Jamais.
L'odeur fut la première à disparaître. La douce odeur de ses fleurs chéries ... En un instant il n'y eut plus rien. Puis Albafica leva la tête. Au-dessus de lui volait des centaines de pétales de rose. Et ... C'était splendide.
- Les pétales balayées par l'attaque de Minos ont toutes virevolté jusqu'ici. Elles ne sentent plus rien, leur parfum s'est estompé. Toute ma vie, j'ai vécu au milieu de ces roses empoisonnées. Mais là, oui, pour la toute première fois ... J'apprécie enfin leur incroyable beauté.
Il sourit, puis ses yeux se fermèrent d'eux même, et il s'affala au sol. Il était mort.
Lorsqu'il se réveilla, un froid intense s'empara de lui et s'incrusta dans chacun de ses os. Sa gorge le brûlait à chaque inspiration. Il était enfoui jusqu'au cou dans de la neige, et un vent glacial lui giflait le visage et emmêlait ses cheveux. Il ne sentait plus le bas de son corps.
Il était au Cocyte. Évidemment. En affrontant le spectre, il s'était opposé à Hadès. Il s'évanouit presque aussitôt après s'être réveillé.
Soudain une grande lumière apparut devant lui. Le doux cosmos d'Athéna sembla l'envelopper. Il n'avait pas été oublié ... Il fut ressuscité.
Le soir même, Albafica s'avança vers son jardin bien-aimé. Son temple n'avait pas changé. Par contre, ses roses avaient souffert de son absence. Il s'agenouilla, ferma les yeux et respira à pleins poumons. Comme cela lui avait manqué ...
- Tu feras vraiment un pantin exceptionnel, tu ne crois pas Albafica des poissons ?
Il sursauta et se releva d'un bond. Sur ses gardes, il regarda partout autour de lui. Il était seul, évidemment ... Sa mort l'avait rendu paranoïaque. Il se rassit parmi ses fleurs en essayant de se calmer.
Minos ... Sa voix résonnait dans sa tête comme s'il était face à lui. Il l'avait torturé, blessé, tué. Pourtant ... Il ne parvenait à effacer son visage de son esprit. Une partie de lui refusait d'oublier le spectre.
- Je ne m'attendais pas à ce qu'un homme aussi délicat puisse faire preuve d'une telle fougue au combat !
Il l'avait provoqué. Il avait tout fait pour le faire sortir de ses gonds, pour l'énerver. Et le chevalier avait de son côté fait son possible pour rester impassible. Pourtant ...
- Nous allons bien nous amuser !
Oui, Minos avait raison. Tout cela n'avait été qu'un jeu. Un jeu mortel, mais terriblement intéressant ! Albafica était mort parce que le spectre avait voulu faire de lui son pantin, sa poupée de porcelaine. Et ... Oui, il avait adoré ça. Il avait adoré sentir son regard sur son corps vierge, il avait adoré sentir ses fils rentrer en contact avec sa peau. Oui, l'attention malsaine que le spectre lui avait porté été le premier contact humain qu'il avait reçu ! Enfin, humain ...C'était un bien grand mot pour désigner le Griffon et ses fils.
Puis il était revenu au Sanctuaire. Seul. Dans son temple vide.
Avant, la compagnie de son jardin lui suffisait. Désormais ... Il en voulait plus. Il voulait qu'on le regarde, qu'on s'approche de lui sans crainte, qu'on le touche.
Et il ne voulait pas de n'importe qui.
Il voulait de Minos, son Minos, celui qui avait prit tant de plaisir à le faire souffrir, celui qui c'était amusé avec lui.
Oui, c'était contradictoire. Oui, aucune personne normale n'aurait voulu revoir son tortionnaire et tueur.
Mais Albafica n'était pas une personne normale. C'était le chevalier du poisson. Il avait toujours mené une existence solitaire. La seule personne qui l'avait jamais approché sans crainte était son maître, désormais mort.
Et maintenant, il y avait Minos.
Le bleuté sourit dans l'air du soir. Le juge n'avait qu'à bien se tenir ... Albafica avait fait son choix.
Et jamais il ne changeait d'avis.
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