre, on a tous vécu des choses que l'on préférerait oublier...
Je ne leur dois rien ! continua le ténébreux. Ils ont été payés au final, non ? Je n'ai pas à les aider ! Surtout qu'ils n'ont pas l'intention d'en faire autant pour moi !
Ils m'ont donné une seconde vie !
– Ma mission est plus importante... Je dois déjà tenir cette chose éloignée de ceux qui savent pour elle, sinon...
J'avoue t'avoir sous estimé !
– Je n'ai pas à me soucier de ces types, bordel ! hurla-t-il.
Merci.
Dark s'arrêta net.
Autour de lui, le chaos continuait de régner, les gens ne sachant plus quoi faire tandis que le combat faisait rage dans le ciel. Certains villageois étaient tombés à genoux pour prier, se persuadant qu'un quelconque dieu les prendrait en pitié et viendrait mettre fin au cauchemar qui menaçait de les consumer.
Rien n'obligeait Dark à rester. En un instant, il pouvait disparaître pour réapparaître n'importe où, loin de ce village. Il savait où il devait aller maintenant, plus rien le retenait. Et pourtant...
Pourquoi ?
– FAIS CHIER !
Au milieu du désordre et de la panique du village, Dark se mit à courir.
***
– Putain, Cap ! Tire nous de la, merde !
– Je suis à fond, mais ils ont une bonne portée ! On ne pourra pas semer leurs tirs tout de suite !
Le reste de l'équipage faisait de son mieux pour bloquer les tirs du vaisseau ennemi, mais ils n'avaient pas la moindre idée de comment protéger le vaisseau de la fureur de la femme sur le dos de la chouette. Théo parcourrait aussi vite que possibles les lignes de ses grimoires, à la recherche d'un sort assez puissant pour les tirer de ce guêpier, mais les rares magies capables de cet exploit le viderait de toute sa mana pour intercepter une seule de ses attaques.
– Vire à tribord, MAINTENANT !
Suivant les instructions de Lucie qui veillait au grain, le vaisseau dériva à droite, évitant de peu un nouveau rayon. Leur assaillante s'habituait à la vitesse de réaction du pilote et à la mobilité de l'Aube, faisant que ses attaques devenaient de plus en plus dures à éviter à temps.
– On ne tiendra pas si on se prend un truc comme ça directement ! hurla Snipe qui n'avait pas une seule fois réussi à toucher la furie, sa chouette se mouvant trop agilement.
– Tenez bon, on est presque...
– Elle remet ça ! prévint Lucie
Mélodie regarda la femme lancer une nouvelle attaque bien plus tôt que l'avaient prévus les mercenaires. Cette nouvelle salve était moins importante que la première, démontrant que la poursuivante avait réduit la puissance du coup pour le lancer plus vite. Le capitaine ne se fit cependant pas d'illusions, l'énergie qui leur fondait dessus étant toujours bien trop massive pour qu'ils puissent survivre à sa puissance. La partie de l'équipage qui surveillait leurs arrières ne pouvaient plus que regarder la mort fondre sur eux, impuissants.
– Désolée, les gars... murmura Mélodie en baissant sa rapière.
Le rayon s'abattit sur le premier obstacle sur sa route, mais contre toutes attentes, il ne s'agissait pas de l'Aube. Un mur noir se forma dans les airs, juste à temps pour intercepter l'attaque qu'il encaissa en se fissurant à peine. Le souffle de l'impact déstabilisa l'Aube, mais Cap parvint à redresser la barre.
Mélodie sortit alors de son état de choc. Elle regarda instinctivement vers le sol, et sembla distinguer dans la rivière de fuyards une personne courir dans le sens opposé du courant. Un sourire aux lèvres, elle se retourna vers son équipage et hurla dans un communicateur.
– Atterris, Cap ! ordonna Mélodie. On ne peut pas riposter dans cette situation, alors on va débarquer et les affronter sur terre !
– Cette barrière... demanda Théo. Tu crois que c'est...
– Tu connais un autre monstre aussi puissant dans le coin ? Espérons juste qu'il ne va pas nous abandonner au premier signe de danger !
***
Voyant que le vaisseau atterrissait, les attaquants en firent de même, non loin du village. Les assaillants avaient décidé de ne plus lancer d'attaque, le mur obscur qui s'était dressé soudainement laissant présager qu'il se passait quelque chose qu'ils n'avaient pas prévus. Ils avaient besoin de cerner les capacités de leurs ennemis avant de se précipiter à l'assaut, sous peine d'en subir les conséquences.
Les trois groupes descendirent de leurs vaisseaux et montures, se réunissant sur une plaine. Les mercenaires surveillaient les Berserks et la femme en armure, armes en mains, prêts à se défendre en cas de problème. La furie les observait à son tour, les jaugeant avec un air de curiosité, comme un chercheur qui venait de voir les microbes qu'il analysait se révolter.
Krass fut le premier à céder, ne pouvant pas supporter la tension qui s'était installée alors que tout le monde se défiait du regard en silence.
– Où est l'enfoiré en noir ? C'est pour lui que nous sommes là !
– Patience, il devrait pas tarder... répondit Mélodie en regardant le village.
On suivit son regard pour découvrir une ombre qui approchait. À présent, elle marchait tranquillement, sachant que rien ne pourrait commencer sans lui. Profitant du contrôle qu'il avait pour le moment sur la situation, le nouveau venu pris son temps, pour bien faire comprendre que c'était lui qui allait décider ce qui allait se passer. Il s'arrêta.
À sa gauche, les Berserks.
À sa droite, l'équipage de l'Aube.
En face, la femme en armure qui semblait totalement impassible.
On dirait le début d'une mauvaise blague... pensa Dark. Évitons qu'elle ne se change en tragédie...
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