Chapitre 68 : Lâcher prise

Bonjour/bonsoir ! J'espère que vous allez bien !

Je suis un peu en retard, je n'ai pas pu écrire lors de la venue de Renarde_de_Brume sur Séoul (tout est de sa faute oui oui), donc je ne vous poste la suite que maintenant

J'espère qu'elle vous plaira ! On va bientôt changer de cadre, attention accrochez-vous XD Mais j'ai un peu (beaucoup) l'impression de tourner une page avec un certain soulagement, vous me direz ce que vous en pensez !

A jamais, un immense merci pour votre soutien <3

Je vous souhaite une très bonne lecture !

Chapitre 68 : Lâcher prise

Isobel se tenait dans l'encadrement de la porte, bras croisés, la mine interloquée et inquiète. Sa fille, fraîchement revenue du Ministère, effectuait des aller-retours entre ses placards et sa valise.

- Ne faudrait-il pas que l'on parle tout de même ?

Isobel amorça un mouvement pour entrer dans la chambre avant de s'arrêter, décroiser un bras pour passer la main dans son chignon, soupirer.

- T'es sûre de toi ? C'est quand même... incongru comme décision.

- J'en suis certaine, maman, j'en ai besoin.

Minerva ne s'était même pas tournée vers elle en prononçant ces mots. Elle empila trois hauts dans sa malle et se gratta le crâne, réfléchissant à ce qu'elle avait bien pu oublier. Elle comprenait l'état dans lequel se trouvait sa mère. A vrai dire, même Minerva avait peur de la direction qu'elle prenait. C'était si nouveau, si brutal comme changement. Mais qu'avait-elle à perdre ? Maintenant qu'elle avait enfin quitté le Ministère, elle n'avait plus de plan. C'était à la fois angoissant et reposant. Angoissant par son aspect nouveau, parce qu'elle n'avait jamais osé lâcher la bride ainsi. Reposant parce que justement elle décidait de ne plus s'accaparer l'esprit. Il y avait une certaine liberté à décider et accepter d'improviser sur son projet de vie, surtout lorsqu'elle était à nouveau perdue. Sauf que cette fois-ci, elle avait pris conscience que ses peurs ne la mèneraient à rien et qu'elle parviendrait toujours à trouver une solution. Malgré les détours, les demi-tours, les carrefours, elle trouverait toujours une solution, même si cela prendrait du temps.

- Besoin, d'accord, reprit Isobel, mais... mais pourquoi l'Ouganda ?

Minerva se redressa. Oui, pourquoi l'Ouganda ?

***

- Pourquoi ne partirais-tu pas à l'étranger ?

Minerva s'étrangla dans son thé.

- Qui ça, moi ?

Pomona parut se retenir de rouler des yeux.

- Non, Merlin. Bien sûr que je parle de toi. Pourquoi ne partirais-tu pas ailleurs ?

Minerva papillonna des yeux.

- Mais pour quoi faire ? J'étais déjà mal à Londres, comment veux-tu que je me sente heureuse à l'étranger ? Et qu'est-ce que j'y ferai ?

Cette fois, Pomona roula vraiment des yeux.

- Ce n'est pas parce que tu as détesté Londres que tu vas ressentir la même chose partout où tu iras. Ce n'est pas comme ça que cela fonctionne. Tu adoptes un lieu comme étant le tien de par tes expériences. Bien sûr que tu hais Londres : tu y as fui, et tu y as macéré dans le malheur le plus total.

- C'est une manière de dire les choses... Mais qu'est-ce que j'y ferais, à l'étranger ?

- Eh, je ne vais pas te mâcher le travail non plus, se fâcha gentiment Pomona en la pointant de l'index. C'est de ta vie que l'on parle, pas de la mienne. Et puis, si tu retournes à Caithness, qu'est-ce que tu y feras aussi ? Hein ? Autant partir à l'étranger, tu y apprendras beaucoup sur toi. Je peux t'assurer qu'en revenant, tu seras une nouvelle personne.

Minerva ne répondit pas et fit tournoyer son thé, songeuse.

- Ne pars pas pour partir, rajouta Pomona. Le but n'est pas de fuir, mais de chercher. Donc tu dois partir là où te guide ton cœur.

Minerva fit la moue. Jamais elle n'avait considéré l'idée de partir en dehors de son pays. Pas que cela ne l'intéressait pas, mais plutôt qu'elle n'en voyait pas l'intérêt pour elle. Elle avait l'impression d'avoir besoin d'un but si jamais elle devait partir. Pomona était partie dans le cadre de ses études, c'était donc différent pour elle. Minerva avait fini ses études et dans deux jours, elle quittait son poste.

- Tu as tant aimé que cela, Castelobruxo ? demanda Minerva, curieuse.

Pomona sourit.

- Beaucoup. J'ai découvert l'ailleurs, d'autres cultures, un rythme de vie différent, un système de relations entre camarades différent. J'ai appris à profiter de ma vie là-bas sans penser au retour. J'ai acquis de la patience, de l'empathie. A m'adapter aussi, à grandir.

Minerva l'observa. Cela oui, elle avait bien grandi depuis leur première rencontre, cette jeune Pomona qui demandait avec un regard mi-curieux, mi-inquiet des informations sur les maisons, son visage rond tout triste de quitter sa famille. Minerva réalisait que son amie avait eu bien du courage de partir à l'autre bout du monde, se frotter à une culture si différente. Aujourd'hui, elle en voyait un joli et impressionnant résultat.

- Tu m'as parlé d'une enseignante à l'école de Uagadou, non ?

Minerva acquiesça.

- La directrice de l'école, oui. Enfin, c'est Holly qui m'a parlé d'elle. Elle l'a rencontrée dans le cadre de son travail. Apparemment, leurs techniques de métamorphoses sont exceptionnelles.

- Tu as son contact ?

- A la directrice ? Non, mais Holly dit qu'elle s'entend bien avec le professeur de Quidditch là-bas. Que si j'étais intéressée, elle pouvait jouer l'intermédiaire entre moi et l'école.

Pomona dressa un sourcil.

- Cela t'intéresserait ?

- Bah... pourquoi pas, oui. C'est de la métamorphose.

- Bon alors, tu as ta réponse pour l'étranger, décréta Pomona.

Minerva s'avança sur son siège.

- Mais... c'est l'Ouganda... Je n'y connais rien à ce pays.

- Tu crois que je connaissais quelque chose au Brésil ? Bien sûr, c'est toujours mieux de s'informer avant d'y poser ses valises, mais si tu te rends à l'école de Uagadu, les gens là-bas t'aideront.

- Oui, mais...

Pomona posa son verre et eut un sourire compatissant.

- Cela peut paraître effrayant, mais tu as peur parce que c'est très nouveau et quelque chose que tu n'avais pas planifié. Cependant, l'improvisation, c'est bien aussi. Trop de sécurité t'empêchera de vivre pleinement ta vie, Minerva.

***

Elle retournerait chez ses parents quelques jours, le temps de rebondir, mais elle espérait ne pas s'y attarder. Caithness ne serait qu'une période de transition. Les mots de Pomona erraient dans sa tête, et la graine qu'elle avait plantée grandissait lentement, mais sûrement.

- Cela me fait tout de même étrange de te voir faire ton carton. J'espérais voir venir ce moment tout en le redoutant.

Minerva fit un tout petit sourire à Marchbank. Désormais, elle savait bien qu'avec ces mots, sa mentor montrait qu'elle ne voulait que son bonheur. A croire que tout le monde semblait avoir deviné qu'elle n'avait jamais et ne serait jamais heureuse dans une sphère comme le Ministère, encore moins dans celle de la Justice. Minerva avait juste mis plus de temps à le comprendre et surtout, à l'accepter.

Elle n'avait pas beaucoup accumulé en un an et demi de travail ici. En tout cas, rien qu'elle chérissait. La plupart de ses biens ministériels avaient fini à la poubelle, ou donnés.

Son carton dans les bras, Minerva se sentit de plus en plus légère. C'était là ses derniers instants à cet étage du Ministère. Elle avait déjà une sorte de nostalgie à l'idée de le quitter. Elle avait détesté son travail ici, mais elle y avait vécu aussi de bons instants avec Elphinston notamment. Et puis, il était tout simplement compliqué de quitter un lieu dans lequel elle avait vécu la majeure partie de sa vie. Sans y être attachée, elle ne pouvait pas purement supprimer cette tranche de vie. Elle avait été là, hideuse principalement, mais elle avait fait de Minerva ce qu'elle était aujourd'hui. Désormais, elle espérait trouver la nouvelle tranche qui rééquilibrerait son esprit troublé.

Elphinston avait insisté pour la raccompagner jusqu'à la sortie mais avant, elle avait un autre adieu à faire. Un adieu qu'elle se devait de faire, sans en avoir l'envie. Un adieu qui tournerait une nouvelle page.

Lorsqu'elle frappa à la porte du bureau, elle n'avait aucune crainte, aucun malaise comme la dernière fois. Leopold Ross ne lui faisait plus peur, elle n'était plus effrayée de ses réactions, de ses avis, de ce qu'il pourrait penser de ses choix. Elle ne lui en donnait plus le droit. Il n'aurait jamais dû le recevoir. Il n'avait jamais fait partie de sa vie, n'avait jamais soutenu sa propre fille et avait fait en sorte d'ignorer l'existence de sa petite-fille. Minerva avait soufflé sur les dernières poussières d'espoir qu'elle avait stupidement eues de trouver en lui le grand-père maternel. Il s'était avéré que Leopold n'était pas Eugene.

Ross ouvrit la porte de son bureau, avisa Minerva d'un air neutre, puis le carton. Il leva un sourcil.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Des adieux, répondit simplement Minerva.

Leopold cligna lentement des yeux et s'effaça pour la laisser entrer. Mais Minerva secoua fermement la tête.

- Pas besoin, Maître Ross, je ne reste pas longtemps.

- Maître Ross ? s'esclaffa-t-il. Drôle de façon de s'adresser à moi ainsi. Je suis ton grand-père, après tout.

- Vous êtes le père de ma mère, mais vous n'avez jamais revêtu le rôle de grand-père.

Ross accusa le coup tandis que le cœur de Minerva effectuait un bond précipité. C'était là des mots durs qu'elle prononçait, elle le savait. Mais c'était le choix qu'elle avait décidé de faire.

- Vous aviez tort, lorsque vous me disiez que j'avais pris le droit chemin, contrairement à ma mère. Je n'avais jamais été aussi perdue qu'ici, aussi malheureuse. Mon mal-être ne vous a pas une seule fois préoccupé, ni même intrigué. Je doute même que vous ayez vu quoi que ce soit.

- Comment...

- Mais ce n'est pas grave, coupa Minerva en grande partie parce qu'elle ne voulait pas lui laisser une chance de la faire douter de ses paroles. Je ne cherche pas du réconfort de votre part, ou du moins, je n'en cherche plus. J'ai enfin compris que cela était inutile de voir en vous le possible grand-père que vous auriez pu être.

Leopold ne dit rien cette fois, semblant attendre qu'elle continue.

- Il me sera plus facile de ne plus rien attendre de votre part. Je quitte ce Ministère l'esprit bien plus apaisé qu'à mon arrivée.

Elle inspira profondément.

- Vous aviez cependant raison sur une chose : le garçon que vous avez vu avec moi à Halkirk, c'était bien un moldu. Que j'aimais de tout mon cœur. Que j'aime toujours. A l'époque, je pensais avoir choisi ma carrière plutôt que mes sentiments, que j'avais fait le choix inverse de ma mère. Aujourd'hui, je comprends que j'emprunte une troisième route. Il y a toujours eu une troisième route pour moi, j'ai juste effectué mon virage trop tôt. Je serai heureuse sur cette troisième route qui ne m'impose pas un choix entre une carrière ou mon amour.

Elle retomba dans le silence, Leopold l'accompagnant. Son souffle à elle était court. Jamais elle n'avait autant avoué tout en tenant tête à quelqu'un, mais celui lui avait fait du bien. Qu'allait-il dire ? Allait-il la mépriser ? L'insulter ? Rire ? Se moquer ? Montrer un minimum d'admiration ?

Finalement, il changea de position, le visage toujours aussi imperturbable.

- Donc, adieu, c'est bien cela ? Bien.

Il se tut et Minerva sentit la dernière once d'espoir mourir doucement, amère mais reconnaissante de pouvoir enfin disparaître. Elle n'aurait jamais rien à attendre de lui et pouvait donc partir en paix.

- Je serai heureuse, affirma-t-elle. Parce que c'est bien plus important que de m'assurer cette carrière au Ministère qui vous paraît royale. Bonne chance dans votre travail.

Elle lui tourna le dos. Son cœur, contrairement à ce qu'elle avait craint, n'était pas vide. Le pincement n'était pas étonnant, mais elle s'en remettrait sans problème.

Elphinston attendait devant son bureau, mains dans les poches, l'air dépité mais semblant avoir accepté ce départ.

- Prête à partir ? lança-t-il en la voyant arriver son carton dans les bras.

Minerva hocha la tête.

- J'ai mis du temps, mais oui.

- Vous n'aviez pourtant pas beaucoup de choses à déménager, dit-il.

Elle sourit. Ce n'était pas de cela dont elle parlait.

- Vous enverrez de vos nouvelles, lorsque vous serez là-bas ?

- Je ne partirai pas longtemps, quelques semaines environ.

Ou plus, ou moins. Sa date de retour était très aléatoire. En y songeant un peu, elle avait transformé sa vie en ce qu'elle avait le plus peur : un tourbillon d'incertitudes. Cependant, elle avait cette fois-ci choisi cette incertitude et se l'était appropriée pour en retirer tous ces bienfaits. Son cœur palpitait de peur et de curiosité mêlées à de l'excitation. Elle qui avait toujours voulu s'assurer un filet de sécurité dans tous ses projets, se libérait enfin de son carcan.

Elle entendit Elphinston soupirer légèrement.

- Je ne crois pas vous avoir déjà vu aussi heureuse. Cela me rend reconnaissant que vous partiez, mais également déçu de ne pas avoir su vous garder ici.

Il s'arrêta aux pieds des cheminées qui menaient à la sortie du Ministère. Minerva n'avait guère prêté attention au trajet. Malgré le temps passé dans cette enceinte, elle n'y gardait que trop peu de souvenirs. Elle n'éprouvait pas ce sentiment d'appartenance qui aurait pu naître, qui aurait dû naître. Elle quittait les lieux sans regret, à part celui de ne pas avoir eu le courage plus tôt de plier bagage.

- Vous avez été une des rares personnes à avoir illuminé mon temps au Ministère. Sans vous, mon malheur n'aurait été que plus grand.

Sans lui, sa dépression l'aurait peut-être emporté. A jamais, garderait-elle en souvenir et dans son cœur les scones et le thé aux coquelicots.

- Peut-être même, mon seul ami ici.

Elphinston parut ravi et soulagé qu'elle l'appelle de cette manière. Probablement, avait-il longuement attendu qu'elle cesse de le considérer seulement comme son supérieur.

- Alors, vivez bien votre nouvelle aventure. Soyez heureuse et fière, et revenez en bonne santé, grandie.

Elle ne reviendrait pas les mains vides, cela, elle s'en assurerait. Elle était déterminée à se chercher et à se trouver encore plus, à vivre de ce dont elle était passionnée, à laisser ses peurs derrière elle, à apaiser son esprit. Elle ne recommencerait pas de zéro ; le Ministère, aussi cruel qu'il eût été, lui avait au moins montré la Minerva qu'elle ne voulait pas être. Elle en acceptait les épreuves et se tournait désormais vers un futur plus ouvert, plus libre.

Elle partait, pour mieux revenir.

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