— Est-ce qu'on est amis ? lâche-t-il soudain.

Je crois que ma bouche s'ouvre en grand, parce que de toutes mes suppositions, celle-ci était de loin la plus improbable. Elle sort de nulle part ! En quoi est-ce un élément majeur en cette fin d'après-midi ?

Je fixe Mike, cherchant la réponse. Puis je me souviens de tous ces moments gênants. De toutes ces fois où j'ai eu envie qu'on s'embrasse. De ces fois où il m'a réconfortée. De ce jour, dans ce centre commercial, où j'y ai cru. De cette vérité qu'a lâchée ma petite sœur. Vous vous plaisez. Alors, si nous sommes amis ? Sûrement pas.

— Même si l'amitié ne se résume pas au nombre d'heures passées ensemble, je ne pense pas que toi et moi, on soit amis.

Je ne sais pas ce que nous sommes l'un pour l'autre, en revanche, je sais que je veux être davantage qu'une amie. Il me déstabilise bien trop pour faire croire à une amitié sans arrière-pensée. Et je ne sais pas comment lui dire. Alors, je me tais simplement et attends qu'il réagisse. C'est une habitude que j'ai prise, une sale habitude.

J'ai l'impression que les secondes reculent au lieu d'avancer. Que le calme de la rue laisse tout le loisir à mon cœur de se faire entendre. J'ai peur, je suis impatiente. Je veux qu'il me donne sa vérité. Malheureusement, ce n'est pas celle attendue.

— Tu ne me parles que parce que je suis le frère d'Aurélia ?

Il semble peiné et je voudrais pouvoir le prendre dans mes bras. Mais j'en suis incapable. Je ne fais jamais le premier pas.

— Non.

De cela, je suis certaine. Leur parenté, je m'en fiche. Mike est Mike. De toute façon, Aurélia est à fond pour que j'exprime mes sentiments plus ouvertement. Chaque fois que je la vois en présence de son frère, j'ai l'impression qu'elle lève des pancartes très haut dans le ciel. Etrange qu'il n'ait jamais rien vu d'ailleurs.

Subitement, il s'avance vers moi.

— Tu as raison, on n'est pas amis, confesse-t-il tout en me donnant un baiser sur le front.

Extrait du roman « MinMi », de Millet Aurélia.