2✔ La nouvelle voisine (partie 1){réecrit}

Le jour suivant, aux environs de seize heures, l'avion Air France en provenance de Paris atterrit à l'aéroport de Lomé. Parmi la foule venue accueillir les passagers se trouvaient les Butter.

Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils se levèrent et allèrent à sa rencontre.

- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.

Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna une bise sur chacune de ses joues.

- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant. Intérieurement elle était très heureuse de les revoir.

Ce fut ensuite au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.

- Ma crevette, l'invita-t-il.

Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois sembrassèrent.

- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.

- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.
Ils se séparèrent et se dirigèrent vers la sortie, Norbert tirant la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme démarra sa Toyota blanche et ils prirent la direction de la cité OUA.

En chemin, assise sur le siège arrière, Laurine regardait par les vitres le paysage défiler. Des panneaux publicitaires bordaient la route. Des femmes et des hommes à la peau noire, habillés de pagne, passaient sur les trottoirs. Leurs marchandises sur la tête, dans des charrettes, ou dans des sacs. D'autres avaient étalé les leurs sur des tables. Elle vit des femmes porter leur bébé au dos, et des taxi-motos remorquant doublement des passagers. Ils croisèrent dans le sens inverse, des véhicules pleins à craquer de passagers. Elle aperçut au loin des enfants courir tout nu, s'amusant en criant, des femmes revenir de la pompe, des bassines d'eau sur la tête. La jeune femme baissa les vitres et aussitôt un vent sec et poussiéreux s'engouffra dans l'habitacle.

Elle était émerveillée par toutes ces nouvelles découvertes et l'animation qui y régnait. Un nouveau monde complètement différent de celui qu'elle connaissait, le Togo dans toute sa splendeur. Excitée, elle ne cessait de regarder des deux côtés de la voie.

Le véhicule passa devant un grand bâtiment peint en blanc, bleu, et rose. C'était l'une des sociétés de communication au Togo, Togotélecom. Ils prirent ensuite la voie passant près du campus de Lomé. Une fois au feu rouge, Norbert tourna à gauche et ils arrivèrent à destination après quelques mètres. Consultant sa montre, Laurine remarqua que le trajet avait duré une trentaine de minutes.

En voyant la villa, le cœur de la jeune blonde se serra. Tant de fois elle l'avait vue en photo avec ses parents et attendue avec impatience sa première visite. Ils prévoyaient de venir y passer tous ensemble les vacances d'été, mais la vie en avait décidé autrement. Ceux-ci étaient décédés avant d'avoir pu réaliser leurs projets. La jeune fille ne venait pas pour quelques jours, mais pour vivre définitivement avec ses grands-parents.

Ces souvenirs ravivèrent sa douleur, et elle passa de l'état d'excitation à celui de tristesse. Ses yeux marrons devinrent larmoyants, sa gorge se serra, elle se mordit la lèvre inférieure pour refouler ses sanglots et se terra dans le mutisme. Ses grands-parents remarquèrent son changement d'humeur et tentèrent de l'y faire sortir... sans succès. Après plusieurs échecs, Norbert monta les affaires de Laurine dans sa chambre, l'adolescente à sa suite.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me le demander, ma crevette, l'avertit aimablement le vieil homme.

Laurine approuva de la tête. Dès qu'il fut sorti de sa chambre, elle se dirigea vers la fenêtre en bois et l'ouvrit. La vue donnait sur le jardin. Des fleurs, un manguier, un oranger, puis un cocotier y étaient, le tout formant un environnement paisible. Deux rouge-gorge volèrent et approchèrent la jeune fille. Ils vinrent frotter leur petit bec contre ses joues comme pour la consoler. Cela avait toujours été ainsi. Les animaux l'adoraient et c'était réciproque. Elle arrivait toujours à les amadouer.

Elle leur rendit leurs caresses et un sourire éclatant fit resplendir son visage ovale aux traits délicats et chaleureux. Peu importe comment elle se sentait, la vue d'un animal et un contact avec ce dernier lui redonnaient toujours de la bonne humeur.

Un peu plus détendue, elle décida de prendre un bain. Elle enleva son haut, dévoilant une petite tache noire en forme de cœur sur son épaule gauche. Elle l'avait toujours considérée comme un grain de beauté particulier. Après sa douche, elle s'allongea pour se remettre de son voyage.

Dans la villa des Leclerc, Lidya avait assisté à l'arrivée de la nouvelle voisine. Elle suivait l'une de ses multiples séries lorsqu'elle avait entendu le bruit de la Toyota des Butter. Curieuse qu'elle était et attirée comme un aimant, elle avait mis le lecteur en pause et accouru derrière la fenêtre.
Depuis qu'elle avait appris la nouvelle et s'était mise en tête d'en faire son amie, Lidya était impatiente de rencontrer la petite-fille des Butter. Il ne restait plus à espérer que son mauvais karma lui fasse une exception car sans la connaître elle était attirée par sa nouvelle voisine.

Le nez collé à la vitre, elle vit sortir du véhicule une blonde de son âge qui portait un jean, un débardeur et une veste qu'elle avait nouée à la hanche. Sa démarche était toute simple et gracieuse. À sa vue, elle avait étrangement ressenti une grosse nostalgie. Ses yeux bleu-vert s'étaient teintés de tristesse et elle en avait perdu subitement sa bonne humeur. Lidya ne comprit pas ce qui lui arrivait, mais était sûre d'une chose. C'est que les sentiments qu'elle éprouvait n'étaient pas les siens. Certes, elle souhaitait une amitié, mais ce subit mélange d'émotions et cette attraction vis-à-vis de Laurine était au-dessus de toute compréhension.

La jeune Leclerc resta là à observer les Butter jusqu'à ce qu'ils disparaissent de son champ de vision. Elle retourna à ses occupations, perdue dans ses pensées.

Quelques minutes après, Lidya retrouva subitement sa bonne humeur. À présent elle flottait dans un état de bien-être intense qu'elle ne s'expliquait pas. Le reste de la soirée, elle le passa à se demander ce qui lui arrivait.

Lorsque Arielle rentra de sa garde comme toujours aux environs de vingt heures, elle eut juste le temps de franchir la porte d'entrée que le téléphone fixe se mit à sonner.

- Allô, chanta une voix toute joyeuse, au bout du fil.

- Bonsoir, Madame Butter, lui répondit aimablement Arielle.

- J'espère ne pas vous réveiller ? s'inquiéta la vieille dame.

En effet il était tard, mais cela ne la dérangeait nullement.

- Non, rassura-t-elle. D'ailleurs, je viens juste de rentrer, avoua la praticienne en souriant.

- J'en suis soulagée. Demain étant votre jour de repos, j'aimerais en profiter pour confirmer l'invitation à dîner. La petite est arrivée aujourd'hui, lui confia Jeanne.

- Oh ! s'exclama Arielle. Avec plaisir. Lidya sera très contente. Elle a tellement hâte de la rencontrer !

En parlant du loup, elle était endormie sur l'un des fauteuils rembourrés du salon. Malgré le bruit du lecteur et la conversation téléphonique, elle continuait à roupiller. Son visage paisible élargit le sourire de sa mère.

- Dans ce cas, à demain alors, reprit Jeanne.

- Bonne nuit, lui souhaita Arielle.

L'infirmière reposa le combiné et se dirigea vers sa belle au bois dormant. Elle la réveilla pour qu'elle aille dans sa chambre, et reçue des grognements en retour. Ensuite, elle éteignit le lecteur, puis regagna la sienne.

Ayant passé une bonne partie de la nuit à regarder des séries, Lidya se réveilla à dix heures le lendemain. Sa mère l'avait laissée faire la grasse matinée, vu que c'était les vacances.

Aussitôt sur pieds, elle fit un petit brin de toilette et sortit rejoindre sa génitrice à la cuisine.

- Bonjour, maman, lança-t-elle d'une voix ensommeillée en lui faisant une bise.

Cette dernière préparait des petits gâteaux. Elle lui proposa quelques-uns en répondant à sa salutation.

- Bien dormi, ma puce ?

- Ouais, grogna-t-elle en piochant un morceau.

- Toujours de mauvaise humeur le matin, toi. Quand changeras-tu ?

Lidya préféra ignorer sa question. Elle se servit un verre de lait qu'elle vida d'une traite.

- Garde un peu de place pour le dîner. Nous sommes invitées chez les Butter, lui annonça Arielle d'une voix enjouée, lançant un regard en biais à sa fille pour voir sa réaction.

À l'entente de la nouvelle, un croissant de lune apparut sur les lèvres de l'adolescente. L'infirmière crut lire dans les yeux de son enfant de l'impatience, et cela la ravit. Secrètement, elle s'inquiétait de la voir toujours cloîtrée au salon à suivre des séries et à lire des mangas, au lieu de sortir, se faire des amis, et s'amuser comme les jeunes de son âge. Avec l'arrivée de la petite fille des Butter, elle espérait que cela allait changer.

★★★

Coucou...😄 Comment et votre semaine ?

Et de deux. Comment avez-vous trouvé ce chapitre ?

Vos impressions sur Laurine ?

Madame et Monsieur Butter ?

Le prochain dîner, comment le préssentez-vous ?

Des remarques/critiques, par ici.

À Dimanche prochain, mes crevettes ( surnom emprunter du vieux Norbert 😁)

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