Chapitre 59 : Cendrillon au Chemin de Traverse

Bonjour !

"Ah bah enfin, la voilà !" hahaha

J'ai galéré sur ce chapitre, j'ai passé des heuuuures sur l'ordi à regarder la page blanche c'était TERRIBLE

M'enfin, voilà la suite et j'espère qu'elle vous plaira ! Bonnes vacances à celles et ceux qui sont en vacances ! Courage pour les autres et pour celles et ceux qui ont des examens en cours, force et honneur !!

Merci pour votre soutien, sans ces posts de chapitre (plus ou moins réguliers lalala) je pense que je serais beaucoup moins avancée dans cette histoire et elle passerait son temps à stagner à la moindre difficulté ! Sans vous, cette histoire ne serait probablement jamais bouclée ! <3

Très bonne lecture !

Chapitre 59 : Cendrillon au Chemin de Traverse

La vie d'employée sous la direction d'Elphinston s'était révélée, comme prévu, bien plus reposante et apaisante après Reckter. Le stress en moins, Minerva se sentait plus efficace dans ses tâches. Ou peut-être, tout simplement, était-ce parce que son supérieur n'était pas toujours sur son dos et que celui-ci l'encourageait et la complimentait. Cela pesait lourd dans la balance de sa sainteté d'esprit même si elle déplorait toujours sa relation avec ses collègues. Plus nombreux étaient ceux qui lui adressaient la parole, mais sans que de véritables liens ne soient créés. Elphinston avait eu beau organiser des rencontres informelles autour d'un déjeuner, Minerva avait vite réalisé qu'elle ne partageait pas les mêmes idées que la plupart des employés. Ils n'étaient pas foncièrement mauvais. Ils semblaient juste être restés un peu trop longtemps entre les quatre murs du Ministère sans explorer le monde extérieur. Minerva était effarée de voir que ses collègues paraissaient vivre dans leur bulle personnelle et, il fallait bien le dire, élitiste du Ministère. Sans compter les multiples remarques plus que déplacées prononcées envers les moldus. Plus elle les entendait soupirer envers eux, plus elle se voyait s'éloigner de leur communauté ministérielle. Elle, fille d'un moldu, se sentait injustement humiliée à chacun de leurs mots. Sans aller jusqu'au racisme et mépris profond que pouvait afficher Flint, il y régnait une forme de condescendance et de paternalisme au cœur du département de la Justice. Un paternalisme que Minerva retrouvait entre les départements et les hiérarchies qui s'y étaient installées. Elle avait un jour trouvé le courage d'en parler à Elphinston, seule figure digne de confiance dans son entourage. Il y avait bien Marchbank, mais celle-ci était trop concentrée sur son travail et Minerva doutait qu'elle ait la force de s'insurger avec elle alors qu'elle avait déjà eu tant de mal à s'imposer parmi ses collègues.

- C'est un des côtés du Ministère que je regrette, avoua Urquart en faisant tinter sa cuillère sur le bord de sa tasse de thé. Merci Soky pour les scones, ajouta-t-il à l'encontre de la jeune elfe qui en papillonna des yeux.

Minerva prit une gorgée de son thé. Ces moments de pause avec Elphinston étaient les rares instants d'humanité qu'elle vivait dans son travail. Ils ne se voyaient plus juste quand son supérieur la forçait à prendre une pause, mais également parce qu'ils appréciaient de se retrouver ainsi. Minerva trouvait sa conversation intéressante et surtout, en accord avec ses propres idées.

- Ces types de pensées sont très arrêtées, estima Elphinston. Ils ont grandi ainsi alors il leur est difficile de songer différemment. Vous, vous avez un père moldu alors il vous est inconcevable de hiérarchiser nos deux communautés, à raison bien sûr.

- Et vous alors ? demanda Minerva. Vous avez un parent moldu ? Vous êtes le seul à promouvoir la cohabitation.

Elphinston eut un léger sourire, un peu triste, très nostalgique.

- Ma femme était née-moldue, à vrai dire.

Minerva sursauta. Elle n'avait aucune idée qu'il était marié. Il sembla remarquer son trouble, car il rectifia :

- Elle est décédée il y a plusieurs années maintenant, peu après notre mariage.

- Oh... je suis désolée.

Elphinston mordit dans un scone.

- C'était il y a longtemps. Nous nous sommes mariés deux ans après mon départ de Poudlard et elle a eu son accident un an après.

Minerva fit un rapide calcul dans sa tête. Elle savait que son supérieur était âgé d'une trentaine d'années, donc son deuil devait être vieux d'une dizaine d'années environ.

- Je suis rentré au Ministère en quelques mois seulement et je me suis jeté à corps perdu dans le travail.

Elle avait l'impression d'entendre sa propre histoire. Elle comprenait ô combien ce qu'il avait vécu et cela lui fit de la peine.

- Cela a dû être dur pour vous.

Elphinston sembla réfléchir, replonger dans ses souvenirs.

- Bien sûr que cela l'a été. Comme tout le monde, j'ai dû apprendre à gérer le deuil d'une personne chère. Je me suis probablement trop réfugié dans le travail à l'époque et cela n'a pas été bon. Mais j'ai appris à vivre avec l'absence de ma femme. Il arrive un jour où on parvient à accepter que la personne ne soit plus là, à avancer et à se pardonner, sans être continuellement et physiquement triste.

Minerva baissa la tête vers son thé. Elle n'en n'était pas encore à ce stade mais espérait un jour y parvenir. N'était-ce pas là un premier pas dans la bonne direction ?

- Faire partie du Ministère, cela a-t-il toujours été votre but ? s'enquit Minerva, curieuse.

- Mon but ? répéta Elphinston ce qui parut le lancer dans une profonde réflexion. Je pense que l'un n'arrive jamais à son but. Enfin, j'imagine que si, mais il évolue constamment, non ? Une fois l'objectif atteint, nous en choisissons un autre, et ainsi de suite. Alors peut-être qu'à l'époque, mon but était de réussir au Ministère, oui.

- Et maintenant ?

Il reposa sa tasse, mit le menton dans la main et plissa les lèvres.

- Être un bon supérieur ? se décida-t-il finalement en les faisant sourire. Je veux juste une bonne cohésion entre nous tous. Vous l'avez vu, nous sommes tous très différents, et faire cohabiter tous ces esprits, ce n'est pas évident.

- Maître Reckter a eu du mal effectivement, laissa échapper Minerva dans un bougonnement qu'elle tenta de retenir en mettant sa main devant la bouche.

Cela parut amuser Elphinston plus qu'autre chose avant qu'il ne finisse pas retrouver son sérieux. Il se tourna vers Minerva.

- Je sais que travailler sous les ordres de Maître Reckter ne vous a pas réussi. J'espère que lorsque vous serez dans le besoin, vous ne vous empêcherez pas de venir me demander de l'aide.

Minerva tiqua un bref instant. Dougal avait prononcé les mêmes paroles dans son illusion.

- Je ne voudrais pas vous déranger, finit-elle par dire. Vous avez aussi du travail.

- Je ne vous le demande pas en tant que supérieur. Considérez-moi comme quelqu'un sur qui vous pouvez compter. Comme des amis le feraient.

***

- Finies les glaces après, d'accord ? Il fait trop froid pour ça maintenant.

Alan émit un grognement d'enfant face à la réflexion de Minerva.

- On prendra des chocolats chauds alors.

- Si tu veux.

Minerva sourit devant son air satisfait. La boutique de glaces de Herbert Fortarôme était devenue leur lieu de rassemblement, délaissé lorsque Minerva avait été longuement malade. Alan n'avait rien dit, mais elle savait qu'il avait été soulagé de revenir à leur vie d'avant. Coupable, elle n'avait pas eu le courage de lui dire toute la vérité quant à son état mental. A ses yeux, seul le travail au Ministère était responsable de sa fatigue mentale et physique. Dougal n'était jamais apparu dans leur conversation et il resterait dissimulé autant que possible. A quoi bon expliquer ? La décision de leur séparation avait été prise et les liens avaient été coupés. Excepté de la plaindre, Alan ne pouvait rien faire d'autre et Minerva n'avait pas besoin de cela. Elle essayait tant bien que mal de tourner la page, ce qui lui était immensément ardu.

- Dis Minerva, fit Alan après avoir récupéré de la glace qui fondait le long de son cône. Pourquoi tu restes au Ministère si c'est lui qui t'a rendue si malade ?

- Annoncé comme ça, on dirait que tu me traites de masochiste.

- Mais c'est vrai, non ? insista Alan toujours sérieux. Tu n'as pas l'air heureuse là-dedans. Pourquoi s'acharner ?

- Tout n'y est pas noir, se justifia Minerva en se raclant la gorge. Et cela va mieux depuis que j'ai changé de supérieur. On est amis.

Rien que de penser à nouveau à ses paroles lui donnèrent du baume au cœur. Elle avait toujours considéré Elphinston comme un allié, mais une amitié au sein même du Ministère représentait un incommensurable soulagement.

- C'est tout ? C'est maigre comme excuse, jugea Alan en s'adossant à sa chaise.

- C'est plus compliqué que cela, tu sais.

C'était vrai. Ses doutes étaient revenus lorsque Urquart lui avait parlé de but. Le sien avait été d'intégrer et de réussir au Ministère. Elle n'avait accompli que la moitié. Elle savait que si elle abandonnait maintenant, sans qu'aucun autre objectif ne vienne se greffer à l'ancien, elle retomberait dans son désespoir.

- C'est compliqué, répéta-t-elle.

- Je vois ça...

- Minerva ? Alan ?

Minerva sursauta et se retourna vers la voix féminine et familière qui les avait interpellés. Une silhouette fine noyée dans une large veste apparut, des cheveux roux et lisses encadrant un visage pointu parsemé de taches de rousseur.

- Ça alors, Etna !

Etna Stevenson, poursuiveuse chez les Gryffondor, se tenait en effet juste à côté, sourire aux lèvres. Plus d'une année s'était écoulée depuis qu'elles ne s'étaient pas vues, mais Etna n'avait presque pas changé. Minerva se leva pour la saluer, agréablement surprise de tomber sur son ancienne amie.

- Assieds-toi, l'invita-t-elle de la main. Comment vas-tu ?

- Je n'ai pas beaucoup de temps, indiqua Etna en prenant tout de même une chaise. Je me disais bien que je vous avais reconnus. Qu'est-ce que vous devenez ?

Elle commanda un café et se tourna vers Alan qui commençait à raconter sa vie à Sainte-Mangouste. Minerva observa son amie. Elle était toujours aussi jolie, voire plus en ayant grandi. Cependant, elle semblait plus mesurée. Son sourire n'atteignait que très peu son regard bleu clair alors qu'elle écoutait Alan.

- J'ai fini Poudlard en juin dernier, annonça-t-elle alors qu'elle recevait son café. Cela m'a rendue triste, mais je suis contente de ne plus avoir d'examens.

- Comment s'est passé le Quidditch ? demanda Minerva.

Elle avait eu des scrupules à nommer Etna capitaine alors qu'elle avait les ASPICS à travailler, et elle était curieuse de savoir comment elle s'en était sortie. Pas très bien apparemment, car elle grimaça un peu.

- Cela a été compliqué. Audric a pu revenir après sa blessure pour reprendre son rôle d'attrapeur. Heureusement, car Zimmerman n'arrêtait pas d'insister pour prendre sa place.

Etna lui jeta un coup d'œil gêné.

- Il n'était pas question de le sélectionner après ce qu'il s'est passé avec Grace.

Minerva hocha la tête. Elle n'oublierait guère son propre comportement face à cette situation qui l'avait amenée en partie à abandonner le Quidditch.

- Il a fallu trouver ton remplaçant aussi, sourit Etna. Le pauvre Ian a passé son année à être comparé à toi ; il ne l'a pas très bien vécu. Pourtant, il n'est pas mauvais, mais il était un peu jeune.

- Pourquoi l'avoir choisi alors ? fit Alan.

Etna but une gorgée de son café.

- Question pratique aussi. Cette année, Audric et moi sommes partis et il faut donc nous remplacer. L'année prochaine, Alexandra et Fabio seront en dernière année et partiront aussi. Les joueurs tournent trop en ce moment, je voulais qu'un bon joueur comme Ian reste dans l'équipe quelques années.

- C'est une bonne idée, approuva Minerva qui avait appliqué la même stratégie pour Fabio, sélectionné face à un dernière année. Qui est capitaine de l'équipe ?

- Grace, répondit Etna avec un air incertain. Olga n'avait pas assez d'expérience, Fabio m'a dit qu'il ne parviendrait pas à gérer ses ASPICS et le capitanat et Alexandra... eh bien, je ne trouve pas qu'elle a cette fibre pour mener une équipe. J'étais un peu coincée, avoua Etna. Grace est devenue de plus en plus douée, mais elle est toujours... comment dire ? Sanguine. Je pense qu'elle saura faire les bons choix pour nous remplacer, mais, euh...

- S'il y a une bagarre sur le terrain, elle sera dans la mêlée au lieu de calmer tout le monde, termina Minerva avec une tête mi-amusée mi-inquiète.

- Voire, elle sera responsable de la bagarre, sourit Etna.

Elle but une nouvelle gorgée de son café, ce qui attira le regard de Minerva sur sa main.

- Qu'est-ce que c'est que cela ?

- Hum ? Oh !

Etna fit un premier geste pour dissimuler sa main gauche avant de finalement la poser à plat. Une bague scintillait à son annulaire.

- Tu... es mariée ? s'étonna Alan.

Etna cacha sa main gauche sous la table.

- Pas vraiment..., nia-t-elle avec un léger rire. J'ai un copain, mais je ne suis pas mariée. J'ai mis cette bague pour éloigner certaines personnes qui se montraient... trop entreprenantes. Le mariage, ça leur fait peur.

Minerva haussa haut les sourcils. Etna avait effectivement été populaire à Poudlard pour son visage de poupée mais jamais elle n'aurait pensé que la situation se mette à déraper au point de mettre en place des techniques mensongères impliquant un faux mariage.

- J'ai croisé Lewis il n'y a pas longtemps, lança soudainement Etna en changeant de sujet.

Minerva cligna des yeux, surprise que son ex-copain débarque dans la conversation, surtout après qu'ils aient mentionné l'idée de mariage.

- Ah... fit-elle sans savoir quoi rajouter. Et... il va bien ?

Elle vit Alan rouler fort des yeux en face d'elle. Etna haussa une épaule.

- Je pense, oui. Il n'était pas très bavard, il a dû être surpris que je vienne lui parler. Lui aussi a fini Poudlard en juin, il a eu de bons résultats aux ASPICS. J'étais rassurée, parce que nous nous sommes croisés dans une bibliothèque de Pré-au-Lard et je pensais qu'il avait raté un examen et le révisait à nouveau pour son redoublement.

- Lewis était bon élève, acquiesça Minerva, je ne suis pas étonnée qu'il ait bien réussi.

Il était même très bon élève, il le fallait étant donné qu'il passait un quart de son temps au Quidditch, un quart à travailler et les deux autres quarts à chercher des indices sur la mort de son frère.

- Je l'ai quand même toujours trouvé un peu étrange. Toi qui es sortie avec lui, tu ne trouvais pas ? Il y avait quelque chose dans son regard. Comme s'il était à mille lieux de Poudlard par moments.

Lewis n'avait jamais été entièrement à Poudlard. S'il avait un pied à l'école, l'autre vadrouillait en quête de son frère, d'informations, de réponses, poursuivait Jedusor sans jamais le rattraper. Minerva échangea un regard avec Alan, le seul autre au courant de l'histoire complète.

- C'est son côté Serpentard, lança-t-il en rigolant.

Etna secoua la tête.

- Voyons, Alan, ne jamais se fier aux apparences.

Minerva savait très bien qu'Alan pouvait aller au-delà des dires sur les Serpentard. Il n'avait que changé de sujet pour éviter qu'Etna ne s'attarde trop longtemps sur Lewis. S'intéresser de trop près à lui rapprochait irrémédiablement de Jedusor, et il n'y avait rien de bon à cela.

Etna jeta un œil à l'heure et se leva précipitamment.

- Il faut que j'y aille ! Mon copain m'attend.

- Oh, on ne savait pas que tu avais autre chose de prévu, s'excusa Minerva en se levant. Tu aurais dû nous le dire, on ne t'aurait pas retenue.

- Quelque chose de prévu... ? répéta Etna, troublée pendant un bref instant. Ah oui, oui. Pas de souci ! On se recontacte très bientôt !

Et d'un seul coup, aussi soudainement qu'elle était arrivée, Etna avait disparu. Alan se rassit, l'air perplexe tandis que Minerva ne quittait pas la ruelle dans laquelle son ancienne coéquipière était partie.

- Tu as son adresse ? demanda Alan.

Minerva secoua la tête, songeuse.

- Moi non plus. Comment elle veut qu'on se retrouve alors ?

Minerva ne répondit pas. Quelque chose la perturbait. Était-ce sa disparition soudaine, le fait qu'elle ne sache pas comment la retrouver ?

- On ne sait même pas où elle habite, ni où elle travaille, marmonna Alan en terminant sa glace. Tiens, elle fait quoi d'ailleurs dans la vie ?

Minerva releva la tête. C'était donc cela. Au-delà de son copain, Etna n'avait donné aucune nouvelle sur sa vie actuelle. Il lui était étrange de retrouver son ancienne camarade et de ne pas pouvoir la raccrocher à une situation professionnelle, à une activité qu'elle faisait ou autre. Un peu comme si elle avait croisé un fantôme.

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