25. Mauvaise rencontre.

Au sol, le jeune rebelle se tortillait de douleur et essayait tant bien que mal de stopper le sang qui coulait à flots de sa blessure.

Lidya descendit précipitement de sa monture et courut auprès d'Igor. Elle s'agenouilla et plaqua de toutes ses forces ses mains contre celles du jeune homme qui lui dédia un sourire qui se termina en une grimace.

- Tiens bon, Igor, ne nous abandonne pas, ordonna-t-elle, ses yeux commençant à rougir. Je t'en prie. Ça va aller.

Léa, Laurine, Gaël et Carlos avaient également accouru auprès du jeune homme. Albierik s'accroupit et d'un geste précis retira la flèche. Celle-ci n'avait pas touché par chance le cœur de son collègue. Il ne restait plus qu'à espérer que l'arme n'était pas empoisonnée.

Le visage teinté d'angoisse, il déchira un bout de la chemise d'Igor et le plaqua sur sa blessure.

Des craquements de branches aux alentours attira leur attention. Tous se relevèrent et se mirent en position de défense, sauf Lidya qui était restée auprès d'Igor pour compresser la plaie.

Des bois, sortirent dix hommes armés d'arc, de couteau et d'épée. Ils avaient tous le visage couvert de tissus et portaient des vêtements noirs.

- Des bandits, murmura calmement Gaël à ses amis en dégainant son épée. Ils ont sûrement dû nous suivre depuis Valladium.

Léa fit apparaître une grosse épée par invocation.

Carlos, comparé à leur dernier combat était calme et impatient de se battre. Il tenait deux slacks* dans ses mains et par un procédé qui nécessitait un dur entraînement, avait recouvert les lames par son énergie magique.

En le voyant si sûr de lui et sans aucune crainte, Laurine qui était accroupie et caressait le pelage de Bartok, pour le calmer, en fut impressionnée.

- Jetez vos armes, ordonna l'un des bandits en se détachant du reste du groupe.

- Dans tes rêves, cracha Léa.

Celui qui était apparemment le chef des brigands fut surpris par son audace et sa réponse.

- On fait le malin, remarqua-t-il en riant. Si vous ne voulez pas qu'il vous arrive la même chose qu'à votre ami, il montra Igor du doigt, jetez vos armes.

Au sol, le jeune homme agonisait. Comme l'avait imaginé Gaël, la flèche avait été recouverte de poison. Igor se mit à trembler et une écume blanche sortit de ses lèvres.

Carlos abandonna ses slacks* et se précipita auprès de son collègue. Il s'agenouilla et lui prit la main. Des larmes commencèrent à couler sur son visage au même moment qu'il secouait Igor.

- Non, vieux. Ne me fait pas ça. Résiste s'il te plaît. Ne nous abandonne pas. Que veux-tu me faire ? Je dirai quoi à Évangéline, hein ? Elle t'attend avec votre petit gars... Lutte au moins pour eux, je t'en prie. Ne me laisse pas, nous laisse pas s'il te plaît. Nous avons encore beaucoup de trucs à vivre, mon vieux. Bats-toi.

À chacun de ses mots il ne cessait de secouer son compagnon. Petit à petit les yeux de ce dernier se révulsèrent et devinrent vitreux. Puis, subitement il arrêta de bouger.

- Non... hurla Carlos, la voix emplie de détresse.

Choquée et impuissante, Lidya assista à la mort d'Igor. Une énorme culpabilité la saisie. Si le jeune homme était mort, c'était de sa faute. S'il était resté au camp et n'avait pas décidé de la suivre dans sa quête, il serait encore vivant. À cause d'elle une femme venait d'être privée de son mari, et un enfant de son père. Non seulement ça, mais elle venait de perdre un ami.

Ses mains, toujours posées sur celles du rebelle se mirent à trembler. Son cœur se comprima à tel point qu'elle eut du mal à bien respirer. Dans sa tête, ses idées se mélangeaient. Elle était comme déconnectée de la réalité.

Plongée dans cet état second, Lidya entendit le chef des brigands se moquer du défunt et de la détresse de Carlos.

- Hahaha... Un homme qui pleure ! T'en fais pas, tu iras le rejoindre bientôt, disait le chef des voleurs avec mépris.

Ce fut la goutte de trop qui déborda le vase. Son sang se mit à pulser rapidement dans ses veines, réveillant le pouvoir qui sommeillait en elle. Elle sentit une vague de puissance affluer en elle, lui donnant la sensation d'être invincible. Toute cette force ne demandait qu'à sortir et c'est ce qu'elle fit. Une immense chaleur commença à émaner de ses pores et elle fut enveloppée de feu.

Léa et Laurine furent traversées par l'énorme tourbillon d'émotions qui agitait la princesse. Grâce au lien les unissant, elles ressentirent la haine qui l'animait, et son sentiment de culpabilité. Sa douleur d'avoir perdu un compagnon fit écho à la leur. Laurine, elle n'y résistant plus, se mit à pleurer. Elle essaya de se rapprocher de Lidya pour la calmer, mais Léa sachant cela impossible, lui tira le bras et toutes les deux s'écartèrent.

Se relevant et lui faisant face, Lidya étendit ses flammes et forma un cercle de feu qui entoura le voleur. Avec une délectation effrayante, elle brûla l'homme jusqu'à ce qu'il ne fût plus qu'un tas de cendre.

Voyant ce qui était arrivé à leur chef, les autres voleurs prirent la fuite en abandonnant leurs armes. Après leur départ précipité, les flammes qui l'enveloppaient disparurent du corps de Lidya.
Elle se remit à trembler en se rendant compte de ce qu'elle venait de faire. Le regard fixé sur le tas de cendre et affaibli par la quantité de pouvoir qu'elle venait d'utiliser, elle s'effondra sur ses genoux. La haine, la culpabilité, la tristesse, et la peur, tous ces sentiments se mélangeaient en elle tel un torrent dévastateur. Avec crainte, elle fixa ses mains qui tremblaient toujours et ensuite reporta son attention sur le tas de cendres. Des larmes se mirent à couler de ses yeux.

Elle n'en revenait pas, elle venait de tuer un homme, de sang-froid.

- Non, geignit-elle.

Sachant ce qu'endurait sa protégée, Laurine s'approcha d'elle et la prit dans ses bras pour la consoler.

- Je l'ai tué, couina Lidya agrippée au cou de sa gardienne. Je l'ai tué ! Je...je suis un monstre.

- Ne dit pas ça, ma puce, il le méritait, répliqua la blonde. Igor est mort par sa faute ne l'oublie pas.

Sa voix se brisa et trembla à cause de l'émotion.

- Tu lui as rendu justice, essaya-t-elle de la convaincre.

Les pleurs de l'héritière au trône redoublèrent en entendant le nom du jeune homme. Elle se laissa aller et versa toutes les larmes de son corps jusqu'à ce que celles-ci se tarissent. Pendant ce temps, Gaël essayait également de réconforter Carlos. Ce dernier pleurait dans les bras de son ami.

Adossée à un arbre, Léa avait le regard perdu au loin. La mort d'Igor lui rappelait celle de sa mère. Elle la revoyait couchée dans son lit, toute mince et vidée de toute forces. Ce qui ranima sa douleur. Même si elle ne s'était pas attaché au jeune homme, sa mort l'attristait. Elle poussa un profond soupir et reporta son regard sur le cadavre du jeune homme allongé sur le sable meuble de la route.

Il fallut une dizaine de minutes à Carlos pour se reprendre. Avec Gaël, ils allèrent chercher du bois. Au retour, ils quittèrent la route et déplacèrent le corps dans les bois. Là, ils érigèrent un autel et le placèrent dessus. Lidya, toujours en larmes les regarda faire, puis y mettre du feu. Tandis que la fumée montait au ciel, les deux jeunes hommes se mirent à chanter de leur voix grave, une chanson, douce et triste pour libérer l'âme de leur compagnon, afin qu'il repose en paix.

Ils restèrent jusqu'à ce que le bûcher s'éteigne. Ensuite ils remontèrent en selle et continuèrent leur voyage dans un silence mortuaire.

Le reste de la journée, ils avaient chevauché sans encombres. Au coucher du soleil, ils décidèrent de camper dans les bois, pas loin d'une rivière. Les garçons attachèrent solidement les chevaux et laissèrent les filles s'occuper du feu tandis qu'ils partaient chasser.

Assise autour du feu, Léa en profita pour leur donner une petite leçon de maîtrise d'énergie magique. Cela permettra également de leur changer les idées lui souffla sa conscience.

- Le moment est mal choisi, mais c'est important que vous le sachiez. Comme vous l'avez sans doute remarqué, il vous est possible de puiser dans vos réserves magiques lorsque vous êtes sujette à une émotion vive. Mais dans ce genre de situation votre pouvoir est instable. Lidya, ferme les yeux et fait le vide dans ton esprit. Ensuite visualise ton pouvoir. Il afflux dans tes veines. Donne-lui une couleur pour le distinguer. Tu vois quoi ?

- Un flux de couleur bleue, répliqua calmement la princesse après un instant de silence.

- Très bien, félicita Léa. Maintenant essaye de l'extérioriser en formant une boule d'un de tes éléments dans tes mains.

Lidya se souvint que lors de la première attaque des trois sœurs maléfiques sur terre, un bouclier d'eau s'était formé pour la protéger. Ajouté à cela, elle pouvait utiliser également l'élément feu et vent. Néanmoins, elle préféra invoquer l'eau aux flammes qui lui rappelaient les récents évènements de la journée.
Elle prit une profonde inspiration et imagina son flux d'énergie sortir et former une bulle d'eau dans ses mains.

- Ouvre les yeux, intima l'héritière du clan Brandon.

Lidya fit ce que lui commandait Léa et fut émerveillée en voyant exactement ce qu'elle avait imaginé dans son esprit. Une bulle d'eau de la forme d'un ballon de golf flottait dans sa main droite. Avec un naturel déconcertant, elle donna une nouvelle forme au liquide, celle d'un oiseau. Elle le fit se mouvoir autour de Laurine qui éclata de rire.

- Tu as réussi, s'extasia la blonde.

En réponse, un faible sourire éclaira le visage de Lidya. Malgré son exploit, elle n'arrivait pas à se réjouir. Dans un coin de son esprit, elle revoyait le visage d'Igor, et était rongée par l'état dans lequel devait se trouver sa mère. Cela la perturba et fit disparaître l'oisillon qui s'évapora en poussière d'étoile bleue.

- Je suis désolée, s'excusa-t-elle.

- Ce n'est pas grave, rassura Léa d'une voix douce.

Tout comme Laurine, grâce au lien de gardienne qui ne cessait de croître, elles percevaient ses inquiétudes et savait ce qui avait déconcentré la princesse.

- À ton tour Laurine, continua-t-elle. Essaye d'entrer dans la tête de Bartok.

- Quoi ? s'étonna cette dernière.

- Tu es capable d'écouter et parler aux animaux. En gros, de les dompter et de les invoquer, expliqua la brune à la coupe garçonne.

- Comment je fais ça ?

- J'en ai aucune idée, commence par essayer, je suis sûre que ton instinct te guidera. Suis les conseils que j'ai donné à Lidya pour canaliser ton énergie, le reste viendra naturellement.

Laurine prit à son tour une profonde inspiration et mit les conseils de Léa en pratique. Elle plongea son regard dans les yeux verts du lynx. En se concentrant plus, elle sentit une connexion s'établir entre l'animal et elle. Ce dernier lui montra quelques-uns de ses souvenirs. Celle d'une femme encapuchonnée qui abandonnait un bébé devant les portes d'un orphelinat. En larmes, celle-ci s'éloigna à contre cœur du nourrisson et se dirigea vers une forêt. Là, elle sortit un œuf de son sac en cuir et le scella d'un sort de protection jusqu'à son éclosion. Quelques mois plus tard, l'oeuf se cassa et le lynx en sortit. Protégé par un sort d'invisibilité, ce dernier passa les années suivantes à veiller sur la petite fille et à la suivre partout jusqu'au jour où elle finit par le découvrir dans le jardin des Butter.

" J'étais toujours auprès de toi entendit la blonde dans son esprit. Et je le serai toujours " lui promit une voix rauque et étonnamment douce, celle de Bartok.

Des larmes de reconnaissance coulant sur le visage de la jeune fille, le cœur plein d'amour et les yeux brillants de tendresse, elle souleva son lynx et le serra de toutes ses forces dans ses bras, sous le regard ému de Lidya et Léa.

- Bravo, congratula Léa d'une voix.

Au même moment les garçons revinrent de la chasse avec comme butin, deux lapins et de nouvelle réserve d'eau. Ils donnèrent une moitié au lynx et rôtirent le reste.

Laurine refusa d'en manger et se contenta de fruits. Après le souper, Lidya, Carlos, Léa et elle s'endormirent tandis que Gaël prit le premier tour de garde.

♡☆♡

Hello, mes crevettes. Je vous ai manqué? Vous, si.

Alors ce chapitre, vous le trouvez comment?

Les émotions passent?

Des remarques/critiques?

Ps: Slacks = des couteaux à scie recourbés.

On se retrouve Samedi pour la suite. Bisou. 😙

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