29. Le Serpoccocus.


Des coulis de baves glacées atterirent sur son visage, lui coupant le souffle.

- Couche-toi, hurla Léa.

Comme par automatisme, Lidya s'applatit au sol. Au même moment, la queue de la créature passa à l'endroit où se trouvait quelques minutes plus tôt sa tête.

<<  Neutralise-le, mon grand >> intima Laurine par la pensée à, Bartok.

<< C'est comme si c'était fait >> répondit le félidé.

Il se transforma et s'élança vers le monstre. Ayant deviné la menace,  ce dernier attendit le bon moment et lui asséna un coup d'aile, qui envoya le Lynx rouler plus loin.

- Bartok, cria la blonde en se précipitant vers son anima.

<< Je vais bien, ne t'inquiète pas >> la rassura-t-il.

Le cri du monstre avait attiré les deux rebelles. En moins de cinq minutes, ils étaient auprès des filles.

- Un serpoccocus, lâcha Gaël, restez loin de sa queue, une seule piqûre et vous êtes paralysé.

Carlos et lui se ruèrent sur la créature. Mais étant plus rapide, cette dernière fonça sur la blonde accroupie auprès de son Lynx qui saignait.

- Attention, Laurine, hurla Léa en se précipitant vers sa camarade.

Aussi rapide que lors de la simulation au camp des rebelles, elle s'interposa entre la bête et son amie. D'une force surhumaine, elle cala le serpoccocus dans son avancée en le prenant par les pattes. Ce dernier, fou de rage, pivota sa queue en direction de la brune. Avant qu'il n'ait atteint son objectif, elle lui donna un coup de poing sur le thorax qui le fit reculer de plusieurs mètres. Profitant de ce moment de faiblesse, Gaël et Carlos l'encerclèrent. Les deux rebelles firent apparaître chacun un fil magique d'une blancheur éclatante, qu'ils passèrent autour des pattes du monstre pour l'immobiliser.

Ce dernier se mit à envoyer des coups d'ailes vers ses assaillants dans le but de les blésser avec ses pointes, en vain. Joignant les deux rebelles, Léa fit apparaître une longue épée sertie de rubis. Elle s'élança dans les airs et d'un coup précis, trancha la tête du monstre. Content d'en être venu à bout, Gaël et Carlos relâchèrent la pression des fils sur ses pattes. Grave erreur ! Au même moment, sous le regard perdu et angoissé des jeunes gens, il poussa à la créature, deux nouvelles têtes.

S'armant de courage, les trois combattants se relancèrent dans la bataille.

Toujours couché au sol, et sous le choc,  Lidya regardait ses compagnons de voyage se battre pour elle. Une fois encore,  comme dans la forêt de Syrte, ils mettaient leur vie en danger pour la protéger. Cela lui réchauffa le cœur et la calma. Sa respiration devint plus régulière et elle cessa de trembler de peur. Jusqu'à quand allait-elle continuer à se reposer sur ses amis ? Faible, voilà ce qu'elle était, et ce que lui criait son esprit. Elle serra les poings de fureur et d'impuissance, puis reporta son attention sur le combat.

Elle vit Laurine qui se joignait au trois attaquants. Cette dernière se tenait face à la créature, de nouveau immobiliser par les deux rebelles.

- Éloigne toi, Laurine, ne fait pas ça, tu risques ta peau, cria Léa qui était perchée entre les deux tête de la créature, et essayait de lui briser un cou.

Elle avait deviné ce que la blonde était sur le point de faire, et tentait de l'en dissuader.

- Et toi alors ? rabroua, Laurine. Je refuse de rester encore une fois sans rien faire.

Cette phrase eut le même effet qu'un coup de poignard planté en plein cœur sur Lidya.  Inutile  lui cria  sa conscience.

- Écoute la s'il te plaît, Laurine, intervint Carlos vraiment inquiet pour la blonde. Ne fais pas de bêtises, je t'en conjure.

- Qu'as-tu en tête ? demanda Gaël.

- Faites-moi confiance, supplia-t-elle simplement.

La Médox ignora les avertissements de ses amis et continua à avancer. Ses pas étaient peu assurés, et elle tremblait légèrement. Ce qu'elle s'apprêtait à faire était insensé, mais son instinct lui criait qu'il le fallait.

<< Sois prudente, Laurine >> lui souffla Bartok.

<< Ça va aller, mon grand >> répondit-elle dans un échange silencieux.

Intrigué par l'attitude de cette dernière, le serpoccocus se calma. Il plongea ses yeux dans ceux de Laurine. Aussitôt, celle-ci fut subjuguée par les émotions du monstre. La peur, la douleur, l'espoir, son instinct de survie, elle les décelait dans le regard de la bête. Des connexions s'établirent entre eux, les reliant l'un à l'autre. Elle avait l'impression de recevoir une multitude de fichiers dans sa tête, ce qui l'étourdi pendant un bref instant. Les images défilaient, rapides et nettes. Son cœur se serra face à tout ce qu'elle découvrait. Une énorme tristesse la submergea au fur et à mesure que la bête se confiait à elle par la pensée. Des larmes finirent par couler sur les joues de la jeune fille.

Contre toute attente, le sopoccocus arrêta de se débattre. Il plia ses pattes, et s'affaissa sous le regard incrédule des autres.

- Il ne nous veut aucun mal, murmura la blonde d'une voix remplie d'émotions, à l'endroit de ses amis.

- Je te rappelle qu'il a failli bouffer Lidya il y a quelques minutes, s'offusqua Léa, et il a blessé ton anima.

- Je sais, répondit avec douceur la Médox. Il défendait juste son territoire et son clan.

- Euh... Tu peux nous expliquer ? demanda Carlos.

Lidya s'était rapprochée, étonnée par la tournure que prenait le combat entre le serpoccocus et ses amis.

- Lors de la guerre, pour se protéger ils ont recouru à un sortilège maudit qui les a rendu invisible, et qui a transformé le lanceur du sort en Serpoccocus.  Je vous présente le chef, Abrarohaï, expliqua-t-elle en posant sa main sur l'une des têtes de la créature, qui se laissa faire.

Ses compagnons n'en revenaient pas. Elle avait réussi à utiliser son pouvoir. Carlos la regardait avec admiration, et Léa, avec fierté. Lidya, elle, se sentait encore plus minable. Faible, inutile, ces deux mots ne cessaient de tourner en rond dans sa tête.

- Et où sont les autres habitants, s'enquit Gaël.

- Ils sont là, autour de nous, mais invisibles.

Carlos ouvrit grand la bouche.

- Comment briser le sort ? reprit le chef rebelle outré par ce qu'il venait d'entendre.

- En enlevant le bijou autour de sa patte droite.

- Mais pourquoi depuis dix-sept ans, aucun habitants du village ne l'a pas fait ? intervint Lidya, en sortant de son mutisme.

Laurine caressa une nouvelle fois la tête du chef et se baissa pour saisir le collier. Elle le retira délicatement.

- Car le sort les en empêchait, seul une personne extérieure au clan pouvait y remédier. Bien qu'ils fussent au courant de cette condition, ils décidèrent à l'unisson de le lancer. Ils avaient le choix entre mourir, ou continuer à vivre en étant invisible, espérant qu'un jour des gens comme nous passent par leur village, murmura-t-elle.

Elle se releva, et recula de quelques pas. Il cessa subitement de neiger. Petit à petit, une lueur blanche enveloppa la créature. Ses ailes disparurent et laissèrent place à deux mains. Ses pattes devinrent des jambes. Les cornes sur sa tête s'évaporèrent en une poussière noire étoilée. Ils furent obligés  de fermer les yeux un instant, car  la lumière devint très intense. Quand ils les réouvrirent, ils ne purent contenir leur joie.

🌟🌟🌟

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On retrouve petit à petit le rhythm de publication.  😉
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