21. Courir ou se faire bouffer.
- Allez debout les marmottes, s'écria Lidya en entrant dans la baraque.
Laurine s'étira longuement et s'assit. Léa, également, se leva. En voyant qu'elle se trouvait hors de son sac de couchage, elle passa sa main droite sur son visage et fusilla des yeux ses deux amies qui se retenaient de rire.
À tour de rôle, elles prirent leur bain. Une heure plus tard, toutes les trois sortirent habillées de pantalon, chemise à manches longues et bottes.
Elles croisèrent en se rendant à la salle principale, des femmes revenant de la rivière, des enfants courant entre les différentes cabanes environnantes, et quelques hommes rentrant de la chasse qui avait été bonne.
Contrairement à la veille, le regard des gens à leur passage était bienveillant, respectueux, et emplis d'espoir. Certains s'inclinaient même pour les saluer. Lidya sut alors qu'ils connaissaient leurs identités. Cela la mit mal à l'aise. Elle ne savait pas comment réagir face à toutes ces personnes qui mettaient aveuglément leur confiance en elle.
Hâtant le pas, elles rejoignirent Gaël et Carlos dans la grande salle. Un autre jeune homme était assis en leur compagnie. Un brun aux yeux marrons, pas trop costaud et à la peau blanche comme la neige. En les voyant entrer, ce dernier se leva et s'inclina devant sa future reine.
- On vous attendait justement, j'espère que votre nuit était bonne ? s'enquit Gaël.
Un peu gênée par la posture et la présence du nouveau rebelle, Lidya se contenta de hocher la tête tandis que ses gardiennes répondaient par un ‹‹ oui ››. Elle alla prendre place sur l'une des nombreuses chaises en bois se trouvant dans la salle, sous le regard rempli d'admiration et de respect du jeune soldat.
- Je vous présente, Igor, l'un de nos meilleurs espions. Il vient de nous annoncer le départ de la reine et de ses acolytes pour Persillia. Votre mère y a été également déplacée, Princesse, annonça Albierik.
Remarquant le regard inquiet et interrogateur de Lidya, il s'empressa de la rassurer.
- N'ayez crainte, elle est en vie.
Un soulagement emplit le cœur de la jeune fille, et eut le don de dissiper la gêne qui l'animait.
- Je dois vous avertir, princesse, le voyage pour Persillia sera très long. Pour nous y rendre, deux possibilités se présentent. Soit, traverser la capitale entière en prenant le risque d'être découvert et capturé, ou soit la contourner, lâcha gravement Gaël.
Après des minutes de réflexion, Léa qui avait étudié les risques prit la parole.
- Nous optons pour la deuxième solution car la sécurité de la princesse est primordiale. En contournant, cela nous prendra combien de temps ?
- Environ une semaines, répondit Carlos, qui maîtrisait parfaitement la topographie Mirabellienne.
- Très bien, reprit Léa. Tu en penses quoi, Lidya, questionna-t-elle en se tournant vers sa protégée.
Cette dernière aurait voulu qu'ils traversent la capitale pour gagner du temps et ainsi retrouver sa mère plus rapidement. Surtout après son cauchemar qui n'augurait rien de bon, mais il fallait rester rationnelle. Cela mettrait ses amis en danger. Or, elle ne voulait plus perdre une autre personne chère à ses yeux. Léa avait raison, c'était la meilleure solution.
- Nous partons quand ? demanda-t-elle pour approuver.
- Dès que les chevaux seront là. Un de nos hommes est parti en chercher en ville, répondit Gaël.
Des chevaux ? Mais elle ne savait pas monter ! Lidya sentit la panique la gagner.
Assise à ses côtés, Laurine se triturait les doigts de nervosité.
- Euh... N'y aurait-il pas un autre moyen de transport ? questionna la blonde d'une petite voix.
- Si, la téléportation ! Mais pour éviter de nous faire remarquer et attirer les furies, nous devons utiliser le moins de magie possible, rétorqua le jeune homme d'une voix sérieuse.
- Ces démons assoiffés de sang ont un odorat très particulier. Ils sont capables de sentir la plus infime énergie magique même à des milliers de kilomètres, expliqua Carlos. Ne t'inquiète pas, ma jolie, je te montrerai comment monter, continua-t-il en faisant un clin d'œil à Laurine qui malgré cela n'en était pas moins anxieuse.
En attendant l'arrivée des chevaux, Léa décida de donner un petit cours d'endurance aux filles. À sa demande de pouvoir s'entraîner, Gaël les conduisit dans un bâtiment un peu éloigné du camp et exceptionnellement construit à l'aide de marbre blanc. Ils entrèrent par une porte et retrouvèrent dans une vaste pièce. À la place des murs, il y avait de grands miroirs de tous côtés. Chaque siège était doté d'un cerceau de diamètre d'au moins vingt centimètres.
- Où sommes-nous ? s'enquit Lidya.
- Dans une salle d'entraînement spéciale pour les soldats de Mirabel, répondit fièrement Gaël. Une fois assit sur ces sièges et les cerceaux mis sur vos têtes, vous serez plongées au cœur d'une simulation de votre choix, expliqua le chef des rebelles. Prenez donc place !
- Euh... C'est sans danger, j'espère ? fit Laurine, inquiète.
- Oui, les rassura-t-il en riant.
Elles s'assirent et Gaël se chargea de mettre les cerceaux sur leur tête. Aussitôt le métal posé, elles sentirent un engourdissement les envahir puis sans qu'elles ne sachent comment, se retrouvèrent dans un pré. Autour d'elles, des herbes mélangées de fleurs s'étalaient à perte de vue. Un vent frais soufflait faisant flotter leurs cheveux. Le paysage était tellement beau qu'elles en oublièrent le pourquoi elles étaient là.
Un rugissement féroce retentit derrière elles, les ramenant à la réalité. Tournant lentement la tête pour voir ce qui était à l'origine de ce bruit, leurs visages se peignit d'effroi. Un immense tyrannosaure se tenait à quelques mètres d'elles.
- Courez, hurla Léa. Et essayez de ne pas vous faire manger, rit-elle en les devançant.
Laurine et Lidya ne se le firent pas répéter deux fois. Elles détalèrent comme des lièvres, poursuivit par le dinausaure.
Jamais Lidya n'avait eu aussi peur de sa vie. Le cœur battant à tout rompre, la respiration courte, et répétant des ‹‹ je suis trop jeune pour mourir ››, elle courait pour sa survie. Derrière, elle sentait le tyrannosaure se rapprocher de plus en plus. À ses côtés, elle entendait Laurine hurler désespérément ‹‹ on va finir en steak haché ››. Très loin devant, Léa courait à une vitesse ahurissante. Un instant, la jeune fille ferma les yeux et tenta de réfréner les battements de son cœur qui n'allait pas tarder à exploser si ça continuait.
‹‹Tu peux aussi le faire ›› lui murmura une voix infiniment douce, au plus profond de son être. Encore cette voix. La même que sur Terre.
Au même moment, elle sentit quelque chose se débloquer en elle. Réouvrant les yeux, elle se rendit compte qu'elle courait aussi vite que Léa. Laurine également, elle ne savait par quelle magie, filait comme le vent. Toutes les deux rirent aux éclats et rejoignirent leur amie.
Le tyrannosaure était dorénavant loin derrière elles, mais un autre obstacle se dressait devant. Une fissure dans le sol créant une fosse de trois mètres de large. Ne réduisant pas leur vitesse, Léa suivit de Lidya et Laurine effectuèrent un saut magistral au-dessus du trou béant.
Le paysage s'effaça et elles se retrouvèrent dans la salle de simulation. Malgré que ce ne fut pas réel, les jeunes filles avaient du mal à respirer par manque de souffle. La simulation avait duré en tout une trentaine de minutes. Elles étaient exténuées.
- Waooh, c'était impressionnant, les applaudit Gaël qui avait tout suivit grâce aux miroirs.
- Fallait nous avertir pour les risques de se faire bouffer, le réprimanda Laurine.
- Ça n'aurai pas été drôle, se moqua le jeune homme.
La blonde lui lança un regard noir tandis qu'ils sortaient de la salle d'entraînement.
~
La soirée, ils la passèrent à apprendre à monter à cheval. En voyant les magnifiques bêtes qu'étaient les chevaux de Mirabel, les filles en tombèrent amoureuse, même Léa. Ils étaient hauts de deux mètres, avaient le pelage soyeux, long et épais. Un vrai délice en y passant les mains. Lidya choisit une femelle de couleur or, Laurine une bleue et Léa, un mâle de couleur noir au tempérament fougueux qui lui convenait. Dès qu'elle l'avait vu, le cheval s'était approché de lui-même et lui avait léché la joue. Cette dernière avait éclaté de rire sous le regard abasourdi de ses amis qui ne pensaient jamais à assister à une pareille scène. En retour, la jeune fille leur fit un doigt d'honneur.
Plusieurs fois Lidya et Laurine tombèrent de leurs selles sous les moqueries et les paris des enfants du camp qui étaient venus assister au cours d'équitation. Quant à Léa, elle s'habitua rapidement à son cheval. C'est épuisées qu'elles rejoignirent leurs bicoques à la tombée de la nuit. Ce fut éreintant, mais à présent, elles savaient passablement monter.
Bionca leur apporta leur dîner qu'elles mangèrent de bonne grâce. Juste après, elles prirent leurs bains, s'allongèrent et ne tardèrent pas à s'endormir.
Persillia, château des Taurix.
Nora avançait de sa démarche féline à travers les couloirs sombres du château de Matras, demeure ancestrale des Taurix. Comme l'exigeait la tradition à Persillia, elle portait des vêtements à la couleur du clan, le noir. Sa tenue était constituée d'une mini-jupe ovale qui lui arrivait à mi-cuisse, d'un débardeur au col plongeant et pour finir des bottes. Mécontente, d'être celle qui devait aller annoncer les nouvelles à la reine, elle ne cessait de marmonner. Cela faisait à peine deux jours qu'elles étaient arrivées, mais la vie à El-Dorado lui manquait énormément déjà. La plus jeune des Divas poussa un énième soupir d'agacement tandis qu'elle continuait son chemin.
Cinq minutes plus tard, elle se retrouvait devant les portes de la grande salle du château. Celle-ci s'ouvrit d'elle-même la laissant entrer dans la vaste pièce. L'intérieur était aussi sombre que le reste de la demeure. Tout comme les murs du château, le trône était fait à base de marbre noir. Des tableaux d'anciens nobles ornaient les murs, sûrement des ancêtres. La salle était éclairée par de petites pierres lumineuses incrustées dans le plafond. Le sol était recouvert d'un tapis écarlate aux motifs arabesques noirs rendant l'atmosphère de la pièce plus sinistre.
En y pénétrant, Nora eut la chair de poule. Cela lui faisait toujours autant d'effet de se retrouver dans cette pièce, raison pour laquelle elle évitait de s'y rendre, sans oublier l'aura maléfique de la reine qui lui glaçait le dos.
- J'espère que tu m'apportes de bonnes nouvelles, Nora, l'interrompit Selena au moment où la jeune sœur des Divas voulut prendre la parole.
- Oui, Votre Majesté. Ils sont en route pour Persillia.
La sorcière éclata de rire. Ce qui décupla la chair de poule sur la peau de la jeune blonde aux yeux verts.
- Excellent, on va pouvoir enfin s'amuser, se délecta la reine. Envoyez le comité d'accueil leur souhaiter la bienvenue, ordonna-t-elle d'une voix mielleuse.
- À vos ordres, Votre Majesté !
★†★
Hey! Comment allez-vous ? Moi bien. Je ne suis plus trop présente ces derniers temps, à cause de mon portable qui m'a lâché 😞. Pour poster ce chapitre, j'en ai tellement baver, piouf... J'espère trouver une solution rapidement. En attendant, voici un nouveau chapitre (1800 mots 😉). Vous avez aimé j'espère ?
Dites-moi, quel est votre personnage préféré et pourquoi ? 😁
Des hypothèses sur la suite ? De quoi peut bien parler la reine ?
La FAQ est toujours ouverte, par manque de questions. Si vous voulez en poser, par ici.
Des remarques/ critiques ?
À samedi prochain pour la suite, si tout va bien. Bisous 😘.
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