Une fois seule dans ses appartements, elle pouvait être enfin elle même. La reine froide au visage de glace faisait place à une femme dont la face transpirait la souffrance et la colère. Elle restait assise ou allongée, le regard lointain, plongée dans les méandres de ses pensées. À ressasser des souvenirs dans lesquels elle puisait sa force. Des souvenirs auxquels elle s'accrochait pour ne pas s'effondrer.

Depuis son retour à Persillia, elle ressentait une grande nostalgie. Elle avait vécu sur ces terres pendant des années. Son enfance, son adolescence, toutes ces étapes de sa vie avaient été bercées de douceur et d'amour. Du moins jusqu'à ce jour fatidique.

Ne voulant pas revivre cet enfer, elle se leva de son lit, qui pouvait contenir quatre personnes, attacha sa robe de chambre violette, et se dirigea vers les fenêtres. Celles-ci donnaient directement sur les jardins. Á cette vue, un sourire naquit sur ses lèvres pulpeuses. Ses yeux noirs se mirent à briller d'une douce chaleur. Elle passa sa main droite dans ses cheveux écarlate, et se cala contre le coté droit de l'ouverture.

Dehors, le ciel était noir et parsemé d'étoile. La grosse lune bleu de Mirabel pleine aux trois quarts brillait. Un silence apaisant, troublé par les discussions de soldats à l'étage inférieur, régnait. Quelques uns faisaient le guet en bas.

Des images affluèrent dans sa tête. Celles de sa mère, toute belle dans sa longue robe satinée noire, ses cheveux rouge tressés et incrustés de gemmes, le jour de sa confirmation au titre de sorcière. Elle avait à son plus grand bonheur hérité de son teint pâle et brillant, de ses courbes féminines voluptueuses et de sa taille moyenne.

Tout le clan était présent comme il en était de coutume depuis des siècles. À douze ans, chaque fille Taurix devait rejoindre la confrérie des sages où elles seraient formées pendant six ans. Une fois la formation terminée, une fête était organisée le jour de la pleine lune, et toute la communauté conviée pour assister à l'évènement dans les jardins de la sorcière suprême qui n'était autre que sa génitrice. Autour du feu, les diplômées prêtaient serment à la déesse de la mort, Achlys.

Debout au premier rang, son père la couvait d'un regard fier, aimant et protecteur. À la fin du serment, il avait accouru et prit dans ses bras, tel un fétu. La félicitant en utilisant tous les petits noms qu'il lui donnait : mon poussin, mon puceron, ma chenille... -Un petit rire s'échappa de ses lèvres à ce souvenir.- Elle avait été heureuse jusqu'à ce soir là. Elle l'ignorait à l'époque, mais le jour suivant fut celui où elle perdit tout. Celui où elle se forgea son armure de glace et commença à devenir Sélena la maléfique. Celui où elle avait hérité de la puissance qui coulait dans ses veines.

Petit à petit son visage reprit son masque froid et insensible. Elle ferma les volets et retourna prendre place sur son lit aux teintures dorées. La chambre avait été repeinte en gris selon le goût de la nouvelle propriétaire. Gris comme le temps qu'il ferait dans son âme, si elle en avait encore une. Malheureusement, elle ne vivait plus que pour lui, et pour la décimation du clan Florix.

Allongée sur le côté, des pensées sombres et meurtrières défilant dans sa tête, elle ferma les yeux et attendit patiemment le doux baiser de Morphée.

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Hors du château, dans une caverne située à deux kilomètres, à la sortie de la ville avait lieu des combats. Sur le ring, une surface de roche polie de forme circulaire, défilaient des adversaires. Il y avait des taches de sang ici et là, de vomi, et l'endroit empestait l'urine et la bière. Tous les coups étaient permis, et le duel pouvait se terminer par la mort s'il n'y avait pas d'abandon. Le lieu était éclairé par des Critnas, les pierres lumineuses utilisées sur Mirabel. Une foule de gens criait, supportant chacun la personne sur qui ils avaient misé.

Ce soir, Betty était la championne. Déjà quatre adversaires envoyés au tapis. Mâchoires brisées, épaules déboitées, jambes cassées, les dommages s'amassaient au fil des minutes.

Sa mauvaise humeur se traduisait par la brutalité des coups qu'elle décochait et par son visage fermé. Habillée de son habituel slim et de sa veste noir, tous deux moulant ses formes divines ; ses cheveux bouclés roux suivant ses gestes, elle ressemblait à une guerrière.

À force de frapper ses adversaires, elle commençait par avoir mal aux poings, mais elle en avait besoin pour extérioriser la rage à laquelle elle était sujette. La cause, une dispute entre les trois sœurs un peu plus tôt dans la soirée.

- Comment peux-tu dire ce genre chose, s'offusqua Nora en ouvrant la porte de leur chambre pour s'assurer qu'il n'y avait personnes derrière. Et parle moins fort, les murs ont des oreilles.

- Mais c'est tout à fait normal. Qu'y a-t-il de mal à vouloir être libre ? reprit l'ainée.

- Nous lui devons notre vie, Betty. N'oublie pas la condition dans laquelle nous vivions après l'attaque. Nos parents ayant été tués, nous avons fini dans la rue. Toutes sales, mangeant une fois dans la journée, livrées aux violeurs - la rousse serra les poings à ce souvenir - et volant pour survivre. Elle nous a recueilli, soigné, appris à maitriser nos pouvoirs de sorcière, et maintenant tu veux qu'on se rebelle ? gronda Alexa.

- Je suis d'accord, mes sœurs, mais n'avez-vous jamais envisagé vivre autrement ? Vivre comme bon vous semble, sans avoir peur de représailles, sans être sous les ordres de personne. Elle nous a sauvé c'est vrai, mais ce n'est pas pour autant que nous serons ses esclaves pour le restant de nos jours. Ouvrez les yeux bon sang, elle se sert de nous, lâcha-t-elle avec virulence.

Un silence irritant accueilli sa tirade. Maintes fois au cours des dernières semaines elles s'étaient disputées sur le sujet sans s'entendre. Ses sœurs étaient trop naïves pour voir qu'elles n'étaient que des pions pour Selena, mais elle non. Betty était certaine que la souveraine n'hésiterait pas à se débarrasser d'elles lorsqu'elle n'aurait plus besoin de leurs services. La sorcière dégageait quelque chose de sombre, de malsain qui lui hérissait les poils à chaque fois qu'elle se trouvait en sa présence. En une telle personne, on ne pouvait avoir confiance, même si elle était la fille de feu Solveig Taurix, la douce et belle ancienne sorcière suprême du clan, et du Seigneur Maximillieme. Peu importe le temps que cela prendrait, elle les convaincra.

Commençant à ressentir la fatigue, elle termina rapidement son dernier combat, le sixième, et descendit empocher les trois-cents caris gagnés. Ensuite, elle sortit de la caverne et s'engouffra dans les ténèbres de la nuit en direction du château.

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Hello, mes cocos 😄. Me revoilà avec les Divas et Sélena. Ça faisait longtemps qu'on ne les avait plus vu, hein ?

Chapitre en avance. J'espère qu'il vous a plu! Moi j'ai adoré l'écrire.

Des remarques / critiques?

À la prochaine 😘.