18. Mirabel.
La chute dura environ deux minutes. Léa, qui adorait tout ce qui provoquait une poussée d'adrénaline, jubilait. Gaël, lui, essayait de garder un air sérieux et ses sens en alerte. Après tout, il ne savait pas encore ce qui les attendait de l'autre côté.
Petit à petit, ils perdirent en vitesse, signe qu'ils arriveraient bientôt.
Soudain, suivant son instinct de félin qui lui avertissait la fin de la chute, Bartok s'échappa des mains de sa maîtresse pour retomber sur ses pattes.
En se retournant pour voir si tout le monde était parvenu à destination, Gaël ne put retenir un fou rire.
La blonde était allongée au sol, face contre terre, Lidya assise sur ses fesses. Elles mirent un peu de temps à reprendre leurs esprits. Quand elles y parvinrent, la Johnson saisit la main que lui tendait Gaël pour l'aider à se relever.
- Ça va aller ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix en voyant sa camarade allongée.
- T'inquiète pas, heureusement ce tas de feuilles a amorti la chute, fit Laurine en recrachant un mélange de sable et de feuilles mortes. Vous auriez au moins dû nous prévenir, se plaignit-elle ensuite auprès du jeune plaisantin. Et toi, t'es qu'un sal traître, reprocha-t-elle à son nouvel animal de compagnie qui lui léchait le visage.
- Désolé, s'excusa Gaël en passant sa main droite dans sa longue tignasse brune. Rien de cassé, j'espère ? rit-il.
C'est à cet instant que Lidya se rendit compte de sa proximité avec lui. Elle en eut immédiatement le souffle coupé et ses joues prirent une teinte rosée. Des frissons qu'elle mit sur le compte du froid lui recouvrirent la peau. Lentement, elle rompit le contact de leurs mains et s'éloigna de lui, en espérant qu'il n'ait pas remarqué son trouble.
- Waoh ! s'exclama Laurine.
Ils se trouvaient à l'orée d'une forêt. D'où ils étaient, ils apercevaient au loin une ville ayant la configuration d'une toile d'araignée et au centre duquel se dressait un majestueux château.
Les manoirs aux alentours avaient sur les toits des pierres étranges et lumineuses. Il y en avait de toutes les couleurs, ce qui rendait la ville magnifique. À vrai dire, ces gemmes étaient leur source de lumière vu que le ciel était tout gris et nuageux. La grosse lune bleue de Mirabel était comme voilée, ce qui donnait l'impression qu'il faisait nuit.
- Où sommes-nous ? Et pourquoi fait-il si sombre ? s'enquit Léa.
- Voici El-Dorado, la capitale de Mirabel, répondit avec regret Gaël. C'est ainsi depuis la grande guerre. Certains disent que c'est un sort de la sorcière. D'autres, que cela serait dû aux créatures démoniaques qui pullulent en ville et qu'elle a comme alliés.
Il coula un regard triste en direction de la capitale. Sans le vouloir, des souvenirs qu'il avait tenté d'oublier revinrent dans sa mémoire. Il revit le jour de l'attaque. Les cris, les larmes, la peur des habitants lorsque ces créatures des ténèbres avaient débarqué. Il revit ses camarades de combat tomber un à un sous leurs griffes. Le plus douloureux de tous était lorsqu'il avait croisé les yeux vitreux de son père au moment où l'une de ces bêtes lui arrachait le cœur. Ne voulant pas paraître si vulnérable devant filles, ils leur tourna le dos.
- Quels sont donc ces créatures ? interrogea Lidya en pointant du doigt le ciel.
Il y en avait deux qui voltigeaient au-dessus du château.
Un coup d'œil suffit au jeune homme pour reprendre ses esprits et refouler ses souvenirs là où ils étaient si bien cachés.
- Des Griffons, répliqua-t-il. Venez, on y va avant qu'ils nous remarquent, leur ordonna-t-il avec urgence. Je vous emmène à notre repère. Vous y serez en sécurité.
Une fois leurs sacs à dos tombés à cause de la chute, récupérés, elles le suivirent, et tous les quatre s'engouffrèrent dans la forêt de Syrte.
Léa clôturait la file. Elle promenait des regards inquiets aux alentours pour prévenir de tout danger. Elle n'avait toujours pas entièrement confiance en Albierik, et le jeune homme le sentait.
Se contentant de la faible luminosité que laissait passer les feuillages des grands arbres, Gaël les guida à travers la forêt. De temps à autres, le cri d'un oiseau dont l'accompagnateur nomma Lytaës résonnait. De petits craquements non-inquiétants que Gaël disait être soit un lapin ou une antilope... venaient troubler leur avancée.
Les arrivantes eurent la chance d'en apercevoir quelques-uns. Même si les noms étaient semblables à ceux de la Terre, il y avait bien une différence entre ces animaux. Ceux qu'elles avaient sous les yeux avaient plus de fourrures, aux couleurs différentes et une plus grande taille.
Gaël ne put s'empêcher de rire une fois de plus sous le regard émerveillé de Lidya et Laurine. Quant à Léa, fidèle à elle-même, elle ne se laissa pas attendrir par ces mignonnes bêtes.
Une heure de marche passée à écarter des herbes pour se frayer un chemin, à éviter de s'écorcher les mains et à tuer des insectes plus tard, ils débouchèrent sur un minuscule sentier.
- Nous y sommes presque, annonça le guide d'une voix un peu émue.
Cela faisait à peine une semaine qu'il avait quitté les siens, mais il avait l'impression que ça faisait plutôt des siècles. Il était de retour chez lui, et quoi de mieux qu'être chez soit ?
Une trentaine de minutes plus tard, aussi surprenant que cela était, ils débouchèrent dans une clairière.
- Nous y sommes, souffla le jeune homme d'une voix enjouée.
Elles eurent beau sonder le lieu, elles ne virent rien. Au loin, seul le bruit d'une rivière se faisait entendre.
- Euh... c'est ça ton repère, se moqua Léa en montrant la clairière devant eux.
Un sourire mystérieux naquit sur les lèvres du jeune homme. Sous le regard rempli d'interrogation des filles, il sortit une flûte semblable à celle qu'il avait offerte à Lidya et se mit à jouer une mélodie envoûtante.
Elle était si fraîche, telle la caresse d'une brise sur la peau qu'elle leur donna des frissons. Elles furent un instant déconnectées de la réalité, transportées dans un autre monde où seules les gracieuses vibrations du son que jouait le virtuose tourbillonnant dans leurs pensées. Les jeunes filles ressentirent un élan d'amour, de tendresse, de nostalgie et d'espoir les gagner au fur et à mesure qu'Albierik jouait de sa flûte.
Un léger vent souffla, soulevant et emportant avec lui des feuilles mortes. Juste après, sous le regard ahuri des trois filles, le paysage devant leurs yeux se transforma.
★★★
Hey^^. Nous sommes enfin à Mirabel. Vos premières impressions sur ce monde ?
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À samedi prochain pour la suite. 😙💕💕
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