Le bleuté se figea, et dévisagea l'exécrable juge. Que faisait-il ici, sur Terre ? Avait-il abandonné les Enfers ?

Il poussa un soupir, agacé à l'avance de la cohabitation forcée qu'il allait devoir endurer, et remit ses longs cheveux en place d'un mouvement de tête

  - Minos. Puis-je savoir ce que tu fais ici ?

  - Hadès nous a accordé des vacances ici.

  - Nous ?

Avant que l'argenté ai put dire quoi que se soit, les voix d'Eaque et de Rhadamanthe arrivèrent à l'entrée. Ils se disputaient, pour une raison inconnue. En voyant l'air défait de son poisson, Minos ne pu retenir un ricanement.

  - Nous, répéta-t-il simplement.

L'air relativement calme du chevalier fut vite remplacé par de l'énervement. Il croisa les bras et fusilla son ancien adversaire du regard.

  - Ah ça non ! C'est pas vrai ! J'avais réussi à me débarrasser de toi,  j'étais tranquille, c'est pas pour que tu reviennes m'embêter ! À Noël en plus !

Agacé par ces paroles, Minos grogna. C'est qu'il l'aimait, son chevalier, mais il ne fallait pas pousser non plus !

  - Déjà, annonça-t-il d'un ton froid, venir ici n'était pas mon choix. Tu peux t'en prendre à Hadès seul pour ça. Ensuite, je te rappelle que c'est toi qui as toqué à ma porte, pas l'inverse !

Un silence gêné s'installa entre eux. Le bleuté se mordit la lèvre, nerveux. Évidemment, il avait fait une erreur, comme à chaque fois qu'il était en présence de l'argenté. Ce dernier provoquait en lui des choses qu'il n'aurait pu expliquer, et qui le perturbaient. Il ressentait en sa présence un mélange de haine, de rage, et ...Quelque chose d'autre.

  - Désolé, finit-il par murmurer. Mais ... J'ai invité d'autres chevaliers pour les fêtes et ... Mon four ne marche plus. Je me demandais si je ne pouvais pas emprunter le tien ...

  - Il aurait peut-être fallu commencer par ça.

Le bleuté soupira, désespéré. Évidemment, maintenant, il lui en voulait. Il aurait dû s'en douter. Il serait bien aller voir ailleurs, mais il avait choisi un lieu calme pour sa retraite, et c'était les deux seules maisons à des kilomètres à la ronde. En clair, si Minos n'acceptait pas de l'aider, il pouvait dire adieu à son repas de réveillon. Et, pour être honnête, il l'aurait bien mérité ...

Minos esquissa un de ces sourires sadiques dont lui seul avait le secret.

  - Très bien. C'est d'accord. Vous avez qu'à venir ici, on pourra faire la fête tous ensemble.

Albafica sourit, embrassa la joue de Minos, qui devient aussitôt aussi rouge que les fleurs de son amour, et partit en courant annoncer la bonne nouvelle aux autres.

Vouloir réunir spectres et chevaliers dans la même maison semblait suicidaire, mais la paix régnait depuis si longtemps que les tensions entre les deux groupes c'étaient calmées. Et Noël mettait tout le monde de bonne humeur (sauf Rhadamanthe et Minos, mais la présence de leurs amants respectifs les calmait étrangement).

Et voici comment Albafica, Manigoldo, Aphrodite, Deathmask, Kanon, Saga et Shura se retrouvèrent à festoyer avec les trois juges des enfers. L'ambiance était plutôt joyeuse : Après quelques verres, les deux cancers avaient commencé à parler aux juges de leurs masques, et Aphrodite avait entreprit de coiffer Eaque. Saga et Shura, qui supportaient mal l'alcool, se contentaient de hocher la tête en riant à chaque mot. Quant à Kanon, il courait partout, animant la soirée, malgré son regard qui semblait aimanté par l'anglais. Albafica, lui, se comportait en parfait maître de cérémonie, sous le regard admiratif de Minos.

La soirée fut parsemée de chants païens (merci Deathmask), de verres de whisky (merci Rhadamanthe), et finit avec une bûche digne d'un restaurant cinq étoiles (merci Eaque et Albafica).

Finalement, la plupart des invités s'endormirent sur leurs sièges, dans le canapé, voire par terre, notamment avec Kanon qui c'était assoupi la tête contre les jambes du premier juge.

Seuls ressortissants de cette hécatombe : Albafica et Minos, qui partirent sans bruit du salon, pour se retrouver dans la cuisine. Ils se sourirent, amusé par la scène dans le salon.

  - On dirait des enfants, murmura l'immaculé en souriant franchement.

  - Parce que c'est ce qu'ils sont.

L'argenté étouffa son rire. Lorsqu'il regarda de nouveau Albafica, celui-ci avait le regard tourné vers une étrange plante accrochée au lampadaire.

  - C'est du gui, annonça le poisson.

  - Du quoi ?

  - Du gui. Sur Terre, on s'embrasse dessous.

Eaque avait probablement dû mettre ces feuilles ici. Minos les trouvait particulièrement laides, mais il sourit et se plaça en dessous. Plaçant sa main autour de la taille de son compagnon, il l'attira contre lui, un sourire éclairant son visage.

  - Qu'est-ce que tu fais ... ? Questionna le chevalier, surprit et presque inquiet.

  - Je respecte les traditions.

Sans attendre, il se pencha en avant, et l'embrassa passionnément. Albafica répondit tendrement au baiser, laissant même au juge le droit de glisser sa main dans ses beaux cheveux bleus.

Après réflexion ...Minos adorait Noël.