Chapitre 3✅
Moi qui avais prévu deux jours à me la couler douce... je les avais passés dans ce lit qui m'était réservé, dans ma chambre du sixième étage de la tour, à récupérer de mon opération dans la jambe.
Heureusement, je guérissais à une vitesse folle. C'était bien pourquoi c'était moi qui les subissais. Mais ça ne se faisait pas en un claquement de doigts non plus. En quarante-huit heures, j'arrivais à tenir debout sans problème et marcher sur de courte distance, mais j'étais incapable de m'empêcher de grimacer à chaque pas. C'était quand même mieux que rien.
Cette femme qui avait besoin d'une greffe, Jeremy l'avait opérée avec succès. Grâce à mon sacrifice. L'inconvénient, c'était que je n'en avais rien à faire, de cette dame ! Moi, tout ce que je voulais, c'était ma putain de jambe.
J'étais comme ça à chaque fois ; au début, j'étais OK, mais dès que l'intervention avait été faite, j'avais seulement hâte de guérir.
— Miö ?
Je me retournai vers l'entrée de la chambre alors que je faisais tant bien que mal les cent pas. J'aperçus Jeremy, la main près de la porte pour cogner dessus, sans le faire.
— T'as cours, continua-t-il avec son petit sourire en coin. T'as oublié ? On est lundi.
Je secouai la tête en me mordant la lèvre ; non, je n'avais pas oublié. Mais j'aurais préféré rester ici jusqu'à être totalement rétabli ; j'avais peur de la réaction de mes amis — et Zack —, quand ils me verront dans cet état.
Malgré tout, je boitai vers Jeremy, qui me tendit une pomme. Toujours sans dire un mot, je mordis dedans et Jeremy passa mon bras autour de ses épaules pour me soutenir jusqu'à l'ascenseur, qui me mènera au premier étage. C'était là qu'avaient lieu les cours. Oui, c'était bien ça ; un hôpital et une école réunis dans le même bâtiment. Après la guerre, il restait tellement peu d'immeuble en état que le roi avait décidé de faire ça pour économiser le peu d'espace dont nous disposions.
— Je suis un peu pressé, alors je te laisse à l'ascenseur. Tu sauras te rendre à ta classe ? demanda Jeremy.
— C'est trop loin, dis-je alors que je peinais déjà à trouver la force de demeurer debout, même avec l'aide de Jeremy.
— Eh bien, transforme-toi, Miö ! T'auras qu'à voler !
— Non.
— Mais pourquoi tu t'obstines ? Y'a pas à avoir honte... Tout le monde est au courant que tu peux le faire.
— J'en ai rien à faire s'ils le savent, mais je veux pas le montrer ! Tu vois, c'est comme être gay. Je respecte les gays, ils font ce qu'ils veulent. Mais est-ce que ça veut dire que j'ai envie de regarder deux mecs qui se font du rentre-dedans ? Non !
Embarrassé, je pris une nouvelle bouchée de ma pomme, me sentant rougir.
— Très bien, tu fais comme tu veux. Mais débrouille-toi pour te rendre à ta classe. Si j'apprends que tu sèches encore les cours, je t'ampute les deux pieds !
— Allons, tu ne me ferais jamais de mal, tu m'aimes trop pour ça, dis-je d'un ton bourré de sarcasme.
Jeremy ne répondit rien, pinçant les lèvres. Enfin arrivé à l'ascenseur, il me poussa contre le mur et repartit aussitôt dans le sens inverse. En pestant, je pressai le bouton pour faire venir la cage, entrai et appuyai sur le 1. Une légère secousse accompagna le mouvement de la descente et je serrai les dents sous la douleur de ma cuisse. Une vague de chaleur me monta à la tête, je sentis mes cheveux se plaquer à mon front sous la sueur.
Je tirai sur mon col, essayant de faire passer un peu d'air sur ma peau presque entièrement cachée par mes vêtements et, en dessous, ma combinaison — un matériau spécial qui reste sur moi quand je change de forme, grâce à quoi, en redevenant humain, je ne me retrouve pas nu — probablement le seul cadeau que je n'avais jamais eu de ma vie et qui en valait bien la peine. Je l'avais enfilée parce que, malgré mon refus de me transformer devant n'importe qui, j'avais bien l'intention de me sauver d'ici.
L'ascenseur s'arrêta sur le premier étage. J'en sortis et m'appuyai sur le mur extérieur, tentant de me donner le courage nécessaire pour faire toute cette distance à pied. Cette tour était immense, et il fallait que je la parcoure de tout son long pour trouver ma classe.
— Miö !
Je levai la tête vers l'entrée, les énormes portes de verres qui s'ouvraient et se refermaient sous les incessants vas et viens. Math était là, se dirigeant vers moi. Je me redressai, essayant de me donner une allure normale et collant un sourire artificiel sur mon visage crispé.
— Salut, math, répondis-je quand il fut assez près. T'as passé un beau weekend ?
— Meilleur que le tien, à ce qu'il parait, dit-il en pointant l'ascenseur à côté de moi. Tu t'es vraiment cassé la jambe ?
— Mouais...
Math fit la moue, sa façon bien à lui de démontrer sa compassion.
— Mais pourquoi t'as pas de béquille ?
— Jeremy n'a pas voulu m'en donner... il veut que je me transforme, dis-je dans une grimace.
— Bah fais-le. Ou je peux t'aider, ajouta-t-il devant mon regard noir.
— C'est ça, aide-moi.
Je levai le bras et Math le passa autour de ses épaules pour me soutenir, et nous marchâmes en direction de notre classe.
— Zack va être fou de joie. Il va enfin être plus rapide que toi à la course.
Je grognai en guise de réponse, ne parvenant pas à trouver quelque chose à dire qui ne serait pas déplacé.
— Tu peux toujours le dépasser en volant ?
— Non, mais tu vas pas changer de sujet ?!
Cette fois, ce fut au tour de Math de garder le silence, qui dura jusqu'à ce que nous arrivions à notre classe. Nous étions les derniers arrivés, mais la pièce ne contenait qu'une dizaine de personnes, avec la prof. C'était la totalité des jeunes de quinze ans restant dans la cité. Nous étions tous nés au milieu de la guerre, où les gens avaient d'autres trucs à faire que de s'envoyer en l'air. Il y avait ici un mélange d'élèves et d'apprentis. Malheureusement, nous n'étions pas assez privilégiés pour nous dispenser des cours de français, mathématiques et histoire.
Je trouvai tout de suite Debbie, installée tout au bout du long bureau de conférence qui nous servait de pupitre. Elle m'avait laissé une place à ses côtés et j'y allai aussitôt, avec l'aide de Math, qui s'assit à ma droite.
— Pauvre toi, ce n'était pas des blagues, dit Debbie en m'embrassant sur la joue.
— Me plains pas, s'il te plait, soupirai-je en levant les yeux vers l'horloge au mur.
Elle indiquait huit heures cinquante-huit. Il restait encore deux minutes avant que le cours ne commence.
— Il parait que t'es tombé de haut en volant.
Je serrai les poings, sentant ma colère sur le point de déborder. Jeremy ne pouvait pas trouver un meilleur mensonge que ça ?! Et d'ailleurs, je volais très bien et je ne serais jamais tombé pour aucune raison !
— Oh, alors c'est pour ça que t'aimes pas qu'on parle de voler, dit Math en pouffant. Parce que tu voles comme un pied !
À l'autre bout du bureau, Zack avait tout entendu et il riait à gorge déployée en me pointant du doigt, entrainant tout le reste de la classe avec lui.
— Batman en perd ses moyens !
— Non, Miö, dit Debbie à mon oreille alors que je m'étais levé d'un bon, rouge de colère. Assieds-toi.
— Zack, Miö, on se calme ! renchérie la prof, qui semblait tout aussi captivée par la scène que ses élèves. Le cours va commencer, je ne veux plus entendre personne parler.
Debbie me tira le bras jusqu'à ce que je capitule, m'installant à nouveau sur ma chaise. Je bouillais de rage, tremblant de la tête au pied, ce qui ne faisait que me donner encore plus mal à la cuisse.
Heureusement, les cours ne duraient pas longtemps ; une heure de français, mathématique et histoire le matin, rien que pour la forme. Les élèves normaux, eux, avaient d'autres cours ensuite, tel l'anglais, menuiserie, biologie... ils choisissent ce qu'ils veulent. Pour nous, les apprentis, l'après-midi était consacré aux entrainements. Il fallait nous rendre aussi forts et résistants que possible, car nous serions un jour, bien plus que des gardes, mais des soldats en cas d'attaque. Attaque de qui, de quoi ? Nous étions pratiquement les derniers survivants de la planète, pour ce que j'en savais. Le roi craignait peut-être les extraterrestres.
Les élèves, eux, n'avaient pas encore choisi leurs futurs métiers, pour la plupart. Si c'était le cas, ils auraient mieux à faire de leurs après-midis. Si certains voulaient plutôt, disons, devenir fermiers, infirmiers ou autre, ils n'avaient qu'à foncer dans leur domaine de prédilection. Par exemple, tu vas voir Jeremy et tu dis « je veux être ton apprenti ». À moins qu'il en ait déjà trop, il n'a pas le choix d'accepter.
Heureusement, ces quelques apprentis ne sont pas avec lui quand il joue au docteur maboul avec mon corps. Ce secret était tenu entre lui et deux ou trois de ses meilleurs employés, Stanton, ma mère adoptive et moi. Si ça venait à être connu, je n'avais pas de doute que Jeremy pourrait aller en prison pour avoir torturé un enfant pendant toutes ses années. Mais, comme il disait, c'est pour le bien de la population. Ils avaient besoin de soins, et Jeremy se devait de vérifier d'abord s'il pouvait faire ce genre d'opération.
Si je le voulais, je n'aurais qu'à aller voir le roi et lui montrer mes cicatrices. Ce calvaire en serait aussitôt terminé. Seulement, je ne sais pas si je le veux. J'ai sauvé des tas de vies...
*
Les trois heures de cours s'étaient achevées sans que je ne puisse enregistrer la moindre information. Je ne m'en faisais pas vraiment, car je savais que je pouvais compter sur Math pour m'aider. Déjà, notre amitié avait débuté quand j'avais proposé de le payer pour qu'il fasse mes devoirs. Mais nous en avions rarement, et des examens encore moins. Le plus important, même selon la prof, c'était de nous rappeler comment écrire sans faute, additionner deux plus deux et connaitre nos erreurs du passé pour ne pas les recommencer.
Je suivis le flot d'étudiants en dehors de la classe. Aussitôt la porte traversée, je me séparai des autres, allant vers l'ascenseur et m'appuyant sur le mur.
— Miö...
— Quoi ? dis-je en me retournant vers Math, qui s'approchait lentement.
— Je suis désolé, pour tout à l'heure. J'aurais pas dû rire de toi. J'avais aucune raison de le faire.
Je ne répondis rien, continuant de ruminer en silence. Je sais, les amis sont rares et je ne devrais pas bouder pour si peu, mais c'était plus fort que moi.
— Où tu vas, au juste ? Tu retournes à l'hôpital ?
— Je prends de la hauteur.
— Oh...
Math avait tout de suite compris le sous-entendu. Je lui lançai un regard en coin ; il y mettait toute sa volonté pour ne pas éclater de rire.
— Eh bien... fais attention, cette fois, dit-il en se mordant la lèvre.
— Je ne suis pas tombé ! hurlai-je, ne pouvant me retenir une seconde de plus. Je ne suis jamais tombé, et je ne tomberai jamais !
— Ah non ? fit Math en levant les sourcils. Bah, c'est ce qu'a dit Jeremy à Debbie, et c'est ce que Debbie m'a dit... Pourquoi auraient-ils menti ?
Je gardai le silence, les poings serrés. Je n'aurais pas dû m'emporter.
Arrivé à l'ascenseur, j'entrai et appuyai sur le bouton du dixième étage. Math se faufila dans la cage juste avant que les portes ne se ferment, m'empêchant de le repousser.
— Tu devrais pas aller t'entrainer ? grognai-je.
— On a deux heures de libres, t'as oublié ?
Je secouai la tête, dépité. Je ne pourrais pas me débarrasser de lui.
Enfin arrivé à l'étage, Math m'agrippa le bras pour me guider à travers un long corridor, jusqu'aux fenêtres qui s'alignaient sur le mur du fond. Il connaissait ma destination, il m'avait déjà vu faire plusieurs fois. Math était un pot de colle particulièrement gluant ; quand il se décidait à me suivre, pas moyen de lui en empêcher. Il adorait me regarder me transformer, et je ne pouvais presque jamais me défiler.
Sur tout un pan de mur du dixième, des vitres étaient éclatées et personne ne les avait réparées. Tant que la tour tenait debout, tout le monde s'en foutait. C'étaient des snipers qui les avaient dégommées pendant la guerre.
Math s'arrêta à un mètre des fenêtres alors que j'allai m'asseoir directement sur le bord, les pieds dans le vide.
— J'ai bien compris que « tu ne tombes jamais » dit Math en mimant les guillemets, mais... merde, c'est haut ! T'as pas peur ?
— Non, dis-je en haussant les épaules. Je devrais ?
— Putain, Miö !
J'éclatai de rire en regardant l'expression Math, qui avait le vertige. J'enlevai mon chandail et le lui lançai à la tête — il ne risquait pas de voir mes cicatrices, grâce à ma combinaison qui montait à la moitié de mon cou, aux poignets et aux chevilles. Je retirai mes bottes puis mes jeans et les laissai à côté de moi.
— Tu peux aller mettre ça dans le meuble, là-bas ?
Math opina du chef avant de s'exécuter. Ce meuble, tout au fond de la pièce, contenait plusieurs morceaux de vêtements, tous à moi. J'avais des cachettes comme celle-là aux quatre coins dans la cité pour pouvoir m'envoler de n'importe où et ne pas avoir par la suite à me balader en ce qui ressemblait un peu trop à un maillot de plongée.
Une fois sa mission accomplie, Math revint vers moi. Arrivé assez près du bord, il se mit à se trainer à quatre pattes pour diminuer ses chances de basculer dans le vide, ce qui me fit encore une fois éclater de rire.
— T'es vraiment ridicule.
— Eh bien moi, contrairement à d'autres, si je tombe, je meurs. Et je peux pas compter sur toi pour me rattraper, parce qu'en chauvesouris, bah, t'es pas plus fort qu'une souris, justement !
Je haussai les épaules en secouant la tête, regardant le paysage qui s'étendait devant nous. Les quelques autres tours de verres, toutes plus petites que celle-ci, avaient été transformées en appartement, car c'étaient les maisons et bâtiments qui avaient pris le gros de l'attaque. Il y en restait encore quelques-unes parmi les plus solides, pour la plupart reconverties en usines pour fabriquer nous-mêmes nos vêtements, feuilles de papier, meubles ou souliers... Il y avait également beaucoup de restos, à défaut d'avoir des épiceries. Et, bien sûr, il y avait aussi un endroit, tout au fond du coin sud de la cité, invisible d'où j'étais, qui faisait des armes. Comme si on n'en avait pas déjà assez souffert. Comme on dit, il vaut mieux prévenir que guérir.
— Le monde est vraiment de la merde, marmonna Math.
Son regard était orienté vers l'ouest, où il n'y avait que des débris ; les attaques dans ce coin-là avaient été trop violentes pour qu'on puisse espérer le rendre habitable à nouveau.
— Je ne te le fais pas dire.
Math garda le silence une dizaine de secondes de plus, comme pour s'imprégner de ce moment paisible, avant de le rompre :
— Mais sérieux, si t'es pas tombé, il t'es arrivé quoi à la jambe ?
Je fermai les yeux, me maudissant encore une fois d'avoir cafeté. J'avais beau chercher, je ne savais pas quoi inventer pour arranger mon coup.
— J'ai menti ; je suis vraiment tombé. J'avais honte, c'est tout.
— Non, non, ne me fais pas ce coup-là. Tu avais l'air plutôt sincère quand tu disais que tu n'étais pas tombé. Bien plus que maintenant.
Je jurai intérieurement ; qu'est-ce qu'il me restait à dire, après ça ? Garder le secret était tellement plus facile avant, il y a plus de six mois, quand je ne connaissais pas encore Math ni tous les autres. J'étais confiné dans cette tour, au sixième étage, et subissais tellement d'expérience que je n'avais même pas le temps de me rétablir. La raison pour laquelle je n'allais pas à l'école ; j'étais un phénomène de foire. Jeremy m'avait mis en observation — sans rien faire de plus — pour s'assurer que ma santé tenait le coup, et tous ces trucs-là. Il n'avait caché à personne que je savais changer de forme, il avait simplement échangé un secret contre un autre. Un type qui peut se transformer en chauvesouris, quoi de plus normal de le garder confiné ?
— Non, Math ; tout à l'heure, je mentais. Et c'est maintenant que je suis sincère.
— Ouais, eh bien... à l'avenir, évite de mentir pour un truc aussi stupide. C'est pas grave, si t'es tombé ou pas ! Enfin, oui, c'est grave pour ta jambe, mais tu vois ce que je veux dire... Du coup, j'ai encore des doutes. Parce que, si tu étais vraiment tombé, comment peux-tu te tenir là, les deux pieds dans le vide, sans avoir ne serait-ce qu'un tout petit peu peur ?
— Je suis un idiot, dis-je d'un ton morne.
— C'est pas faux. Mais il y a plus.
— Très, très idiot.
— Là, tu me prends par les sentiments. Allez, Miö, dis-moi ! Je peux garder un secret, tu sais.
— J'ai pas de secret ! m'énervai-je en me retournant vers lui, une moitié de fesse dans le vide. Sérieusement, Math, tu la fermes ou je te pousse en bas de la tour.
Math secoua la tête, découragé. Enfin, reculant à quatre pattes pour s'éloigner du bord, il se leva et croisa les bras, continuant de me fusiller du regard.
— Je vais être obligé de mener mon enquête ?
— Si j'apprends que tu mènes une enquête sur moi, je te tue, je te découpe en un million de petits morceaux et je t'éparpille un peu partout dans la zone à risque.
— Tu sais que je plaisantais ?
— Ah ? Pas moi.
Dans un duel de regard qui dura une dizaine de secondes, Math poussa un long soupir avant de baisser les yeux.
— Bon, tant pis. Tu veux pas me dire ce qui t'es arrivé, j'ai compris. Mais dis-moi au moins si tu es vraiment tombé ou pas. Oui ou non, sans explication, c'est tout ce que je veux.
— Oui ! Je sais que tu me crois pas, mais oui, je suis tombé. Bon, je t'aime bien, mais là, tu m'énerves. Je m'en vais !
Et je me laissai chuter dans le vide, sous le cri de panique de Math, comme à chaque fois.
Le vent me frappait de tout côté pendant que le sol se rapprochait dangereusement. Alors je me transformai, reconnaissant la sensation d'engourdissement qui me prenait pendant quelques secondes, jusqu'à ce que j'ouvre les bras — ou mes ailes — et que l'air me fasse remonter.
Enfin, je pouvais me déplacer sans ressentir de douleur dans ma cuisse. Je savais qu'elle me poserait problème à l'atterrissage, mais pour l'instant, je profitais du moment.
J'adorais voler. Je me sentais libre, ce qui était plutôt rare avec Jeremy sur mon dos. Le seul petit inconvénient, bien sûr, c'était la vue. Je n'avais jamais pu observer autre chose que la ville, car l'extérieur était dangereux. La cité trou à rats était vraiment laide à chier.
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