32. Voyage dans le temps.
Depuis la halte à l’orée des bois sangsues Lidya se sentait agitée. Quelque chose dans cette forêt l’appelait, l’attirait. Elle avait tenté de lutter, de résister à cette voix intérieure qui lui soufflait de plonger au cœur de la forêt, et de se laisser guider par son instinct. Mais, à présent qu’il faisait nuit et que tous les autres dormaient, il lui était impossible de continuer. Tout son être était parcourue d’une chaleur étrange et la voix qui était celle d’une femme devenait plus pressante.
Comme le fer attiré par l’aimant, elle se leva de sa couche et se dirigea tel une somnambule au cœur de l’obscurité.
Le bruit de ses pas sur les feuilles sèches et les brindilles qui recouvraient le sol réveilla Gaël qui se trouvait le plus proche. Il la vit s’éloigner. Un instant il pensa qu’elle allait se soulager, mais en l’observant plus attentivement, quelque chose dans sa manière de marcher l’alerta. Les épaules de la jeune fille étaient raides, de même que ses pas. Il se leva, et prenant des précautions pour ne pas réveiller leurs compagnons, la suivit.
Avec appréhension et le cœur battant à se rompre, Lidya se mouvait entre les arbres imposants au feuillage épais. Guidée par un feu follet orangé qui lui montrait le chemin, elle ne se sentait pas en sécurité. Le silence de la nuit était brisé par des croassements, des hurlements, et des gazouillis, qui la rendaient nerveuse et angoissée. Elle était consciente des risques qu’elle prenait, mais il fallait qu’elle sache et en ait le cœur net.
Au bout d’une dizaine de minutes à s' aventurer dans les bois, elle arriva devant un grand arbre. Son tronc était si large que cela étonna la jeune fille. Les feuilles ressemblaient à celle d’une fougère, mais en plus grande. Chose étrange, elles brillaient comme si elles étaient recouvertes de poussière de fée.
De minuscules insectes lumineux apparurent soudainement et recouvrirent le tronc de l’arbre millénaire, créant une entrée de forme triangulaire. L’héritière au trône en fut subjuguée.
Toujours attirée par cette force mystérieuse, elle entra dans l’arbre sous les yeux d’Albiérik qui ébloui par le spectacle n’eut pas le temps de réagir.
— Lidya, cria-t-il, en courant.
Mais il arriva trop tard, la porte se referma derrière la jeune fille.
— Est-ce que tu m’entends ? s’époumona-t-il en frappant de toutes ses forces le tronc rugueux.
— Je t’en conjure, princesse, dis quelque chose, reprit-il, la voix complètement enrouée.
Il continua à frapper de toutes ses forces, le cœur meurtri et refusant de se laisser aller au torrent d’émotions qui menaçaient de l’envahir. N’obtenant aucun résultat, il fit apparaître son épée lumineuse avec laquelle il frappa le tronc. Cette dernière ricocha frappée par une énergie invisible. À cours de solution, et complètement abattue, il retourna alerter les autres.
À l’intérieur de l’arbre, Lidya sortait de sa transe. Aussi improbable que cela pouvait paraître, elle se trouvait dans une grotte. Des pierres précieuses étaient incrustées dans la roche. De leur éclat, elles illuminaient l’endroit et diffusaient une agréable chaleur. Le plafond avait l’allure d’un ciel étoilé. Émerveillée, voilà ce qu'elle était.
Sortis de nulle part, des papillons multicolores l’enveloppèrent. Au lieu d'avoir peur, elle effectua une pirouette en riant, et ne remarqua pas qu’elle s’élevait dans les airs. Une chaise en or apparut. Elle y prit place. En face d'elle, une sorte d'écran lumineux se matérialisa et petit à petit des images se formèrent.
Celui d’une femme, allongée sur un lit à baldaquin aux teintures turquoise, et souffrant des douleurs de l’enfantement. À ses cotés, un homme de la même tranche d’âge portant une couronne. Ce dernier passait une de ses mains dans les cheveux blonds de la future mère et l'encourageait du mieux qu’il pouvait.
— Tenez bon, ma reine, les accoucheuses seront bientôt là !
Au même moment, une vielle femme entra dans la pièce aux murs dorés, accompagnée par deux autres qui tenaient une cuvette d’eau chaude. La dernière laissa la bassine sur la table de chevet tandis que la première s’approchait du lit.
— Veuillez sortir de la pièce, votre Majesté, ordonna la vieille dame.
— Il en est hors de question, répliqua le roi d’une voix sans appel, je ne la quitterai pas, je veux être auprès de ma reine jusqu’au bout.
Il serra fermement les mains de son épouse pour lui insuffler tout son amour et du courage. Cette dernière faisait des exercices respiratoires pour calmer les contractions.
Rechigneuses à cette idée, les trois sages - femmes se positionnèrent. Le travail débuta et quelques minutes après les cris de douleur, ceux d’un bébé retentirent. Cependant les contractions continuèrent, et bientôt la tête d’un deuxième bébé apparut.
— C’est bien, ma reine, vous y êtes presque, poussez, l’encouragea la vielle accoucheuse.
Les vagissements du deuxième nourrisson ne tardèrent pas à remplir la salle à leur tour.
Le roi avait le visage grave et inquiet. Quand à la reine, des larmes coulaient sur son visage d’ange qui reflétait une extrême détresse.
— Vous avez deux magnifiques garçons, annonça la vieille femme d’une voix brisée.
— Pas mon enfant, non, pas mon enfant. Je t’en conjure, Albert, épargne notre fils, supplia la reine en sanglotant.
Le monarque ne disait rien. Il tira nerveusement sur ses cheveux grisonnant, en raison de son âge avancé. Les yeux rougis il semblait réfléchir. Les trois dernier mois avaient été rude pour le couple royal. La taille du ventre de la reine n'avait laissé nulle doute sur l'issue de l'accouchement. Pour la préserver, il avait été obligé de la cacher du peuple. Durant le dernier trimestre, elle était restée confiner dans ses appartements, et seules ses trois sages - femmes, connaisant son état et soumises au secret avaient le droit de la voir. Mais à présent que les enfants étaient nées, il n'avait plus le choix. Une larme roula sur sa joue car il ne pouvait se résoudre à prendre cette décision.
Les sages-femmes s’occupèrent de nettoyer les enfants puis les amenèrent à leur mère. Elle regarda tour à tour ses deux petits. Ils avaient hérités de ses yeux bleu-vert, et de la chevelure de jais de leur père. Ils étaient si mignons ! Elle serra ses deux garçons très forts dans ses bras et leur baisa le front, insistant plus sur celui du dernier né, un baiser d'adieu.
— Je suis désolée, ma bien-aimée, mais il le faut.
Ces mots sonnèrent comme une sentence, glaçant et brisant le cœur de la reine. Elle ressera son emprise sur les petits, les inondant de ses larmes.
L'image se troubla et une autre apparue. La vielle matronne tenant dans ses bras l'un des bébés, en cavale vers les bois sangsues. Là, elle abandonna le nourrisson en pleurant, et retourna sur ses pas.
La dramatique scène s'acheva sur le bébé emmailloté puis s'évapora pour laisser place à un couronnement. Le prince succédait à son père. El-Dorado resplendissait. Lidya put admirer à travers ce voyage dans le temps, ce à quoi ressemblait autrefois la capitale.
Les toits terminés au bout par des gemmes brillaient de mille feux. Des fleurs bordaient les routes qui étaient animées pour l'occasion. Les habitants avaient revêtu leurs plus beaux vêtements. Tous se dirigeaient vers la grande place publique où se ferait le lègue.
Au moment où le cortège royal apparaissait et les trompettes retentissaient, le faisceau lumineux disparut devant Lidya, la laissant sur sa faim. La chaise en or se posa lentement au sol. Les petites bestioles lumineuses s'agglutinèrent contre la roche et un portail vers l'extérieur s'ouvrit.
Les papillons la portèrent jusqu'à l'entrée qu'elle traversa, après avoir jeté un dernier regard à ce lieu enchanté.
💕💕💕
J'ai adoré ecrire ce chapitre. Et vous ? Comment le trouvez-vous ?
Des indices sur l'intrigue sont semés 😆. Quels sont vos hypothèses ?
Des remarques / critiques?
À la prochaine. 😙😙😙
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