Chapitre 50 : La famille Pinkstone

BONJOUR

Merci de votre patience ! Je sais que je suis bien en retard, j'ai un peu trop profité probablement de mon repos post-travail + mémoire, je suis allée à Paris (coucou l'Hydre !!) et je pars une semaine en Irlande mardi (ceux qui ne savent j'y ai fait mon Erasmus en 2018-2019 donc c'est un peu une terre de cœur pour moi *lâche des larmes*)

Pour ceux que ça intéresse, j'ai obtenu 16/20 à mon mémoire, je peux enfin le relire sans cringe sur des parties ou à me dire "urf c'était nul ça" XD, j'ai donc officiellement fini mes études, la petite dernière de l'Hydre

Sincèrement, merci de votre patience ! J'espère que ce début d'année scolaire se déroule bien pour vous, que vous arrivez à faire ce que vous voulez entreprendre et que vous vous amusez <3

Petit résumé des chapitres précédents pour se remettre la caboche en place :

Minerva, elle galère au Ministère. Elle partie en précipitation, valise au vent, chignon en élastique, de Caithness parce que Dougal l'a demandée en mariage et si elle était heureuse au début, elle a réalisé qu'elle ne pourrait pas vivre mariée avec lui ET faire carrière au Ministère. Ce serait condamner sa baguette, suivre le même chemin que sa mère et mentir continuellement à son mari. Elle a donc rompu ses fiançailles (sous un cerisier) et ça l'a plus ou moins détruite. Elle débarque à Londres (elle, la bonne écossaise, c'est un peu comme mettre une bretonne fière de sa région en plein cœur de Paris ou pour les québécois qui lisent, peut-être un peu comme mettre quelqu'un des îles de la Madeleine en plein Québec ou Montréal) bref à Londres, dans une petite chambre miteuse, sombre, sans lumière. Elle est seule. Elle rencontre sa voisine de pension, Satya, d'origine indienne. On sait pas trop comment elle est arrivée là, pourquoi. Elle travaille également au Ministère, au département de Coopération Magique Internationale.

Son 1er jour au Ministère : tout est grand, flou, inconnu. Son supérieur, Elphinston Urquart, qui chapeaute tous les assistants (car c'est là le poste qu'elle occupe à ses débuts), est plutôt gentil. Il la place sous Griselda Marchbank, que l'on a déjà vu dans un chapitre-me-demandez-pas-lequel, quand Minerva passe ses BUSES. Marchbank est sévère mais relativement juste. Contrairement aux autres collègues qui considèrent Minerva comme une sous-employée. Elphinston demande souvent à Minerva si elle va bien : elle est toujours dans ses dossiers à travailler en heures supplémentaires, à se fatiguer à la tâche, à essayer de comprendre les secrets du département puisque personne ne lui a rien appris sur le domaine de la justice (et puis par ailleurs c'est l'auteur aussi qui se mange des pages d'internet sur la justice, un VRAI BONHEUR).

Un jour, elle décide de revoir Alan. Cora est toujours fatiguée après le travail.  Alan a du mal à tout gérer, il commence son travail à Ste Mangouste mais il sert surtout des cafés. Il essaie de rassurer Minerva qui se demande si elle est bien à sa place, elle a des doutes, surtout en contemplant ce qu'elle a abandonné pour le Ministère. Voir que les sacrifices faits ne reçoivent pas de récompenses lui paraît dur. Elle se demande si elle a fait le bon choix en tournant le dos à Dougal pour le Ministère.

Le lendemain, comme pour la rassurer, Urquart lui donne une nouvelle mission, scribe lors du procès de Carlotta Pinkstone, une sorcière qui milite pour montrer la magie aux moldus et qui, de ce fait, utilise la magie devant les moldus. Minerva rentre chez elle l'esprit plus léger, rassurée d'avoir de la diversité dans son boulot. Une lettre de sa mère l'attend... et une lettre de Dougal. Il cherche des réponses, se demande si elle est heureuse, veut savoir s'il peut la faire revenir. Cela bouleverse Minerva. Ce n'est pas la dernière lettre qu'il lui envoie, régulièrement, il essaie d'obtenir une réponse, ce qui plonge Minerva encore plus dans le chagrin. Alors, grâce au procès de Pinkstone, elle se plonge dans le travail. Elle découvre une femme qui en est à sa 4ème incarcération et qui le vit plutôt bien. Maître Flint, avocat en charge de l'affaire, cherche à enfermer Pinkstone sur une plus longue durée. Il est particulièrement agacé du comportement de la femme et des décisions du tribunal, insuffisantes selon lui. Durant le procès auquel on assiste, Carlotta a reconstruit la maison d'un moldu, brûlée lors d'un incendie tout en brandissant une pancarte "non à l'étouffement de la magie". Minerva ne sait pas trop sur quel pied danser : elle qui a grandi dans une famille moldue et sorcière a fait les frais de cette dissimulation de la magie, et ce, doublement avec Dougal. Mais la manière trop radicale de Carlotta la gêne.

Pinkstone, avant d'être jugée au Magenmagot, avait été jugée par le directeur du département de la justice magique, Flint. Mais le résultat final du jugement doit être validé par le ou la directeur.rice du département concerné par l'infraction. Les délits de Pinkstone dépendent du département des accidents et catastrophes magiques.... dont la directrice, on l'apprend après, est la mère de Carlotta qui atténuait voire annulait les condamnations. Agacé, Flint est parvenu à faire venir le procès au Magenmagot, présidé par la Ministre, qui rend la décision finale (ce qui gêne Minerva d'ailleurs). Il espérait donner une condamnation plus forte. Manque de bol, Carlotta s'en sort plutôt bien avec 2 mois ferme au sous sol 8 d'Azkaban (une partie de la prison beaucoup plus light, comparable aux cachots de Poudlard selon Flint) et une amende de 100 gallions à paiement immédiat. Pourquoi s'en sort-elle aussi bien ? Minerva apprend à nouveau que le grand-père de Carlotta est le Manitou Suprême de la Confédération Internationale. Ce Manitou (je n'invente rien hein, il existe hahaha) dirige la Confédération Magique. C'est un peu l'ONU moldu. Mme Pinkstone, en tant que directrice, menace de casser les protections magiques si jamais sa fille chope plein pot en condamnation. Si ces protections magiques sont cassées, le Manitou #papydePinkstone, tombera sur le Ministère britannique et ça risque de chauffer.

Minerva réalise que le Ministère est plutôt pourri jusqu'à la moelle et que tout le monde use du chantage comme ça les arrange, que ce soit Flint, Carlotta, ou encore Marchbank. A côté, Carlotta croit tout de même à l'écoute des cultures et non pas au choc des cultures entre sorciers et moldus. Elle utilise son exemple familial de mère blanche et sorcière, mariée à un homme noir né-moldu : "le monde n'a pas explosé, si ?" dit-elle.

Minerva a du mal à se défaire de ce procès contrairement aux autres, et la seule chose qui lui change l'esprit c'est quand elle apprend par Urquart sa promotion en tant que scribe (greffière chez les moldus). Mi-temps assistante de Marchbank et mi-temps scribe donc. Elle commencerait à la nouvelle année 1955. Ce qui amène Urquart de parler des fêtes. Il est curieux de savoir pourquoi Minerva n'a pas posé de jours de congés. Vous l'avez dans le mille, retourner à Caithness pour les fêtes, c'est risquer de croiser Dougal. Finalement elle décide de venir le 24 au soir. Cela lui fait du bien de revoir sa famille, même si Robert Jr lui en veut un peu d'être partie ainsi.

Patatra (rififi à Caithness), les McGregor invitent les McGonagall à boire un verre avec eux. Cela paralyse et panique Minerva qui, à l'idée de revoir Dougal, s'en rend malade mentalement et physiquement.

Elle rentre chez elle, à nouveau déprimée et mal dans sa peau, mal dans sa tête. Si vous suivez bien, elle fait un peu les montagnes russes émotionnelles : déprime, soulagement avec la rencontre de Satya, re-déprime, joie de voir Alan, re-déprime, joie promotion, re-déprime, joie de voir la famille, rechute en retournant chez elle.

Elle rencontre son supérieur scribe, Maître Reckter, un vieux crouton pas agréable, vous aurez les joies d'apprendre à le connaître. Elle ressort de son bureau sans information sur son poste, sur son rôle, sur ses objectifs. Bref, elle est encore plus perdue que d'habitude svp sortez là d'ici. Son contrat, pas préparé, doit être terminé par la secrétaire qui déborde de travail au point de s'en rendre malade aussi. Afin de lui permettre de se rendre à l'anniversaire de sa petite-fille, Minerva décide de l'aider dans son travail et la remplace pour la soirée en s'endormant au travail pour la première fois. Au réveil, elle reçoit sa première mission, la retranscription d'un interrogatoire entre un avocat et un témoin. Lorsqu'elle se rend en salle des entretiens, elle se rend compte que l'avocat en question est son grand-père maternel, Leopold Ross.


Ouuuuuuuf c'est fini damn c'est long ! J'espère que ça vous a remis les choses en place et je vous souhaite une très bonne lecture !


Chapitre 50 : La famille Pinkstone

Elle resta un moment au seuil de la porte, une main posée faiblement contre le chambranle. Le témoin la salua d'un hochement de la tête tandis que Ross l'observait derrière des yeux légèrement plissés.

Il jeta un regard à ses notes.

- Minerva... McGonagall, c'est bien ça ?

Minerva acquiesça.

- La scribe, ajouta-t-elle dans un presque murmure.

Ross lui fit signe de les rejoindre et ne dit plus rien. Le témoin s'assit face aux deux membres du Ministère, sa mallette sur ses genoux qu'il serrait entre ses doigts crispés.

Ross se tourna brièvement vers Minerva :

- Monsieur Trye a été témoin de l'usage de la magie en présence de moldus par la coupable Carlotta Pinkstone. Je vous demanderai de bien consigner les propos échangés.

Minerva fronça légèrement les sourcils. Le cas Pinkstone n'avait-il pas été clôturé ? Ross l'ignora aussi, elle prit sa plume et son encre et se pencha sur son parchemin. Ross reprit la parole en s'adressant au témoin :

- Je vais avoir besoin de votre nom, prénom, profession.

- Lawrence Trye, je suis employé à la laverie les Chaussettes du Folk au 3 rue du Griffon joueur. C'est une laverie très reconnue, beaucoup de hauts placés et d'employés du Ministère viennent déposer leurs capes et robes chez nous, d'ailleurs si vous avez besoin...

Trye glissa un regard d'espoir vers Ross et Minerva. Celle-ci baissa les yeux sur son parchemin. Elle n'avait pas les moyens pour se payer une laverie de luxe, même si elle convenait que les capes et robes étaient une véritable plaie à nettoyer par soi-même.

- Merci monsieur Trye, fit Ross tout en ayant l'air de faire tout, sauf de réellement le remercier. Revenons-en à notre témoignage, voulez-vous ? Dites-moi ce que vous avez vu, où et quand.

Trye s'adossa à son siège et pencha la tête.

- C'était le 8 décembre dernier, dans les alentours de dix-huit heures. Je me suis éloigné de Londres pour une soirée d'observation des étoiles. Je suis très fan, vous savez. J'ai transplané dans le petit village de Lacock -très charmant par ailleurs. Madame Pinkstone est arrivée peu après moi.

- Comment était-elle ?

- Plutôt grande, de longues tresses noires...

- Pas physiquement, s'agaça Ross, dans son comportement. Essayait-elle de cacher son geste, faisait-elle attention à son environnement... ?

- Ah ! Elle avait des vêtements de sorciers mais sombres. Enfin, pas noirs, mais pas clairs non plus.

- Soyez plus précis...

- Heu... gris, j'imagine ? Gris anthracite, je dirais même ! ajouta-t-il pas peu fier de son détail.

- Ensuite ?

- Heu... Elle a formulé son sort d'une voix très forte, mais il n'y avait personne dans les parages à ce moment-là. Les habitants sont sortis en voyant la maison reconstruite et Pinkstone a un peu traîné devant, comme si elle espérait que l'on viendrait lui demander des informations.

- Et la pancarte ? s'enquit Ross alors que Minerva s'écharpait le poignet à force d'écrire.

- Ah oui ! Elle était plantée dans la terre à côté, mais personne n'y faisait attention, ils étaient un peu abasourdis par la maison, et le propriétaire remerciait le miel ou quelque chose du genre.

- Le ciel, rectifia machinalement Minerva le nez contre sa plume.

Ross et le témoin tournèrent la tête en silence vers elle et Minerva rosit.

- Je vois..., fit Ross en se détournant lentement de la jeune fille. Seriez-vous prêt à témoigner au tribunal de cette manière ?

Trye hocha la tête.

- Puis-je vous demander pourquoi vous n'êtes pas venu plus tôt nous voir ? demanda Ross. Le procès a eu lieu depuis plus de deux semaines.

- Ah, heu...

Le témoin tripota sa mallette.

- C'est que, d'habitude elle s'en sort plutôt facilement de ses procès, quand j'ai appris qu'elle avait écopé de deux mois, il était déjà trop tard. Je suis venu après.

Ross resta silencieux, Minerva termina de griffonner les mots de Trye.

- Bien, je vous remercie, conclut Ross en se levant. Mademoiselle McGonagall vous contactera pour vous faire parvenir de la date de réouverture du procès.

Minerva appuya ses paroles en hochant la tête et imita son collègue. Trye souleva son chapeau pour les saluer et fila sans traîner. Minerva rassembla ses affaires. Elle sentait le regard de Ross sur elle.

- Montre-moi tes notes.

Minerva ne tiqua même pas sur le tutoiement et lui tendit sa feuille. Il lut quelques mots puis pinça les lèvres.

- Tu as tout noté, constata-t-il. N'écris que l'essentiel, mais bien. Ecris tout ce qui peut être utile, les hésitations, les abus de langage, le ton de la voix... Tout cela sera utile pour statuer de la validité de son témoignage.

- Je n'ai pas été informée de la raison de sa venue, se défendit Minerva, j'ignorais ce qui était le plus utile.

Ross rangea ses parchemins de note dans sa sacoche. Minerva ne savait pas s'il lui prodiguait un conseil dissimulé ou des reproches, mais elle trouvait agaçant de toujours travailler dans le flou. Elle venait de signer son contrat et n'avait pas obtenu de formation quelconque concernant le travail de scribe.

- Je ne suis pas une stagiaire, continua Minerva, je suis une employée ici.

- Le Ministère n'embauche pas de stagiaire.

- Je veux apprendre, reprit-elle en ignorant sa remarque, mais laissez-moi ma chance. Vous avez dit à Monsieur Trye que je lui donnerai la date de réouverture du procès, mais comment ? Qui m'en informera ? Dois-je convoquer physiquement le témoin ou simplement lui envoyer une lettre ?

Ross soupira et l'observa longuement. Minerva se demanda s'il voyait à travers elle les traits de sa fille ou de son beau-fils exécré.

- C'est Maître Flint, directeur du département de la Justice Magique, qui choisit les dates des procès. Il transfert ensuite au juge responsable de la mission mais comme c'est lui pour Pinkstone, il te contactera lui-même. Ensuite, tu écriras un courrier pour convoquer Monsieur Trye au procès. Il a une semaine pour te répondre. S'il ne répond pas, tu préviens Maître Flint et le procès sera reporté à une date ultérieure.

Minerva acquiesça.

- Vous croyez qu'elle obtiendra une réduction de peine ?

- Peut-être. Cela dépendra de Maître Flint. Il n'apprécie pas Madame Pinkstone, mais elle n'a rien à perdre. Il n'y a pas de parti opposé, il s'agit juste de trouver des circonstances atténuantes. Avec un peu de chance, Madame Pinkstone pourra sortir dans un mois, voire moins.

Minerva récupéra son sac.

- Merci, Maître Ross.

Il dressa un sourcil.

- Je ne crois pas t'avoir donné mon nom. Ni aujourd'hui, ni la dernière fois à Halkirk.

Minerva se figea. Ainsi, il se souvenait d'elle.

- Halkirk ? répéta-t-elle en faisant semblant de ne pas comprendre.

Ross la fixa sans répondre.

- Bonne chance pour le travail. Va voir ton collègue greffier, Haminston, il pourra t'expliquer ton rôle.

Et il partit sans un mot de plus.

***

Elle était allée voir Haminston. S'il avait semblé légèrement agacé de devoir tout lui enseigner, il avait néanmoins une excuse passable : dans son bureau, Minerva avait pu voir plusieurs tas de dossiers qu'il devait annoter, rectifier, retranscrire, contacter les partis de chaque dossier pour des relances de procès, ouverture de procès, résultats de procès, vérifier que les procédures étaient respectées, sans compter les cursives des avocats qui demandaient des informations de dernières minutes sur les dossiers traités le jour même.

- Ils ne connaissent pas leur dossier en cours ? s'était étonnée Minerva.

- Ils gèrent plusieurs procès à la fois, ils vérifient de simples données pour éviter de se mélanger les baguettes. C'est pour cela que tu dois être la plus organisée de tout ce département. Être scribe, cela ne s'improvise pas.

Il avait ensuite la bonne décence de lui signaler qu'en cas de besoin il pourrait l'aider... mais pas trop, car son travail était déjà trop conséquent.

- Tu as le dossier du procès de Carlotta Pinkstone ? demanda-t-elle finalement avant qu'il ne décide de l'ignorer.

Haminston repoussa une mèche grise de son front et lui désigna une pile semblable à tant d'autres. Minerva fouilla jusqu'à trouver le dossier correspondant. Il avait été annoté en rouge d'un « en cours » et une page était cornée là où le juge signifiait la réouverture du procès en aval du jugement. Contrairement au procès initial, Pinkstone disposait de son avocat, Ross. Mais ce n'était pas elle qui avait fait appel, car le nom de Emma Pinkstone apparaissait à la place.

- C'est qui Emma Pinkstone ? Sa sœur ?

- Sa mère, répondit Haminston en épluchant son dossier, la directrice du département des Accidents et Catastrophes Magiques.

- C'est la mère de Madame Pinkstone qui a fait appel à Maître Ross ? C'est possible ça ? Ce n'est pas à l'accusée de décider ?

Haminston lâcha sa plume et pointa vaguement le dossier.

- Regarde bien le dossier.

Minerva scruta à nouveau. Le dossier avait été mis en annexe, en séparation avec le procès de Madame Pinkstone. Comme si les deux cas étaient différents, mais reliés entre eux. Elle lut « diffamation » comme objet de plainte.

- Emma Pinkstone est la plaignante, devina-t-elle enfin. Pas la défense. Comment cela « diffamation » ?

Haminston acquiesça.

- Emma Pinkstone a jugé l'emprisonnement de sa fille comme un moyen de la décrédibiliser à son poste.

Minerva fronça les sourcils.

- Mais ce n'est pas la première fois que Carlotta est condamnée. Pourquoi maintenant ?

- L'élection quinquennale des directeurs de département tombe dans six mois. Emma Pinkstone veut tout faire pour garder sa position. Elle essaie de démontrer que l'emprisonnement de sa fille est de la diffamation envers sa personne et son poste.

- Et Maître Ross veut y parvenir en trouvant des circonstances atténuantes à Carlotta, la faire apparaître comme moins radicale ? continua Minerva, obtenant l'approbation de son collègue. Est-ce que c'est pour cela que Maître Flint déteste autant Carlotta Pinkstone ? Parce qu'en parvenant à lui infliger une plus forte condamnation, il gagne des points auprès de la Ministre afin de garder son poste de directeur de la Justice Magique ? Par opposition à Emma Pinkstone ?

Haminston plissa doucement les yeux.

- Tu es une maligne toi. C'est ce qui est soupçonné et induit mais bien sûr, personne n'en parle, et ce n'est pas notre rôle non plus. Nous ne sommes pas détectives, ni des voyants, ni des devins, juste des scribes qui fournissent les informations nécessaires aux juges en amont des procès. Nous sommes bien d'accord ?

Minerva réfléchit un instant avant de hocher la tête. Elle ne voyait pas trop ce qu'il voulait sous-entendre mais elle n'était effectivement ni voyante, ni détective, ni devin, et essayait tant bien que mal d'être scribe, alors elle ne souhaitait pas se prendre la tête.

Elle le remercia et se dirigea vers son bureau et celui de Marchbank où déjà une pile de dossiers était apparue de nulle part.

Ce soir-là, elle travailla jusque tard dans la nuit. Elle se demanda si elle allait en faire une habitude, comme la secrétaire. Elle voyait de moins en moins Satya en ce moment. Le matin, les réveils étaient difficiles et il lui arrivait de sauter son petit-déjeuner juste pour gagner quelques minutes de sommeil en plus. Elle était déjà fatiguée, et se sentait débordée si elle ne faisait pas des heures supplémentaires. Bizarrement, elle sentait que si elle ne s'occupait de sa pile ce soir, elle la retrouverait doublée, voire triplée, le lendemain.

En revanche, ce temps consacré au travail lui avait été remercié, car elle avait obtenu une prime pour la nouvelle année. Elle songea à Monsieur Trye et sa laverie. Sa cape aurait bien besoin d'un vrai décrassage et non pas d'une tentative de camouflage de la saleté. Les sorts de nettoyage ne lavaient aucunement en profondeur les fibres du tissu et la cape finissait par perdre en éclat.

Elle bailla une dernière fois avant de ranger ses affaires. La pile avait diminué. La plupart ne consistait qu'en une vérification de procédure de procès et n'ayant pas décelé d'erreur, elle n'avait pas eu à faire remonter l'information à son supérieur, Maître Flint.

Le couloir était vide et hormis deux bureaux, dont celui de la secrétaire, tous les autres semblaient inoccupés. Le bruit de ses pas était étouffé par les lourds tapis au sol. Elle n'aimait pas l'ambiance lourde du Ministère tard dans la soirée. Aucune missive ne volait au ras des cheveux, aucun employé ne s'affairait dans les allées, aucun Patronus ne délivrait de message urgent. Elle marchait seule dans des couloirs infinis au plafond haut, accompagnée tout au plus de la voix glacée des ascenseurs. Le hall principal, aux dimensions gigantesques semblait encore plus massif et menaçant lorsqu'une simple sorcière toute maigre se tenait en-dessous.

Mais cette nuit, derrière le grondement de la fontaine centrale, Minerva perçut des voix entrecoupées. Leur silhouette se découpait dans un halo de lumière faiblard ; un homme et une femme échangeaient, et leur position rapprochée mais formelle induisait que leur conversation ne devait pas être écoutée. Minerva commença à s'éloigner lorsqu'un éclat de lumière illumina le visage de l'homme : c'était Leopold Ross qui était en plein conciliabule. Hésitante un instant, Minerva finit par céder à la curiosité et se rapprocher discrètement. Elle se dissimula derrière une statue d'un sorcier à oreilles d'âne et se concentra sur les voix.

- ... il a accepté... vérification en règles mais... être impassible.

- Il a besoin d'être convainquant..., faisait la voix féminine. ... êtes payé pour cela... attention à Flint.

Ross sembla montrer des signes d'agacement car il recula d'un pas en croisant les bras.

- Sans moi vous risquez de tout perdre ! siffla-t-il, puis il baissa la voix après que les deux aient jeté un coup d'œil autour d'eux. ...est coupable... recommencer.

- Occupez-vous de... bien rémunéré.

- Vous payez une prestation, pas des résultats, répliqua Ross alors que sa voix s'élevait à nouveau.

- Baissez d'un ton, et si quelqu'un nous entendait ?

- Vous auriez plus à perdre que moi, lança Ross en s'éloignant de son interlocutrice.

La discussion semblait arriver à son terme, et Minerva se plaqua contre la statue. Dans son mouvement, elle percuta un vase qui tangua bruyamment sur son socle.

- Il y a quelqu'un ? lança la voix féminine. Sortez d'ici avant que je ne lance un sortilège.

Minerva retint sa respiration et laissa lentement tomber son sac au sol, sans un son. Elle entendit des pas se rapprocher dans sa direction. Elle avait surpris une conversation qu'elle n'aurait pas dû entendre et sa seule solution actuellement, était l'usage d'un atout dont presque personne ne connaissait l'existence, son Animagus. Elle n'en usait pas beaucoup mais là semblait une bonne occasion. Malgré l'urgence, elle parvint à faire le vide dans son esprit pour se reconnecter avec le félin aux yeux cerclés.

L'odorat du chat perçut la présence de son grand-père et du parfum de la femme, une étrange odeur de sève, à quelques pas derrière elle. Elle sortit nonchalamment de sa cachette en poussant un miaulement. Les deux sorciers, qui avaient sorti leur baguette, se détendirent.

- Un chat ? Que fait un chat ici ? s'étonna la femme.

- Il appartient sûrement à un ou une employée encore présent, marmonna Ross avant de se tourner vers elle. Clôturons cette discussion. Je vous tiendrai au courant de la suite.

La femme hocha la tête. Avec sa vision à 200 degrés, Minerva pouvait prétendre leur passer à côté et tout de même les observer. Une chance pour elle, elle n'avait pas hérité de la vision trouble des chats ; peut-être les marques autour de ses yeux étaient la version invisible de sa paire de lunettes ? Elle ne percevait pas les couleurs aussi bien qu'un humain mais au moins pouvait-elle deviner une femme blonde, grande au nez droit et qui disposait de quelques traits de ressemblance avec une personne que Minerva avait déjà vue, sans parvenir à y mettre un nom.

La femme partit de son côté et Minerva attendit que Ross en fasse de même. Il reprit son chemin vers l'aile du département de la Justice et elle retourna à son sac, abandonné aux pieds de la statue aux oreilles d'âne.

Chez elle, Minerva mit du temps à s'endormir. Dans quelles manigances son grand-père s'était-il embourbé ? Qui était la femme avec qui il discutait, ou plutôt, négociait ? Pour quoi le payait-elle ? Qui était ce « il » dont ils parlaient ? En quoi Maître Flint pourrait leur mettre des bâtons dans les roues ?

Toutes ces questions sans réponses la laissèrent des heures dans l'hésitation. Devait-elle faire comme si elle n'avait rien entendu ? Était-ce là la corruption dont parlait Carlotta Pinkstone ? Leopold Ross y avait-il mis les mains ? Et dans ce cas-là, était-ce les affaires de Minerva ? Si elle réprouvait, que pouvait-elle dire ? Il était son grand-père par le sang, mais très certainement pas par le cœur.

Ce soir-là, elle ne s'assoupit qu'après deux heures du matin. Le réveil fut particulièrement compliqué. Après avoir déposé sa cape à la laverie, elle irait à nouveau au Ministère, enfermée dans son bureau. Elle mangerait très probablement sur le pouce entre deux dossiers, puis elle ferait ses heures supplémentaires, rentrerait chez elle tard, se coucherait après avoir grignoté des restes dans son frigo, s'endormirait, se réveillerait, repartirait au travail...

Elle songeait à cela, alors que ses pieds engoncés dans des godillots usés la menaient à la laverie. Un jour forcément, sa vie prendrait un tournant. Elle n'allait pas continuer dans cette boucle, n'est-ce pas ? Une promotion peut-être ? Une rencontre, quelque chose. Le début était difficile car c'était ce qu'il était : le début. Ensuite, elle trouverait son organisation, son rythme, rentrerait moins tard le soir, deviendrait peut-être même proche de ses collègues et aurait même le temps d'aller boire un café avec eux de temps en temps. Ce serait bien.

La laverie était effectivement plutôt luxueuse. De magnifiques capes aux broderies dorées et argentées étaient suspendues en vitrine. Ce qu'elle avait cru entendre « En robes et capes » étaient en fait « Enrobées capes ». Minerva poussa la porte et fut accueillie par des effluves de fraîcheur et de sous-bois.

- Bienvenue ! s'exclama une voix du fond de la boutique où attendait une armée de capes fraîchement nettoyées.

Ce n'était pas Trye qui apparut mais un homme grand, sa peau foncée recouverte d'un costume d'un bleu brillant de propreté, impeccablement repassé.

- C'est pour une cape ? Dépoussiérage ? Décrassage ? La totale ?

- C'est quoi la totale ?

- Nous y ajoutons notre produit secret maison qui rendra votre cape étincelante, un peu comme mon costume ! C'est deux gallions avec cette option.

Minerva évalua la qualité du travail et estima qu'elle pouvait bien dépenser un peu plus pour cette fois seulement. Elle accepta et lui tendit sa cape. Il grimaça.

- Elle en a bien besoin. Revenez ce soir, elle sera prête.

Il note son nom sur une liste de parchemin puis lui tendit une petite carte de visite.

- Tenez, si je ne suis pas là, donnez cela à mon collègue, il saura où récupérer votre cape.

Minerva récupéra la carte où elle lut « Cape n°38, section 2, programme totale. Vous avez été pris en charge par Hans Pinkstone ! ». Elle leva les yeux vers l'homme.

- Hans Pinkstone ? Vous n'auriez pas un lien avec... heu...

- Carlotta ? soupira-t-il. Vous n'êtes pas la première à me demander cela, surtout en ce moment. C'est ma fille, pourquoi ?

Minerva secoua la tête et força un sourire sur ses lèvres.

- Curiosité mal placée. Veuillez m'excuser. Merci pour votre travail.

Pinkstone hocha la tête et Minerva sortit de la boutique, l'esprit encore plus embrumé qu'à son réveil. Carlotta avait mentionné ses parents avant de partir pour Azkaban. Sa mère était directrice du Département des Accidents et Catastrophes Magiques, son grand-père Grand Manitou, mais elle n'avait jamais dit que son père travaillait dans cette laverie. Et plus étrange encore, Monsieur Trye, également employé chez « Enrobées capes », n'avait jamais indiqué avoir pour collègue le père de la coupable et mari de la plaignante. Cela semblait être une information non négligeable pourtant, le genre d'information que l'on n'oubliait pas lors d'un interrogatoire. Ross était-il au courant ? Devait-elle lui dire ? Les mots d'Haminston lui revinrent en tête : elle n'était pas détective. Avait-il conscience de quelque chose ? Était-ce pour cela qu'il lui avait dit cela ? Était-il possible que Trye ait dissimulé cette information ? Dans quel but ? S'il s'apprenait qu'il était collègue avec un membre proche de la coupable et de la plaignante, le témoignage n'était-il pas biaisé ?

Minerva s'immobilisa sur le chemin. Le témoignage était-il un faux témoignage ?

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