Minuit.




« Si vide d'espoir est le monde du dehors que deux fois plus précieux m'est le monde du dedans. » - Emily Brontë.



Alors il faut faire un pas après l'autre pour dépasser le mur.




23 heures.

La dernière heure, la plus fatidique. L'angoisse est toujours là, les larmes aussi, mais plus le temps passe et plus je prends conscience de l'état de ma vie.

Oh, je savais déjà que ce n'était pas brillant, mais cette solitude m'oblige à me demander si finalement, il ne vaudrait pas mieux que j'apprenne à connaitre cette fille que je vois dans le miroir et à la juger moins durement.

Personne d'autre ne le fera visiblement.

Personne d'autre n'est là à présent.

Alors, je vais devoir le faire. Je vais devoir rester. Me tenir la main dans les moments compliqués et être l'épaule sur laquelle pleurer.

Pourtant, je sais que ça ne se fera pas du jour au lendemain, j'essaie depuis tellement longtemps maintenant.

Comment en suis-je arrivée à me détester autant ? A détester la vie au point de vouloir la quitter?

La peine.

La même que celle qui me torture ce soir. La même qui me rappelle à l'ordre à chaque moment d'égarement.

On dit souvent qu'il faut être bon avec les autres parce qu'on a aucune idée des batailles intérieures qu'ils sont en train de mener. Mais, j'ai conscience des miennes, quand est-ce que je vais être plus agréable avec moi-même ?

Des pas lourds résonnent au-dessus de ma tête, des cris résonnent dans la rue.

J'aurais vraiment voulu pouvoir être heureuse cette année. C'est ça qui fait le plus mal. Je ne sais plus comment guérir ces plaies. Je ne sais pas comment aider celle que je suis pour devenir celle que je veux être. Je ne sais pas comment faire taire ces maux qui résonnent jusqu'au creux de mes os. Ils sont gravés et lancinants.

Un pétard explose à l'extérieur et le chat sursaute. Je l'enlace en le remerciant. Car sans lui, ma vie serait encore plus grise. Je suis reconnaissante de l'amour que m'apporte ce petit être. Tous ces câlins donnés sans malhonnêteté. Ces ronronnements venant d'un cœur sincère. Cette pureté dans ses yeux vert lorsqu'il me regarde. Il a besoin de moi autant que j'ai besoin de lui. Et même si il sert son estomac plutôt que mon égo, je sais au fond que c'est une compagnie bien plus agréable que celle de certains humains.

Les larmes recommencent à couler en serrant doucement ce petit corps fragile, qui vibre de joie. Je l'ai lui. Et c'est peut-être l'une des choses les plus précieuses qui m'ait été donné d'avoir. Une petite bête qui ne mérite qu'amour et bonheur.

Tout en le brossant lentement, je regarde du coin de l'œil les lumières de la ville par la fenêtre. Tout se brouille alors je ferme les yeux. Le chat frotte sa tête contre ma main, et c'est un cri étouffé qui sort de ma bouche.

J'aurais vraiment voulu être heureuse ce soir.

Mais ce n'est pas grave, parce qu'il me reste encore toute une vie pour l'être, n'est-ce pas ?

Il y aura des ciels bleus.

Rose.

Orange.

Le soleil continuera à se lever sur de nouvelles journées, qui seront parfois horribles, mais quelquefois plus calmes. J'aurais toujours le chat à brosser, qui ronronnera contre moi. Lorsqu'il pleuvra, je pourrais prendre un parapluie pour m'abriter. Lorsqu'il neigera je pourrais créer des anges pour me sauver.

Lorsqu'il mourra, j'aurais encore des nuits à vivre,

à rêver.

Et puis tant pis si je suis seule, j'apprendrai à m'aimer. Je me prendrai par la main et je m'emmènerai danser. J'irai voir un film pour essayer de m'oublier les jours où je n'arrive plus à me supporter. Je lirai des livres pour rencontrer les autres. Je serai mon amie, surtout dans les mauvais moments. Sans me blâmer ou me juger.

Et je sais que tout ça ne se fera pas demain, mais peut-être qu'à minuit déjà, je pourrai essayer de comprendre ma tristesse. Les larmes couleront, je le sais. Alors j'irai faire un câlin au chat, en le remerciant de m'aimer.

Je me laisserai pleurer, parce que j'en ai besoin. J'écouterai ma peine et je la laisserai exister.



23:49.

J'écris ces quelques lettres avant l'heure fatidique, comme un regret, de peur de ne pas les avoir assez dits cette année. De ne plus pouvoir les dire une fois les deux aiguilles réunies au sommet.





Minuit.

Un feux d'artifice explose. Je regarde par la fenêtre les couleurs enflammer le ciel. J'entends des hurlements aux quatre coins de l'immeuble. Des pétards retentissent. Et je pleure.

Il est minuit et je fais un câlin au chat. Je lui dis merci d'être là. 

J'éteins doucement la musique classique, retombant dans ce silence assassin. 

Et j'attends.

J'attends de voir si la vie continue, si cette angoisse était inutile.

Minuit une passe, et je suis encore là.

Mon téléphone ne s'allume que pour signifier que l'amour a été reçu, et qu'il vient à nouveau toquer à ma porte, pour me délivrer un cœur que j'ai envie secrètement de posséder. Mais ce soir j'ai compris qu'on ne possède rien d'autre complètement que soi-même. Alors je regarde le chat, des larmes qui inonde mon visage, et je l'enlace.

Parce qu'il est minuit, que je suis là, que c'était juste un de ces mauvais moment qui avec la houle,

repartira à nouveau.


Bonne année. 

Merci de m'aimer.









FIN.

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