✔ Prologue [réécrit]
Debout et enlacés devant un berceau en or, les deux souverains couvaient d'un regard attendri et rempli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.
La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre qui donnait sur le jardin, laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à se décharger de ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seules meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or, et quelques jouets traînant sur la moquette.
Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.
- Merci pour ce beau cadeau, mon amour, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.
- Je t'aime tant Arrow, répondit-elle.
Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à ceux de son mari.
Soudain, un violent coup de tonnerre éclata, faisant sursauter le couple. Ils se séparèrent au moment où entrait précipitement dans la salle un garde. Ce dernier respirait rapidement comme s'il avait courut un marathon. D'une voix grave et hachée il annonça à ses supérieurs une nouvelle qui leur glaça le sang.
- Le château est prit d'assaut, Vos Grâces.
Le bruit de la foudre et les cris du soldat réveillèrent le bébé qui se mit à pleurer. Sa mère courut le prendre dans ses bras tandis que le roi hurlait des ordres dans le couloir. Il revint rapidement auprès de son épouse, la serra contre lui une dernière fois, et embrassa le front de son enfant. Une larme, qu'il s'empressa d'essuyer, coula de son œil droit. Le cœur au bord des lèvres et battant à rompre, le visage complètement anéanti, et en proie à une profonde angoisse, il plongea ses yeux bleu-vert dans ceux marrons de sa moitié et s'adressa à elle d'une voix ferme.
- Part avec elle, Sally. Cache-la. Sur elle repose le sort de Mirabel. Mets-les toutes les trois à l'abris. Passez par les souterrains, ordonna-t-il.
- Et toi, chéri ?
- Je dois rejoindre mes hommes pour essayer de gagner du temps, mon amour.
Secouée par des sanglots, la reine hocha lentement la tête. Le palpitant en miette et une grosse boule lui nouant l'estomac, elle colla son front a celui du monarque. Sa main, tremblante, se posa sur la joue de son époux.
- Pr...pomets-moi... q...que tu me reviendras, mon amour.
- Je te le promets. Je t'aime pour l'éternité, ma douce.
Un faible croissant de lune étira les lèvres de la femme. Tous deux savaient qu'ils ne se reverront jamais. La guerre arrachait à tous des êtres chers; un époux ou une épouse, un fils, une fille... tous y passaient. Et justement, cette satané calamité était sur le point de lui voler son mari. Elle avait besoin d'entendre ces mots rassurants de sa bouche, cette promesse, de s'y accrocher, et d'y puiser de la force.
Après un dernier baiser, et quelques larmes, ils sortirent de la pièce en courant. Et, trois minutes plus tard le couple royal se sépara à la croisé de deux couloirs.
L'empereur, ses longs cheveux noirs flottant au gré du vent, rejoignit ses soldats: cinq-cents hommes chargés de protéger la famille royale et résidant dans une aile du château. Il se jeta corps et âme dans la bataille en lançant, de ses mains, des orbes foudroyants sur les ennemis.
Il regarda autour de lui et vit avec horreur des dizaines de soldats couchés sur la surface du jardin, baignant dans des éclaboussures écarlates. Certains agonisaient tandis que d'autres avaient déjà rendu l'âme. Les cris de douleur et les râles des soldats se mêlaient à ses éclats de foudre et aux tintements des épées. Partout dans la ville s'élevait des hurlements de panique et de détresse, qui comprimaient encore plus son cœur. La souffrance de son peuple décuplait la sienne.
Ils ne tiendront pas jusqu'à l'arrivée des renforts.
Déjà à ses côtés, ne se trouvaient que ses deux fidèles conseillers et une cinquantaine d'hommes. Tous formaient un cercle qui ne cessait de rapetisser au fil des minutes. Malgré leur nombre infime, ils tentaient par tous les moyens de retenir la horde de démons qui ne cessait de croître.
Jusqu'à quand durera cette haine ? Je pensais bien faire, mais voilà où nous ont menés mes actes. On ne peut malheureusement pas changer le passé, mais l'avenir, si. J'espère que vous êtes loin de ce merdier, Sally !
Un jet de foudre en forme de lance s' échappa de ses mains et atteignit en plein cœur un minotaure. La créature s'éffondra, foudroyée.
Le roi profita de cette courte pause pour adresser un regard empli de reconnaissance à ses deux conseillers. Compagnons de toujours, ils avaient fait les quatre cents coups ensemble. De la jeunesse à la viellesse, ils ne s'étaient jamais quittés. Il regrettait tant de les avoir embarqué dans cette guerre...
Ceux-ci lui répondirent par des sourires et des clins d'yeux tout en restant concentrés sur le combat.
Subitement, un autre coup de tonnerre, plus violent que le premier, déchira le ciel dorénavant gris. Le calme se fit instantanément. Les monstres, les soldats en armures noirs, et les ombres s'immobilisèrent autour d'eux tandis qu'une lumière aveuglante se matérialisait.
- Elle arrive, murmura le dernier garde encore debout aux côtés des têtes couronnés en tremblant de peur. C'est la fin.
Lorsque la lumière se dissipa, une femme encapuchonnée se trouvait devant eux. Seules ses lèvres rouge sang étaient visibles. Sa magnifique robe rose en dentelle épousait divinement ses formes. Elle jeta un coup d'œil à la ronde et se crispa. Elle recommença une nouvelle fois son inspection en propageant sa perception dans tout le palais et parut déçue. Son attention se porta ensuite sur le roi à qui elle s'adressa avec dédain :
- Où sont-elles ?
- Très loin d'ici. Vous arrivez tard, ma chère, rétorqua-t-il, un sourire satisfait et triomphant ornant ses lèvres.
La femme serra les poings très forts, et ses mains se mirent à trembler de rage. Sa bouche s'étira, puis contre toute attente, elle éclata de rire.
En face d'elle, le suzerain et ses conseillers ne se démontèrent pas. Ils se mirent en position d'attaque, même en sachant que leur sort était déjà scellé.
Sans prévenir, elle desserra les poings et leva les mains dans leur direction. Un cercle de feu entoura le petit groupe. Le vent devint plus violent et augmenta l'intensité des flammes au point où ils en furent totalement recouverts. À l'intérieur, les quatre hommes poussèrent des cris atroces. Le supplice dura quelques minutes, et ils finirent tous par périr.
- Je les retrouverai, mon cher Arrow. Peu importe le temps, je les retrouverai, promit-elle aux cendres devant elle.
♠
Très loin des ruines du château, aux portes de la ville où se déroulait la bataille, trois femmes serrant fermement leurs bébés se dirigeaient vers la forêt de Syrte, située au Nord de la capitale. Un voile cachait leurs visages, et elles avaient dû emprunter des détours pour ne pas se faire prendre. Leur destination était le portail qui reliait Mirabel aux autres Mondes.
Une fois sur place, elles unirent leurs forces et tendirent leurs magies vers la porte circulaire en or. Les inscriptions, gravées dans le métal, s'illuminèrent et le portail s'ouvrit.
Le passage étant situé dans les hauteurs, elles jetèrent un regard en arrière et virent, au loin, la capitale. En feu. La cité entière était atteinte par les flammes, rouges et oranges. Les habitants couraient dans tous les sens, tentant d'échapper à la mort. L'odeur de la fumée et du sang couvrait celle des pins et des fleurs environnante. De leur point d'observation, elles entendaient des cris atroces, portés par le vent, venant de la ville.
L'une des femmes, n'en pouvant plus, éclata en sanglots. Les deux autres s'approchèrent pour la soutenir.
- Nous devons y aller, Majesté, murmurèrent-elles toutes les deux, le cœur brisé, la voix tremblante et remplie de chagrin.
Les larmes aux yeux, elles avancèrent vers le condensé de lumière blanche qu'était le portail et le traversèrent.
☆☆☆
Hello 😊
Alors voilà le prologue. J'espère que vous avez aimé ?
On se retrouve après mes examens ( c-a-d dans deux semaines) pour le chapitre 1. 😘
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