33. Les Tigilis.

- Dieu soit loué, tu es saine et sauve, s'écria Laurine en sautant sur sa camarade pour l'étreindre dans ses bras.

Les joues sillonnées de larme, elle la serrait très fort contre elle.

Dès qu'elle avait mis le pied hors de l'arbre, Lidya s'était retrouvée cernée par ses amis. Un seul manquait à l'appel, Gaël. En le cherchant, elle le vit, adossé contre l'arbre magique qui brillait toujours de milles feux, essayant de calmer sa respiration. Son visage transpirait d'un soulagement intense, et d'une panoplie d'émotions qu'elle était incapable de nommer. Le voir dans cet état lui fit mal au cœur.

En la voyant disparaitre, Gaël avait eut l'impression que son monde s'écroulait. Un trou béant s'était formé dans sa poitrine, et l'évidence de ses sentiments parurent clairement dans son esprit. Il ne pouvait plus continuer à nier et à refouler ce qu'il ressentait.

Il se sentit observé et tourna la tête. Leur regard se croisèrent et se perdirent l'un dans l'autre. Il n'y avait plus qu'eux deux, les arbres, le chant des oiseaux, les craquements tout autour et rien d'autre.

- Bon sang, qu'est-ce qui t'a pris de t'éloigner sans avertir, gronda Léa complètement hors d'elle. On s'est fait du soucis pour toi, on pensait que ...

- Oui, qu'est-ce qui t'a prit, renchérit Laurine en reculant pour la regarder sous toutes les coutures comme le ferait une mère inquiète pour son enfant.

Lidya se confondit en excuse tout en passant la main droite dans ses cheveux, un sourire gêné collé aux lèvres.

- Heureusement qu'il ne t'ai rien arrivé, fallait voir Gaël se déchainer sur l'arbre. Hein mec, je ne t'avais jamais vu dans cet état, lança Carlos pour détendre l'ambiance.

Laurine et Léa se moquèrent du concerné. Lidya quant à elle lui sourit tendrement. Sourire que lui rendit le jeune homme en ignorant les railleries des autres.

Tous jetèrent un dernier regard à l'arbre et retournèrent en silence là où ils campaient. Assis au coin du feu, Lidya leur raconta tout. Depuis l'attraction ressenti à l'arrivée aux bois Sangsues à sa vision dans la grotte. Suivant les conseils de Neïsha, la chamane et femme du chef des elfes, elle leur parla également de la voix qu'elle entendait de temps à autre dans sa tête et de son cauchemar aux camps des rebelles. Étrangement, elle en fut soulagée.

- Léa et moi, savions que quelque chose te tourmentait, mais nous attendions que tu nous en parle de toi même, avoua Laurine lorsqu'elle se tut.

Léa approuva d'un hochement de tête. En retour, Lidya les gratifia d'un regard empli de reconnaissance.

- Dans ta vision, le roi et la reine que tu as vu étaient tes grands-parents, annonça gravement Gaël.

Un silence pesant plana pendant quelques secondes. Le chant d'un loup se fit entendre au loin. Bartok dressa ses oreilles puis les rebaissa, signe que le danger était moindre. Il quitta sa place initiale, près d'un arbuste, et vint s'allonger sur les cuisses de sa maîtresse.

- Cela signifierait que tu as eu un oncle, Lidya, rajouta-t-il après sa pause.

- Pourtant, dans aucun des livres sur l'histoire de Mirabel ce n'est mentionné, intervint Carlos.

- Ce qui est tout à fait normal, expliqua son ami. Rappelle-toi de la légende, abruti.

Il lui lança ensuite un regard noir, preuve que sa précédente blague au pied de l'arbre n'avait pas été complètement digérée.

- De quelle légende parles-tu, Gaël ? demanda Laurine, curieuse.

- Il y a des siècles de cela naquit les premiers jumeaux sur Mirabel. Quelques années plus tard, le second venu au monde manifesta d'étranges comportements. Il développa un goût prononcé pour le mal et commença par tuer les animaux. Insatisfait, il changea de proie. Il se mit à tuer des humains, et à pratiquer de la magie noire avec leurs cadavres, en quête de pouvoir. Affligés par la conduite et la transformation de leur fils, les parents le livrèrent aux gardes. Ce dernier fut condamné à mort. Mais avant, il lança une malédiction : sa réincarnation dans un futur lointain pour une terrible vengeance. Depuis, chaque deuxième né de jumeau est abandonné dans les bois Sangsues et dévoré par des prédateurs.

Il marqua une pause et reprit gravement.

- Cette voix dans ta tête, elle veut t'envoyer un message. Reste à savoir lequel.

Tous avaient la mine soucieuse. Léa rajouta des brindilles au bûcher. Lidya poussa un soupir las et s'allongea sous le regard compatissant de ses amis. Elle observa les feuilles des arbres qui les entouraient, et les quelques étoiles visibles dans le ciel.

Encore une révélation auquel elle ne s'attendait pas. Un oncle, elle avait un oncle. Etait-il toujours vivant ? Si oui, où se trouvait-il ? Décidemment elle allait de surprises en surprises. Et cette voix, à qui appartenait-elle ? Tout cela devenait inquiétant. Sa mère, était-elle toujours vivante ? À cette pensée son cœur se serra douloureusement dans sa cage thoracique.

- Hey, ça va aller, d'accord ? lui murmura Laurine en s'allongeant à ses cotés. N'oublie pas, tu n'es pas seule. Essaye de dormir. Une longue journée nous attend demain.

Oui, elle n'était pas seule. Elle était bien entourée. L'image de Gaël complètement chamboulé et le visage transpirant de soulagement lui revint en tête. Son cœur fut inondé d'une douce chaleur qui lui colora les joues, et fit naître un croissant de lune sur ses lèvres.
Elle entendit le rire léger de Laurine, mais préféra l'ignorer et fermer les yeux.

🌟

Le lendemain, Laurine sentit quelque chose lui mâchouiller les cheveux, puis des sortes de pinces lui frotter la joue. Elle sursauta, et se mit debout en toute hâte.
Des créatures comparables à des lucioles, mais en plus grosses volaient silencieusement autours d'eux, et, c'était l'une d'elles, l'auteur de son réveil mouvementé.

Celle-ci, comme ses compagnes, était toute blanche et ses ailes d'un rose bonbon. Sa tête ronde, surmontée de deux antennes, bougeait de droite à gauche tandis que ses yeux, d'un bleu profond, la détaillaient avec curiosité. Néanmoins, un détail différenciait son observatrice des autres. Le haut de sa tête était rose.
Après un moment à la regarder intensément, la bête se rapprocha d'elle.

- Eh réveillez-vous bande de paresseux, cria-t-elle en paniquant.

" N'aie pas peur, elles te sont inoffensives " la rassura Bartok avec douceur, par la pensée.

"je peux savoir pourquoi?"

"Peut être parce que ton pouvoir est de dompter et de comprendre les animaux ?" répliqua son lié.

" J'espère que tu ne trompes pas" couina-t-elle dans son esprit.
En retour son lynx se moqua d'elle.

L'insecte avança jusqu'à quelques centimètres et atterrit sur ses six pattes. Elle mit sa tête sous la main droite de la blonde et se frotta contre, sous son regard ébahit. Sa peau était lisse et duveteuse.

- Waouh, bravo la félicita Carlos, admiratif. Ces bestioles sont réputées pour ne pas se laisser toucher par les humains. D'ailleurs, ils ne les approchent pas non plus. Tu as non seulement réussi l'impensable, tu as leur reine à tes pieds.

- Ceux sont des Tigili, annonça Gaël. J'ai une idée, peux-tu lui demander de nous porter hors de cette forêt ? On en gagnera en temps.

- Je ne garanti rien, mais je vais essayer, répondit-elle.

Comme elle l'avait fait avec son Lynx et AbrarohaÏ, elle connecta son esprit à celui de la reine des Tigili et lui soumit sa requête. Cette dernière bougea ses antennes de haut vers le bas, et quatre autres créatures les rejoignirent au sol.

- Bien joué, congratula Léa en lui donnant une tape amicale dans le dos.

Ils prirent ce dont ils avaient besoin pour le reste du trajet, et détachèrent les chevaux qui firent demi-tour au galop. Chacun monta sur sa nouvelle monture et s'accrocha comme il pouvait. Bartok se métamorphosa en lynx géant haut de deux mètres, tandis que les Tigili prenaient de l'altitude, et il se mis à courir à leur suite.
La vitesse de vol des bêtes était phénoménale. Elles esquivaient adroitement les arbres, zigzaguaient entre elles, montaient, descendaient, portées par le vent.

Le cœur battant à rompre de peur, Lidya s'accrochait de toutes ses forces. Ses cheveux noirs flottaient au gré du vent. Elle gardait les yeux mis-ouvert, malgré cela, des larmes menaçant de couler.

- Waouh..., hurlait Carlos de plaisir.

- Ah..., criait Laurine, moins vite.

Au lieu de ralentir, la reine augmenta sa vitesse en poussant de petit cris que Laurine devina être des son témoignant sa joie.

Le soleil déjà haut dans le ciel perçait les feuillages et illuminait la forêt. La brise matinale apportait avec elle l'odeur de fleurs, d'herbes et l'humidité.

- À cette allure, et sans mauvaise rencontre, nous serons à la frontière de Persillia avant la tombée de la nuit, cria Gaël qui volait auprès de Lidya.
L'annonce fit apparaitre un sourire sur le visage de la jeune fille.

Enfin ! Elle était proche du but. Elle allait bientôt revoir sa mère. Dans son euphorie, une double angoisse la saisit. Celle d'un mauvais pressentiment, et la peur de se retrouver face à la sorcière.

😺😺😺

Youhou, mes cocos. J'espère que tout se passe bien comme vous le voulez !

Eh de un ! Vous le trouvez comment ce chapitre ?

Des remarques / critiques ?

Désolée pour les fautes 😅. N'hésitez pas à me les souligner.

À la prochaine 😘.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top