3✔ La nouvelle voisine (partie2){réecrit }


- Soyez les bienvenus, leur souhaita Jeanne, d'une voix guillerette, un sourire aimable aux lèvres.

La vielle dame portait une longue robe à pois noir sur fond blanc. Des lunettes de vue, de forme sphérique, recouvraient ses beaux yeux bleus. Ses cheveux gris étaient relâchés et flottaient au gré du vent.
Elle se décala et laissa entrer ses invitées dans sa demeure.

Ensemble, ils s'installèrent autour d'une longue table en ébène placée au beau milieu de la salle à manger. Différents mets y étaient posés. Il flottait dans l'air une délicieuse odeur de friture, d'épice et de fruit. Sur le mur vert pâle de la pièce étaient accrochés des cadres représentant chaque saison de l'année. Il régnait dans la salle une ambiance chaleureuse et bon enfant.

- Te voilà, ma crevette. Allez approche, invita Norbert en faisant un signe de main à Laurine.

La jeune blonde venait d'entrer dans la salle, interrompant une conversation déjà bien entamée. Elle portait un slim noir, un top rose et ses cheveux étaient retenus par un serre-tête fabriqué à base de fausses perles. Elle savait que les Leclerc se joindraient à eux, mais n'avait fourni aucun effort pour être prête avant leur arrivée. Elle s'assit sur la chaise en face de Lidya après avoir lancé un ‹‹ salut ›› à l'assemblée.

- Coucou, Laurine. Bienvenue au Togo. J'espère que tu as fait un bon voyage ! Tu te plais ici ? lui demanda Arielle.

- Ouais, répondit cette dernière de manière nonchalante en se concentrant sur son plat.

- Quelles sont ces manières, jeune fille ? lui reprocha mamie Jeanne.

- Ne vous en faites pas, la calma l'infirmière. J'en ai l'habitude. Je suis heureuse de te rencontrer, Laurine.

Pour toute réponse, l'adolescente lui sourit poliment. Lorsque la discussion reprit entre les adultes, Lidya essaya de l'aborder à son tour.

- Salut. Je m'appelle Lidya. Enchantée, Laurine, débita la jeune fille d'une voix mal assurée.

En face d'elle, la concernée ne daigna même pas lui répondre. Elle continua à manger tranquillement son riz cantonais comme si de rien n'était. Cela réussit presque à décourager Lidya, mais elle remit sa tentative d'approche à la fin du dîner.

Le reste du repas se déroula dans la bonne humeur du côté des parents, et dans une ambiance glaciale entre les deux jeunes femmes. Lorsque la table fut débarrassée, Laurine sortit s'assoir sur la terrasse. Lidya la rejoignit quelques minutes plus tard.

- Je peux m'asseoir ? demanda-t-elle gentiment en désignant la chaise à ses côtés.

Elle n'obtint aucune réponse, mais s'assit tout de même.

- Tu te plaît ici ? continua-t-elle.

Silence.

- Il fait un peu plus chaud au Togo mais crois-moi tu vas adorer, lui certifia-t-elle.
Silence.

Ne pas obtenir de réponses ni de réactions malgré ses efforts commençait à l'attrister et l'énerver.

Fichu karma ! Bon sang, pourquoi ça n'arrive qu'à moi ?

Prenant son courage à deux mains, elle tenta encore de lancer la discussion.

- Ça te dirait de découvrir un peu le coin ? Je serai ton guide.

Dixit la fille qui ne sort jamais de chez elle. Super !

Aucune réponse. Laurine était toujours assise, mais n'accordait aucun regard à sa voisine.

- Ben, je suis contente que tu sois là, reprit-elle d'une toute petite voix.

Elle qui pensait qu'elles seraient amies, eh bien c'était mal parti. Froissant sa jupe de nervosité, Lidya ne savait plus quoi dire pour lancer la discussion. Pourquoi ne voulait-elle pas lui parler ? Avait-elle une tête qui repoussait les gens ou quoi ? Au lycée c'était à chaque fois le même scenario. Pire, puisque personne ne la remarquait. Était-elle destinée à ne jamais avoir d'amis ? À avoir pour seule compagnon la solitude ? Son cœur se serra à cette idée. Elle raffermit la prise de ses mains sur la jupe plissée qu'elle portait pour l'occasion et se mordit la lèvre inférieure pour ne pas laisser ses larmes, qui lui picotaient les yeux, couler. Elle se maudit d'être si sensible, mais il était hors de question qu'elle montre à sa nouvelle voisine sa faiblesse. Elle se leva doucement et dignement, se dirigea vers la porte.

Le ton qu'avait utilisé Lidya toucha Laurine. Elle se sentit subitement envahi d'une énorme vague de tristesse et de désespoir, qu'elle ne s'expliquait pas, et regretta son comportement vis-à-vis de Lidya. Après tout, celle-ci ne lui avait rien fait. La faute était à ses grands-parents qui pensaient lui remonter le moral avec ce dîner, or tout ce qu'elle souhaitait, c'était un peu de solitude.

- Attends, souffla-t-elle à Lidya qui était sur le point d'ouvrir la porte.

L'adolescente attendit, la poignée en main.

- Oui. J'aimerais bien visiter le coin, consentit-elle d'une douce voix.

Le visage de Lidya s'illumina d'un magnifique sourire et ses joues rosirent de plaisir. Finalement, il y avait de l'espoir.

La patience et la persévérance payent toujours ! Prends-toi ça dans la tronche, fichu karma.

Refrénant sa joie, elle fit demi-tour et lui tendit la main, comme pour faire la paix.

Laurine fut surprise par ce geste et demeura interdite quelques secondes. Elle trouva Lidya étrange et vraiment entêtée. Puis finalement, elle lui prit la main, un faible sourire étirant à son tour ses lèvres.

Lorsque leurs mains se touchèrent, elles eurent toutes les deux le souffle coupé. Elles furent comme électrocutées, à la différence que la douleur de la décharge fut remplacée par une douceur et une immense fraîcheur qui se propagèrent lentement dans leurs veines. Elles eurent la sensation de flotter dans un autre monde, où leurs émotions ne faisaient qu'un. Un grand vent se leva et un violent coup de tonnerre déchira le ciel qui se couvrit, à unevitesse phénoménale, de gros nuages noirs. Vaincues par les sensations qu'elles ressentaient, les deux jeunes filles avaient fini par fermer les yeux. Elles restèrent ainsi pendant quelques minutes, complètement sous l'emprise de cette sensation grisante.

Petit à petit, le vent se calma, puis cessa de souffler au moment où les filles séparèrent leurs mains. Elles respirèrent à fond pour retrouver le souffle. Leurs regards reflétaient de la surprise, de l'incompréhension, de la méfiance, et de la peur.

- Tu l'as ressenti aussi ? s'inquiéta Laurine, haletante.

- Ou... Oui, affirma avec peine Lidya.

La porte d'entrée s'ouvrit brusquement sur les Butter et Arielle. Ils avaient l'air inquiet. Ayant entendu le bruit du tonnerre et du vent, ils s'étaient précipités pour voir si les filles étaient à l'abri.

- Vous allez bien ? s'enquit Jeanne.

Laurine et Lidya hochèrent la tête d'assentiment en essayant de garder leur visage paisible et leur souffle normal.

- Mais la météo n'a pas annoncé d'orage aujourd'hui, releva Arielle en scrutant le ciel.

- Vous avez raison, concéda Norbert. C'est étrange !

- Nous sommes obligés de rentrer, fit avec regret la praticienne. Merci pour ce merveilleux repas.

- Oh ! Je vous en prie, répondit aimablement Jeanne.

Arielle se tourna vers sa fille et lui fit un signe de tête. Cette dernière se leva, murmura à Laurine un ‹‹ à demain ›› que lui rendit la blonde, salua poliment le vieux couple, puis avec sa mère prirent congé.

Une fois dans sa chambre, Lidya s'allongea sur son lit. Elle se mit à réfléchir à ce qui leur étaient arrivées à Laurine et elle. Cela l'inquiétait énormément, mais elle décida ne pas en parler à sa mère. La connaissant, celle-ci lui poserait de multiples questions auxquelles elle ne pourrait répondre.

Sa tâche noire en forme d'étoile recommença à la démanger. Comme dans la douche, elle se gratta en grognant et les picotements s'apaisèrent. La jeune fille ressentit subitement une immense fatigue. Ses paupières s'alourdirent progressivement, et elle sombra dans un profond sommeil.

Un peu plus loin, dans la villa, Arielle rangeait, dans le salon, le désordre occasionné par sa fille. Dehors il pleuvait des cordes. Elle arrêta un instant son activité et regarda la pluie couler sur les vitres. Elle n'était pas superstitieuse comme son amie Ahuéfa, mais un tel orage en pleine saison sèche n'annonçait rien de bon. D'autant plus qu'il continua à pleuvoir tout le reste de la soirée.

†††

Bonjour mes crevettes 😄.
Comment vous portez vous ? Moi bien !

Et de trois. Avez-vous aimé ?

Que pensez-vous du comportement de Laurine au dîner ? 😁

De Lidya ?

De la scène sur la terrasse ?

Des remarques/critiques, par ici.

À Dimanche prochain mes crevettes. 😘

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