Il était une fois un temple, dont l'architecture était semblable à celle des monuments grecs. Un jardin de roses rouges d'une beauté surprenante l'entourait, et en empêchait l'accès. L'endroit était situé au milieu d'une forêt interdite, et supposé vide.

La vérité était toute autre. Vingts années plus tôt, un prince, dans un pays lointain, était venu au monde. Il était doté d'un charme incroyable. Même les dieux furent ébahit par sa splendeur. Mais l'un d'entre eux en fut jaloux.

Apollon était connu pour être le plus bel être au monde. Il n'aima pas qu'il entendit sur l'enfant, et descendit sur Terre. Il le maudit, empoisonnant son sang pour que personne ne puisse voir sa beauté. Il le déplaça dans le temple, d'où le jeune homme ne put jamais sortir. De nombreux nobles, ayant entendu parler de son histoire, essayèrent de lui rendre visite, mourant tous sur le chemin.

Un jour, un jeune roi décida de tenter sa chance. Il possédait une chevelure immaculée et des yeux d'un violet clair. Il traversa les roses empoisonnées, survivant avec chance.

L'intérieur du temple était composé de marbre. Le roi le traversa, appelant faiblement l'homme y demeurant. Il se figea lorsqu'une tête apparut derrière un mur.

Le prince maudit l'observa, un air timide sur le visage. Il possédait des traits fins et un teint pâle. Ses cheveux azurés lui arrivaient jusqu'aux fesses. Il avait des yeux bleus qui possédaient la profondeur des abysses.

Il dévisageait cet inconnu qui se trouvait chez lui, alors même qu'il pensait impossible que quelqu'un puisse arriver jusqu'ici. L'homme était beau, presque autant que lui.

  - C'est toi ... ? Le prince maudit.

Albafica hocha timidement la tête et sortit de sa cachette. Il portait une toge d'un blanc impeccable, agrémentée de légers ornements dorés. Les légendes disaient vraies : il était resplendissant.

  - Comment as-tu pu traverser les fleurs ... ?

  - Je possède une volonté implacable.

Il s'approcha, et prit une mèche de son comparse entre le pouce et l'index. Ce dernier recula brusquement, écarlate.

  - Ne m'approche pas.

  - L'on dit que ton sang est empoisonné.

  - C'est pour ça que tu dois rester loin.

Minos sourit d'un air malicieux et parcourut à pas de loup la distance que le prince avait mit entre eux.

  - Je ne resterais pas à l'écart. Inutile de vouloir t'éloigner de moi.

Le prince se colla au mur, et l'immaculé s'empara de ses poignets, les bloquant au-dessus de sa tête. Son contact le brûlait, mais il n'en avait que faire.

  - Je sais comment te soigner, annonça-t-il calmement.

  - Me soigner ... ?

  - Tu me fais confiance ?

Le teint de porcelaine du jeune garçon avait laissé place à un carmin empli de pudeur. Il jaugeait celui qui avait prit tant de risques pour le rejoindre, et finit par hocher timidement la tête.

  - Oui ...

  - Parfait.

Minos sourit d'un air satisfait, et lâcha l'une des mains du garçon. Il glissa son index sous le menton de son camarade et lui fit relever la tête. L'adolescent plongea ses magnifiques prunelles dans celles à la couleurs tirant sur le gris de son nouvel – et seul – ami.

  - Apollon a fait une prophétie sur toi. Tu le sais ?

  - Non ...

  - Elle dit que tu seras délivré de ta malédiction à ton premier baiser.

En comprenant ces paroles, Albafica devint encore plus rouge. Lui qui ne s'était jamais attaché à personne, qui avait toujours vécu seul, il devait embrasser quelqu'un ? C'était trop lui demander ... Il allait protester, lorsque Minos se colla à lui et posa ses lèvres sur celle encore vierges de l'azuré.

Ils s'embrassèrent tendrement, malgré l'inexpérience du maudit, et la brûlure que cela infligeait à Minos.

Ce dernier n'avait pas tout dit sur la prophétie ; En effet, le prince serait soulagé de sa malédiction, mais cette dernière serait transmise à son compagnon, qui en mourra à coup sûr.

L'immaculé était tombé amoureux du jeune prince dès qu'il avait entendu parler de lui ; Il lui avait dédié sa vie et était prêt à succomber pour ses lèvres empoisonnées.

Profondément touché par le poison, il tomba, s'effondrant lourdement sur le sol. Albafica poussa un cri et s'agenouilla à ses côtés.

  - Qu'est-ce que tu as ... ?

  - Le poison ... Il est sorti de ton corps pour rentrer dans le mien.

  - Ça veut dire ...

Une larme silencieuse glissa de la joue du bleuté. Une partie de lui l'avait su dès qu'il avait vu cet inconnu rentrer dans son temple. Celui qui venait ici, ne pouvait en sortir indemne. Mais il avait eu envie de lui faire confiance, ilavait eu envie de pouvoir embrasser quelqu'un. Il avait espéré ...

  - Je t'en pris, murmura-t-il d'une voix étouffée par les sanglots. Ne me laisse pas ...

  - Je ne te laisse pas ... Je t'ouvre les portes d'un nouveau monde.

Il sourit faiblement.

  - Ils vont t'adorer ... Tu seras leur roi. Vis pour moi ...

  - C'est promis ...

Sur ces mots, Minos ferma définitivement les yeux. Ses prunelles à la couleur si particulière perdirent à jamais leur éclat.