Chapitre 46 : Fatigue émotionnelle
Heeeelloooo !
Comment allez-vous ?
Je suis de retour pour les posts de Minerva, toutes les deux semaines je rappelle ! Bon ça a été impossible pour moi d'écrire pendant le voyage en Corée, j'en suis désolée... Ceux qui n'ont pas pu me suivre sur instagram encore plus désolée parce que vous n'avez rien pu vous mettre sous la dent en attendant (enfin, y avait les autres fanfics haha)
J'espère que cette suite vous plaira, elle arrive un peu tard ^^'
Bonne lecture !
Chapitre 46 : Fatigue émotionnelle
Son travail lui était beaucoup plus fatiguant qu'elle ne l'avait cru. Les employés du Ministère n'étaient pas très tendres envers les jeunes diplômés, encore moins envers les jeunes diplômées. Si Mme Marchbank était ravie d'obtenir enfin une assistante, elle n'en restait pas moins une femme occupée qui n'avait guère le temps de se préoccuper des plaintes de Minerva. La juge, en poste depuis plusieurs dizaines d'années, n'avait jamais acquis le droit d'avoir une aide administrative. Première femme de l'hémicycle juridique, ses débuts avaient été bien plus compliqués que ceux de Minerva et ce n'était que lors du changement du superviseur des assistants qu'elle avait pu obtenir gain de cause.
- Elphinston Urquart est un homme charmant, disait-elle alors que Minerva recopiait diligemment à la plume un rapport sur un litige de voisinage. Il pourra vous aider en cas de besoin ici. Mais ne vous reposez pas trop sur lui non plus, vous méritez de grimper les échelons toute seule.
Minerva acquiesçait, buvant les paroles de sa supérieure. Il y a peu à Poudlard, elle semblait pouvoir tout maîtriser, être la meilleure en magie. Au Ministère, elle découvrait un univers tout à fait différent, avec des personnes aux expériences multiples, mais également dans un domaine qui la laissait bien en peine : pour elle, le juridique renfermait plus de secrets que le département des Mystères lui-même. Mais Marchbank lui enseignait les rudiments dès qu'elle le pouvait, et Minerva s'était inscrite à une bibliothèque à deux pâtés de maison de son logement, où elle passait plusieurs heures à apprendre les bases du droit. Pourquoi n'avait-elle jamais eu de cours comme ceux-là à Poudlard ? C'était insensé.
Le soir, elle rentrait très tard, du moins trop tard pour voir les autres filles du palier. Satya et elle avaient sensiblement le même rythme, et c'était sûrement la raison pour laquelle elles se lièrent d'amitié. La solitude pesait toujours autant sur le cœur de Minerva, et l'introvertie qu'elle était s'étonnait d'avoir besoin de contacts sociaux par moments. La charge de travail qu'elle s'imposait était lourde et elle sentait son cœur l'être aussi. Elle avait de brèves nouvelles de sa famille et dans chacune d'elle, Isobel écrivait sa fierté de savoir sa fille dans un des départements les plus prestigieux du Ministère. Minerva n'avait pas le courage de lui dire qu'elle vivait une transition assez brutale avec Poudlard. Il lui suffisait de s'accrocher et peut-être, au bout de quelques mois, elle serait enfin à l'aise dans son domaine et au milieu de ses pairs. Malheureusement, ceux-ci ne semblaient pas enclins à faire le moindre pas vers elle, alors Minerva passait la plupart de son temps dans le bureau de Mme Marchbank à y travailler et déjeuner. En dehors de sa tutrice, seul Elphinston Urquart, son supérieur, lui adressait la parole lorsqu'elle osait aller se chercher un thé au coin restauration de leur secteur. La majorité commandait en appelant un elfe de maison mais Minerva et Elphinston paraissaient être les seuls à se déplacer d'eux-mêmes.
C'était là qu'elle se trouvait, attendant sa boisson chaude, quand Urquart la rejoignit.
- Mademoiselle McGonagall, bonjour à vous.
Minerva inclina la tête en réponse. L'elfe en face d'elle déposa son thé dans une tasse et elle le remercia.
- Ne partez pas tout de suite, fit Urquart en désignant le tabouret à côté de lui. Asseyez-vous quelques instants, votre dossier ne va pas s'envoler.
- C'est que, j'ai beaucoup de travail...
- Et je peux vous assurer qu'il n'est pas sain de ne pas faire de pause ? Je vous en prie.
Il ponctua ses mots en désignant des mains le siège à côté. Minerva acquiesça et retourna à sa place. Elle comptait refuser par réflexe, mais également parce qu'elle ne savait pas comment se comporter envers son supérieur. Il avait l'air plus humain que les autres, mais il restait son employeur.
- Je suis content que vous ayez décidé de nous rejoindre, finalement. Merci Soky, fit-il à l'elfe qui rougit.
Minerva lui jeta un coup d'œil surpris.
- Vous avez remercié l'elfe, nota-t-elle.
Elphinston leva les yeux de derrière sa tasse.
- Vous aussi.
Minerva rosit.
- C'est juste que...
Elle s'arrêta. Elle s'apprêtait à critiquer ses collègues et elle n'était pas certaine que ce soit une bonne idée face à son supérieur.
- Les autres ne le font pas, dit-elle simplement.
Elphinston eut un rire silencieux.
- Vous pouvez essayer tant que vous voulez, vous n'arriverez pas à cacher la pointe de jugement que je perçois dans votre voix, s'amusa-t-il.
- Excusez-moi, fit-elle en sentant ses joues s'enflammer.
- Et pourquoi donc ? Vous avez le droit de penser ce que vous voulez. A vrai dire, je suis plutôt d'accord avec vous.
Il se tut à son tour et sirota son café.
- Vous vous en sortez ici ? s'enquit-il.
Minerva le regarda brièvement. Elle ne voulait pas avoir l'air d'une pleurnicheuse ni d'une incapable. Elle était au département de Justice Magique, elle avait été contactée pour cet emploi, hors de question d'avoir l'air d'une étudiante qui sortait tout juste de l'école sans expérience professionnelle, même si c'était ce qu'elle était.
- Ça va, Mme Marchbank m'aide bien et j'apprends beaucoup. Tout est nouveau, mais je vais m'y faire, assura-t-elle.
Elphinston hocha la tête.
- Ne vous surmenez pas. Et ne vous mettez pas trop la pression. C'est d'accord ?
Minerva rentra la tête dans les épaules et opina du chef. Urquart se leva, la salua et repartit après une dernière inclination du menton envers les elfes.
Une sonnette retentit au-dessus de la tête des elfes ; le nom inscrit indiquait que M. Reckter requérait leur assistance. Minerva retourna à son bureau. Elle devait préparer le planning de la semaine prochaine de sa tutrice, composée de rendez-vous professionnels et de procès en tout genre. Elle s'ennuyait un peu à vrai dire, mais elle savait que c'était un passage obligé avant de pouvoir commencer à monter des dossiers juridiques qui lui tenaient à cœur. Un jour peut-être, verrait-elle une loi créée grâce à son travail et deviendrait-elle conseillère de Justice décisionnelle.
Le soldat de plomb que lui avait donné Robert Jr semblait l'enjoindre de ses deux mains vides à se mettre au boulot. Elle se demanda comment son petit frère allait. Malcolm allait repartir à Poudlard dans quelques jours et comme à chaque rentrée, Robert Jr allait probablement être frustré de ne pas pouvoir non plus y aller. Elle doutait qu'il souhaite réellement aller à l'école, mais plutôt rejoindre son frère et sa sœur. Cependant, maintenant que Minerva était partie, était-il toujours aussi impatient ?
- Rentrez chez vous, vous êtes fatiguée.
Minerva sursauta violemment. Griselda Marchbank était rentrée dans leur bureau sans qu'elle ne s'en rende compte et l'observait par-dessus ses lunettes ovales.
- Je vais bien, j'étais juste dans la lune, assura Minerva en attrapant une plume et la trempant dans de l'encre.
- Je le vois bien. Vous angoissez trop. C'est admirable de vouloir bien faire les choses, ça l'est moins de noter des bêtises dans mon planning à cause de la fatigue. Alors, allez prendre l'air.
Minerva hésita un instant avant de reconnaître que partir immédiatement ne ferait de mal à personne. Elle remercia Marchbank et fila prendre l'ascenseur. Elle n'était pas nécessairement écroulée de fatigue, mais son esprit s'effondrait sous le travail. Elle voulait relâcher la pression et pour cela, elle savait qui elle devait voir.
Elle transplana devant l'adresse que son meilleur ami lui avait donnée. Un vieil immeuble sombre coincé dans une ruelle étroite. Elle monta les étages et frappa à la porte en bois clair. Celle-ci s'ouvrit sur des yeux gris et des cheveux blond cendrés reconnaissables entre mille, juste un peu plus long que pendant Poudlard.
- Minerva ! Ça alors, qu'est-ce que tu fais là ?
Minerva sentit un vrai sourire naître sur ses lèvres, le premier depuis qu'elle avait quitté Caithness. Elle ne savait pas comment elle avait tenu sans voir Alan depuis son arrivée au Ministère. Dans un monde qui lui était inconnu, il représentait une touche de normalité.
- On va prendre un verre ? proposa-t-elle.
Alan cligna des paupières, regarda sa montre.
- Les salons de thé sont fermés à cette heure-ci. Mais je dois avoir quelque chose dans ma cui...
- Non, allons prendre un verre, répéta Minerva.
Il ouvrit des yeux ronds.
- Toi, t'as l'air d'avoir des trucs à me dire. Attends-moi deux secondes.
Il rentra dans son appartement et Minerva put l'entendre dire quelques mots à Cora à l'intérieur. Il revint, veste en main.
- Cora te passe le bonjour. Tu veux aller où ?
Minerva haussa les épaules. Elle ne buvait jamais. Elle n'aimait pas le goût de l'alcool, n'aimait pas l'idée de perdre le contrôle de son corps... Mais à vrai dire, elle avait justement envie de s'alléger l'esprit et retrouver son meilleur ami.
- Ok, laisse-moi gérer le lieu alors, s'amusa Alan.
Il ne semblait pas avoir changé. Il paraissait juste plus mûr, comme si le fait de sortir de Poudlard, d'avoir trouvé un emploi et d'être en relation l'avaient fait grandir. Il l'entraînait en dehors des ruelles sombres pour se rendre dans un bar d'une rue plus vivante, le Shelly's Pub. Là, des sorciers et sorcières riaient bruyamment au-dessus de leurs pintes de bière, installés confortablement dans des fauteuils moelleux, une lumière jaune éclairant leur tablée.
Alan s'assura une dernière fois que Minerva voulait bien de l'alcool et partit leur chercher une bière chacun. Quand il revint, Minerva leur avait trouvé une petite table dans un coin. Il s'installa en face d'elle et trinqua. Minerva prit une première gorgée, grimaça. Ce n'était pas spécialement bon, mais bizarrement son cerveau semblait ravi de cet apport.
Elle observa Alan. Lui aussi avait des cernes. Elle savait qu'il travaillait dans un rythme irrégulier, sans compter les multiples visites à Ste Mangouste pour Cora, leur appartement à gérer, le ménage, la cuisine... Si Cora aidait de temps en temps, ses fatigues chroniques la poussaient irrémédiablement vers le lit. Peut-être n'était-ce pas une très bonne idée de sortir Alan un soir de semaine.
- Je suis content de te voir, dit-il comme pour la démentir. Je me doute que tu es aussi très occupée.
Minerva but une nouvelle gorgée et étira ses lèvres en un sourire gêné. Bien que les deux aient promis au détour d'une lettre de se voir rapidement, Minerva avait tardé à prendre des nouvelles, voire même à chercher à le retrouver. L'été s'était tristement terminé et à quelques jours du mois de septembre, Minerva avait commencé sa toute nouvelle lutte au Ministère. Ils n'étaient plus à Poudlard, elle ne prenait plus son petit-déjeuner copieux en compagnie de son meilleur ami, ne le traînait plus pour aller en cours. Les sorties à Pré-au-Lard n'auraient pas les mêmes saveurs de week-end entre amis. Débuter dans la vie professionnelle lui donnait la sensation de reprendre à zéro dans un nouvel univers inconnu et dans lequel elle n'était pas forcément à l'aise. Ses amis étaient soit partis à l'étranger, soit enfermés dans un rythme tout aussi effréné. Alan notamment, n'avait pas le choix que de tourner rapidement la page de Poudlard pour grandir et faire face à la maladie de Cora et un emploi qui les maintiendrait à flot. A même pas dix-huit ans, cela semblait beaucoup à Minerva. Elle avait la nostalgie du passé, probablement parce que ce qu'elle avait vécu dernièrement s'était soldé en échec douloureux et que son quotidien actuel était aussi triste que les pierres.
Elle ignorait comment raconter tout cela. Son meilleur ami saurait être présent dans ce chamboulement, mais elle-même ne savait pas par où commencer. Sa vie actuelle était bien morose.
- C'est compliqué, dit-elle simplement.
Le fait qu'elle ait ressenti le besoin vital de voir Alan sur un simple coup de tête démontrait à quel point elle nécessitait de retrouver une touche de normalité dans sa vie. Son meilleur ami attendit qu'elle développe sa pensée. Là aussi il avait changé : il semblait plus patient, plus posé.
- J'ai... renoncé à beaucoup en venant à Londres.
Elle préféra ne pas développer ce point.
- Tout est froid et distant au Ministère. J'ai l'impression de ne pas être à la hauteur. Les seuls qui m'adressent la parole au département de la Justice c'est ma tutrice et mon supérieur. Autant te dire que leur avouer mes difficultés est inconcevable.
- On commence tous comme ça, tu sais. Je sers des cafés la plupart du temps, parfois j'assiste dans les recherches médicales. C'est à la fois passionnant et frustrant. Mais je sais que sur le long terme, je trouverai ma place. Toi aussi, tu verras. Les débuts sont toujours difficiles.
Minerva hocha la tête. Elle prit une autre gorgée de bière, cette fois-ci sans grimacer.
- J'ai faim, annonça Alan, je reviens.
Son amie sourit pendant un bref instant. Voilà une chose qui n'avait pas changé, l'estomac d'Alan. Quand il revint et nota qu'elle avait repris son regard mélancolique, il fronça les sourcils.
- T'es vraiment pas dans ton assiette. Prends une frite.
Elle obéit et grignota du bout des lèvres.
- Je me doute que tu n'es pas heureuse actuellement dans ton emploi, devina Alan, mais... ça te plaira sur le long terme, n'est-ce pas ? Y a-t-il des perspectives qui te permettent de voir au-delà de ton malheur actuel ?
Minerva réfléchit un instant. Elle avait pris cette direction mue par cette idée de changer les choses, rétablir des injustices. Ce n'était pas avec son poste d'assistante qu'elle y parviendrait. Mais si elle décrochait le poste de Conseillère de justice décisionnelle, alors peut-être, si ses dossiers étaient bons, peut-être que le Magenmagot ferait remonter ses idées à l'exécutif. Peut-être.
- Eh bien, j'espère, répondit-elle en observant la lueur ambrée de sa bière. Je ne sais pas, j'espère juste.
Alan la regarda longuement. Il semblait réaliser qu'elle aussi avait changé. Elle prit une gorgée. Elle était peu habituée à boire, aussi l'alcool commençait déjà à lui monter à la tête. Elle avait longuement été perdue sur ses choix de vie à Poudlard, mais au moins son environnement lui plaisait. Elle avait des amis, des loisirs et des études qui lui plaisaient. Aujourd'hui, non seulement elle ignorait où elle allait, mais elle ignorait également où elle se trouvait. Son poste au Ministère était le fruit d'une douleur intense qu'elle se forçait à oublier. Si ce sacrifice avait été une mauvaise idée, comment pourrait-elle y survivre ?
- Je t'ai déjà raconté l'histoire de mes parents, Alan ?
Celui-ci leva un sourcil mais hocha la tête.
- Je suis au courant, oui.
- Une sorcière et un moldu, tu crois que c'est vivable ? continua-t-elle en regardant par-dessus l'épaule de son ami. Quand j'ai commencé à voir à quel point leur relation est presque misérable désormais... je me suis jurée que jamais je ne vivrais cela.
Alan ne répondit pas. Minerva prit une autre gorgée et renifla.
- Tu penses que ma mère aurait été plus heureuse au Ministère ?
- En renonçant à ton père ? Ça aurait été dur, non ? Se retrouver seule dans cette administration immense, sans personne à qui parler, pas même à sa famille... C'est triste.
- Donc il aurait mieux valu choisir le mariage avec un moldu ?
Son meilleur ami se pencha en avant en secoua légèrement la tête.
- De quoi tu parles ? Elle s'est mariée avec ton père. C'était le bon choix, je pense. Pour elle.
Minerva cligna lentement des paupières.
- Tu es sûre que ça va ? s'inquiéta Alan. C'est la bière ?
- C'est juste que...
Elle renifla à nouveau.
- Est-ce que j'ai fait le bon choix ? Qu'est-ce que je vais devenir si je ne trouve pas ma place au Ministère ?
Elle sentit des larmes lui monter aux yeux. Elle aimerait tant en parler à son meilleur ami, sans en être capable. Il comprendrait un peu mieux son chagrin.
- J'ai si peur d'avoir fait une erreur, Alan.
- Minerva... Si le Ministère ne te convient pas, ce n'est pas grave. Tu trouveras autre chose, tu es brillante. Je n'aime pas te voir aussi désespérée.
C'était justement parce qu'elle était brillante qu'elle s'était retrouvée tiraillée entre ces deux mondes. Si elle avait été une élève normale, serait-elle avec lui, au pied de leur cerisier ? Serait-elle plus heureuse ? Regretterait-elle ? Verserait-elle des larmes le soir dans leur chambre, alors que lui dormirait profondément et qu'elle sangloterait en silence pour ne pas éveiller les soupçons ? Serait-elle moins malheureuse qu'elle ne l'était ici dans ce bar, à boire une bière avant de retourner dans son logement sombre et étriqué, avant de retourner dans un emploi qui ne lui plaisait pas ? Cet emploi pour lequel elle avait tout abandonné...
- Viens, on rentre, fit Alan. Tu dors chez nous ce soir.
Minerva ne riposta même pas. Cela lui ferait sûrement du bien de dormir dans un appartement habité par d'autres personnes. Elle avait un peu la tête qui tournait par l'alcool. Si le stress du travail s'était envolé, elle ressentait un tourbillon d'émotions à l'intérieur de son crâne, envahissant son cœur et qui lui donnait envie de se recroqueviller sur un fauteuil moelleux. Elle voulait rentrer chez elle, à Caithness, retrouver sa famille tout aussi disloquée qu'elle était, jouer aux échecs, écouter la cornemuse de son père, manger un bon plat en famille et ébouriffer les cheveux de ses petits frères.
Que faisait-elle à Londres ?
Elle ne s'était même pas rendue compte qu'ils étaient arrivés chez Alan. Il ouvrit sa porte qui grinça légèrement. La lumière de la pièce centrale était jaunâtre et éclairait une auréole d'humidité au plafond. Les meubles étaient rustiques et l'ensemble spartiate, une pile de vaisselle s'amoncelait dans l'évier, probablement celle qu'Alan devait faire avant d'être kidnappée par sa meilleure amie.
- Si tu veux te laver, la salle de bain est juste là, indiqua Alan en désignant une des deux portes qui se trouvaient sur le côté. Tu pourras dormir sur le canapé.
Minerva s'y effondra toute habillée, le nez dans un coussin, et en un instant, elle sombra dans le sommeil. L'alcool et le trop-plein d'émotions l'avaient épuisée.
***
Quand elle se réveilla le lendemain, elle avait la bouche pâteuse et les yeux vitreux. Alan et Cora prenaient un petit déjeuner en chuchotant, semblant ne pas vouloir la réveiller. En la voyant les paupières clignotantes, ils eurent un sourire amusé.
- Rappelle-moi de ne jamais te faire boire d'alcool, fit Alan. Comment tu te sens ?
Honteuse. Minerva se redressa tout en essayant de se remémorer la soirée de la veille. Elle rougit. Qu'elle avait été stupide de geindre ainsi. Et puis, à parler de la relation de ses parents... Par Merlin, elle avait dû être ridicule.
Elle se leva et joignit ses mains.
- Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger en dormant ici. Je n'aurais pas dû boire autant.
Cora haussa les sourcils.
- Je croyais que tu n'avais bu qu'une demi-pinte ?
Minerva hésita.
- C'est beaucoup d'alcool, non ?
Cora eut un sourire qu'elle tenta de dissimuler, contrairement à Alan qui éclata de rire. Vexée, Minerva préféra observer discrètement l'ancienne Serpentard. Elle s'était coupée les cheveux très court, ce qui faisait ressortir ses joues émaciées. Ses yeux paraissaient encore plus sombres qu'avant mais brillaient tout de même joyeusement. En revanche, elle avait maigri : elle semblait flotter dans son pantalon désormais.
- Au fait, quelle heure est-il ? s'enquit Minerva en détournant le regard.
- Huit heures. Tu commences à quelle heure ?
Minerva ouvrit de grands yeux et récupéra son sac. Elle était déjà en retard au travail. Elle remercia et s'excusa encore quelques fois avant de se ruer en dehors de l'appartement et de transplaner pour le Ministère.
Bizarrement, au milieu des personnes faisant la queue pour entrer aux sanitaires menant au Ministère, elle croisa Satya, elle aussi en retard. Celle-ci lui jeta un regard de travers.
- T'étais où ? Je t'ai attendue sur le palier pour partir ensemble et maintenant je suis en retard.
Minerva s'excusa, gênée mais touchée qu'elle ait essayé de l'attendre. Satya eut un haussement d'épaules.
- T'es libre tout à l'heure ? On a qu'à déjeuner ensemble si tu veux.
Minerva lui offrit un éblouissant sourire et Satya papillona des yeux, surprise. Elle ignorait qu'à peine quelques heures plus tôt, Minerva avait versé dans le drame et la mélancolie, regrettant la froideur du Ministère.
Et le reste de la journée sembla vouloir continuer à la détromper car Urquart la convoqua dans son bureau. Au début, elle avait craint une remontrance pour son retard de la matinée. Mais son sourire aimable quand elle était entrée l'avait fait douter.
- Asseyez-vous, je vous en prie. Comment allez-vous ?
- Bien monsieur, merci.
- Très bien, très bien. Je vous ai fait venir car j'aurais une mission pour vous. Je sais que vous êtes très occupée, aussi j'ai demandé à Mme Marchbank d'alléger votre emploi du temps pour cette mission temporaire.
Intriguée, Minerva s'avança sur son siège.
- Quelle mission ?
- Oh je suis persuadé qu'elle vous plaira. Je vous envoie sur le terrain !
La jeune fille se redressa, l'oreille tendue. Sortir de son bureau sombre, sortir de ses papiers juridiques ?
- Ne vous emballez pas trop non plus, ce n'est qu'une courte mission de scribe. Vous allez annoter tout un procès qui va avoir lieu la semaine prochaine. Pas d'inquiétude, vous seconderez un autre scribe, mais au cela vous permettra de diversifier vos occupations. Qu'en pensez-vous ?
- Quel genre de procès ?
- Je vous enverrai le dossier complet demain au plus tard, mais il s'agit de celui de Mme Carlotta Pinkstone, une militante qui plaide pour révéler l'existence des sorciers aux moldus. Elle a encore tenté de faire de la magie au cœur d'une soirée dansante il y a quelques mois. Pour tout vous dire, cela a été compliqué de faire oublier le champagne volant aux 350 invités..., termina Urquart en se grattant la tête. Enfin, vous verrez par vous-même lors du procès.
Minerva hocha la tête. Effectivement, cela l'intéressait. Non seulement elle allait effectivement essayer quelque chose de nouveau, mais en plus elle pourrait étudier comment le Ministère approchait réellement le Secret International Magique.
Cette mission lui prouvait également que son supérieur lui faisait assez confiance pour l'envoyer sur le terrain, et il n'y avait rien de plus gratifiant.
Après le déjeuner en compagnie de Satya, Minerva s'était sentie beaucoup plus légère. Mme Marchbank l'avait félicitée de sa nouvelle mission et lui avait même offert un sourire approbateur. C'était comme si le monde lui disait que oui, bien sûr qu'elle arriverait à se trouver sa place au Ministère, qu'elle trouverait un emploi qui lui plairait grâce à ces missions, qu'elle se ferait des amis comme elle s'en était fait à Poudlard. Quand elle rentra chez elle, elle avait un réel sourire sur les lèvres, le cœur moins lourd, l'esprit plus serein.
Bonnie l'attendait avec une épaisse lettre dans son bec, et Minerva eut même un petit rire joyeux en voyant que c'était ses parents qui lui écrivaient. Les nouvelles étaient bonnes, Malcolm partait le lendemain pour Poudlard et Robert Jr lui faisait plein de bonjours.
« J'apprends à ton père à coudre et en échange il m'apprend les échecs. C'est très difficile pour nous deux, à vrai dire ! Je ne sais pas qui est le plus patient...
Bon courage pour ton travail,
Nous t'embrassons.
PS : il y avait cette lettre qui t'était destinée sur le pas de la porte, je te la transmets. »
Minerva fronça les sourcils. C'était donc pour cela que l'enveloppe était si épaisse. Mais qui pouvait bien lui envoyer des lettres ? Peut-être Pomona, qui n'avait pas encore reçu sa nouvelle adresse à Londres ?
Elle tira la seconde enveloppe et l'ouvrit. L'encre était bleu foncé, le papier beige et crémeux. L'écriture n'était pas celle de Pomona, ni de Filius. Elle était pointue, serrée, et c'était une écriture que la jeune fille connaissait très bien.
« Minerva, c'est moi, Dougal... »
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